Après les liseuses Kindle, les tablettes Fire, les enceintes Echo ou les caméras Ring, la gamme d’appareils Amazon s’est récemment enrichie d’une nouvelle famille de produits : les systèmes Wi-Fi maillé « eero ». Comme d’autres marques qui ne proposaient pas jusqu’alors d’équipement réseau, tel que Google ou Synology, l’ogre du commerce en ligne s’est opportunément lancé sur ce marché porteur. Plutôt que de développer ses propres produits, l’entreprise américaine a racheté en février 2019 une compatriote, eero, pionnière du Wi-Fi mesh grand public, pour commercialiser ses produits.
Eero désormais commercialisé en France
Lancés en 2015, les produits eero sont longtemps restés réservés aux Américains. Mais quelques mois seulement après l’acquisition, la multinationale Amazon a mis en vente la gamme à l’international, notamment en France à partir de septembre 2019.
Eero propose des routeurs Wi-Fi misant sur la simplicité et la fiabilité davantage que sur les performances. Les caractéristiques techniques sont secondaires, reléguées au bas des pages de présentation des produits. Les fiches techniques confondent d’ailleurs les bits et les octets, en promettant des débits pouvant atteindre 1 Go/s (soit 8 Gb/s), une erreur de débutant. Les produits Amazon eero concurrencent à ce titre les produits les plus grand public du marché : Google Nest Wifi et Ubiquiti AmpliFi.
Amazon Alexa : un gadget anecdotique
Sur ce segment sur lequel les produits sont minimalistes, le principal point différenciant des Amazon eero est la prise en charge de l’assistant vocal Amazon Alexa. Mais balayons rapidement cette spécificité, qui est assez anecdotique. En effet, contrairement aux points d’accès Wi-Fi du dernier Google Nest Wifi, les routeurs Wi-Fi eero n’intègrent pas directement d’enceinte et d’assistant vocal. Ils sont seulement labellisés « Works with Alexa », ce qui signifie qu’on peut seulement les télécommander à la voix via Alexa, depuis une enceinte Echo ou n’importe quel appareil intégrant l’assistant Amazon, après avoir activé le « skill » approprié sur l’application Alexa.
On peut alors demander : « Alexa, demande à eero d’éteindre les voyants », « de suspendre la connexion internet », « de mettre en pause la connexion de Romain », ou encore « de localiser iPhone de Romain ». Alexa répondra à cette dernière commande en indiquant à quel point d’accès l’appareil est connecté. Ce n’est utile que si on a une maison telle qu’il y a suffisamment de points d’accès pour que cette information circonscrive réellement la recherche d’un appareil perdu. Sauf si, comme souvent, murs et obstacles font qu’un appareil ne se connecte pas au point d’accès le plus proche.
Présentation
Concentrons-nous donc sur la fonction principale des Amazon eero, leur fonction de système Wi-Fi maillé. Rappelons d’abord qu’on appelle système Wi-Fi maillé un ensemble de points d’accès Wi-Fi interconnectés, avec ou sans fil, qui forment un seul réseau Wi-Fi. Un tel système permet de couvrir uniformément de grandes surfaces, avec des appareils basculant automatiquement de point d’accès, sans coupure (roaming). Par abus de langage, on appelle aussi Wi-Fi maillé cette nouvelle génération de points d’accès Wi-Fi modernes, même lorsqu’ils sont utilisés seuls.
La gamme Amazon eero comprend d’ailleurs deux modèles, le eero tout court et le eero Pro, vendus seuls ou par lot de trois. Ils se distinguent exclusivement par leur connectivité bibande pour le premier et tribande pour le second. En plus des deux bandes 2,4 et 5 GHz, ce dernier dispose d’une bande 5 GHz supplémentaire dédiée à la liaison entre les points d’accès. Ceci évite de diviser par deux les débits des points d’accès reliés sans fil (qui partagent autrement leur bande des 5 GHz pour transférer des données à la fois de l’appareil au point d’accès et du point d’accès au routeur principal).
Les deux modèles affichent par ailleurs la même fiche technique :
Ils intègrent tous deux du Wi-Fi 5 MU-MIMO 2×2, sans plus de précision. D’après nos constatations, la largeur de bande maximale est de 80 MHz, donc le débit maximal théorique de 867 Mb/s, et non de 160 MHz et 1733 Mb/s comme sur certains routeurs Wi-Fi misant sur les performances, tel le Synology RT2600ac.
