Test du DJI Mavic Mini : génial et paradoxal

On adore le format !

 
Nous avons testé le nouveau drone grand public de DJI, le Mavic Mini. Convient-il vraiment aux débutants et peut-on vraiment l’emporter partout ? C’est ce que nous avons vérifié.
Le DJI Mavic Mini

Pionnier et leader du drone civil, le Chinois DJI a présenté le 30 octobre le Mavic Mini, une « caméra volante » tous publics, destinée notamment aux débutants. Vendu 400 à 500 euros seulement, ce drone miniature est davantage le remplaçant du Spark, lancé il y a un peu plus de deux ans et récemment retiré du catalogue, qu’une variante des Mavic Air et Mavic 2 Pro.

Le DJI Mavic Mini prêt à décoller !

Un drone miniature à emporter partout

Des Mavic, ce nouveau Mini reprend la conception pliable, qui le rend encore plus portable que le Spark. Le nouveau quadricoptère embarque l’essentiel dans un appareil mesurant seulement 140 x 82 x 57 mm replié. Il est un peu plus petit que sa télécommande !

Surtout, il ne pèse que 249 g, une masse inférieure aux 250 grammes à partir desquels les autorités américaines et britanniques imposent déclaration et formation, et nettement inférieure au seuil français de 800 grammes. Ce poids plume impose quelques concessions, sur lesquelles nous reviendrons, mais il confère à l’appareil une autonomie record, 30 minutes revendiquées.

La mallette du DJI Mavic Mini

Concrètement, on peut emporter le Mavic Mini et sa radiocommande partout, dans la petite mallette DJI, dans un sac quelconque, ou même dans les poches de certains blousons ou manteaux.

Une radiocommande Wi-Fi efficace

La radiocommande (RC), justement, est une version simplifiée de celle du Spark et des Mavic, sans écran, et avec quelques commandes en moins. On retrouve en revanche les sticks amovibles, les antennes et les poignées pliables. Ces dernières permettent d’accueillir un smartphone, qui complète la télécommande et sert surtout de retour vidéo. Elles logent les plus grands smartphones, tels que les Samsung Galaxy Note 10+ ou OnePlus 7T Pro, et des modèles assez épais, tels que l’iPhone 11 Pro avec la coque en silicone Apple. Des câbles de connexion micro-USB, USB-C et Lightning sont fournis. La position du smartphone, sous la télécommande, peut paraître bizarre, mais elle ne pose aucun problème en pratique, et confère un bon équilibre à l’ensemble.

Tout comme le Spark, le Mavic Mini communique avec la radiocommande via Wi-Fi sur la bande des 2,4 GHz, et non via la technologie radio propriétaire OcuSync des autres drones de la marque. Pour autant, on ne peut pas télécommander le drone sans radiocommande, directement depuis son smartphone, comme on peut le faire avec le Spark. Mais les antennes externes de la RC contribuent certainement à la portée maximale théorique de 2 km.

En pratique, compte tenu de ses dimensions, on perd de vue l’appareil à partir d’une centaine de mètres, or c’est interdit par la législation française. La plupart des zones de vol autorisées étant assez éloignées des agglomérations et donc des perturbations électromagnétiques, nous l’avons toutefois poussé pour la science aux quatre coins d’une plaine dégagée, à plus de 500 mètres, sans la moindre perte de signal. L’application affiche d’ailleurs clairement dans quelle direction se trouve le drone, afin qu’on puisse lui faire face pour optimiser le signal, ingénieux.

DJI Fly, une application simplifiée

Le Mavic Mini s’accompagne justement d’une nouvelle application, DJI Fly, version simplifiée de l’application DJI GO 4 des autres drones de la marque. Elle accompagne les débutants avec des tutoriels, et présente une interface moins dense, quoiqu’encore un peu confuse, comparée par exemple aux applications FreeFlight de Parrot.

Pour autant, le Mavic Mini est facile à piloter. Un bouton virtuel à l’écran fait décoller le drone, qui démarre ses quatre moteurs puis grimpe d’un peu plus d’un mètre. C’est l’occasion de constater la stabilité de l’appareil qui, du moins dans de bonnes conditions, vole en stationnaire avec une précision de l’ordre de 10 cm sur les 3 axes. En intérieur ou à basse altitude, le drone repose pour ce faire sur une paire de capteurs ventraux, qui lui permettent de mesurer la distance du sol et de se stabiliser sur le plan horizontal. En extérieur, un récepteur GPS lui permet de déterminer sa position absolue pour se stabiliser sur les trois axes.

