Si vous ne connaissez pas encore BYD, préparez-vous à entendre beaucoup parler au cours des prochains mois. Et pour cause, la firme fondée en 1995 (mais qui commercialise des voitures depuis 2003) a connu une ascension fulgurante au cours des dernières années. À tel point que le constructeur est même devenu le numéro 1 mondial de l’électrique en début d’année (sur le 4ème trimestre 2023), dépassant notamment Tesla.
BYD, numéro 1 mondial
Bien que ce dernier ait cependant vendu plus de voitures tout au long de 2023. À vrai dire, cela faisait longtemps que les spécialistes s’attendaient à cette situation, puisque les marques chinoises prennent de plus en plus d’importance en Europe et dans le monde.
Et c’est donc tout particulièrement le cas de BYD, qui compte bien inonder le marché avec ses voitures électriques. C’est ainsi que la firme commercialise déjà plusieurs modèles chez nous, comme la Seal et la Dolphin, et qu’elle prépare également le lancement de sa Seal U que nous avons pu tester un peu plus tôt.
Et si ses voitures sont très convaincantes, c’est parce que la marque dirigée par Wang Chanfu mise beaucoup sur ses technologies. Selon un communiqué, cette dernière a investi pas moins de 24,938 milliards de yuans, soit environ 3,21 milliards d’euros en recherche et développement au cours des trois premiers trimestres 2023.
Le constructeur dépose en moyenne 19 brevets par jour, alors qu’il ne compte pas moins de 70 000 ingénieurs. Des chiffres qui donnent le tournis et qui risquent de faire frémir ses concurrents, à commencer par Tesla. Car la firme possède des technologies innovantes et très intéressantes, que nous avons eu la chance de pouvoir découvrir lors d’un récent voyage à Shenzhen, au siège de BYD. Nous vous proposons un petit tour d’horizon des dernières innovations de la marque, que nous pourrions retrouver très bientôt sur les modèles vendus en Europe.
La suspension DiSus révolutionnaire
C’est au cours de l’année dernière que BYD a levé le voile sur cette nouvelle technologie, baptisée DiSus Intelligent Body Control System, destinée à tous les modèles de la marque, ainsi qu’à ceux de Denza et Yangwang. Mais ne vous y méprenez pas, il ne s’agit en réalité pas d’une seule suspension, mais bien d’une grande famille, divisée en trois catégories :
- DiSus-C : une suspension pilotée électrique (Intelligent Damping Body Control System)
- DiSus-A : une suspension pilotée pneumatique (Intelligent Air Body Contrôle System)
- DiSus-P : une suspension pilotée hydraulique (Intelligent Hydraulic Body Contrôle System)
Ces trois dispositifs sont donc totalement indépendants et se destinent uniquement aux modèles hybrides et électriques de la marque. On les retrouve sur la Yangwang U9 que nous avons eu la chance de découvrir en avant-première mondiale, de même que sur le Yangwang U8, l’imposant 4X4 électrique que nous avons également pu essayer durant notre voyage sur les terres du constructeur.
Les deux modèles pré-cités sont dotés de la suspension DiSus-P, qui leur permet de profiter d’un confort optimal, en s’adaptant aux aspérités de la route en temps réel. Et cela grâce à la présence d’un capteur LiDAR, qui analyse le profil de la chaussée. Ce dispositif est indispensable pour réduire la prise de roulis dans les courbes et le tangage lors du freinage ou de l’accélération, assurant une stabilité optimale à haute vitesse et de vraies capacités de conduite en tout-terrain.
Mais c’est aussi cette suspension qui permet à la supercar de sauter sur elle-même et de rouler même avec un pneu crevé. Comme le SUV hybride, elle peut également tourner sur place, et ce sans avoir besoin de bouger les roues.
Si seuls ces deux modèles sont capables de ces prouesses, la Denza N7 est quant à elle dotée de la suspension DiSus-A, qui a su faire ses preuves en garantissant un confort optimal et une bonne tenue de route durant notre essai. Enfin, les BYD Han et Tang ainsi que les autres modèles Denza auront le droit un peu plus tard à la DiSus-C via une mise à jour OTA (over the air) à distance, selon le communiqué de la marque.
La plateforme e4
En plus du système DiSus, BYD a également développé une plateforme ultra-technologique pour ses voitures électriques. Cette dernière porte le nom de e4 et se dote de quatre moteurs, soit un sur chaque roue. Jusque-là, rien de bien nouveau puisque certains constructeurs proposent également un système similaire. Mais là où cette technologie fait fort et se distingue, c’est par une fonctionnalité bien précise, que nous avons déjà évoqué juste avant. En effet, c’est cette plateforme qui permet aux Yangwang U8 et U9 de tourner sur elles-même. Comment ?