Les différentes unités d’un même lot sont identiques, il n’y a pas de routeur et de point d’accès différenciés, comme chez Google avec le Nest Wifi ou chez Ubiquiti avec les AmpliFi. Ces unités sont appairées automatiquement et leurs deux ports Gigabit Ethernet s’adaptent automatiquement : le point d’accès détecte quels ports sont reliés à la box internet (port WAN) et lesquels sont reliés à d’éventuels appareils filaires (ports LAN). On peut relier deux appareils filaires à un « satellite » (pont Wi-Fi vers Ethernet). Surtout, on peut relier les « satellites » au point d’accès principal par câble (backbone Ethernet), ce qui est vivement conseillé dans le cas du eero tout court, la configuration est automatique.
Les eero disposent d’une prise USB-C pour leur alimentation électrique et sont fournis avec de petits adaptateurs avec un câble captif d’environ 2 mètres, comme les AmpliFi Instant et les premiers Google Wifi, mais contrairement aux nouveaux Google Nest Wifi qui utilisent des prises rondes pas universelles.
Ils embarquent enfin un processeur à quatre cœurs cadencés à 700 MHz, sans plus de précision, 512 Mo de mémoire vive et 4 Go de mémoire interne.
Le choix, parmi les quatre combinaisons proposées, dépend à la fois de la surface à couvrir et du débit de la connexion à internet. Nous avons testé le lot de 3 eero tout court, mais compte tenu de la surface relativement modeste de 50 m² de notre appartement, nous n’avons branché que deux des points d’accès, et l’un d’eux n’a presque jamais servi.
Quantité | eero | eero Pro |
---|---|---|
1 | jusqu’à 140 m² et 550 Mb/s | jusqu’à 160 m² et 1 Gb/s |
3 | jusqu’à 460 m² et 350 Mb/s | jusqu’à 560 m² et 550 Mb/s |
Mise en route
La mise en route du système Amazon eero est, comme pour les systèmes concurrents, à la portée de tous. Au déballage, on trouve les 3 points d’accès d’une part, 3 adaptateurs secteur et 1 câble Ethernet d’autre part, séparés par un intercalaire avec quelques mots pour toute notice. En substance : il suffit d’installer l’application eero, disponible sur Android et iOS (et iPadOS) et de suivre les instructions. Il y a beaucoup plus d’étapes qu’avec un système AmpliFi Instant, imbattable sur ce plan. Notamment car l’application exige la création d’un compte eero (différent d’un compte Amazon), ce qui implique de vérifier son adresse email et de valider des conditions générales, sans que ce compte apporte la moindre plus-value par rapport au système AmpliFi, qui fonctionne sans, au contraire !
Une mise à jour du firmware nous a été proposée immédiatement après la configuration initiale. Puis une autre quelques semaines plus tard. On se réjouit que le produit, lancé en octobre 2019 aux États-Unis, jouisse de tant d’attention. Et si ces mises à jour rapprochées peuvent laisser penser que le produit est défaillant, mais nous n’avons relevé aucune instabilité pendant notre test d’un mois. Nous n’avons repéré qu’un seul défaut, malheureusement assez gênant, qu’aucune mise à jour n’a encore comblé : l’application Android plante lorsqu’on veut accéder aux sous-menus des paramètres réseau avancés (ce avec trois smartphones Android 10 différents).
L’application iOS, plus aboutie, fonctionne bien quant à elle, si ce n’est qu’elle comporte un onglet Découvrir affichant… une page vide. Comme chez la concurrence, il n’y a pas d’interface web, la configuration se fait obligatoirement via Android ou iOS.
Fonctionnalités
Le système eero est quoi qu’il en soit le plus pauvre en fonctionnalités, donc le plus simple, ce que chacun percevra comme un avantage ou un désavantage. Au quotidien, l’application liste essentiellement les appareils connectés, ce qui permet de suspendre la connexion à internet de tous ceux qu’on a affectés à tel ou tel profil. Elle n’affiche aucun débit instantané et aucun volume de trafic sur Android (mais elle le fait sur iOS) et elle ne propose aucune fonction de filtrage, contrairement à la plupart des concurrentes. On peut tout au plus planifier des périodes de déconnexions et demander à être notifié lors de la connexion d’un nouvel appareil, ce qui pourrait prévenir d’une intrusion. Mais lorsqu’un nom d’hôte (tel qu’iPhone-de-Romain) fait défaut, comme souvent, l’application affiche le nom des fabricants de chipsets réseau, sur la base des adresses MAC, si bien qu’on peine à identifier ses propres appareils.
