Annoncé début février par Canon, le nouveau EOS R8 est présenté comme le pari ambitieux de promouvoir le plein format à prix contenu. Dépeint comme un petit R6 Mark II, il se veut être une version allégée de l’excellent milieu de gamme de chez Canon en monture RF, un appareil photo hybride destiné aux amateurs avancés et aux professionnels désireux d’un boîtier secondaire performant. Comment ce R8 se distingue-t-il face à son aîné dont il est fortement inspiré ? À quel point se justifie leur différence de prix et que vaut-il face à ses conçurent directs ? La réponse dans notre test complet du nouveau EOS R8 de Canon.
Fiche technique
Modèle | Canon EOS R8 |
---|---|
Type d’appareil | Hybride |
Format du capteur | Full Frame |
Résolution capteur | 25,6 Mpx |
Stabilisateur d’image | Non |
Définition enregistrement vidéo | 4K |
AF-S | 40 FPS |
Écran orientable | Oui |
Poids | 414 g |
Prix | 1 499 € |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé à l’aide d’un appareil photo prêté par le constructeur.
Design et ergonomie : l’essentiel à la sauce canon
Aussi compact que léger, ce nouveau Canon EOS R8 est impressionnant pour quiconque à déjà eu en main un boîtier numérique moyen ou haut de gamme. Pouvant même s’avérer déstabilisant, son poids boîtier nu de 460 grammes couplé à sa taille — 132,5 x 86 x 70 mm — en font un véritable allié des photographes d’extérieur et des amateurs de randonnées légères. Rappelant fortement son grand frère dont il est très inspiré ainsi que l’ensemble du parc hybride Canon, le R8 se veut un petit Canon EOS R6 Mark II, tant dans son identité physique que dans ses composants.
Reprenant l’ergonomie de ce dernier, on retrouve sur sa face supérieure un bouton switch à gauche entre le mode photo et vidéo, ainsi qu’une molette de réglage de mode classique à droite (modes A+, M , Av, Tv, P, Fv, etc.), couplée au bouton d’allumage On-Lock-Off. Résistant à la poussière et à l’humidité, le boîtier est intégralement fait d’un alliage de magnésium et d’un revêtement grip sous le pouce. Il est étonnant à quel point on ne ressent pas l’effet « bas de gamme » que certains appareils dans cette gamme de prix peuvent offrir. Une construction qui n’a donc pas à rougir face à des boîtiers plus haut de gamme du constructeur japonais. Tout aussi agréable en main que son aîné, avec des placements de boutons bien pensés, bien que revus à l’essentiel en termes de quantité, il souffre malheureusement du même problème que tous les autres petits boîtiers photo : sa taille réduite laisse glisser l’auriculaire sous le boîtier, ce qui fragilise quelque peu le bon maintient du boîtier en main lors de l’usage de focales longues ou lourdes.
Du côté de la connectivité, on retrouve un unique slot de carte SD compatible UHS-I et UHS-II sous le boîtier, dans le même emplacement que la batterie. Globalement très complet, le R8 est équipé du Bluetooth 4.2 ainsi que du Wi-Fi à 2,4 GHz. Bénéficiant d’une prise USB-C 3,2 Gen 2 multi-usages, d’une prise micro et casque, d’un port micro-HDMI ainsi que d’une prise télécommande; on obtient un ensemble complet et cohérent convenant à ce segment tarifaire et à cette taille de boîtier.
Petit plus, le boîtier bénéficie de la certification Mfi, permettant d’y connecter un iPhone afin de transférer très rapidement vos photos, contrôler le boîtier à distance ou le mettre à jour.
Concernant sa batterie, le R8 reprend la LP-E17 de l’EOS RP d’une capacité de 1040 mAh, fournie avec son chargeur externe, signifiant une moindre autonomie que ses autres modèles équipés de la LP-E6NH de 2130 mAh. Malgré ce choix inattendu, on gagne tout de même en légèreté et en compacité, permettant à ce boîtier d’obtenir son poids si agréable. Un changement qui, dans les faits, vous permettra de tenir une petite journée complète avec une seule batterie pour un usage photo standard. Ces choix de batterie, bien que pertinents vis-à-vis de l’ergonomie et du poids, semblent montrer une certaine volonté de séparer ces gammes hybrides artificiellement sans trop parvenir à le justifier. On aura donc une autonomie bien inférieure à celle de ses grands frères R6 ou R6 Mark II. Dans les faits, comptez environ 350-400 photos avec l’écran LCD et 200-250 images en utilisant le viseur.
