Apple MacBook Pro 2021 : ce qui est bluffant me frustre incroyablement

Ou comment Apple doit faire du jeu vidéo

 
Apple a dévoilé une gamme de MacBook Pro absolument bluffant grâce aux puces Apple M1 Pro et M1 Max. Des machines réservées aux pros qui sont très frustrantes.

Non, cet article ne va pas vous expliquer que je suis frustré par l’encoche disgracieuse des nouveaux MacBook Pro, alors que le marché du PC allie déjà borderless et caméra à reconnaissance faciale. On va plutôt parler des performances annoncées par Apple, vraie source de frustration, mais aussi porteuse d’espoirs.

Une puce ultra puissante à l’architecture novatrice

Les stars de la soirée Apple, ce sont les puces Apple M1 Pro et M1 Max. En particulier cette dernière qui semble mettre tous les curseurs… au max.

Il est très intéressant de se pencher sur la façon dont Apple a conçu ces puces pour comprendre comme la marque a pris autant d’avance sur ses concurrents. Apple propose ici une architecture unifiée intégrant à la fois un processeur, une puce graphique et une mémoire rapide unifiée (d’où l’adjectif employé pour l’architecture).

Ce n’est pas un nouveau procédé en soi, Sony et Microsoft l’utilisent déjà avec leurs consoles de jeux, depuis la PS4 et la Xbox One. Cela permet au processeur et à la puce graphique de s’échanger des données à très haute vitesse avec une bande passante de 400 Go/s annoncée par Apple. C’est davantage que les 326 Go/s de la GDDR5 utilisée sur la Xbox One X par exemple.

Toujours concernant l’architecture, on se rend compte qu’Apple ne pousse pas vraiment les performances de son processeur, mais mise plutôt sur la partie graphique de son SoC. Avec l’Apple M1 Max, l’essentiel de la surface est même plutôt consacré au GPU, plutôt qu’au reste du système.

On en arrive à une puce qui intègre tout de même 57 milliards de transistors. À titre de comparaison, le SoC de la Xbox Series X, pourtant une machine fixe tournée vers les performances, regroupe 15 milliards de transistors. Même la puce Nvidia A100 basée sur Ampere et destinée au marché professionnel n’intègre « que » 54 milliards de transistors. Apple a réellement créé un monstre sur le papier et tire parti au maximum de la gravure 5 nm de TSMC.

Une puissance qui égalerait la PS5 et la RTX 3080 mobile

Apple annonce avoir comparé sa puce M1 Max avec un PC très haut de gamme, un MSI GE76 Raider 11UH-053. Il est équipé d’une puce mobile Nvidia GeForce RTX 3080 avec un TGP de 165 W, soit l’une des meilleures configurations possibles pour tirer parti de la puissance de la puce graphique.

Pourtant, Apple annonce proposer des performances légèrement inférieures pour 100 W de consommation en moins. Autrement dit, Apple serait capable d’après ses chiffres de rivaliser avec ce que Nvidia, pourtant leader du marché, fait de mieux sur PC portable tout en maitrisant bien mieux le refroidissement. Concrètement cela voudrait dire davantage d’autonomie, moins de bruits et un produit plus durable.

Si l’on regarde la puissance brute théorique de la puce, Apple annonce 10 TFlops, soit le niveau promis également par Sony sur la PlayStation 5. Les ordres de grandeur de la vitesse du SSD ou de la bande passante mémoire sont également comparables. Cela ne veut pas dire que l’Apple M1 Max est plus puissant qu’une PS5, car les deux architectures ARM et x86 restent difficiles à comparer, et puis il faut prendre en compte la différence de prix majeur entre les appareils.

Dans un PC portable visant une cible bien particulière

Tout ce que l’on annonce ici peut faire rêver n’importe quel technophile tant Apple semble en avance sur ce que peut proposer Intel, AMD ou Nvidia sur PC portable. Malheureusement, et c’est la source de ma frustration, toutes ces nouveautés vont se retrouver dans un MacBook Pro.

Et ce PC portable porte bien son nom si vous travaillez dans la création 3D, le montage vidéo haut de gamme avec des flux en très haute définition (4K HDR ou 8K), ou si vous avez vraiment des tâches professionnelles compatibles Mac qui demandent beaucoup de performances, le MacBook Pro s’annonce comme étant exceptionnel. Mais il s’agit d’une portion très restreinte de la population. Si vous ne vous retrouvez pas dans la description, je vous enjoins à plutôt attendre une révision du MacBook Air ou regarder du côté du PC.

C’est ça qui est frustrant. Un tel rapport performance graphique / autonomie semble sur le papier ultra intéressant, notamment pour du jeu vidéo et pourtant, hormis quelques jeux Apple Arcade il ne faudra pas s’attendre à pouvoir transformer le MacBook Pro en machine de jeu.

Apple doit sortir une console de jeu

Je n’imagine pas une seule seconde Apple être réellement intéressé par l’idée de se lancer face à Sony, Nintendo ou Microsoft et lancer une console de jeu. Car lancer une console est bien plus complexe qu’une histoire de hardware, il faut aussi le contenu et donc les studios, ce qui est très difficile, Google et Amazon l’ont bien compris ces dernières années. Pourtant, quand on regarde le MacBook Pro, il est difficile de ne pas imaginer le potentiel. Comme on l’a dit, l’architecture interne de la machine est même déjà calquée sur une console de jeu.

Je ne crois pas vraiment au retour de l’Apple Pippin, console de jeu de la marque

Je rêverais donc de voir Apple amorcer un tournant plus sérieux vers le jeu vidéo, au moins faire des annonces pour tenter de convaincre les développeurs de jeux de se lancer à nouveau sur macOS. Pendant des années, les performances graphiques des Mac ne permettaient plus de jouer de façon intéressant sur Mac, mais le passage à Apple Silicon semble tourner une nouvelle page à Cupertino.

Imaginez si le futur Mac Pro apporte encore un niveau de puissance supplémentaire et qu’il est en capacité de dépasser la puissance brute d’une GeForce RTX de dernière génération. Et pourtant cette machine n’aurait accès ni à Windows ni au riche écosystème de jeux sur PC que l’on connait aujourd’hui.

Rater cette opportunité serait un gâchis

On comprend aisément pourquoi Apple vise d’abord le marché des professionnels avec ses dernières créations. Historiquement, c’est l’un des marchés phares d’Apple. Si Apple sortait demain un MacBook Pro à plus petit prix tourné vers le jeu vidéo, il manquerait le principal : le contenu, c’est-à-dire les jeux. On dit souvent dans l’industrie du jeu vidéo que la puissance ne fait pas tout, et que les jeux restent ce qu’il y a de plus important dans l’équation. Le MacBook Pro en est peut-être la meilleure illustration.

Reste que ce produit, qui ne m’est pas destiné, me laisse un goût amer. J’aimerais vraiment voir ces avancés technologiques être déclinés sur un marché bien plus grand public, celui du jeu vidéo. Pour cela, Apple doit amorcer une nouvelle stratégie. Peut-être celle qui lui permettrait de conquérir le PC.


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