J’ai essayé l’Apple Vision Pro : 15 minutes dans le futur m’ont convaincu

Casques de VR • 2024

Le voilà, le premier nouvel appareil d'Apple depuis le lancement de l'Apple Watch en 2014. J'ai pu essayer l'Apple Vision Pro et je vous livre mes premières impressions, en attendant un test plus long.
Apple Vision Pro // Source : Chloé Pertuis - Frandroid
Apple Vision Pro // Source : Chloé Pertuis - Frandroid
 

Que l’on soit un adepte d’Apple ou non, il est indéniable qu’un lancement de nouveau produit par la marque est toujours un temps de pause et de réflexion pour l’industrie de la tech tout entière. Surtout quand il s’agit d’un pari aussi risqué que celui de l’Apple Vision Pro et de la réalité mixte, ou informatique spatiale comme aime l’appeler la marque à la pomme. Un pari sur lequel Meta n’a pas encore vraiment réussi à convaincre.

Je suis un technophile depuis l’adolescence et un fan de jeu vidéo. Le rêve de la réalité augmentée ou de la réalité virtuelle, ça me parle immédiatement, c’est un fantasme que l’on m’a transmis à travers toutes les œuvres de science-fiction. Je suis aussi un utilisateur de produits Apple aujourd’hui, l’iPhone et le MacBook Air principalement. Bref, j’avais forcément une très grande curiosité concernant l’Apple Vision Pro.

Apple Vision Pro // Source : Chloé Pertuis – Frandroid

Heureusement, Nicolas Lellouche de notre site cousin Numerama (édité par la même entreprise que Frandroida acheté un casque Apple Vision Pro lors du lancement aux États-Unis de l’appareil le 2 février 2024. Officiellement, le casque n’est pas encore prévu pour la France, même si l’on pressent un lancement à la fin de l’année. J’ai donc pu essayer le casque d’Apple pendant quelques dizaines de minutes en attendant notre test complet à venir. Vous pourrez d’ailleurs, vous aussi, l’essayer en avant-première grâce à Numerama+.

Notre vidéo de prise en main de l’Apple Vision Pro

Un casque de réalité virtuelle

Rappelons rapidement ce qu’est l’Apple Vision Pro. Il s’agit, technologiquement parlant, d’un casque de réalité virtuelle très haut de gamme. Lorsqu’il est éteint, vous ne voyez rien autour de vous et vous êtes coupé de votre environnement.

On retrouve les caractéristiques d’un casque du genre, mais poussé au maximum de ce que l’on peut proposer dans un produit fabriqué en masse.

  • Puce Apple M2 + Apple R1
  • Double écran Micro-Oled (23 millions de pixels) jusqu’à 100 Hz
  • Jusqu’à 1 To de stockage
  • Système de caméras stéréoscopique :
    • Deux caméras haute définition
    • 6 caméras de suivi de l’environnement
  • Deux caméras haute définition
  • 6 caméras de suivi de l’environnement
  • Deux caméras internes de suivi du regard
  • Reconnaissance Optic Id de l’iris
  • Système Audio Spatial 3D
  • Wi-Fi 6
  • Bluetooth 5.3
  • 600-650 grammes
  • Batterie externe (obligatoire) avec autonomie annoncée de 2 heures
Apple Vision Pro // Source : Chloé Pertuis – Frandroid

Une fois que l’on a fini ce petit rappel, on peut passer au plus important.

Premières minutes dans visionOS

Nicolas Lellouche a pu me faire reproduire les étapes de configuration de l’appareil ainsi que les expériences qui seront proposées en démonstration dans les Apple Store quand le produit sera disponible. Si l’on met de côté un petit couac logiciel, il a fallu relancer le mode démo et le casque n’a pas encore l’air tout à fait prêt et pensé à être partagé facilement, l’expérience était très intuitive et agréable.

On retrouve les étapes de réglage de la sangle, puis de configuration de la détection du regard du PlayStation VR 2, où l’on vous fait regarder des points lumineux dans l’air. En quelques minutes, le casque est vissé sur ma tête et prêt à être utilisé.

