La « cage aux pommes » : c’est ainsi que certains travailleurs de GEEP, un sous-traitant d’Apple chargé du recyclage des appareils Apple, nomment une pièce sécurisée permettant de stocker les produits de la marque envoyés au recyclage. Mais selon l’enquête de Bloomberg, relayée par nos confrères des Numériques, Apple ne serait pas tout à fait honnête avec sa méthode de recyclage.
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Ce qu’ont découvert les journalistes de Bloomberg, c’est que le contrat qui lie Apple et GEEP exige que les produits envoyés par Apple soient détruits dans des broyeurs industriels. Des produits qui viennent des Apple Store ou récupérés par la marque lors d’un échange avec un nouveau modèle. D’ailleurs, les iPhone et iPad sont très surveillés par le constructeur, avec les mêmes exigences que les agences gouvernementales : Apple veut à tout prix éviter les vols, même s’il y en aurait au sein de GEEP. En même temps, la tentation est grande : de toute manière, ces smartphones seront détruits dans très peu de temps et certains sont tout à fait fonctionnels. Une fois broyée, une petite partie des métaux de ces appareils peut être récupérée pour être recyclée.
Le problème, c’est qu’un audit surprise d’Apple a révélé au grand jour la disparition de tonnes d’appareils il y a quelques années. L’entreprise a alors accusé GEEP de ne pas avoir recyclé près de 100 000 produits. Certains iPhone qui auraient dû être recyclés ont même été réactivés, notamment en Chine. Apple a donc poursuivi GEEP, non sans conséquences : le monde entier s’est alors rendu compte qu’Apple ne recyclait pas ses produits, mais les détruisait par dizaine de milliers. Ce alors même que la firme s’engageait la même année à atteindre la neutralité carbone d’ici 2030 et qu’elle faisait du recyclage son premier choix.
Un procès entre ces deux acteurs révélerait publiquement les détails des méthodes de recyclage d’Apple et il semblerait que ce dernier ne veuille pas en arriver là. Pour certains leaders du secteur du recyclage de produits électroniques, il s’agit aussi d’une menace envoyée aux autres partenaires d’Apple. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois qu’Apple est confrontée à des vols de produits destinés à être détruits et/ou recyclés.
Pourquoi Apple insiste pour détruire les iPhone avant de les « recycler »
Pour les opposants d’Apple, il s’agit là d’un moyen de parasiter le marché des smartphones reconditionnés, qui permet à Apple de vendre davantage de nouveaux produits. D’autant plus que les iPhone sont des modèles durables et intéressants sur le marché de la seconde main. Depuis la poursuite en justice, plus rien, et c’est dans l’intérêt d’Apple.
Autre raison : la destruction des appareils permet d’éviter toute fuite des données qui pourraient rester dans les iPhone et iPad. En fait, c’est même la seule méthode qui soit totalement fiable. Enfin, cela peut éviter à Apple le risque que ses pièces détachées se retrouvent sur des marchés alternatifs de réparation ou de création de modèles à partir de ces pièces. Apple n’est pas le seul fabricant à recourir à ces pratiques, mais le fait de manière stricte, surtout auprès de ses sous-traitants.
Pour Apple, le recyclage des iPhone a énormément progressé
Face à ces accusations, Apple s’est défendu : depuis la poursuite en justice de GEEP, la firme dit avoir progressé à « pas de géant », selon l’un de ses portes-parole. Par ailleurs, la firme s’était engagée à recycler 100% du cobalt de ses circuits imprimés d’ici 2025. Du côté de GEEP, aucun commentaire n’a été donné, « tant que cette affaire est devant les tribunaux », indique John Longo, son avocat. Chaque année, ce sont environ 12 millions d’appareils qui sont remis à neuf par Apple : mais on ignore combien d’unités elle reçoit au total. Beaucoup d’iPhone seraient éconduits du programme de reconditionnement officiel d’Apple, parce qu’ils ne seraient pas en assez bon état.
Il faut aussi rappeler les fameux robots d’Apple conçus par les équipes d’innovation environnementale. Le premier baptisé Liam permettait dès 2016 de démonter un iPhone 6 en huit composants. L’idée étant de réaliser un premier tri des métaux. Des années plus tard, c’est Daisy qui avait été présenté : les bras de ce robot ont permis une amélioration du taux de récupération de certains métaux. Par la suite, il y a aussi eu Dave.Pourtant, leurs exemplaires restent encore rares et des défis techniques sont encore présents, notamment pour les iPhone endommagés qui empêchent l’extraction de certaines vis par exemple. D’autant plus que Daisy (qui existe en deux exemplaires) ne peut traiter que 1,2 million d’iPhone par an, soit ce qu’Apple vend en… deux jours. Probablement en raison de coûts de construction trop importants et de l’architecture limitante de l’iPhone, Apple n’a pas collaboré avec les recycleurs tiers pour qu’ils puissent avoir leurs propres robots Daisy.
Ce qui est surtout reproché à Apple : ne pas alimenter le marché des pièces détachées
Toutefois, il est à rappeler que les émissions carbone et les matériaux nécessaires à un iPhone sont en grande partie issus de sa fabrication : 80% de l’empreinte carbone est liée à la fabrication. L’iPhone le plus écologique, ou du moins le moins polluant, reste encore celui que vous gardez en état de fonctionnement le plus longtemps.
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Le recyclage ne devrait être que le dernier recours et c’est ce que défend Nirav Patel, le fondateur de Framework. En plus de ça, Apple est régulièrement accusée de restreindre l’accès aux pièces détachées ainsi qu’à la réparation de ses produits.
En fait, parmi les dizaines de milliers d’iPhone broyés dont parle l’enquête de Bloomberg, énormément de composants encore en bon état (écran, caméra, châssis, etc.) pourraient être réutilisés pour le marché des pièces détachées. Ce qu’empêche actuellement Apple avec ses contrats de sous-traitance de recyclage.
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