Farniente. C’est le mot assez bourgeois qu’utiliseront sans doute encore plusieurs personnes pour décrire leurs vacances d’été agréablement oisives. Vous ne trouverez toutefois pas de terme plus erroné pour décrire l’actualité d’Apple de ces dernières semaines.
La pomme a essuyé de multiples critiques sur sa politique de gestion de l’App Store dernièrement et, pour ne rien arranger à la situation, elle se retrouve engluée plus intensément dans le conflit économico-politique entre les États-Unis et la Chine. Votre mois d’août a été plombé par la crise sanitaire et la canicule ? Celui d’Apple l’a été par des polémiques qu’il aurait volontiers évitées. Récit d’un été pourri.
Embrouille avec Microsoft et Xbox
S’embrouiller avec une grosse firme n’est jamais synonyme de tranquillité. Or, Apple s’est un peu accroché avec Microsoft et sa division Xbox au sujet du service de cloud gaming Game Pass interdit de rejoindre les rangs de l’App Store.
En effet, la firme de Cupertino estime que comme elle ne peut pas vérifier un par un les contenus interactifs téléchargeables que compte proposer l’application Xbox Game Pass, celle-ci ne peut pas être autorisée dans sa boutique — alors qu’elle fonctionne sans souci sur le Play Store de Google.
Pour aller plus loin
Xbox Game Pass sur iOS : l’excuse un brin ridicule d’Apple pour refuser le service
Apple ne s’est jamais caché de vouloir contrôler tous les aspects de l’App Store pour en assurer la parfaite sécurité. Nous verrons juste après que cette position est contestée par certains développeurs, mais dans ce cas précis, c’est Microsoft qui s’en est vivement agacé au travers d’une critique acerbe à l’égard de la pomme. Le géant de Redmond reproche à celui de Cupertino de discriminer les applications de gaming en ne les traitant pas de manière équitable.
Microsoft sera par la suite soutenu par les responsables de Facebook Gaming qui regrettent de devoir offrir une expérience moins bonne sur iOS que sur Android. On imagine qu’Apple se serait bien passé de ces dissensions avec le F et le M de « GAFAM », mais le vrai bad buzz n’était pas encore arrivé.
Fortnite : épique guerre contre Epic Games
Dans la foulée, Apple a dû faire face à un autre ennemi de taille : Epic Games. L’éditeur de Fortnite — le jeu le plus populaire sur mobile — a en effet lancé une grosse guerre marketing contre la pomme et cette dernière ne s’est pas laissée faire.
Résumons brièvement l’affaire. Pour avoir délibérément enfreint les règles de l’App Store — en proposant un modèle de paiement in-app alternatif à celui d’Apple afin d’éviter les 30 % de commission –, Fortnite a été banni de l’App Store. En réaction, Epic Games s’est empressé de poursuivre en justice la firme de Cupertino pour abus de position dominante tout en diffusant une vaste campagne de communication anti-Apple.
D’autres entreprises ont rapidement joint leurs voix mécontentes à celle d’Epic Games pour inciter Apple à donner plus de liberté aux développeurs en lâchant du lest sur son magasin d’applications et en réduisant les 30 % de commission qu’il touche dessus sur chaque achat. Pour tout savoir, le bannissement de Fortnite de l’App Store (et du Play Store), n’hésitez pas à consulter notre dossier dédié au sujet.
Pour aller plus loin
Fortnite : tout savoir sur la bataille royale entre Apple, Google et Epic Games
Apple se retrouve ainsi sous le feu de nombreuses critiques mettant en cause un système qu’il a instauré il y a plusieurs années. Le géant ne compte toutefois pas se laisser ébranler et, plutôt que de plier devant Epic Games, il lui a infligé une sanction beaucoup plus lourde en lui retirant ses accès de développeurs à iOS et macOS.
Conséquence : même le moteur Unreal Engine, utilisé par d’autres développeurs, deviendrait inexploitable sur les plateformes d’Apple. Ce dernier demande ainsi à Epic Games de rentrer dans le rang pour que tout rentre dans l’ordre, mais le conflit ne semble que débuter, aussi bien sur le plan de la communication que sur celui des tribunaux.
L’Europe sur le dos
On l’a dit, Epic Games accuse Apple d’abuser de sa position dominante. Dans sa plainte, l’éditeur de Fortnite évoque d’ailleurs une autre affaire pour appuyer ses propos : une enquête de la Commission européenne sur des pratiques anticoncurrentielles supposées sur Apple Pay et l’App Store.
Or, ladite enquête a été ouverte en juin et laissait donc déjà entrevoir un été bien complexe à gérer pour le service juridique d’Apple. La multinationale se voit ainsi attaquée sur plusieurs fronts. Précisons aussi que la Commission européenne s’est saisie de cette affaire suite à une plainte de Spotify. Spotify qui est justement l’un des premiers à avoir clamé son soutien à Epic Games. La boucle est bouclée.
La bataille sino-américaine
Avec ces polémiques sur les bras, Apple avait déjà fort à faire pour tenter de négocier avec les entreprises qui la critiquent et peut-être essayer de soigner son image auprès du grand public et des développeurs. Or, voilà que même la politique vient jeter une ombre sur son été déjà bien pénible. Plus précisément, les activités du groupe en Chine sont grandement compromises.
Dommage collatéral des États-Unis
L’embargo américain contre Huawei met déjà beaucoup de plomb dans l’aile des relations diplomatiques entre Washington et Beijing. Or, le président Donald Trump a remis de l’huile sur le feu en bannissant les applications TikTok et WeChat des États-Unis. Il leur reproche une collecte de données trop intrusive pour le compte de la Chine.