Il faut deviner que les appareils Texas Instruments, Zuni Data ou China Dragon sont respectivement une enceinte Bose, une liseuse Kobo et une prise Koogeek, avant de les renommer. Enfin, on peut inviter ses invités à rejoindre le réseau principal ou un réseau invité, obligatoirement chiffré, en leur présentant un code QR ou en leur envoyant un message prédéfini. En somme, le système eero ne fait rien de plus, ou presque, que les box des FAI français, il le fait seulement avec un peu plus d’élégance.
Comme d’habitude, le système Wi-Fi maillé d’Amazon fonctionne par défaut comme un routeur gérant son propre sous-réseau (double NAT). Les appareils connectés aux points d’accès eero sont donc isolés des appareils reliés directement à la box du FAI. Un téléphone connecté au réseau Wi-Fi eero ne trouve donc pas un décodeur TV relié à la box, par exemple, et un ordinateur ne trouve pas un NAS. Il faut saisir manuellement les adresses IP, quand c’est possible. Le système eero ne peut remplacer aucune box française, contrairement à certains produits Netgear qui proposent depuis peu une configuration pour la fibre Orange, et contrairement à d’autres produits qui proposent les paramètres réseau avancés nécessaires (identifiant de client DHCP, VLAN, usurpation d’adresse MAC…). Heureusement, on peut en revanche le configurer comme un simple pont (bridge), c’est-à-dire comme de simples points d’accès Wi-Fi. Ceci sans perdre le maillage et l’itinérance Wi-Fi, comme c’est le cas chez Google, mais en perdant l’une des rares fonctions utiles, la suspension de connexion, et naturellement les fonctions propres au routeur (DNS, DHCP, NAT et UPnP).
Soulignons que le band steering, qui oriente en temps réel les appareils sur la bande la plus appropriée (2,4 ou 5 GHz) et qui est activé par défaut sur la majorité des systèmes Wi-Fi concurrents, est considérée en bêta par eero. Il faut l’activer expressément dans un menu eero Labs. Contacté, Amazon nous rappelle que cette fonction n’est pas standardisée, qu’elle peut entraîner des dysfonctionnements, et qu’ils « prennent soin de regarder ce qui fonctionne le mieux pour les clients eero avant d’en faire une fonctionnalité par défaut ». Ce n’est pas pénalisant avec une bonne couverture, auquel cas les appareils compatibles 5 GHz n’ont jamais besoin de passer en 2,4 GHz, qui porte mieux mais est 3 fois moins performant, pour maintenir la connexion.
Performances
Sur le plan des performances enfin, le système eero oscille selon les cas entre l’acceptable et l’excellent.
Notre mètre étalon, toujours un PC portable Razer Blade Stealth 2019 équipé du chipset Intel Wireless-AC 9560, négocie une liaison à 867 Mb/s aux quatre coins de notre appartement de 50 m². À proximité immédiate, le point d’accès principal est aussi bon que les autres points d’accès Wi-Fi 5 à 867 Mb/s que nous avons testés. Avec un serveur iPerf3 sur le réseau local, on obtient effectivement une moyenne d’environ 500 Mb/s et des pointes à environ 550 Mb/s. Et on télécharge des fichiers depuis un NAS en SMBv3 à environ 45 Mo/s (360 Mb/s). Compte tenu des marges d’erreur assez importantes des tests Wi-Fi, ces résultats placent le eero ex-æquo avec le Google Nest Wifi, l’AmpliFi Instant ou le Synology MR2200ac.
En revanche, malgré la technologie TrueMesh, censée « contourner les obstacles » pour « moins dégrader la vitesse », le système eero est un peu plus sensible aux obstacles que ses rivaux. À l’opposé de l’appartement avec le point d’accès en ligne de mire, le débit se maintient à 300 Mb/s, comme avec l’AmpliFi Instant et le Synology MR2200ac que nous avons testés dans les mêmes conditions. Le débit chute en revanche à 200 Mb/s si on ferme une porte, et à un peu moins de 150 Mb/s dans une pièce séparée par deux portes. Le MR2200ac maintenait 220 Mb/s dans les mêmes conditions. Soulignons toutefois que ça reste amplement suffisant pour n’importe quel service en streaming.
Enfin, branché au port Ethernet du point d’accès installé dans la chambre, c’est-à-dire en utilisation pont Wi-Fi vers Ethernet, on obtient 300 Mb/s.
Prix et disponibilité
L’Amazon eero est disponible à partir de 109 euros, tandis que le pack de 3 est à 499 euros.
Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.
[…] gamme Eero est assez riche. On y retrouve le modèle de base, que nous avons testé en 2020, ainsi que sa version Pro, qui bénéficie d’une connectivité […]
[…] Source by [author_name] […]
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