BYD, le géant chinois de l’automobile électrique, ne fait plus mystère de ses ambitions européennes. Lors d’une rencontre avec Stella Li, numéro 2 de BYD, et Michael Shu, Directeur Général Europe, nous avons pu découvrir les contours de leur stratégie pour conquérir le Vieux Continent. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que BYD ne fait pas les choses à moitié.
Une base solide en Hongrie
Le choix de la Hongrie comme tête de pont pour l’expansion européenne de BYD n’est pas le fruit du hasard. « Nous avons une longue histoire avec la Hongrie« , explique Stella Li. « Il y a 20 ans, nous y fabriquions déjà des batteries pour les téléphones Nokia. » Cette familiarité avec le pays a sans doute pesé dans la décision d’y implanter une usine d’une capacité de production annuelle de 150 000 véhicules.
Cette usine sera complétée par une usine en Turquie, d’une capacité similaire, ce qui permet d’atteindre 300 000 véhicules.
Ce choix s’inscrit dans une vision à long terme. « On pense que BYD sera un succès en Europe, nous sommes patients, c’est pour du long terme« , affirme Li. Cette patience se traduit par une approche progressive, mais déterminée, du marché européen.
L’usine hongroise ne se contentera pas d’assembler des véhicules. BYD y installera également un centre de R&D à Budapest, Stella Li souligne l’engagement du groupe chinois à adapter ses produits aux spécificités du marché européen.
Une gamme taillée pour l’Europe
BYD ne compte pas se contenter d’importer ses modèles chinois en Europe. L’entreprise a des projets ambitieux pour le marché européen, avec pas moins de 10 nouveaux modèles prévus dans les années à venir. Parmi eux, trois modèles spécifiquement conçus pour l’Europe, mêlant technologies électriques et hybrides rechargeables.
Mais la véritable surprise pourrait venir d’un projet encore gardé secret : une petite voiture électrique prévue pour 2026. « C’est encore confidentiel« , admet Stella Li, « mais nous travaillons sur un modèle compact spécialement pensé pour les villes européennes.« . Elle viendra concurrence la Citroën ë-C3, Dacia Spring, Peugeot E-208, Opel Corsa electric, Renault 5 E-Tech… et bientôt Volkswagen.
Cette annonce montre que BYD a bien compris les spécificités du marché européen, où les petites voitures citadines restent très populaires. Cependant, ce modèle sera commercialisé dans le monde entier.
Des défis réglementaires à surmonter
Malgré son enthousiasme, BYD ne sous-estime pas les défis qui l’attendent en Europe. La question des taxes douanières, notamment, préoccupe l’entreprise. « L’Union européenne ne doit pas prendre en otage les consommateurs français, c’est eux qui vont payer les douanes« , s’insurge Stella Li. « Vous avez de l’inflation, et là on demande aux gens de payer des taxes en plus. Ce n’est pas juste de demander aux Européens de payer la facture.«
Cette prise de position montre que BYD est prêt à défendre ses intérêts face aux politiques protectionnistes. Le groupe chinois estime que la concurrence doit se jouer sur la qualité des produits et des services, pas sur des barrières artificielles.
Une approche client inspirée d’Apple
BYD ne se contente pas de penser ses produits, l’entreprise réfléchit également à l’expérience client. S’inspirant du modèle des Apple Store, BYD envisage des concessions en verre, à l’image de ce qui a déjà été fait au Mexique.
« Nous voulons offrir une expérience premium à nos clients européens« , explique Stella Li. « Cela passe par des showrooms innovants et une approche centrée sur le client.«
L’innovation comme moteur
Avec 32 brevets déposés chaque jour, dont 15 validés, BYD se positionne clairement comme un leader de l’innovation dans le secteur automobile.
« Notre focus n’est pas de concurrencer Tesla, ce sont nos amis. Notre priorité est de remplacer les voitures thermiques, nos concurrents sont les constructeurs traditionnels« , précise Stella Li. Cette déclaration montre que BYD se voit comme un acteur de la transition énergétique plutôt que comme un simple concurrent des autres marques électriques.
Pour mémoire, BYD commercialise actuellement une gamme déjà bien étoffée, avec notamment les Han, Tang et Atto 3, ainsi que la Seal et la Dolphin. Il y a aussi la Seal U, l’équivalent du Model Y. Sans parler également de sa filiale haut de gamme Denza, qui a annoncé son arrivée en Europe en 2026.
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