« Des conditions assimilables à de l’esclavage » : la construction de la plus grande usine de BYD hors de Chine fait grandement polémique

 
Actuellement en cours, la construction de la plus grande usine du constructeur chinois BYD en dehors de son pays natal est mise en pause. En effet, plus de 160 ouvriers ont été découverts, dans des conditions d’esclavage moderne.
Une ligne d’assemblage BYD // Source : BYD

Si BYD produit des voitures, notamment hybrides et électriques depuis 2003, cela ne fait que depuis quelques années que la firme chinoise fait parler d’elle à l’international. Le constructeur est aujourd’hui présent dans de nombreux pays, et il a fait son arrivée officielle l’an dernier en Europe, et notamment en France.

Des conditions d’esclavage moderne

Aujourd’hui, la marque se porte particulièrement bien, elle qui est au coude à coude avec Tesla pour la place de leader de ventes de voitures électriques dans le monde. Elle possède plusieurs usines dans à travers la planète, et a pour projet de construire des sites sur le Vieux Continent, ainsi qu’en Amérique du Sud. En 2023, BYD avait annoncé son projet d’installer une usine au Brésil, qui sera sa plus grande en dehors de la Chine.

Mais voilà que ce projet risque finalement d’être retardé. La raison n’a rien à voir avec une baisse des ventes du constructeur. En fait, et comme le relate le site du Ministère brésilien du travail, les autorités du pays ont découvert pas moins de 163 ouvriers chinois travaillant sur le chantier dans des conditions pouvant être qualifiées d’esclavage moderne. Ces derniers « dormaient dans des lits sans matelas et ne disposaient pas de casiers pour leurs effets personnels, qui étaient mélangés à des matières alimentaires ».

Usine de voitures électriques Xiaomi // Source : Xiaomi

Ce n’est pas tout : les conditions d’hygiène étaient également particulièrement alarmantes. Selon les autorités, « la situation sanitaire était particulièrement critique, avec seulement une salle de bain pour 31 travailleurs, les obligeant à se réveiller à 4 heures du matin pour faire la queue et pouvoir se préparer à partir travailler à 5h30 ». De plus, les ouvriers n’étaient pas séparés par sexe, tandis que « des matériaux de construction ont été trouvés à proximité de nourriture ». Celle-ci était en plus stockée à proximité de toilettes dans des conditions insalubres.

Le site officiel précise que « les toilettes chimiques, au nombre de huit seulement pour environ 600 travailleurs, étaient dans un état déplorable, sans papier toilette, sans eau et sans entretien adéquat ». Sans parler des conditions d’hygiène dans la cuisine, ainsi que les nombreux accidents du travail n’ayant jamais eu de suite. Les autorités font notamment état d’un travailleur ayant subi des blessures à l’œil, qui n’ont jamais été soignées. Un autre souci se pose, concernant les droits des employés.

La construction suspendue

Les ouvriers ont été victimes de travail forcé caractérisé, puisque ces derniers se sont notamment « vu retenir 60 % de leur salaire (en recevant seulement 40 % en monnaie chinoise) ». De plus, la résiliation anticipée du contrat a entraîné la perte de la caution et des sommes retenues, outre l’obligation de payer le billet retour et de rembourser la valeur du billet aller. La journée de travail durait quant à elle plus de dix heures selon le contrat, tandis que les congés étaient inexistants.

Un employé aurait travaillé pendant 25 jours d’affilée sans aucune pause. Dans un communiqué, la filiale brésilienne de BYD a annoncé avoir résilié le contrat signé avec l’entreprise de construction Jinjiang, qui serait responsable de cette situation. Le constructeur chinois a procédé au sauvetage des 163 travailleurs, qui ont été placés dans des hôtels et dont le contrat de travail devrait être résilié. La firme basée à Shenzhen rappelle qu’elle est « présente au Brésil depuis 10 ans, en suivant toujours strictement la législation locale et en maintenant son engagement en matière d’éthique et de respect des travailleurs ».

Crédit : BYD

Pour mémoire, l’usine située dans l’état de Bahia devait produire pas moins de 150 000 véhicules par an, mais sa construction devrait être fortement reportée. Elle devait initialement être mise en service dès l’an prochain, devenant la plus grande du constructeur en dehors de la Chine. De son côté, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères s’est exprimé lors d’une conférence, rappelant que « les ambassades et consulats chinois au Brésil sont en communication avec les autorités brésiliennes pour vérifier la situation ».


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