iPhone 6 : qu’a-t-il de plus ou de moins que les autres ?

 
Comme prévu, Apple a officiellement annoncé son dernier modèle de smartphone, hier, à Cupertino, à l’occasion de la Keynote préautomnale. Ceux qui ont passé la nuit et la matinée dans une grotte ont peut-être manqué l’information, il s’agit de l’iPhone 6. Un iPhone 6 qui sera commercialisé en deux tailles différentes, de 4,7 et 5,5 pouces alors que le géant californien fournissait jusque-là des mobiles avec des diagonales d’écrans plafonnant à 4 pouces. Résumé des nouveautés de l’iPhone 6.
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Nouveau trait de crayon

A Cupertino, on traite le design des appareils électroniques comme les vieilles Californiennes bichonnent leurs chihuahuas. Cet art, c’est évidemment Steve Jobs qui l’a inculqué, sentant bien qu’un produit ne se vend pas seulement parce qu’il est bon, mais aussi parce qu’il est beau. Une pensée qui a engendré des années de guerres entre les pro-linux, les pro-windows et les pro-mac pour ne citer que le cas des ordinateurs. Concernant les smartphones, Apple a donné la cadence, la première impulsion esthétique avec l’iPhone premier du nom, et il est attendu au tournant chaque année.

Tout en finesse
Tout en finesse

Première constatation : ce design a (légèrement) changé. On lui trouve logiquement des inspirations internes diverses (iPod Touch, iPad Air ou iPad Mini, avec des côtés arrondis qui tranchent définitivement avec le format plat des éditions précédentes). Mais ce sont aussi des inspirations externes qui se ressentent, et on ne peut s’empêcher de lui trouver un petit côté HTC One M8. Comme toujours, l’iPhone est construit à partir de matériaux « nobles », de l’aluminium notamment, et ceux qui aiment les objets bien finis seront conquis.

Il n’en reste pas moins que l’esthétisme de l’iPhone 6 n’apporte pas une plus value à l’appareil, et trancher définitivement entre les « c’est beau » et les « c’est moche » est une tâche bien ardue. D’autres mobiles semblent en tout cas posséder une enveloppe extérieure plus séduisante que ce nouveau téléphone Apple.

« One more thing »

Le si brillant – il faut l’avouer – « one more thing » de Tim Cook pourrait très bien s’employer pour tout ce qui concerne l’iPhone 6. Comme avec l’iPhone 5S, le produit pommé est annoncé comme « un peu meilleur » que l’édition précédente, se suffisant juste d’un « petit plus » pour prendre la relève et donner envie à des millions de consommateurs. Cette année, c’est bien l’écran qui est au centre des préoccupations. D’abord, le terminal sort en deux versions de 4,7 pouces et 5,5 pouces, et il adopte un affichage HD de 1334 par 750 pixels, ce qui donne une densité de pixels de 326 pixels par pouce.

Le verre de l’écran est annoncé comme « ion renforcé« , ce n’est donc pas du verre de saphir comme la rumeur l’annonçait, et la déception n’était pas trop palpable à ce sujet. L’iPhone 6 mesure 6,9 mm d’épaisseur, ce qui en fait l’appareil le plus mince d’Apple et lui confère une finesse assez proche des appareils Sony, Xiaomi ou encore Samsung. Le bouton d’alimentation a été déplacé sur le côté du téléphone pour le rendre plus facile à atteindre.

Toujours aussi bon en photographie ?
Toujours aussi bon en photographie ?

Quant à l’intérieur de la bête, l’iPhone 6 utilise la nouvelle architecture Apple A8, réputée 25% plus rapide que l’Apple A7 présente dans le iPhone 5S. La puce est aussi 13 % plus petite que son aînée, grâce à l’utilisation d’un procédé de fabrication 20 nm de Samsung. Comme l’A7, l’A8 est également un processeur 64-bit.

Chez Android, on retrouve plusieurs familles de processeurs 64 bits, à la différence que leur intégration sur les appareils met un temps certain à être adopté. La faute à des processeurs qui ne sont – pour la plupart – pas encore disponibles et à une version de l’OS qui ne les supportent de toute façon pas (la donne changera avec Android L). Le NVIDIA Tegra K1, par exemple, est doté de deux cœurs 64-bit conçus et développés par Nvidia sur le jeu d’instruction ARMv8 et qui portent le nom de Denver. Qualcomm prépare également de son côté des processeurs 64-bit gravés en 20 nm, les Snapdragon 808 et 810 qui utilisent 4 coeurs Cortex A57 et 4 coeurs A53 pour le S810, et 2 coeurs A57 + 4 coeurs A53 pour le S808.