Apple Vision Pro // Source : Chloé Pertuis – Frandroid

À partir de là, j’ai pu essayer de la navigation dans l’interface du casque, un passage par Safari pour visiter Frandroid.com, quelques expériences immersives et un arrêt par Apple TV+ pour finir le tour des premiers usages de l’appareil.

Le site Frandroid consulté depuis Safari dans l’Apple Vision Pro // Source : Capture d’écran Frandroid

Commençons par aborder la navigation. Tout se fait donc au doigt à l’œil, littéralement puisqu’aucune manette n’est proposée avec le Vision Pro. Vous dirigez votre regard sur un élément d’interface, puis vous pincez pour le saisir ou l’activer. C’est assez déstabilisant au premier abord, car nous ne sommes pas habitués à utiliser nos yeux comme action d’interaction avec une interface.

J’avais observé la même chose lors de mon test du PS VR 2 : il m’arrive de jeter des coups d’œil ou de regarder autre chose que la fenêtre avec laquelle je suis immédiatement en train d’interagir, et dans ce cas, on crée forcément des faux positifs. On se retrouve à déclencher des menus ou des actions sans le vouloir. Sans aucun doute une question d’habitude.

Apple Vision Pro // Source : Chloé Pertuis – Frandroid

L’interaction par pincement des doigts fonctionne très bien, elle est détectée partout, même lorsque l’on pense avoir notre main loin du champ de vision du casque. Dernier moyen d’interaction avec l’appareil : un digital crown similaire à celle de l’Apple Watch qui permet de faire un retour à l’accueil en cas de pression, de réinitialiser l’environnement 3D autour de son regard (un classique des casques de VR), et de régler en rotation certains paramètres comme le volume sonore ou l’immersion.

Apple Vision Pro // Source : Chloé Pertuis – Frandroid

Apple a pensé aux fonctions de navigation les plus importantes et les a rendues très intuitives. Pour redimensionner une fenêtre, on regarde un coin, on le saisit et on l’étend dans un sens ou dans l’autre, comme lorsqu’on recadre une photo sur un smartphone. Une barre sous la fenêtre permet aussi de la saisir et de la déplacer dans son environnement. Le seul regret que j’ai observé est que le retour à l’accueil se fasse obligatoirement par le bouton de la couronne digitale.

Cela forcer à lever la main jusqu’à la tête, ce qui est à la fois long, pénible (avec la répétition), et casse le rythme dans l’utilisation du casque. J’aimerais bien qu’Apple ajoute un geste pour remplacer cette interaction. Par exemple, serrer le poing pour revenir à l’accueil.

Réalité virtuelle ou augmentée ?

J’ai présenté plus haut l’Apple Vision Pro comme un casque de réalité virtuelle, parce que c’est fondamentalement ce qu’est l’appareil. Comme les autres produits de VR, il s’agit d’un casque occultant avec des lentilles et des écrans pour créer un environnement 3D autour de l’utilisateur.

Dans le cas de l’Apple Vision Pro toutefois, Apple met beaucoup en avant le mode « réalité augmentée » qui utilise les capteurs tout autour du casque pour reproduire votre environnement réel.

Apple Vision Pro // Source : Chloé Pertuis – Frandroid

Dans mon cas, l’illusion a fonctionné à la perfection. J’ai totalement oublié que je regardais des écrans, et j’avais l’impression que les fenêtres 3D flottaient en 3D comme à travers des lunettes de réalité augmentée.

La solution d’Apple est la plus aboutie à ce jour, elle permet d’éviter les problèmes de transparence ou de champ de vision rencontré par Hololens, la solution de Microsoft qui visait il y a 10 ans déjà le même objectif qu’Apple aujourd’hui. Elle permet à Apple d’offrir des expériences occultant tout ou partie du réel pour passer dans un environnement virtuel au choix de l’utilisateur.

Apple Vision Pro // Source : Chloé Pertuis – Frandroid

La limite de ce coup de bluff technologique apparait quand on agite un peu les mains. On voit alors le détourage en temps réel de nos mains sur le reste de l’environnement virtuel qui met un peu de temps à réagir. Suffisamment longtemps pour un petit effet de rémanence autour des doigts. Mais rien qui empêcherait l’utilisation du casque, loin de là.

