Avec plus de 900 000 ventes de véhicules 100 % électriques en 2022, BYD est sur la deuxième marche du podium mondial derrière Tesla. Une sacrée réussite pour le constructeur de Shenzhen, haut lieu de la tech chinoise qui lance sa BYD Atto 3.
Depuis seulement 18 ans sur le marché automobile, la jeune marque rencontre un grand succès, notamment grâce à sa très forte expérience dans le domaine des batteries automobiles, où elle est le deuxième producteur au monde juste derrière CATL et avant LG. Tandis qu’elle se paye le luxe de fournir Tesla avec ses accumulateurs LFP.
Bref, l’ambition de BYD est déclarée, la machine est largement lancée, mais de notre prisme européen, tout cela paraissait bien lointain. Mais ça, c’était avant. Car BYD s’attaque à notre marché cette année, avec la mise en place d’un système de distribution en collaboration avec de gros réseaux privés comme ByMyCar. Des show-rooms BYD sont déjà en place à Paris, avec à terme la création d’une filiale dédiée à la France et, nous assure-t-on, une centaine de points de vente d’ici 2025.
Cinq modèles doivent composer la gamme mise en place pour la fin de cette année, avec les grands modèles BYD Han (berline) et BYD Tang (grand SUV), ainsi que la sportive BYD Seal, la citadine BYD Dolphin et ce SUV, le BYD Atto 3, un des plus adaptés à nos consommateurs.
Il s’agit d’un SUV compact familial (4,46 m de long) qui vient titiller sur leurs terres les Volkswagen ID.4, Kia Niro EV, Nissan Ariya et autres MG ZS, voire même une certaine Tesla Model Y et la Renault Mégane E-Tech. Du beau monde donc, et une marque complètement inconnue ici, voilà un sacré défi pour se faire connaître et accepter. Pour cela, l’Atto 3 joue plutôt profil bas avec un style très conventionnel, mais il présente une fiche technique solide, avec 204 ch, une batterie de 60,5 kWh utiles et une autonomie de 420 km.
Fiche technique
Modèle | BYD Atto 3 |
---|---|
Dimensions | 4,46 m x 1,88 m x 1,62 m |
Puissance (chevaux) | 204 chevaux |
0 à 100km/h | 7 s |
Niveau d’autonomie | Conduite semi-autonome (niveau 2) |
Vitesse max | 160 km/h |
Taille de l’écran principal | 15 pouces |
Prise côté voiture | Type 2 Combo (CCS) |
Prix entrée de gamme | 43690 euros |
Prix | 43 690 € |
Essayez-la | Fiche produit |
Cet essai a été réalisé dans le cadre d’un voyage presse organisé par la marque.
Design : opération compromis
Plusieurs choix sont possibles au moment de décider comment aborder un marché comme l’Europe. L’Atto 3 a été conçu en pensant justement à nos automobilistes, avec une définition de sage SUV familial compact adapté à nos routes et nos villes. Il est construit sur la plateforme 100 % électrique de BYD nommée E-platform 3.0, avec des batteries LFP de type Blade.
Le dessin de la carrosserie trouve un compromis plutôt agréable à l’œil, qui rappelle nombreux modèles existants, sans prendre de risque. Ainsi ce SUV adopte-t-il des lignes sages, douces, avec certains éléments rappelant des modèles connus, comme l’aplat façon métal au motif en relief sur la custode ou les feux rejoints d’une fine bande de LED (inspiration Volkswagen, Mercedes, etc.).
Comme souvent dans les marques chinoises, c’est un designer européen qui a été recruté, fort d’un passé dans des marques prestigieuse, en l’occurrence Wolfgang Egger, ex-Audi, Lamborghini et Alfa Romeo. Mais au vu de la gamme qui en ressort, il lui a certainement été demandé de rester dans un style “sino-compatible”, plutôt lissé.
En revanche, le dessin de l’intérieur a droit à une personnalité plus affirmée. La planche de bord adopte un dessin original avec des lignes et courbes inspirées d’éléments naturels, et les aérateurs ont un dessin très ludique. Les poignées d’ouverture de portes rotatives intègrent les tweeters du (plutôt bon) système audio, les couleurs contrastées fonctionnent bien ensemble et les portes intègrent d’originaux rangements où les objets sont retenus par d’épais élastiques rouges façon… cordes de guitare (plus ou moins accordées !).