Et bien tout simplement en appliquant un couple différent sur chacune des roues : le fameux tank-turn. La voiture peut tourner sur place sans avoir besoin de bouger les roues avant vers la droite ou la gauche. Une fonctionnalité que l’on retrouve également sur le futur Mercedes EQG etsur le Rivian R1T, bien qu’elle a désormais été supprimée pour être remplacée par un système qui endommage moins le sol. Mais ce n’est pas le seul atout de la plateforme e4, qui a plus d’un tour dans son sac.
Si cette technologie n’est encore qu’au stade de concept et n’est pas proposée pour le moment sur une voiture de série, BYD a développé un système permettant de freiner la voiture… sans freins. Comment ? Simplement à l’aide des quatre moteurs électriques, qui utilisent le freinage régénératif comme celui que l’on connaît sur les voitures actuelles. Mais avec une puissance bien plus élevée, qui permet à un véhicule lancé à 60 km/h de s’arrêter en seulement 20 mètres. La décélération maximale atteint alors les 1 G.
Cette plateforme e4 permet aussi à la voiture de se passer de direction mécanique, en agissant là encore sur le couple envoyé aux roues, comme pour le Tank Turn. De quoi pouvoir se garer sur le bas-côté en cas de perte de la direction par exemple.
Par ailleurs, cette technologie facilite le stationnement, puisque le véhicule peut faire pivoter son train arrière pour se glisser dans une place, sans avoir besoin de faire des manœuvres compliquées, ni même un créneau. Enfin, c’est aussi cette technologie qui permet au Yangwang U8 de flotter sur l’eau et même de voguer pendant une trentaine de minutes. Attention, car il s’agit d’une fonctionnalité à n’utiliser qu’en cas d’urgence comme l’indique le constructeur.
La batterie Blade
Avant de devenir un constructeur automobile, BYD était à l’origine une entreprise spécialisée dans les batteries. Aujourd’hui, la société est l’un des leaders mondiaux dans le domaine, face à l’autre géant chinois CATL, et fournit de nombreuses autres marques, comme Peugeot ou encore Tesla. Autant dire que la firme sait de quoi elle parle en ce qui concerne le stockage de l’énergie, alors qu’elle équipe à l’heure actuelle ses voitures électriques de sa dernière génération de batteries. Ces dernières font appel à la technologie Blade LFP, qui fut dévoilée pour la toute première fois en 2020.
Cette dernière utilise la chimie LFP (lithium – fer – phosphate) et a fait l’objet de plus de 300 brevets dans le cadre de son développement. Comme son nom, qui signifie « lame » dans la langue de Shakespeare, l’indique, cette batterie se distingue par sa conception composée de plusieurs couches bien distinctes. Une architecture qui possède plusieurs avantages, dont une plus grande résistance en cas de choc, mais aussi de pénétration. Lors des tests réalisés par les ingénieurs de la marque, la batterie n’a pas émis de fumée et n’a pas explosé, au contraire de celles de conception plus traditionnelle.
Par ailleurs, ce nouvel accumulateur, qui a récemment été primé par le jury de l’Electrifying New Car Awards présente moins de risque de surchauffe. Mais ce n’est pas tout, car elle affiche également une grande longévité, ce qui est un point important puisque la batterie représente environ 40 % du prix total d’une voiture électrique.
Elle est en effet en mesure d’encaisser plus de 5 000 cycles de charge / décharge tout au long de sa vie. Très compacte, elle affiche une forte densité d’énergie de par sa conception CTP (cell-to-pack) comme la Qilin CTP 3.0 de CATL. Ce qui permet de gagner de la place mais qui pose un souci en raison des cellules intégrées directement le châssis.
En cas d’accident, la batterie peut ne pas être réparée dans certains cas et le véhicule peut alors être envoyé à la casse. Mais le gros atout de la Blade est sa charge rapide, puisque seulement 18 minutes sont nécessaires pour passer de 5 à 80 %. Un chiffre théorique, car pour le moment, aucune voiture de série, ou presque ne peut atteindre cette performance, alors que le temps de charge tourne plutôt autour des 30 minutes actuellement.
Citons toutefois la nouvelle Tesla Model Y Propulsion, produite à Berlin et intégrant cette batterie. Elle passe de 10 à 80 % en 20 minutes. Tous les véhicules particuliers de la marque sont équipés de cette batterie, de l’Atto 3 à la Yuan Up en passant par la Denza D9 que nous avions découvert au salon de Munich.
Le drone intégré au Yangwang U8
BYD a à cœur de proposer des véhicules ultra-technologiques et qui vont encore plus loin que les autres constructeurs. La firme chinoise multiplie les innovations et les partenariats, comme son alliance avec le fabricant français de systèmes audio Devialet, qui équipe la Denza N7. Mais l’entreprise veut aller encore plus loin.
