« L’art de la guerre » sur le marché des smartphones : rencontre avec le patron d’Asus

 
Alors que le Zenfone 6 doté d’un atypique appareil photo a été fraîchement officialisé, nous avons pu nous entretenir avec Jonney Shih, le président d’Asus. Il nous a confié sa vision du marché des smartphones.
Jonney Shih, président d’Asus, et le Zenfone 6.

Trois personnes sont présentes dans la pièce, mais lui seul est assis, un verre d’eau à côté de lui et un sourire serein sur le visage. Il s’appelle Jonney Shih et il occupe le poste de président au sein d’Asus. Pendant l’interview qu’il m’accorde, ce sexagénaire s’exprime calmement et ne hausse jamais la voix. Mais qu’on ne s’y trompe pas : derrière cette attitude réservée en apparence se cache un homme plein d’énergie. Tout au long de notre conversation, il ne cesse de gesticuler des mains, de se lever à moitié de sa chaise et d’afficher un air enjoué.

Jonney Shih est aussi bavard que passionné par son métier. J’ai pu le découvrir à travers notre discussion en marge de la présentation de l’Asus Zenfone 6 et au cours de laquelle il s’est exprimé sur sa vision du marché dans lequel évolue son entreprise.

Le bon timing

Vous l’aurez sans doute compris en lisant les premiers paragraphes de cet article, Jonney Shih m’a laissé l’image d’un personnage atypique. Et je n’ai pas caché mon étonnement quand il a cité L’Art de la guerre, un traité militaire rédigé par Sun Tzu pendant l’antiquité chinoise. Comme son nom l’indique, l’œuvre aborde les stratégies à adopter pour remporter les batailles face à un ennemi, et ce qu’il faut en retenir est qu’il existe un très grand nombre de paramètres à prendre en considération afin de trouver la meilleure manière de gagner efficacement.

Si le patron d’Asus mentionne cette œuvre, c’est parce qu’il compare son contenu à la situation actuelle dans le marché des smartphones. La compétitivité accrue du milieu n’est un secret pour personne et à en croire Jonney Shih, c’est même une véritable guerre qui a lieu entre les différents constructeurs.

Le Zenfone 6

D’après lui, pour se sortir indemne de cette bataille, il est impératif d’avoir un bon timing à chaque fois. L’homme d’affaires ne se gêne d’ailleurs pas pour tacler Samsung dont le Galaxy Fold, qui s’apprêtait à être le premier smartphone pliable commercialisé, a vu sa sortie reportée pour des soucis techniques.

« Il est important d’observer de très près toutes ces évolutions, les smartphones pliables, la 5G, mais il est encore plus important de frapper au bon moment », estime ainsi le président d’Asus.

Des promesses

L’Asus Zenfone 6 apporte une innovation intéressante avec son appareil photo « flip ». Celui-ci est rotatif et peut donc passer d’un mode de prise de vue classique au selfie en basculant comme une catapulte par-dessus le front du téléphone. L’utilisateur peut d’ailleurs, s’il le souhaite, régler lui-même la position du double capteur pour varier les angles et tenter des clichés originaux.

L’appareil photo du Zenfone 6

Cette innovation ne fait très certainement pas l’unanimité auprès des amateurs de smartphones, mais il faut tout de même saluer la tentative d’Asus de proposer ici quelque chose de différent par rapport à d’autres appareils du marché. C’est une voie que le constructeur a décidé d’explorer et, alors que l’on se plaint régulièrement des designs trop classiques et répétés, le Zenfone 6 ose d’autres perspectives.

Avec une fiche technique alléchante dans l’ensemble pour un tarif allant de 499 à 599 euros, ce smartphone peut éventuellement avoir un coup à jouer, même si son constructeur ne compte pas vraiment parmi les plus grandes pontes du marché mobile.

La bonne façon d’y arriver

Jonney Shih, lui, m’assure qu’Asus veut se concentrer sur quatre points qu’il juge essentiels :

  • l’écran
  • la photo
  • la batterie
  • les performances

Nous verrons lors de notre test complet si ces promesses sont tenues. En attendant, attardons-nous un peu sur ce qu’affirme le président de la firme taïwanaise.

L’homme d’affaires est persuadé d’une chose : Asus jouit d’une véritable maîtrise sur le matériel et le logiciel. Il laisse clairement entendre que les utilisateurs partageront son point de vue au fil du temps : « nous ne cherchons pas la façon la plus simple d’y arriver, mais la bonne façon d’y arriver ». Il souligne par la même occasion sa volonté de faire d’Asus un créateur de tendances plutôt qu’un suiveur.  Je vous laisserai indiquer, dans les commentaires, votre avis sur la question.

Quid de la concurrence ?

Je demande aussi à Jonney Shih s’il craint la concurrence d’une marque comme Xiaomi. Mon interlocuteur répond que le trublion chinois est très efficace sur les smartphones abordables et m’indique clairement que c’est un secteur sur lequel Asus ne souhaite pas se battre de front. « Nous visons plus haut », dit-il.

Précisons qu’un autre responsable de la marque m’a expliqué qu’Asus ne voulait pas non plus s’opposer à des géants comme Samsung, Google ou Huawei. Difficile d’en savoir plus à ce sujet, Jonney Shih ayant botté en touche mes autres relances sur la question.

Intelligence artificielle

Il redevient toutefois beaucoup plus volubile dès que l’on aborde les challenges qu’il voit sur le chemin d’Asus dans les prochaines années. Le patron du groupe se livre alors dans une longue apologie de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique de celle-ci. Pour Jonney Shih, le smartphone sera la pièce maîtresse de la relation que l’être humain entretiendra avec l’IA.

D’après lui, l’intelligence artificielle saura, à terme, résoudre chaque problème de la manière la plus efficace possible. À ce titre, le défi sera surtout d’identifier les besoins concrets des utilisateurs que l’IA pourra adresser. Au bout d’un moment, « quand nous penserons à l’étape 4, l’IA pensera déjà à l’étape 5 », déclare-t-il.

L’appareil photo replié du Zenfone 6

Notre brève entrevue touche presque à sa fin. Je me permets alors de demander si la division ordinateur d’Asus — qui jouit d’une plus grande renommée — travaille conjointement avec la branche smartphone ou si les deux équipes évoluent séparément. Il m’indique qu’il existe plusieurs synergies au sein d’Asus pour que les différents savoir-faire se recoupent.

Et de digresser : « PC veut dire personal computer. Mais aujourd’hui, c’est le smartphone qui est devenu notre PC, tant il est personnel. L’ordinateur c’est pour la productivité, le smartphone c’est pour la vie privée ». J’ose imaginer que les efforts d’Asus sur le marché mobile sont loin d’être terminés.

Pour aller plus loin
Asus Zenfone 6 : notre prise en main et nos photos du smartphone à appareil photo pivotant


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