Bref, on aime ou pas, mais on ne peut pas reprocher au constructeur de ne pas faire d’effort, d’autant que la qualité d’assemblage et les matériaux choisis sont très convaincants. Sans oublier bien sûr le spectaculaire écran d’info-divertissement pivotant (comme dans le Fisker Ocean) d’une touche au volant ou sur l’écran (très réactif), au choix en mode paysage ou portrait. Disponible en 12,8 pouces en entrée de gamme ou 15,8 pouces, dans un format très tiré en longueur, il gêne un peu la visibilité en position verticale sur notre modèle haut de gamme. Espérons que la fiabilité de ce système pivotant perdure dans le temps.
Habitabilité : bonne petite familiale
Si on est très à l’aise aux places avant, bien calés dans les épais sièges intégraux, les passagers arrière ne sont pas en reste, avec un espace aux jambes correct, la possibilité de glisser les pieds sous les sièges avant pour étendre les jambes et une garde au toit suffisante pour tous les gabarits grâce au toit panoramique de série qui affine le pavillon.
D’autres font mieux encore, mais la définition proposée ici est amplement suffisante pour envisager de longs trajets facilement. Côté volume de coffre, cela reste très suffisant : 440 litres.
Infodivertissement : spectaculaire et décevant
Avoir un écran qui fait le show, c’est bien, mais y afficher un bon système d’info-divertissement, c’est mieux… Comme couvent chez les constructeurs chinois, BYD n’a pas une organisation des menus très simple et instinctive à l’usage et les graphismes sont parfois assez basiques. Heureusement, des touches physiques permettent d’accéder directement aux fonction de base de la climatisation. Le système tourne sous Android, mais rien à voir avec l’affichage d’une Renault Mégane E-Tech sous Android Automotive, bien plus limpide.
Contrairement à certains autres nouveaux arrivants chinois, BYD intègre un système de navigation dans son offre, avec une cartographie fournie par Here, très exploitable ici et assez réactive. D’autre part, Apple CarPlay, Android Auto et Spotify sont disponibles dans ce système de bord, ce qui permet d’utiliser ses applis habituelles et connecter éventuellement son compte de musique en ligne.
En complément, le conducteur a droit à un petit écran LCD 5 pouces qui fait office de combiné d’instrumentation derrière le volant pour les informations de conduite : vitesse, autonomie et pourcentage de batterie restant, mode de conduite, aides à la conduite, heure, température, etc. Il est lisible à condition d’avoir de bons yeux, les graphismes étant un peu petits.
Malheureusement, aucun planificateur d’itinéraire ne fait partie de la dotation de série. Ce qui rend compliqué l’organisation d’un long voyage qui nécessiterait des arrêts recharge.
Aides à la conduite : la panoplie complète
Enfin, la panoplie complète des aides à la conduite proposées coche toutes les cases, avec le détecteur d’angles morts, le contrôle de descente, le régulateur de vitesse adaptatif et intelligent et la reconnaissance des panneaux. L’assistance au maintien de ligne, très intrusive sur petite route, peut être assez facilement déconnectée, tout comme l’insupportable bip de survitesse, qui restera décoché au prochain redémarrage, un bon point.
Malheureusement, nous n’avons pas eu les conditions nécessaires dans cet essai pour bien tester la conduite semi-autonome de niveau 2 disponible sur la voiture. Côté sécurité, l’Atto 3 a obtenu les précieuses 5 étoiles délivrées par l’organisme indépendant EuroNCAP pour la sécurité active (notamment les aides à la conduite) et passive (en cas de crash).
Conduite : où est la rigueur ?
En prenant le volant de l’Atto 3, on est vite séduit par sa douceur et son confort de suspensions. Un vrai atout pour un modèle prévu pour un usage familial. Mais cela n’est pas sans conséquences. La définition des trains roulants sacrifie un peu trop le confort sur l’autel de la tenue de route, sans réussir un compromis comme de grands spécialistes comme Citroën sont capables de faire. Résultat, les mouvements de caisse sont mal contenus et dès qu’on hausse un peu le rythme, la tenue de route manque franchement de rigueur.
