Test du BlackBerry KEY2 LE : un clavier physique ne fait pas tout

Smartphones • 2018

Sur le marché des smartphones à clavier physique, BlackBerry se sent sans doute un peu seul. La marque n'abandonne pas pour autant et propose avec ce BlackBerry KEY2 LE, un smartphone plus accessible. Voici notre test.
BlackBerry KEY2 LE – FrAndroid – c_P9160105

Ce test a été réalisé le 25 Novembre 2018 et le marché a peut-être évolué depuis. Consultez notre comparatif pour découvrir des produits plus récents potentiellement plus pertinents pour vous.

 

Fiche technique

Ce smartphone nous a été prêté par la marque dans le cadre de ce test.

Un smartphone à clavier physique

BlackBerry est peut-être la seule marque du marché à proposer encore des claviers physiques sur ses smartphones. La marque, derrière laquelle se cache aujourd’hui le chinois TCL, continue cette stratégie avec le BlackBerry Key2 LE, le petit frère un peu moins cher du KEY2 déjà testé sur FrAndroid. De but en blanc, les deux smartphones utilisent le même design, avec ce clavier complet surplombé par un écran 4,5 pouces au format 3:2 sur lequel nous reviendrons. L’écran est entouré de marges plutôt larges pour un smartphone de 2018, avec des touches capacitives, ce qui se fait de moins en moins.

En grattant la surface, on découvre une première différence entre les deux appareils. Le métal du châssis a ici été troqué pour du plastique polycarbonate qui reste assez agréable en main. Le dos en plastique, avec effet caoutchouc texturé au dos, rappelle un peu du kevlar. Sur les côtés, on retrouve 4 boutons, dont un dédié à Google Assistant, un port jack et un port USB Type-C. Le logement hybride double cartes SIM peut également faire lecteur de carte micro SD.

Attardons-nous plutôt sur le clavier physique, l’attraction principale de ce smartphone. Il s’agit d’un clavier AZERTY complet, avec en plus, la touche espace, une touche pour effacer, le retour à la ligne, un bouton majuscule, un bouton alt, un bouton sym, un bouton raccourci et un bouton reconnaissance vocale. Même après plus d’une semaine à utiliser le BlackBerry comme mon smartphone principal, je n’ai jamais réussi à m’habituer à ce clavier, alors que je suis du genre à m’adapter facilement. Mon premier smartphone était un Motorola Milestone, également équipé d’un clavier physique.

On ne retrouve tout simplement jamais l’efficacité d’un clavier virtuelle : les touches sont dures, il manque une ligne dédiée aux chiffres (ce qui oblige à utiliser le bouton alt pour chaque chiffre d’un nombre), et les accents et caractères spéciaux sont également difficiles d’accès. Heureusement, les suggestions du clavier virtuel sont toujours là, mais le moteur de suggestions proposé par BlackBerry n’est pas au niveau des autres claviers (qui peuvent également prendre en charge les claviers physiques, c’est le cas de Swiftkey).

Dans l’ensemble, le BlackBerry Key2 LE est donc très agréable à prendre en main, et son design plutôt réussi, mais son principal élément de différenciation, le clavier physique, ne m’a pas convaincu.

Écran : noir c’est gris

Le Key2 LE est donc équipé d’un écran LCD IPS de 4,5 pouces au format 3:2 avec une définition de 1620 x 1080 pixels. Dès le premier coup d’œil, on note une tendance de l’affichage à tirer vers le bleu, un défaut classique sur les smartphones milieu de gamme. Heureusement, BlackBerry propose des options pour régler l’écran et redonner un peu de chaleur aux couleurs.

Format 3:2 oblige, l’affichage n’est pas du tout optimisé pour les vidéos et les jeux vidéo qui s’expriment beaucoup mieux sur des écrans larges 16:9 ou 18:9. Le pire, c’est bien sûr les vidéos (comme sur YouTube) qui s’affichent en 16:9 et laissent donc apparaître deux larges bandes noires sur un écran déjà assez petit, l’image apparaît donc comme minuscule. La diagonale affichée en paysage sur 16:9 est de 11 cm, soit 4,3 pouces.