Visée
Pour ce qui est du viseur justement, on retrouve sur ce nouveau R8 un viseur OLED de 0,39 pouce offrant 2,69 Mpts, contre 3,69 Mpts et 0,5 pouce pour celui du R6 Mark II. Rafraîchi à hauteur de 120 ips (60 avec le mode économique), celui-ci se rapproche grandement du Canon EOS R7, comprenant un dégagement oculaire de 22 mm ainsi que d’un grossissement de 0,7 x. À l’usage, cette définition s’avère suffisante pour la plupart des situations et l’écran est très réactif, avec un délai peu perceptible, sans pour autant être au niveau de boîtiers plus onéreux de la gamme. Sa taille pourra s’avérer un peu petite parfois lorsque vous souhaitez conserver un maximum d’informations affichées à l’écran lors des prises photos ou vidéos.
Couplé à ce viseur, on retrouve un écran tactile de 3 pouces monté sur une rotule à deux axes, très pratique pour les usages vlogs ou les prises de vues en environnement compliqué, permettant autant la navigation que la prise de vue. Ayant la possibilité d’être refermé de revers, cet écran bénéficie d’une luminosité très satisfaisante même en plein soleil, couplée à des menus bien pensés rangés par couleur. Il est bien de rappeler que cette « norme » de qualité d’écrans sur rotule Canon est un atout important face à certains concurrents, dont les écrans restent encore aujourd’hui moins flexibles et permissifs que ceux de la firme japonaise.
Avec un temps de réponse très réactif, une luminosité plus que satisfaisante, des menus bien pensés ainsi qu’une rotule à deux axes solide et fluide, cet écran est une très belle réussite qui répond parfaitement aux attentes des différentes situations que l’on pourrait rencontrer avec son boîtier.
Contrôle et navigation : c’est dans les vieux pots…
Belle surprise pour moi qui ne suis pas un aficionado des Canon, l’EOS R8 propose une expérience très agréable et une prise en main très rapide de l’entièreté du boîtier et de ses options. La simplicité d’usage est néanmoins à nuancer par l’absence de touches de personnalisation, obligeant un nombre d’interactions plus importantes avec les menus de l’écran tactile. Disposant seulement d’une unique touche personnalisable sur la face supérieure du boîtier, à côté du déclencheur, on trouvera sur la molette de sélection de modes deux options de configuration paramétrables afin de mieux se préparer en amont pour la photo de mariage ou la photographie sportive par exemple.
On pourra néanmoins retrouver une bague personnalisable sur certains objectifs photo du constructeur, permettant d’augmenter le degré d’efficacité du boîtier. Exemple avec le 24-70 mm f/2,8 prêté durant notre test que nous avons utilisé pour régler notre sensibilité ISO sans quitter le viseur des yeux. Un élément extrêmement appréciable sur les focales Canon.
La découverte et la navigation dans les menus sont aussi agréables qu’intuitives avec des menus colorés et pensés pour l’usage du tactile permettant une appréhension et une personnalisation rapide de son boîtier.
Si Canon a encore opté pour un système de navigation très orienté vers le tactile, un trèfle est néanmoins disponible pour ceux souhaitant naviguer avec des boutons physiques. On observe aussi la disparition du joystick qui ne s’est pas révélé très gênante au vue de l’usage majoritaire du tactile. À l’usage, on se retrouve très rapidement à utiliser exclusivement la navigation tactile, activée par défaut sur le boîtier. Également optimisée pour cet usage, l’interface est claire et intuitive avec son système de menus colorés, eux-mêmes séparés en sous-menus très intuitifs. Rien de fondamentalement nouveau donc, avec des menus qui sont les mêmes que ceux du R6 Mark II ou du R8. Les non-canonistes, comme les néophytes, n’auront aucun mal à prendre en main et à personnaliser leur boîtier selon leurs goûts.
Qualité d’images :… qu’on fait les meilleures confitures
Une fois encore, nous allons évoquer l’EOS R6 Mark II. Doté du même capteur photo que son grand frère, on retrouve ici toutes les qualités qui font la réputation de Canon : une colorimétrie propre et qualitative couplée à une excellente dynamique de montée en ISO.
Mais pour 1100 euros moins cher que le R6 Mark II, il doit bien y avoir des différences… car à chaque boîtier son public, et ce nouveau EOS R8 ne déroge pas à la règle avec un gros compromis effectué sur le capteur photo qui n’est pas stabilisé.
Véritable hérésie pour certains et simple détail pour d’autres, ce capteur fixe est beaucoup plus sensible aux tremblements, bien qu’il utilise les données issues du capteur gyroscopique des montures RF et du capteur. Pour apporter un peu de précisions face à cette nouvelle troublante — il est très rare aujourd’hui de voir un capteur non stabilisé sur une monture hybride — disons les choses clairement. D’une part, les capteurs « basses résolutions » comme ce 24 Mpx ne sont pas aussi exigeants quant à la qualité de la stabilisation lors de la prise de vue à contrario des des capteurs haute résolution. En résulte un manque qui ne se fait pas tant ressentir que cela à l’usage. D’autre part, la stabilisation importe majoritairement avec des focales dépassant les 200 mm, situation dans laquelle c’est la stabilisation de l’objectif qui rentre majoritairement en jeu.