Un phénomène encore accentué par les pneus hiver qui équipaient nos voitures de test pour ce court essai. Il ne faut donc pas prendre les 204 ch du moteur en position avant (c’est une traction) comme une marque de sportivité, mais juste la garantie de bonnes reprises pour doubler si besoin. Dommage, car avec 1 750 kg, le poids raisonnable aurait pu permettre plus de dynamisme. Le 0 à 100 km/h est réalisé en 7,3 secondes.
Même réglée au maximum, le freinage régénératif reste plutôt faible, et nous sommes loin d’une conduite à une pédale. Dommage, d’autant que le feeling à la pédale de frein manque de précision. Tout cela s’accompagne d’une bande-son étrange (sous 30 km/h) si on sélectionne les “sons BYD”. Nous préférons le mode classique, moins agaçant.
Autonomie, consommation et recharge : résultat correct, sans plus
L’Atto 3 est équipé de la fameuse batterie LFP (sans cobalt) Blade de BYD, adoptant une structure originale qui a pour avantage, notamment, une bonne résistance en cas d’accident et une excellente sécurité anti-incendie. Il s’agit d’une batterie LFP (lithium fer phosphate) avec une architecture 400 volts, bénéficiant donc d’une bonne durabilité avec des charges rapides répétées. Le constructeur annonce une durée de vie de 5 000 cyles (soit environ 2 millions de km théoriques).
En charge rapide sur courant continu (DC), elle peut encaisser 88 kW, repassant de 30 à 80 % en 29 minutes. Ce qui n’est pas excellent, et dans la moyenne basse du secteur.
Il faudra juste composer avec une plus grande sensibilité au froid. Pour la recharge en courant alternatif (AC), pour les deux autres modèles. Une fonctionnalité V2L (charge bidirectionnelle) donne la possibilité de charger un appareil extérieur. En outre, une pompe à chaleur est aussi livrée de série pour améliorer l’autonomie en hiver.
L’autonomie homologuée sur le cycle mixte WLTP se monte à 420 km. Avec le moteur BYD 8-en-1 rassemblant le système électrique complet (électronique de gestion de la batterie, transmission, chargeur embarqué…), la marque se targue d’un excellent rendement de 89 %.
La consommation lors de notre bref essai sur les petites routes catalanes a donné une consommation comprise entre 15 et 20 kWh/100 km. Des chiffres moins spectaculaires que ce à quoi nous nous attendions. Le constructeur chinois annonce une consommation théorique (avec les pertes liées à la recharge) de 15,6 kWh / 100 km. À titre de comparaison, la Tesla Model Y Propulsion annonce 15,7 kWh / 100 km sur le même exercice.
Notons qu’un accord avec Shell accorde une remise de 0,15 euro / kWh pour la recharge sur le réseau de l’opérateur pétrolier.
Prix, concurrence et disponibilité : au cœur de la meute
Alors qu’à sa présentation au Mondial de l’Automobile à Paris, l’Atto 3 était annoncé sous la barre des 40 000 euros. Mais ce n’est finalement pas du tout le cas pour son lancement effectif. La gamme débute ainsi à 43 690 euros en France, ce qui donne droit au bonus écologique de 5 000 euros. Mais cela fait entrer l’Atto 3 dans une gamme de prix directement comparable à une Volkswagen ID.4… Et pour 2 000 euros de plus, il est possible de se payer un Nissan Ariya, un Kia Niro EV ou… une Tesla Model Y ! Ou alors, pour… 13 000 euros de moins, une MG4 !
Heureusement, dès le modèle de base Active, l’équipement de l’Atto 3 est très complet, avec le toit ouvrant panoramique, les jantes alliage 18 pouces, les sièges avant électriques et chauffants, le chargeur sans fil, l’écran tactile pivotant de 12,8 pouces, un excellent système de caméras à 360°, une commande vocale “Hi BYD”, des services Cloud, une radio DAB 8 à haut-parleurs, l’incontournable éclairage d’ambiance multicolore, le chargeur embarqué 7 kW et une pompe à chaleur.
Le modèle Comfort (44 190 euros) s’enrichit juste du chargeur embarqué 11 kW, tandis que le haut de gamme Design (46 690 euros) a droit à l’écran tactile rotatif électrique de 15,6 pouces, un système de purification d’air PM 2.5 et un hayon électrique. Toutes les finitions sont garanties 8 ans au niveau de la batterie, ou 200 000 km.
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