À bien des égards, la tâche du testeur tech est aisée. Nous ne risquons pas grand-chose, et pourtant, nous jouissons d’une position de supériorité par rapport à ceux qui se soumettent, avec leur travail, à notre jugement. Nous nous épanouissons dans la critique négative plaisante à écrire et à lire. Mais l’amère vérité, qu’il nous faut bien regarder en face, c’est que dans le grand ordre des choses, la machine la plus médiocre a sans doute plus de valeur que la critique qui le dénonce comme tel.
Bon, cet extrait quelque peu modifié du chef-d’œuvre Ratatouille des studios Pixar est un peu bancal quand on parle d’un objet technologique et non d’un plat qui porte en lui une grande part d’art. Toujours est-il que le fond est bien là : il est facile pour un journaliste de descendre en flèche une idée nouvelle et sur Internet, cela rapporte en audience. Lors de la première présentation de la ROG Ally, la console portable d’Asus, nous avons publié un article mettant en garde les consommateurs contre des zones d’ombre autour du produit.
Asus France nous a invités dans ses locaux pour essayer en avant-première la console et mettre la lumière sur certaines de ces zones d’ombre.
Une console portable facile à prendre en main
L’une de nos grandes interrogations concernant l’Asus ROG Ally était sa prise en main. En effet, développer une console de ce type implique de savoir concevoir une manette de jeu pratique à utiliser, mais on ne s’improvise pas fabricant de consoles. Si Asus a beaucoup d’expérience pour fabriquer des PC, des claviers et des souris, c’est moins le cas quand on parle manette de jeu.
Sur ce point, Asus nous a totalement rassurés avec cette prise en main. Bien sûr, il faudra attendre un test plus long pour savoir comment la console fait face à l’usure ou s’il est vraiment encore agréable de l’avoir en main sur une longue session de jeu. Sur les minutes que nous avons passées avec la console, nous avons été surpris par sa légèreté (608 grammes contre 669 grammes pour le Steam Deck) et le naturel avec lequel nos doigts ont trouvé tous les boutons.
En dehors des boutons classiques pour contrôler un jeu (deux sticks analogiques, quatre boutons d’action, les boutons de menu et les gâchettes), Asus propose deux boutons supplémentaires à l’arrière de la console. C’est la première fois que je trouve ce genre de boutons aussi bien placés et ajustés. Les doigts se positionnent naturellement sur les boutons supplémentaires, mais ils sont suffisamment résistants pour ne jamais les enclencher par erreur.
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Les boutons semblent d’une qualité correcte, mais on reste assez loin des finitions d’une manette Xbox ou PlayStation. Ici, les boutons donnent davantage une sensation de plastique que ce soit au contact du doigt ou au bruit du clic.
Le mystère des performances
La ROG Ally intègre une nouvelle puce développée par AMD : l’AMD Ryzen Z1 Extreme. Elle est basée sur les architectures Zen 4 pour le CPU et RDNA 3 pour la partie graphique. C’est donc une puce plus avancée que celle que l’on trouve dans les consoles Xbox Series, PS5 et Steam Deck. La ROG Ally intègre un système de refroidissement permettant à la puce de tourner avec un TDP de 30W. Le Steam Deck propose un TDP de 15W.
Impossible de faire tourner des benchmarks pour se faire une idée précise des performances, mais nous avons pu jouer à Cyberpunk 2077 et à Dead Cells pendant quelques minutes sans problème. Les deux jeux étaient fluides. Un bouton sur la console permet rapidement d’accéder au menu des paramètres de la machine pour régler rapidement le mode de fonctionnement. Nous avons fait nos tests en mode Turbo, qui débloque le maximum de performance, mais il sera possible de réduire ce profil pour économiser en autonomie.
Asus ne nous a pas communiqué de niveau d’autonomie précis pour cette machine, mais a évoqué une autonomie similaire au Steam Deck. La console tiendrait donc quelques heures en jeu selon le jeu utilisé et le niveau de puissance demandé.
C’est aussi à partir de ce menu que l’on peut bloquer la console à 60 Hz. L’une des particularités du ROG Ally est en effet d’intégrer un écran Full HD capable de monter à 120 Hz. Là encore il faudra mesurer les effets sur l’autonomie.
Windows 11 avec ROG Armoury
Contrairement au Steam Deck, la ROG Ally tourne sous Windows 11. Cela permet à Asus d’annoncer une compatibilité complète avec tous vos jeux PC et un partenariat avec le PC Game Pass pour offrir un peu d’abonnement à l’achat de la machine. Pour manipuler l’interface, la marque a prévue une version spéciale de son logiciel ROG Armoury Crate.
On a donc une interface un peu similaire à celle de la Nintendo Switch qui va permettre de sélectionner très vite un jeu installé sur la console pour le lancer. C’est aussi Armoury Crate qui gère l’interface de réglage rapide des paramètres pendant une session de jeu.
Attention, il faudra toujours installer et connecter chacun de vos launchers préférés comme Steam, Battle Net, Xbox, etc. Il ne s’agit pas ici de les remplacer ou de les réunir, mais seulement d’être une interface pour lancer des jeux. Lors de notre rapide essai, nous avons d’ailleurs été amenés à manipuler le bureau Windows à quelques reprises. Un test complet de l’appareil pourrait bien pointer ce choix d’avoir un Windows 11 qui n’a pas été pensé pour les consoles comme l’une des failles de l’expérience utilisateur.
Un petit dock malin
Nous n’avons pas encore évoqué la connectique de l’appareil. La ROG Ally propose un lecteur de microSD pour étendre le stockage et un port combo USB-C / ROG XG Mobile. Il s’agit du connecteur propriétaire de la marque qui permet de brancher une carte graphique externe et transformer la machine en PC de bureau. Nous avons déjà testé la XG Mobile, très chère, mais plutôt convaincante.
Le port USB-C permet à la fois de recharger l’appareil ou de le relier à un dock. Après tout, derrière son aspect de console, il s’agit fondamentalement d’un PC sous Windows. ROG a prévu un dock en option plutôt intrigant.
Comme celui de la Switch, il permet de recharger la console et de la brancher sur un écran externe à travers un port HDMI. Seulement ici, le dock prend la forme d’un chargeur très compact qui tient dans la main. On a pas l’habitude de voir un port HDMI sur un chargeur, mais c’est bien le cas ici.
Une grande inconnue reste
On ressort de cette prise en main en étant davantage convaincu par le produit. Asus semble réellement avoir fait les efforts pour créer une console portable pertinente sous Windows. Comme Anton Ego aurait pu le dire, il était facile de moquer le produit lors de la première présentation, ou de ne pas y croire. Force est de constater qu’Asus a travaillé sa copie. La firme nous a confié avoir conçu cette machine pendant plusieurs années avant de la présenter. Une autre façon de dire qu’il ne s’agit pas ici de suivre le Steam Deck.
Bien sûr, nous sommes surtout impatients de tester plus longuement la console pour comprendre vraiment son niveau de performance et d’autonomie. Surtout, Asus garde encore le secret sur un élément clé de l’équation : le prix de la ROG Ally. C’est pourtant un élément très important pour déterminer si le produit sera capable d’atteindre sa cible et convaincre. Sur ce point, comme nous l’avions expliqué, il sera difficile pour la marque de pouvoir rogner ses marges comme Valve et Nintendo peuvent le faire. Asus doit gagner de l’argent sur la vente de la machine, et non les ventes de jeux.
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