Le constructeur aux anneaux ne compte pas laisser passer la transition énergétique sans se faire une place au soleil. Assez ambitieux, Audi prévoit de proposer une gamme 100 % électrique dès 2033. Il faut donc préparer dès maintenant une offre de voitures électriques étendue. Un troisième SUV électrique vient ainsi s’ajouter au catalogue : il s’agit de l’Audi Q6 e-tron, que nous avons pu essayer dans sa version quattro de 387 chevaux.
Après l’Audi Q8 e-tron et l’Audi Q4 e-tron, Audi propose un troisième SUV électrique. Venant s’intercaler entre les deux modèles existants, cette Audi, visant les familles CSP+ (aisées), évoluera aux côtés du nouveau Q5 (toujours thermique).
Lors de sa conférence de presse, Audi a présenté le Q6 comme une voiture « ambitieuse » et pensée selon le slogan de la marque : « Vorsprung durch Technik » (l’avance par la technologie). Pour vérifier cela, nous avons pris le volant du Q6 e-tron sur les exigeantes routes du Mont Ventoux et du Luberon afin de vous livrer nos premières impressions.
Fiche technique
Modèle | Audi Q6 e-tron quattro |
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Dimensions | 4,771 m x 1,989 m x 1,702 m |
Puissance (chevaux) | 387 chevaux |
0 à 100km/h | 5,9 s |
Niveau d’autonomie | Conduite semi-autonome (niveau 2) |
Vitesse max | 210 km/h |
OS embarqué | Android Automotive OS |
Taille de l’écran principal | 14,5 pouces |
Prise côté voiture | Type 2 Combo (CCS) |
Prix entrée de gamme | 83450 euros |
Fiche produit |
Design : une Audi plutot discrète
L’Audi Q6 e-tron a beau être un grand SUV de 4,77 m, il sait se faire discret. Le nuancier de couleurs est relativement peu coloré, la ligne est sans exubérance et pensée pour optimiser l’aérodynamisme. L’Audi Q6 e-tron ne sera pas le modèle de la gamme qui fera le plus tourner les têtes. Mais tant mieux, puisqu’il vise une clientèle aisée. Les clients devraient apprécier cette discrétion, qui le distingue des Peugeot E-3008, Renault Scenic E-Tech ou Kia EV6, des modèles moins premium mais plus exubérants.
À l’avant de l’Audi Q6 e-tron, on remarque moins la calandre Singleframe propre au constructeur aux anneaux. Peinte couleur carrosserie et pleine, elle est moins marquante qu’auparavant. Un masque noir brillant vient habiller le bas du bouclier.
Attardons-nous plus longuement sur l’éclairage avant. Audi a très tôt fait des LED sa spécialité. Ainsi, les projecteurs avant du Q6 e-tron offrent la possibilité de personnaliser la signature lumineuse à LED selon 8 formes différentes. En théorie, cela permet de donner à la voiture un caractère unique. En pratique, les designs étant si similaires, il faut être très averti pour discerner une différence.
Avec cette signature lumineuse personnalisable, la transition est toute trouvée pour vous parler de l’arrière du Q6 e-tron. Le plus remarquable est ce bandeau lumineux à LED, offrant lui aussi 8 signatures lumineuses différentes.
Habitacle : sans surprise, c’est premium
Le Q6 e-tron est peut-être électrique, mais il est avant tout une Audi ! Le constructeur est reconnu pour ses habitacles de grande qualité.
Sans surprise, on retrouve donc des plastiques moussés, des cuirs de belle qualité, du carbone dans la finition S Line, du piano black ou encore de l’aluminium. Pas besoin de créer une impression haut de gamme avec des artifices de style, nous sommes ici dans une voiture qui s’affirme comme telle.
Que serait un essai d’un SUV familial sans une parler de son habitabilité ? Avec un empattement de 2,90 m, l’espace réservé aux passagers arrière est plus que satisfaisant. Des adultes pourront s’installer confortablement, à l’exception de la personne occupant la place du milieu, moins accueillante que les autres.