C’est un iPad spatial

Apple commercialise son Vision Pro comme le premier produit de l’informatique spatiale. Quand on voit qu’une puce Apple M2 est intégrée, on imagine toute la puissance d’un MacBook sous nos yeux. En réalité, il s’agit plutôt du premier iPad spatial. Vous lancez les applications les unes après les autres, sans avoir accès à un bureau comme sur un Mac. Les applications proviennent obligatoirement de l’App Store d’Apple, c’est donc une plateforme fermée comme la firme a l’habitude d’en proposer désormais.

N’imaginez pas pouvoir lancer des logiciels à l’interface sophistiquée ou un navigateur avec plein d’extensions : il faudra se contenter de ce qui existe aujourd’hui sur un iPad ou un iPad Pro. Je vais attendre le test complet du Vision Pro, mais je n’ai pas l’impression qu’il peut remplacer mon Mac, comme aimerait le vendre Apple. C’est sans doute le point qui pourrait me décevoir le plus dans le concept de l’Apple Vision Pro. J’aimerais réellement essayer de remplacer à la fois mon téléviseur et mon PC par ce Vision Pro. En revanche, si l’iPad a été capable de remplacer votre PC dans votre vie, le Vision Pro (ou ses futures déclinaisons plus accessibles) sera un bon candidat.

Apple Vision Pro // Source : Chloé Pertuis – Frandroid

Une fois qu’on a dit ça, il s’agit d’un premier essai bluffant. J’ai été très dans la retenue jusque-là pour essayer de décrire froidement ce que j’avais vu et essayé, mais il est temps de donner mon avis franc.

Je déteste utiliser ce terme, surtout quand on parle d’Apple, mais il faut admettre que la magie opère dès que l’on met le casque sur la tête. Chaque interaction est très léchée, le lancement d’une application, le déplacement d’une fenêtre, tout cela est très ludique et fonctionne sans que l’on pense à la mécanique très lourde mise en place pour y arriver.

Lorsqu’une personne apparait dans votre champ de vision, son visage s’incruste par dessus l’environnement virtuel // Source : Capture d’écran Frandroid depuis l’Apple Vision Pro

Le tour de force technologie est là : quand vous redimensionnez une fenêtre, le casque est capable de suivre votre main de façon très précise, reproduire immédiatement l’effet sur la fenêtre déployée en 3D dans votre environnement réel. Cela demande une puissance de calcul impressionnante, un logiciel finement réglé et la foison de capteurs présents sur le Vision Pro, et je parle ici d’une interaction très simple (changer la taille d’une fenêtre).

Une qualité visuelle inédite

J’ai beau avoir testé les Meta Quest, de Pico ou le PS VR 2, je dois bien admettre que l’Apple Vision Pro met une barre au-dessus de la compétition. Évidemment, on parle d’un casque vendu 3500 dollars donc encore heureux. Mais le résultat est là, on peut réellement s’immerger dans une fausse salle de cinéma et découvrir un film sur un écran virtuel de plus de 100 pouces de diagonale.

J’ai aussi l’habitude du vidéoprojecteur à la maison, et on retrouve exactement la qualité de cette expérience, sans la pénibilité de l’installation, du bruit, des problèmes de lumières ou de contrastes liés à l’utilisation d’un vidéoprojecteur. La simulation d’une salle de cinéma à la maison, c’est un fantasme vieux comme la VR, mais cette fois on peut le dire, ça marche vraiment. La qualité est tout simplement bluffante, mais aussi l’immersion sonore permise par l’audio 3D. Seule question que je garde en tête : peut-on voir un film de 2 heures dans ces conditions sans avoir mal aux yeux, la nuque ou à la tête ?

Apple Vision Pro // Source : Chloé Pertuis – Frandroid

Apple propose aussi d’autres expériences immersives qui prennent la totalité du champ de vision. On s’éloigne de la réalité augmentée/mixte pour entrer dans le terrain de la réalité virtuelle. Ça fait un très joli effet démo, mais je n’ai vraiment pas été convaincu par ces expériences. Pour reprendre une analogie déjà faites 100x, cela rappelle les applications de sabre laser des premiers smartphones qui utilisaient l’accéléromètre et le haut-parleur pour donner l’impression de manier un sabre laser. Des super démos qui expliquent immédiatement le rôle d’une brique technologique (l’accéléromètre), mais que l’on oublie très vite après 5 minutes.