Elle a profité de son Dream Day, qui s’est tenu au mois de janvier dernier pour lever le voile sur une fonctionnalité tout à fait délirante. Pour cela, BYD a créé une collaboration avec DJI, la société chinoise spécialisée dans les drones et autres équipements de prises de vue. Un rachat serait même évoqué.
Cette dernière est également basée à Shenzhen et possède une division dédiée à l’automobile et tout particulièrement à la conduite autonome. Mais cette fois-ci, ce n’est pas cette technologie qui intéresse BYD, mais bien ses drones. Car voilà que le constructeur a récemment dévoilé une nouvelle option destinée à son Yangwang U8, afin de créer le premier UAS (Unmanned Aircraft System) monté sur véhicule au monde. Concrètement, la voiture est équipée d’une baie spécifique sur le toit, qui permet à un drone de se poser et même de recharger sa batterie. Le tout de manière entièrement automatisée.
Lorsque le conducteur se promène seul dans un beau paysage par exemple, et qu’il n’a personne pour l’aider à le filmer, il peut faire décoller le drone en un seul clic. Ce dernier est même doté d’une fonctionnalité de suivi, qui lui permet de capturer des images du véhicule en train de rouler, sans intervention humaine.
Le drone utilisé est une version modifiée et retravaillée du Mavic 3 Pro, tandis que le retour de limage est affiché directement sur l’écran tactile de la voiture, en temps réel donc. Concernant la recharge, tout se fait automatiquement grâce à un bras robotisé chargé de remplacer la batterie.
Cette fonctionnalité devrait être proposée en option, à un tarif qui n’a pas encore été dévoilé pour le moment. Celle-ci nous rappelle d’ailleurs dans une moindre mesure le Nissan X-Trail X-Scape présenté en 2017, une série limitée livrée avec un drone Parrot Bebop 2.
De nombreuses fonctionnalités de divertissement
Depuis plusieurs années, les voitures ne se contentent plus seulement de nous emmener d’un point A à un point B, mais elles sont devenues de véritables smartphones sur roues. Les constructeurs rivalisent en effet d’idées et d’innovations en tout genre, afin de rendre les trajets plus divertissants. On pense bien sur à Tesla, qui intègre Netflix ou encore YouTube, ainsi que Steam pour les jeux-vidéo ou encore une fonction karaoké (ou plutôt Caraoké). Et forcément, cela a donné des idées à BYD, qui s’est inspiré de son rival américain pour proposer de nouvelles fonctionnalités à ses clients.
C’est ainsi que la firme chinoise s’est notamment associée avec Nvidia en début d’année dernière, afin de proposer le service de streaming de jeu vidéo en ligne NVIDIA GeForce NOW. Le constructeur rejoint Hyundai et Polestar, et propose un large catalogue accessible directement via le cloud. Ce qui signifie qu’il est pas nécessaire d’avoir une grande puissance de calcul, contrairement à Tesla, dont le système d’info-divertissement revendique 10 TéraFLOPS. Et ce grâce à l’intégration d’une puce AMD Ryzen, la même que sur la PlayStation 5 notamment.
Mais ce n’est pas tout, car BYD vient également de signer un partenariat avec l’entreprise Stingray spécialisée dans le streaming musical. Et cela dans le but de proposer une fonctionnalité karaoké dans ses voitures, et notamment dans la Yangwang U8. Les paroles s’affichent directement sur l’écran du véhicule, tandis que la musique sera évidemment diffusée dans les enceintes Dynaudio Evidence, dont nous avons pu apprécier la qualité durant notre essai.
Il sera aussi possible de brancher un rétroprojecteur directement via la prise de la voiture, grâce à la charge bidirectionnelle. Cela afin de pousser la chansonnette en pleine nature pour ceux qui le souhaitent.
Reste à savoir si les voitures déjà en circulation pourront profiter de ces fonctionnalités via une mise à jour OTA (over-the-air) à distance ou si seules les autos qui sortiront d’usine en seront équipées. L’an dernier, Stellantis dévoilait également sa vision des habitacles du futur, intégrant une fonction karaoké aussi comme chez BYD et Tesla. YouTube et Apple le proposent également depuis plus longtemps.
Et face à Tesla ?
Est-ce que toutes ces technologies permettront à BYD de surpasser Tesla sur le long terme ? Ce n’est pas certain. Le constructeur américain a pris beaucoup d’avance dans de nombreux domaines des voitures électriques. Il le prouve avec la consommation, l’autonomie et la recharge rapide de ses voitures, qui font mieux que les modèles BYD.
Le Cybertruck intègre de véritables révolutions (PowerShare, 48 volts, 800 volts, direction électronique, etc.) qui font passer les voitures électriques de Tesla à un autre niveau. Et la future Model 2 à 25 000 dollars devrait venir concurrencer frontalement les voitures plus abordables de BYD. Les mois à venir s’annoncent intenses !
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