Cependant, étant un boîtier libellé entrée de gamme, les fonctionnalités accompagnants logiquement ce R8 ne bénéficie pas des meilleures technologies de stabilisation d’image et ce duo fragile peut poser des soucis non pas en photo, mais en vidéo. Il est évident que, couplé à son excellente 24-70 f/2,8 par exemple, vous ne remarquerez jamais l’absence de stabilisation du capteur tant celle de l’objectif est pertinente. Mais vous avez là un objectif dont la valeur est de 2500 euros et donc 700 euros de plus que le boîtier nu, un vrai non-sens.
Là où le bât blesse, c’est donc en vidéo, et particulièrement en vlog, obligeant impérativement une stabilisation par recadrage au montage ou l’utilisation d’un bras gimbal. Pour nuancer cela, le ressenti varie considérablement suivant les usages et les focales associées au boîtier. Évidemment, les objectifs tels que le RF 24 mm f/1,8, qui est stabilisé, vous permettront d’obtenir un résultat tout à fait satisfaisant, tandis que d’autres comme le RF 16 mm f.2.8, ne l’étant pas, nécessiteront de prendre les précautions citées plus haut.
En résumé, on peut comparer l’usage de ce R8 avec un objectif stabilisé à celui d’un Sony A7 IV muni d’un objectif non stabilisé. Pas de quoi défrayer la chronique en somme, mais il est important de lever les zones d’ombres concernant ce capteur.
Ceci étant dit, le choix de reprendre le capteur du R6 Mark II est une excellente nouvelle étant donné ses performances. Associé à un processeur Digic X familier de la gamme EOS, ce capteur de 24,2 Mpx bénéficie d’une plage ISO de 100 à 102 400 ISO, extensible de 50 à 204 800 ISO avec une capacité de captation d’images en 10 bits, en RAW, JPEG, CRaw ou HEIF. Une fiche technique alléchante pour les amoureux de la photo de nuit ou en basse lumière.
Performances : du super moyenne gamme au prix de l’entrée de gamme
Également repris de son aîné, l’excellent système d’autofocus dopé à l’intelligence artificielle et au Deep Learning s’avère encore une fois très pertinent. Avec une plage de fonctionnement allant de -6,5 IL à 21 Il, l’autofocus de ce nouveau Canon R8 dispose de 1053 points AF comprenant une couverture de 100 % du capteur (mode automatique). Pas de surprise donc de ce côté-là. Disposant d’un système de suivi de l’œil très efficace, tant pour les animaux (oiseaux, chevaux, chiens et chats entre autres) que pour les humains, le R8 reprend également le système de détection des véhicules et de suivi pour les trains, en plus de celui des motos et voitures. Avec une promesse d’un autofocus plus intelligent capable de percevoir un sujet pouvant même être hors de la zone sélectionnée de focus, il se montre à l’usage très performant dans son suivi des sujets tant en photo qu’en vidéo même en basse lumière, bien qu’il subsiste une part non négligeable de raté à main levée.
Malgré ces belles évolutions et une intelligence artificielle toujours plus pertinente, on remarque à l’usage que la forte autonomie de cet autofocus pourra en énerver certains, car vous n’avez pas toujours la main sur le sujet que va choisir le boîtier. Il est arrivé plusieurs fois durant le test, cela reste des cas isolés, de devoir batailler contre le système d’autofocus qui ne trouvait manifestement pas assez pertinent notre choix de sujet et en préférait d’autres… sans commentaire. Ceci dit, les multiples réglages disponibles permettront de parfaire l’usage de cet outil en fonction des besoins de chacun.
Avec une promesse d’un autofocus plus intelligent capable de percevoir un sujet pouvant même être hors de la zone sélectionnée de focus, il se montre à l’usage très performant dans son suivi des sujets tant en photo qu’en vidéo, même en basse lumière !
Une fois encore, oui nous allons plusieurs fois le répéter, le nouvel obturateur du R8 est repris du R6 Mark II avec sa rafale à 40 images/s, mais sans se résoudre à uniquement reprendre simplement ses composants. Le R8 se targue d’un obturateur mixte — un rideau électronique démarre l’exposition tandis que le second est mécanique — et dépasse même son aîné qui se contentait de 30 i/s en rafale standard. Le tout offre alors un compromis, entre la légèreté apportée par ce système, au prix d’une rafale mécanique limitée à 6 i/s et des problèmes de bokeh avec les vitesses les plus élevées. Un point important qui limitera ce boîtier dans certains usages.