Quel rapport avec Apple ? L’administration Trump compte notamment interdire les deux applications d’être proposées sur le Play Store et l’App Store. Or, cela pourrait avoir de lourdes retombées sur la présence de la pomme dans l’Empire du Milieu. Les utilisateurs chinois sur Android se passent déjà du Play Store et peuvent facilement télécharger des applications sur cet OS, mais celles et ceux qui ont des iPhone ne pourront pas installer TikTok ou WeChat.
Pour aller plus loin
Trump signe un décret pour forcer le rachat de TikTok et veut une grosse part du gâteau
C’est problématique, surtout pour WeChat qui est une application ultra présente dans le quotidien des personnes habitant en Chine, car elle sert de messagerie, de service de paiement, de lecteur de QR code, de portail e-commerce, de réseau social, etc. Ainsi, 95 % des utilisateurs chinois préfèreraient se séparer de leur iPhone plutôt que de WeChat.
Un constat qui n’augure rien de bon pour les ventes d’Apple en Chine. En voulant frapper la Chine, les États-Unis feront donc mal à leur champion de la tech, mais les dégâts ne s’arrêteraient pas là.
Cible de la Chine
Remontée contre les velléités de bannissement affichées par les États-Unis, la Chine ne compte pas rester les bras croisés. Le régime avait promis de représailles et il a déjà commencé à mettre en pratique ses menaces.
En effet, les autorités chinoises auraient commencé à s’attaquer à certains passe-droits négociés par Apple pour pouvoir mener ses activités dans le pays. L’App Store semble particulièrement dans le collimateur. En effet, Beijing aimerait forcer la main à la firme de Cupertino pour que la version chinoise du magasin d’applications passe sous le contrôle majoritaire d’une entreprise nationale comme le prévoit la loi.
On a ici les États-Unis dans le rôle du marteau, la Chine dans celui de l’enclume et Apple entre les deux
Une initiative qui aura beaucoup de mal à être acceptée par Apple. En outre, 47 000 jeux ont déjà été supprimés de force de l’App Store — car leur disponibilité reposait aussi sur un flou juridique toléré jusqu’ici.
En d’autres termes, on a ici les États-Unis dans le rôle du marteau, la Chine dans celui de l’enclume et Apple entre les deux. Au moment où nous publions cet article, il reste encore quelques jours avant la fin du mois d’août, mais le géant de Cupertino doit déjà avoir hâte de passer à septembre.
L’arc-en-ciel dans la pluie
Un temps pluvieux n’est pas forcément synonyme de grisaille, à travers les nuages le soleil peut créer un arc-en-ciel. Cette métaphore maladroite vise à rappeler que malgré l’été peu réjouissant d’Apple, dans l’ensemble, le groupe se porte on ne peut mieux financièrement.
Le géant est capitalisé à 2000 milliards de dollars, autant dire qu’il n’y a pas le feu dans le verger d’Apple. Nous avons beaucoup parlé d’affaires juridiques ici, mais dans le courant de l’été, les avocats de l’entreprise ont aussi réussi lui éviter une amende 13 milliards de dollars en Europe.
Les difficultés se sont donc un peu enchaînées pendant l’été pour Apple, mais sur le papier, la firme peut encore trouver quelques ressources pour se la jouer farniente.
Votre café et votre dose de tech vous attendent sur WhatsApp chaque matin avec Frandroid.
Ça prouve qu'il qu'il faut changer ton IA. Elle est médiocre voir obsolète
J'essaie juste de rester honnête et de ne pas etre sectaire comme d'autres. Apple a ses supporters que je respecte et moi Huawei. C'est très simple. Pas de politique pas de débats philosophique juste une préférence. J'ose espérer que c'est encore mon droit
Mais ça mon pauvre amis la plus part des lecteurs de frandroid y croient dure comme fer et sont là vent debout contre Goliath le méchant Apple qui veut du mal à Epic se David défenseurs des consommateurs. Pour le client ça ne changera rien c’est juste une boîte qui veut ramasser le plus possible et fait du raffut pour y arriver
Google aussi prend 30% pour les services rendus.. Tu crois vraiment que les prix vont baisser de 30% ? Au début pour dire regarder, c’est les grands méchants Google et Apple qui faisait que vous paiyez plus cher, et, après quelques temps les prix vont remonter pour « augementer les marges » j’ai n’ai aucunement parlé de se gaver
C'est plus une gue-guerre géo-politique ce qu'il se passe avec Epic, détenu à 40% par le géant Chinois Tencent qui détient également WeChat. Une réplique contre les américains, et un (possible) coup commercial pour Epic, qui peut augmenter ses marges avec le soutien d'un géant derrière lui.
? Ben si il respecte les règles puisqu’ils sont carrément allé les négocier directement auprès de Pékin, c’est juste une cible encore plus facile que huawei
Vous affirmez dans cet article qu'Apple a retiré les droits a Epic mais dans votre article source que ce n'est qu'une menace, quid ? Merci
C'est plus une gue-guerre géo-politique ce qu'il se passe avec Epic, détenu à 40% par le géant Chinois Tencent qui détient également WeChat. Une réplique contre les américains, et un (possible) coup commercial pour Epic, qui peut augmenter ses marges avec le soutien d'un géant derrière lui.
Je parlais des méthodes mafieuses de Trump a l'encontre de Huawei.
Aucune méthode mafieuse Apple ne respectait pas les règles donc acte.
Pour ma part je regrette que le ciel se couvre pour Apple en chine. Je ne suis pas sectaire comme certains ici et même si je défends Huawei je ne suis pas de ceux qui cherchent à démolir un adversaire avec des méthodes mafieuses. Je souhaite réellement que cette affaire s'arrange et qu'Apple store retrouve toute son intégrité.
Vivement l'hiver ou pas... (Winter is coming) 😁
Un très beau et bon article du début à la fin merci
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