Une fois testé avec notre sonde colorimétrique, on note que la luminosité maximale de l’écran est de 370 cd/m² avec un contraste très médiocre oscillant entre 900:1 et 1000:1. La température moyenne à 9200K confirme que l’affichage est très froid par défaut. Le spectre obtenu est très proche du sRGB.

Une interface riche en suppléments

Le smartphone tourne sous Android 8.1 Oreo avec la mise à jour de sécurité du 1er septembre 2018. BlackBerry intègre en plus une interface qui se mêle à celle de Google. Ainsi les paramètres du smartphone, ou le volet des notifications sont identiques à ce que l’on peut trouver sur un appareil Android One, mais la marque ajoute des options et des applications supplémentaires ainsi qu’un lanceur d’application spécial.

Dans l’ensemble, l’interface de BlackBerry se veut orientée vers l’amélioration de votre efficacité lors du temps que vous passez sur votre smartphone. Avec le Hub, la marque veut par exemple réunir tous vos services de chat (Discord, Slack, Twitter), mais aussi plus globalement vos messages avec les mails et les SMS.

Le problème, c’est que l’interface a tendance à multiplier des solutions à un même problème, au point de rendre le tout trop chargé. Par exemple, il est possible de déclencher un raccourci vers une application depuis le clavier physique, mais aussi en faisant glisser un tiroir apparaissant sur la droite de l’écran, et enfin en utilisant le bouton dédié sur la tranche du téléphone, et j’oublie peut-être d’autres méthodes.

On peut également mentionner le « rédacteur » et le Privacy Shade, qui sont censés rendre l’usage du smartphone un peu plus privé (en masquant par exemple une partie de l’écran), mais là aussi, l’intégration des fonctions laisse à désirer (le Privacy Shade met plutôt en lumière une partie de l’écran) et l’appareil force vraiment la main avec une notification permanente particulièrement horripilante. Dernier point, BlackBerry propose une mise à jour de « personnalisation opérateur » quand l’appareil détecte une carte SIM. Dans le cas de Sosh, cette mise à jour a eu pour effet de configurer le site d’Orange comme page par défaut dans chrome, et ajouter le logo de l’opérateur au démarrage du téléphone. Un peu comme si l’appareil avait été acheté chez l’opérateur.

Appareil photo médiocre

Le BlackBerry KEY2 LE revoit à la baisse les caractéristiques du double appareil photo installé au dos, par rapport au KEY2 classique. On se retrouve avec un capteur principal de 13 mégapixels avec objectif f/2,2, et un capteur secondaire de 5 mégapixels avec un objectif f/2,4.

De jour, l’exercice le plus simple pour un appareil photo, le Key2 LE produit un résultat moyen. Les photos manquent un peu de piqué et les clichés sont un peu ternes, mais dans l’ensemble ça reste correct. Dès que la situation est un peu plus complexe, comme sur un contre-jour, l’appareil ne parvient plus à conserver les détails des objets à l’ombre, malgré un mode HDR activé par défaut. En intérieur, les couleurs manquent de vibrance, et confirment que les photos prises par le téléphone sont généralement un peu trop ternes.

De nuit, les choses se compliquent gravement. Les photos affichent un bruit criant, les lumières sont toutes brûlées et le tout manque de détails. Les autres smartphones commercialisés à ce prix font mieux dans cette catégorie.

Le capteur photo de 8 mégapixels à l’avant ne sauve malheureusement pas la situation. De jour, le résultat est tout juste correct, avec une partie du mur brûlée, et un manque de détail criant sur mon visage, mais de nuit, je n’ai jamais été capable de produire une photo avec une mise au point correcte.

Une expérience saccadée et une mémoire vive trop vite saturée

Le Key2 LE est équipé du SoC Snapdragon 636 de Qualcomm, avec 4 Go de RAM, là où le Key2 classique proposait un Snapdragon 660 avec 6 Go de RAM. Cette mémoire vive en moins se ressent beaucoup à l’usage puisqu’il est très fréquent de voir une notification nous indiquer une mémoire presque pleine. Pire, on se rend rapidement compte que ce sont des applications système comme la « barre d’état » ou le Blackberry Launcher qui consomment le plus de mémoire vive.