Dans le cas du Vision Pro, on nous propose de simuler le sol lunaire ou de câliner un dinosaure. C’est rigolo quelques minutes, mais ça ne va pas plus loin. C’est visuellement et technologiquement bluffant, tout cela est calculé par le Vision Pro en temps réel, mais c’est un peu vu et revu. Il faudra attendre que les développeurs s’emparent du produit pour aller inventer les futures applications dont on ne pourra pas se passer.

Le confort et l’autonomie

Reste un point faible que tout le monde a pu identifier dans les tests du Vision Pro et pour sur lequel je ne peux qu’abonder. L’Apple Vision Pro est lourd. Avec la masse de technologie, l’utilisation de métal et de verre pour le design, son poids se fait assez vite ressentir. Je ne l’ai utilisé que sur une petite session de quelques dizaines de minutes, et sentais déjà un point inconfortable sur mon nez. Notez que j’ai testé avec la sangle par défaut fourni par Apple et non celle en option. Peut-être aussi que le casque n’était pas parfaitement ajusté à mon crâne et que j’avais mal fait mon réglage avec la sangle. Mais j’ai bien peur que ce soit l’un des points que devra corriger Apple avec les prochaines générations de son Vision Pro.

Apple Vision Pro // Source : Chloé Pertuis – Frandroid

L’autre point, plutôt d’interrogation à ce stade, est celui de l’autonomie. Pour véritablement remplacer le téléviseur et le Mac à l’avenir, l’Apple Vision Pro se devra de tenir au moins quelques heures sinon une journée d’utilisation. Seul un test pourra répondre à cette question. En attendant, j’ai été surpris de ne pas être dérangé par la fameuse batterie externe. Je l’ai rapidement oublié dans une poche de ma salopette (magnifique nonobstant). J’ai seulement peur que le fil qui relie la batterie au casque soit un peu dérangeant à la longue, mais le fait d’avoir une batterie externe n’était pas un problème.

Je suis déjà convaincu

Sorties de ces quelques minutes avec l’Apple Vision Pro, j’ai été convaincu par plusieurs éléments du produit et j’ai une grande hâte de continuer les tests. L’expérience matérielle et logicielle d’Apple est une nouvelle fois maitrisée sur ce produit. Évidemment, ça ne veut pas dire que tout est parfait loin de là. On sait que visionOS est dans une version 1.0 avec de grosses lacunes, classique d’un produit Apple. Mais ce qu’Apple propose dans ce Vision Pro, c’est deux ou trois cas d’usage très pertinents et bluffants. Je retiens trois exemples forts pour le moment : l’utilisation cinéma virtuel avec écran de 100 pouces devant les yeux, l’utilisation comme écran externe d’un MacBook, et la disposition de fenêtres dans l’environnement autour de nous.

Apple Vision Pro // Source : Chloé Pertuis – Frandroid

Je pense qu’Apple a fait les bons choix en se concentrant uniquement sur ces cas d’usage et en s’assurant qu’il répondait parfaitement au besoin. De même, ne pas permettre un mode « casque VR » et ne pas vouloir proposer des expériences VR avec manette comme le PS VR 2 ou le Meta Quest est une bonne idée d’Apple pour se démarquer de la concurrence. Ce Vision Pro n’est pas un « jouet », il n’est pas là pour remplacer une console de jeu.

Les tests plus longs du produit vont permettre de détecter des défauts que je n’ai sans doute pas perçus dans ce premier essai, mais en l’état je suis déjà convaincu par la vision d’Apple, sans mauvais jeu de mots. Ce ne sera peut-être pas dès cette génération, ou avec cette version du logiciel, mais Apple tient quelque chose avec le Vision Pro qu’il faut continuer de développer. La firme me semble bien avoir trouvé les ingrédients pour réussir là où ses concurrents se sont cassé les dents.

Prix de l’Apple Vision Pro (en dollars)

L’Apple Vision Pro est disponible aux États-Unis à partir de 3499 dollars. Il pourrait arriver en France avant la fin de l’année. L’exemplaire a été acheté par nos soins.

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