Le coffre de 526 litres est dans la moyenne de la catégorie. Un sous-plancher permet de ranger les câbles de charge. Et contrairement à l’Audi Q8 e-tron, un frunk de 64 litres est proposé sur le Q6 e-tron. Un bon point, mais on aurait aimé pouvoir l’ouvrir facilement avec un bouton sur la clé. Dans l’état actuel des choses, il faut ouvrir la portière conducteur, tirer la poignée sous le tableau de bord, puis trouver la tirette de sécurité sous le capot. Nous ne sommes pas certains que ce frunk sera souvent utilisé au quotidien.
Infodivertissement : moins de libertés dans la personnalisation des écrans
Côté technologie, on retrouve trois écrans, dont une double dalle incurvée combinant une instrumentation numérique de 11,9 pouces. On regrette le manque de liberté pour personnaliser l’affichage des compteurs. Où est passée la cartographie directement intégrée dans les compteurs ? En l’absence de l’affichage tête haute en réalité augmentée, inclus dans le pack Experience Pro optionnel, la navigation GPS se limite à une simple flèche sur les compteurs.
Le système tête-haute (HUD), parlons-en. Celui-ci offre une immersion totale : vitesse, guidage en temps réel, distance avec les autres véhicules. Toutes les informations nécessaires à une conduite en sécurité sont projetées dans votre champ de vision, s’adaptant aux conditions de circulation.
Un système d’infodivertissement, fonctionnant sous Android Automotive (comme chez Renault), sur un écran de 14,5 pouces est également présent. La résolution est remarquable, avec une réactivité tactile comparable à celle des smartphones haut de gamme. De plus, l’Audi Q6 e-tron permet de télécharger directement des applications comme Deezer, YouTube, Spotify, Tidal, et même des jeux vidéo, pour occuper le temps pendant la recharge. Même si ce système d’infodivertissement fonctionne sous Android Automotive, le système Apple CarPlay est disponible. Android Auto également mais son intérêt est plus limité.
Un autre point fort est l’écran passager de 10,9 pouces (disponible de série dès la finition S Line), tactile et invisible pour le conducteur lorsque le véhicule est en mouvement. Il permet au passager de regarder des contenus divertissants sans distraire le conducteur, ou de jouer un rôle de copilote en prenant en charge la navigation GPS. Cependant, cet écran ne permet pas de gérer la climatisation bi-zone, un détail qui aurait ajouté plus de confort.
Audi a fait le choix du tout tactile, y compris sur le volant avec des commandes pour le système d’infodivertissement et la personnalisation (plus limitée) des compteurs. De plus, le panneau de commandes pour les phares, les mémoires de sièges et les rétroviseurs prend la place des lève-vitres. Toutes ces commandes sont regroupées sur un panneau tactile trop chargé en fonctions.
À l’usage, on se perd dans les différentes commandes, et les traces de doigts sur le piano black agaceront rapidement les plus maniaques. En optant pour des commandes tactiles sur les nouveaux Q6 et A6, le constructeur aux anneaux fait le choix inverse de sa maison mère, Volkswagen, qui est revenue à des boutons physiques sur le volant de la Golf restylée.
Enfin, la commande vocale d’Audi a été perfectionnée pour distinguer qui parle dans l’habitacle. Par exemple, si le passager demande à activer son siège chauffant, la voiture le fera automatiquement, offrant ainsi une interface utilisateur plus fluide et intuitive.
Aides à la conduite
Audi a une nouvelle approche de la communication avec les autres usagers de la route, grâce à sa technologie d’éclairage LED avancée.
En cas de danger ou de panne, le véhicule projette des symboles en forme de triangles, rappelant l’activation des feux de détresse. De plus, lors de l’ouverture d’une porte, un éclairage spécifique est projeté pour avertir les autres conducteurs qu’un occupant s’apprête à descendre sur la chaussée.
Cette innovation marque la première utilisation de l’éclairage LED comme un véritable outil de communication. Toutefois, il faudra un certain temps avant que les conducteurs ne s’approprient pleinement ce nouveau langage visuel.
Les aides à la conduite de l’Audi Q6 e-tron comprennent tout l’attirail pour satisfaire les exigences de la norme GSR 2, et même plus. Freinage d’urgence, détection d’angles morts, régulateur de vitesse adaptatif, aide au maintien dans la voie, tout ce qui se fait de mieux est proposé. Le commodo du régulateur de vitesse peut sembler complexe au début, mais une fois que vous avez assimilé le positionnement des différents boutons, son utilisation est plutôt facile. Sa position derrière le volant permet de libérer de la place pour d’autres commandes tactiles sur le volant, liées davantage au système d’infodivertissement.