En fait, Apple profite encore de son avance dans le domaine du 64-bit, proposant déjà ses puces de deuxième génération, alors qu’Android patiente encore sagement. Et alors que les histoires de processeurs soient du mandarin pour le grand public, elle est peut-être là, la petite chose en plus. Pour le reste, l’iPhone ne possède rien de mieux que les autres mobiles : sa mémoire RAM est vraisemblablement de 1 Go, son appareil photo méritera certainement le détour, mais on en trouve aussi d’excellents chez Sony, Samsung ou LG.

Et alors, si le terminal ne fait pas mieux que la concurrence, qu’il n’est pas beaucoup mieux équipé, qu’il est moins personnalisable qu’Android, sur quoi repose alors l’engouement d’une frange non-négligeable du grand public ?

Des vivats et des fanas

Chercher à expliquer le succès de la pomme, les « bravos » lancés par la foule et ces tonnerres d’applaudissements qui déclenchent un sourire benêt sur le visage de Tim Cook, ne tient finalement pas que du rationnel. Android et ses constructeurs phares ont beau sortir des produits plus avancés technologiquement que la firme de Cupertino, les fans seront toujours au rendez-vous d’Apple. Cela tient d’abord de l’histoire et de la légende construite par Steve Jobs, lançant son entreprise dans le garage familial avec quelques potes. Cela tient aussi parce qu’Apple a été le véritable fer de lance d’une certaine révolution technologique avec le Macintosh, l’iPod ou l’iPhone.

iPhone 6
iPhone 6

La communauté de fans autour d’Apple est énorme, et elle ne date pas d’hier. Il faudra un travail de longue haleine pour convaincre certains que le iPhone n’est pas « le meilleur smartphone de l’année ». Il faut aussi dire que le modèle instauré par Apple est tout à fait autocentré. La firme, avec une ligne conductrice (esthétisme, couleurs, prix, composants) qui ne bouge pas, fait tout pour être le seul à pouvoir fournir à ses clients les objets qu’ils désirent (et même ceux qu’ils ne désiraient pas mais qui deviennent indispensables car estampillés Apple).

Cette communauté s’est construite à partir des premières innovations, à partir d’une certaine science du beau, à partir du culte de la personnalité (Steve Jobs), à partir d’une communication bien rodée, et d’une équipe marketing qui ne s’est que rarement trompée. Quoiqu’il arrive, les produits Apple se vendent.

Démocratisation-land

« Clairement, cet écran est le plus spectaculaire qu’on ait jamais vu sur un smartphone », écrit aujourd’hui Le Figaro après avoir pris en main l’iPhone 6. Si la phrase laisse déjà perplexe puisque de nombreux smartphones nous ont impressionné cette année avec des définitions d’écrans biens supérieures et des technologies à la pointe (Super AMOLED, pour ne citer qu’elle), elle est révélatrice du pouvoir de démocratisation que possède Apple. Un pouvoir tel que la firme n’a même plus besoin de chercher à égaler ou surpasser la concurrence, mais a simplement besoin de surpasser son produit précédent.

Un exemple de démocratisation : la rotation de l'écran.
Un exemple de démocratisation : la rotation de l’écran.

On en a un autre exemple, encore plus flagrant, avec la technologie NFC qui a été introduite depuis des années sur les mobiles Google et qui ne fait son apparition que maintenant chez Apple. Le concept a été ovationné par tout le monde, à croire qu’il s’agit d’une innovation. Encore une fois, il semble que l’aura dont bénéficie encore Apple lui permette de transformer en or, ou en dollars, tout ce qu’elle touche.

Du neuf avec du vieux

Ce sont toutes ces raisons qui font qu’Apple est ovationné pour avoir fait du neuf avec du vieux. Si l’on doit résumer ce que l’iPhone 6 a de plus que les autres, on peut certainement évoquer sans trop se mouiller son nouveau processeur A8, deuxième puce 64-bit de la firme. Pour le reste, Apple a simplement fait évoluer ses produits. Chaque année, le grand public semble de moins en moins conquis par les produits de Cupertino, mais chaque année, ils se vendent aussi bien. Mais du coup, la véritable question qui se pose, c’est : « jusqu’à quand cela va continuer de fonctionner ? »

L'évolution lente
L’évolution lente

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