Henri Crohas (PicoWAN) : « Si on prouve que ça marche, on peut devenir un réseau mondial viral comme Uber »

 
Après l’annonce du lancement du réseau bas-débit PicoWAN par Archos le 6 octobre dernier, nous étions restés un peu sur notre faim. En effet, dans la bataille des nouveaux opérateurs (Sigfox, LoRa Alliance et désormais Archos avec PicoWAN), il est parfois difficile de démêler les subtiles différences de protocoles réseau et les variations de tarifs. Nous avons rencontré Henri Crohas, fondateur d’Archos, pour un décryptage.
Archos

Une compétition à gagner

Tandis que la start-up angévine Qowisio vient de s’ajouter à la LoRa Alliance et rendra compatible sa technologie UNB (Ultra Narrow Band) avec le protocole LoRaWAN pour les objets connectés, Archos lance PicoWAN, sa technologie proche sur le principe de la couche physique du LoRa (qui permet la transmission de messages courts à longue portée et à large spectre), mais néanmoins concurrente du protocole réseau LoRaWAN exploité par les membres de la LoRa Alliance. Archos devient ainsi, par la défection de Qowisio de la course au tout-connecté, le troisième acteur français des réseaux bas-débit M2M (Machine-to-Machine). Sigfox quant à lui poursuit son développement et continue de conquérir le reste de l’Europe (l’Italie récemment) et s’attaquera aux pays d’Amérique du Nord en 2016. La compétition s’axe désormais sur de subtiles différences d’infrastructures et de tarifs.

PicoWAN Archos

« Dans ce type de réseau, que ça soit Sigfox, Bouygues ou autre, c’est l’objet connecté qui paye le réseau, en fonction du type de connexion. Et le réseau est peu cher, par exemple pour Sigfox, c’est un euro par an et par objet. Nous, on sera moins chers, car il n’y a pas de coût d’infrastructure (0,50 centime d’euros par pico-passerelle et par objet pour PicoWAN). Avec nos pico-passerelles dans les bâtiments, il n’y a pas d’antenne sur le toit et nous ne supportons que les connexions dans le cloud. L’essence même de notre système est collaborative, on pourra partager le réseau avec tout le monde. On propose même aux partenaires de partager avec nous la moitié des revenus des objets connectés. » précise Henri Crohas.

Le fondateur d’Archos espère ainsi inciter au déploiement rapide de son réseau. Les cibles ? Des entreprises telles que JC Decaux avec ses abribus parisiens raccordés à Internet, Carrefour, La Poste intéressent de près Archos. « Si on réussit à démontrer que notre technologie marche, on peut imaginer un réseau qui se répand partout dans le monde, un réseau mondial viral un peu comme un Uber ou un Airbnb, avec un business model collaboratif.« 

Pico-passerelle Archos
La pico-passerelle proposée par Archos pour le déploiement de son réseau PicoWAN

50 000 pico-passerelles pour couvrir le territoire

Lorsque Bouygues prévoit la couverture du territoire français d’ici la fin de l’année avec 500 villes desservies par leur réseau LoRaWAN grâce à l’exploitation de ses 15 000 points « hauts » déjà en place, Archos prévoit la nécessité de déployer 50 000 pico-passerelles pour une couverture équivalente. C’est presque quatre fois plus en termes de matériel, mais selon Henri Crohas, la simplicité de l’installation, une simple prise embarquant le chipset PicoWAN, aidera au déploiement rapide. La portée est en revanche réduite, du fait d’une installation indoor (à l’intérieur) mais le coût de l’installation reste bas. En démultipliant les pico-passerelles, Archos espère justifier l’existence du réseau PicoWAN par sa capacité à faire communiquer des centaines d’objets par passerelles et améliorer la communication entre les objets du fait de leur grand nombre.

La distribution de  200 000 pico-passerelles à des acteurs professionnels est prévue pour 2016, en France et à l’étranger, Henri Crohas espère ainsi rattraper le temps perdu sur les autres opérateurs M2M et initier le mouvement. Il précise : « Nous ne sommes pas vendeurs de hardware, notre objectif c’est de distribuer des box. Ce qui est inscrit dans le marbre, c’est que d’ici quelques années, il y aura dix fois plus d’objets connectés (routeurs, smartphones, thermostats, téléviseurs…) dans les foyers qu’aujourd’hui. En équipant les villes avec un ou deux dollars de hardware tous les 800 mètres, ça va se répandre partout. Le problème, c’est qu’il faut être le premier à innover pour cela. C’est pourquoi nous avons inventé un nouveau protocole. » Parmi les brevets déposés pour le protocole réseau PicoWAN, la technologie embarque une option de géolocalisation moins précise que du GPS mais utile pour détecter la présence dans les bâtiments et savoir où sont les objets connectés reliés au réseau.


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