On apprécie la caméra à 360 degrés facilitant les manœuvres de cette grande voiture. Sur autoroute, le pilotage semi-automatique compris dans le pack sécurité (de série sur la finition S Line) permet une conduite plus reposante. De même, l’assistance au freinage d’urgence autonome à l’avant et à l’arrière évite accidents et accrochages en manœuvre.
Au final, les aides à la conduite ne semblent pas trop intrusives sur les grandes nationales et autoroutes. D’autant plus que la conduite semi-autonome de niveau 2 s’y montre à l’aise. Sur des routes plus sinueuses, le maintien de la voie peut rapidement devenir agaçant. Audi en est conscient et a mis un raccourci pour accéder au menu des ADAS directement sur la console centrale. Toutefois, il faut, à chaque démarrage de la voiture, aller dans ce menu pour désactiver les aides que vous estimez dispensables. La réglementation européenne l’impose.
Un planificateur de charge complet
À ce niveau de gamme, le planificateur d’itinéraire est indispensable, surtout pour une voiture à vocation routière.
Au départ de notre essai à Avignon, nous avons voulu tester le planificateur de charge pour rentrer en région parisienne. Bonne nouvelle, il est possible de régler le niveau de charge minimal souhaité aussi bien au chargeur qu’à la destination.
Une fois l’itinéraire calculé, le système de navigation vous suggère des arrêts de charge en affichant le niveau de charge à l’entrée de la station et celui à la sortie. Il vous prédit également le temps d’arrêt nécessaire. Ainsi, pour passer de 15 à 80 % de batterie sur une borne FRVIA ENGIE offrant 400 kW suggérée, il faut 22 minutes au Q6 e-tron.
Maintenant que nous connaissons le trajet, il est temps de prendre la route.
Conduite : la force calme
Avec 2,4 tonnes sur la balance, l’Audi Q6 e-tron quattro est lourd. Malgré ses 387 chevaux, il n’offre pas des performances à couper le souffle, le 0 à 100 km/h étant réalisé en 5,9 secondes. Une MG 4 XPower ayant la même puissance demande seulement 3,8 secondes pour le même exercice.
Mais d’un autre côté, on se contentera de ses performances. L’Audi Q6 e-tron quattro n’a pas vocation à avoir un comportement sportif. C’est même tout l’inverse ! Si la voiture reste précise, c’est avant tout le confort que les ingénieurs d’Audi sont venus chercher. L’amortissement est souple, la direction légère et l’habitacle superbement insonorisé, le silence est essentiel à bord d’une voiture électrique. On entend peu de bruit d’air ou de roulement sur autoroute, un bonheur pour tenir une conversation avec son passager.
Franchir les ralentisseurs d’un village avec l’Audi Q6 e-tron n’est absolument pas un problème. La suspension pneumatique, en option, accroit le sentiment de confort dans ses réglages les plus souples, elle ne permet toutefois pas d’avoir un comportement sportif dans ses paramètres exigeants. La voiture sera mieux tenue en roulis, mais le Q6 reste avant tout une voiture familiale confortable pour tous.
En revanche, croiser une voiture dans une rue étroite est un autre souci. En manœuvrant dans les rues de Roussillon, nous avons pris pleine mesure du gabarit du Q6 e-tron, qui mesure 1,94 m de large avec un rayon de braquage de 12,1 mètres. Attention à ne pas raboter un rétroviseur sur un mur ou une jante sur un trottoir. De même, sur une petite route de campagne, à la vue d’un poids lourd arrivant face à vous, on a tendance à se garer sur le côté pour le laisser passer.
À l’usage, on apprécie la palette au volant permettant de passer du niveau 0 de freinage régénératif au niveau 2 de récupération d’énergie. Un mode B est présent sur le sélecteur de boîte de vitesses, permettant de s’approcher d’un mode de conduite à une pédale.