D’une manière générale, l’interface du smartphone est lente, on se surprend à devoir attendre quelques fractions de seconde de trop pour sortir d’une vidéo YouTube ou passer d’une application à une autre. S’il y a encore quelques années on avait pu l’excuser sur le milieu de gamme, ce n’est plus le cas en 2018 où la concurrence se montre exemplaire, même à des prix bien inférieurs.

Blackberry KEY2 LE Huawei Mate 20 Lite Honor 10 Nokia 7+
SoC Snapdragon 636 Kirin 710 Kirin 970 Snapdragon 660
AnTuTu 7.x 116 174 137 975 197 690 140 565
PCMark 2.0 5 798 6 746 7 118 6 132
3DMark Slingshot Extreme 953 954 2 908 1 330
3D Mark SSE (Graphics) 816 807 2 993 1 159
3D Mark SSE (Physics) 2 319 2 619 2 644 2 754
GFXBench Car Chase (onscreen / offscreen) 7,4 / 6,3 FPS 7 / 8 FPS 21 / 22 FPS 8,6 / 9 FPS
GFXBench Manhattan (onscreen / offscreen) 18 / 16 FPS 19 / 21 FPS 49 / 50 FPS 21 / 23 FPS
Lecture / écriture séquentielle 306 / 198 Mo/s 307 / 217 Mo/s 830 / 197 Mo/s 277 / 212 Mo/s
Lecture / écriture aléatoire 24k / 4,9k IOPS 19,2k / 12,8k IOPS 37k / 41,4k IOPS 14,4K / 4,6K IOPS

Avec nos tests synthétiques, face à d’autres smartphones commercialisés au même prix, ou moins cher, on peut une nouvelle fois constater le retard de BlackBerry en termes de performances. L’ambition de la marque est clairement d’offrir un outil de travail avec le Key2 LE. Or, un outil de travail doit avant tout vous faire gagner du temps, ce ne sera pas le cas avec une interface et un multitâche lents.

Le Key2 LE n’est clairement pas un smartphone fait pour le jeu, avec son petit écran et le clavier physique qui prend une part importante de la façade, mais dans Arena of Valor, l’appareil s’en est plutôt bien sorti. Les paramètres par défaut sont sur « élevés » et le jeu ne propose pas le mode IPSE avec cet appareil, mais l’affichage était parfaitement stable à 30 images par seconde tout au long des parties de jeu.

Usage modéré recommandé

Avec une batterie de 3000 mAh, on pourrait avoir peur concernant l’autonomie, mais le SoC et l’écran de taille réduite devraient aider à diminuer la consommation. Dans les faits, j’ai pu facilement tenir plus d’une journée sans jamais avoir une utilisation intensive du smartphone (Screen on time de 5h et 36 minutes avec surtout de la vidéo et un peu de navigation web).

Avec notre protocole de test ViSer, qui simule une utilisation polyvalente du smartphone, le smartphone obtient un score médiocre de 7 heures et 44 minutes, le plaçant parmi les plus mauvais smartphones que nous avons testés en 2018.

Heureusement, le téléphone est quand même fourni avec un chargeur USB Type-C 18W compatible avec la charge rapide. Cela permet de faire remonter le téléphone de 1 à 51 % en 30 minutes, et d’atteindre 91 % en une heure. Il faut en tout 1 heure et 18 minutes pour passer de 1 à 100 %. Notez que BlackBerry propose un « mode boost » derrière lequel se cache tout simplement l’activation de l’économie d’énergie pendant la charge, dans le but d’augmenter la vitesse de cette dernière. L’effet est négligeable puisque le smartphone et passé de 13 % à 94 % en une heure.