Vis-à-vis de son placement plutôt entrée de gamme, le buffer de ce R8 s’avère très satisfaisant avec des capacités seulement 20 % plus basses que celles du R6 Mark II pourtant affiché au double de son prix. On obtient donc un boîtier capable d’accumuler 100 images en CRaws, 120 images en Jpeg ou 56 RAW à 40 i/s. Ajouté à ces performances, on peut ajouter un préenregistrement de 0,5 s et le fameux mode « rafale Raw », déjà disponible sur l’EOS R6 mark II, le R7 ou encore le R10. Très performant, il permet d’obtenir des séquences de 30 i/s permettant d’obtenir des vues en Jpeg, Raws et HEIF, au prix d’un léger recadrage d’environ 1,25 x.
Qualité vidéo : Une belle révision de copie
Soucieux d’éviter les erreurs commises avec son prédécesseur EOS RP, Canon fournit un ensemble très fourni et pertinent pour ce nouveau R8.
Pour aller plus loin
H.265, 4:2:2, 10 bits, UHD ou 60p : tout comprendre aux formats et à la compression vidéo
Bénéficiant de la 4K à 60p utilisant la totalité des pixels du capteur, celui-ci permet l’obtention d’une image plus détaillée et un recadrage quasi inexistant jusqu’en Full HD à 180 p. Ce nouveau boîtier offre beaucoup de flexibilité quant à l’usage de ralentis ou vidéo sportive compte tenu de son prix. Autre point intéressant, la limitation d’enregistrement de 30 minutes a enfin été levée pour permettre un enregistrement en continu de 2h maximum. À nuancer cependant avec le mode slow motion dont la durée est maintenue à 20 minutes à 180p ou 30 minutes à 120p.
Détail important vis-à-vis de son grand frère R6 Mark II dont il est si proche : la surchauffe. Étant plus petit et plus compact, ce nouveau R8 est inévitablement plus sensible au problème de chauffe et de refroidissement, logique dont nous avons eu à faire les frais durant notre test. Que ce soit en 4K 50p ou en 4K 25p, la surchauffe advient autour des 35-40 min d’enregistrement. Pour des enregistrements plus longs, nous vous conseillons l’usage du 4K 25p qui vous permettra de dépasser l’heure d’enregistrement sans souci, ce faisant via l’alimentation USB-C.
Bénéficiant de fonctions assez avancées, on retrouve sur ce boîtier le Canon Log 3, limité à 11 stops, ainsi que la possibilité d’enregistrer en HDR PQ (perceptual quantization) en 4:2:2 10 bits. En plus de cela, on retrouve entre autres des fonctions comme les « fausses couleurs » facilitant les réglages d’expositions. Étant exempt de stabilisation mécanique, le boîtier se prémunit de deux modes de stabilisation numérique avec deux niveaux de corps associés. Enfin, on remarquera sans surprise l’absence d’enregistrement en 6k 60p et le format ProRes Raw laissé à son aîné R6 Mark II dont le port HDMI reste plus pertinent pour ces usages.
En somme, excepté pour l’enregistrement en 6K, on retrouve sur ce R8 des performances similaires à celles arborées par le R6 Mark II. Des performances juste exceptionnelles compte tenu de son prix contenu.
Prix et disponibilité
Commercialisé en ce mois d’avril 2023 au prix de 1799 euros boîtier nu, il est également disponible en pack accompagné du nouvel objectif 24-50 mm pour 1999 euros dès fin avril 2023. L’optique RF 24-50 mm f/4,5-6,3 IS STM sera vendue seule pour 399 €.
Ce contenu est bloqué car vous n'avez pas accepté les cookies et autres traceurs. Ce contenu est fourni par Disqus.
Pour pouvoir le visualiser, vous devez accepter l'usage étant opéré par Disqus avec vos données qui pourront être utilisées pour les finalités suivantes : vous permettre de visualiser et de partager des contenus avec des médias sociaux, favoriser le développement et l'amélioration des produits d'Humanoid et de ses partenaires, vous afficher des publicités personnalisées par rapport à votre profil et activité, vous définir un profil publicitaire personnalisé, mesurer la performance des publicités et du contenu de ce site et mesurer l'audience de ce site (en savoir plus)
En cliquant sur « J’accepte tout », vous consentez aux finalités susmentionnées pour l’ensemble des cookies et autres traceurs déposés par Humanoid et ses partenaires.
Vous gardez la possibilité de retirer votre consentement à tout moment. Pour plus d’informations, nous vous invitons à prendre connaissance de notre Politique cookies.
Gérer mes choix