Autonomie, consommation et charge
Maintenant que vous savez comment se comporte l’Audi Q6 e-tron quattro sur la route, il est temps de s’intéresser à ses capacités en termes d’autonomie, de consommation et de charge.
Audi annonce une autonomie WLTP de 623 km pour cette version à deux moteurs offrant une transmission intégrale. Pour cela, le constructeur d’Ingolstadt utilise une batterie de 100 kWh.
Lors de la première partie de notre essai sur des routes nationales, nous avons constaté une consommation de 18 kWh/100 km. En y ajoutant l’autoroute, nous avons atteint une consommation de 19,5 kWh/100 km. Avec cette moyenne, on peut espérer réaliser 500 km avec une seule charge. Audi annonce une consommation WLTP (en prenant en compte les pertes de recharge) moyenne de 17 à 19,3 kWh/100 km, nous n’étions pas dans les choux lors de notre essai.
L’Audi Q6 e-tron bénéficie d’une plateforme de 800 volts, optimisant la charge rapide avec une puissance constante de 270 kW jusqu’à 40 % de charge. Par la suite, la puissance diminue progressivement : 200 kW à 55 %, 150 kW à 70 %, et un peu plus de 100 kW à 80 %. Grâce à cette technologie, il est possible de passer de 10 à 80 % de charge en seulement 21 minutes.
Voila pour ce qui est de la motorisation Q6 e-tron quattro proposée à l’essai mais vous vous doutez bien que la gamme ne s’arrête pas à celle-ci. L’entrée de gamme est simplement nommée Q6 e-tron, il s’agit d’une version propulsion utilisant un simple moteur de 292 chevaux et une batterie de 83 kWh. L’autonomie est alors réduite à 531 km WLTP.
La version avec la plus d’autonomie est la Q6 e-tron performance avec ses 639 km en cycle WLTP. Pour cela elle utilise la batterie de 100 kWh avec un seul moteur de 326 chevaux sur le train arrière. Cette version semble alors la plus judicieuse, elle permet d’économiser quelques milliers d’euros, tout en profitant d’une meilleure autonomie sans trop réduire les performances.
Enfin nous avons pu prendre en main l’Audi SQ6 e-tron et nous avons été déçus ! D’habitude, l’appelation S d’Audi désigne un modèle plus sportif ou du moins plus dynamique. Ce n’est pas vraiment le cas de l’Audi SQ6 e-tron, certes c’est la version la plus puissante de la gamme avec 489 chevaux et deux moteurs permettant une transmission intégrale. Mais le châssis n’est pas amélioré et les performances ne sont pas transcendantes. Le 0 à 100 km/h est réalisé en 5,9 secondes, l’ancien Audi SQ5 fait mieux… En termes d’autonomie, cette version en propose moins avec 589 km.
Prix, concurrence et disponibilité
L’Audi Q6 e-tron quattro est proposé à partir de 83 450 euros dans la finition Design. Notre version dans la finition S Line, richement équipée, est affichée à 106 025 euros ! Le véritable inconvénient de l’Audi Q6 e-tron est son prix.
La référence du marché sur le segment D est le Tesla Model Y. L’Américain pourrait bien être la bête noire de l’Allemand. En effet, le Model Y a des caractéristiques similaires ; la version Grande Autonomie Transmission Intégrale du Texan offre 565 km d’autonomie et également quatre roues motrices, à la différence que cette version du Model Y coûte 51 990 euros.
Il est donc difficile de justifier une différence supérieure à 30 000 euros entre les deux modèles. L’intérieur de l’Audi Q6 e-tron est certes plus haut de gamme, avec une meilleure présentation cossue, mais le prix reste un élément déterminant dans l’achat.
Le principal concurrent de l’Audi Q6 e-tron n’est autre que son cousin de Zuffenhausen, le Porsche Macan. Basé sur la même plateforme PPE, le Porsche Macan électrique a des dimensions similaires et un positionnement tarifaire proche. Cependant, son positionnement davantage sportif lui offre des motorisations plus puissantes, surpassants celle de l’Audi SQ6 e-tron.
Il affronte aussi le Mercedes EQE SUV et le Volvo EX90. Pour ce qui est des autres pays que la France, le Q6 s’oppose aussi au Polestar 3.
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