Prix et disponibilité

Le BlackBerry KEY2 LE est commercialisé à 399 euros en France. Cela place le smartphone face au cœur de gamme des autres fabricants, comme le Samsung Galaxy A7 (2018), Nokia 7 Plus ou le Huawei Mate 20 Lite.

De plus, des smartphones bien moins chers comme les Nokia 7.1 et Xiaomi Redmi Note 6 Pro proposent le même SoC que ce BlackBerry, avec un meilleur écran, une meilleure autonomie et un meilleur appareil photo.

Nos photos du BlackBerry KEY2 LE

Pour aller plus loin
BlackBerry ou BlackBerry ? Pour elle, le clavier physique est une obligation

Notre avis sur Le BlackBerry KEY2 LE

Design
7
Le KEY2 LE est très agréable à prendre en main. Le smartphone est élégant, et ne passe pas inaperçu avec son clavier physique complet. Les marges autour de l'écran sont un peu épaisses, et la présence de boutons capacitifs n'aide pas. On apprécie la présence du port jack et de l'USB Type-C. Le clavier physique ne nous a pas vraiment convaincus, face aux claviers virtuels toujours plus performants.
Écran
6
Le format 2:3 du déjà petit écran IPS le rend encore moins pratique pour l'affichage des vidéos et autres contenus larges. Par défaut, les couleurs tirent trop vers le bleu, un résultat attendu sur ce segment, mais heureusement le téléphone propose des réglages pour équilibrer la colorimétrie. En revanche, rien à faire pour le contraste assez médiocre.
Logiciel
7
Le smartphone intègre Android 8.1 Oreo, avec une interface proche de celle de Google, enrichie de nouvelles fonctions et d'applications développées par BlackBerry. Le tout manque d'optimisation et certaines fonctions sont un peu redondantes.
Caméra
5
Les deux appareils photo au dos produisent des photos au mieux moyennes, au pire médiocres, surtout lorsqu'on le remet le prix du téléphone dans l'équation. Le capteur photo à l'avant ne fait pas mieux, en particulier de nuit où la mise au point est le plus souvent ratée.
Performances
5
Le Snapdragon 636 ne trouve pas avec les 4 Go de RAM l'aide nécessaire pour proposer une expérience fluide et agréable. Les ralentissements sont nombreux, et la notification pour alerter sur l'usage de la mémoire vive apparaît trop souvent. Il ne faudra pas non plus espérer jouer à des jeux trop sophistiqués avec ce smartphone, qui n'est de toute façon pas pensé pour cet usage.
Autonomie
6
Avec un usage modérée de l'appareil, il est possible d'en obtenir plus d'une journée d'autonomie. En revanche avec un usage plus polyvalent, mêlant vidéo, jeux et navigation sur le web, l'autonomie du KEY2 LE s'effondre et tombe en dessous de la moyenne. Heureusement, la charge rapide par USB Type-C permet de repartir avec une batterie pleine en une heure, un bon point.
Note finale du test
5 /10
Voici un smartphone que j'avais envie d'aimer, étant fervent défenseur de l'originalité. Malheureusement la méthode employée ici par TCL avec BlackBerry ne marche pas. Si le design est réussi dans l'ensemble, tout le reste semble être à revoir.

Les performances et l'autonomie ne sont pas au rendez-vous, l'écran est handicapé par son format et son faible contraste, et les photos obtenues avec le smartphone sont au mieux dans la moyenne. Surtout le BlackBerry KEY2 LE est commercialisé à 400 euros. À ce prix la concurrence fait beaucoup mieux. En fait, la concurrence fait déjà bien mieux dès 200 euros, avec le Redmi Note 5 de Xiaomi. Si vous pouvez vous passer du clavier physique, ce téléphone n'est pas fait pour vous. Si au contraire le clavier physique est obligatoire, alors dirigez-vous plutôt vers le KEY 2 classique, de bien meilleure qualité.

Points positifs du BlackBerry KEY2 LE

  • Le clavier physique, si vous en avez besoin

  • Smartphone agréable en main

Points négatifs du BlackBerry KEY2 LE

  • Écran avec peu de contrastes

  • Autonomie insuffisante

  • Interface lente

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