Après le décollage, il suffit d’actionner le stick de gauche pour pivoter vers la gauche ou la droite et pour monter ou descendre, le stick de droite pour avancer ou reculer et pour se décaler vers la gauche ou la droite. Il s’agit du « Mode 2 », mais les habitués d’aéromodélisme peuvent choisir les modes 1 et 3 dans les réglages de l’application.

Le Mavic Mini propose autrement trois modes de vol : un mode « Position », par défaut, un mode « Sport » ou au contraire un nouveau mode « CineSmooth », qui rendent le drone plus ou moins rapide, plus ou moins réactif. Le mode CineSmooth lisse les mouvements (sauf l’inclinaison de la nacelle), ce qui facilite considérablement le tournage de vidéos. Selon le mode choisi, la vitesse maximale est de 14, 29 ou 47 km/h en marche avant et de 5, 7 ou 14 km/h en montée.

Facile à piloter, mais attention aux obstacles !

Dans tous les cas, le Mavic Mini ne dispose d’aucun capteur d’obstacle, ce qui est paradoxal compte tenu de sa cible débutante. Les deux grilles au-dessus de la caméra rappellent les capteurs d’obstacle avant des autres Mavic, mais elles sont ici factices, purement cosmétiques.

Or, même si on n’envoie pas l’appareil très loin, même à quelques dizaines de mètres il est difficile d’estimer à vue d’œil les distances entre ce petit appareil et des obstacles tels que la branche d’un arbre ou un poteau, s’ils sont hors du champ de vision assez étroit de sa caméra. S’il entre en contact, le drone risque fort de tomber. Il est léger et sa coque en plastique parait robuste, il aurait donc une chance de ne pas se casser, mais il pourrait tomber à un endroit inaccessible, ou pire sur quelqu’un (c’est pourquoi la législation française interdit de survoler des personnes).

Nous conseillons donc fortement d’acquérir les protections d’hélice à 360°, incluses dans le bundle Fly More. Elles sont fragiles et encombrantes, elles sont assez pénibles à fixer, et annulent en partie la portabilité de l’ensemble, mais elles compensent avantageusement l’absence de capteurs d’obstacles et permettent de voler plus sereinement. Elles ajoutent 50 grammes soit 20 % au poids du drone, et réduisent d’autant son autonomie, qui reste néanmoins suffisante pour faire de belles images.

Avant de faire le point sur l’autonomie, soulignons que le Mavic Mini perd une spécificité du Spark : la possibilité de décoller et d’atterrir depuis une main, et les commandes gestuelles permettant de faire un « dronie » sans radiocommande ni smartphone.

Plus de 20 minutes en vol

Conséquence directe de sa légèreté, l’autonomie est l’un des points forts du Mavic Mini. DJI revendique une durée de vol maximale de 30 minutes, mesurée en vol à 14 km/h sans vent (un vol stationnaire consomme plus d’énergie). En pratique, nous avons pu filmer les falaises des Vaches Noires, un site naturel sur la côte normande, pendant 22 minutes. Il y avait du vent, y compris quelques rafales que le drone a compensées, et nous l’avons fait atterrir quelques secondes après le premier avertissement de batterie faible, c’est-à-dire avec quelques minutes de sécurité.

Soulignons la présence de la fonction RTH, pour return to home, soit retour au point de départ, qu’on peut enclencher manuellement et qui s’enclenche automatiquement lorsque l’autonomie estimée passe sous les 5 min. Lors d’un RTH, le drone revient automatiquement au point d’où il a décollé, en tirant tout droit, sans tenir compte d’éventuels obstacles. Il convient donc d’avoir paramétré l’« altitude automatique » en fonction de la hauteur des obstacles potentiels.

On peut annuler la procédure, par exemple si on a suivi le drone et qu’on préfère prolonger le vol de quelques minutes (accompagné d’un puissant bip) et le poser manuellement à proximité. Il suffit de pousser le stick vers le bas ou d’appuyer sur un bouton à l’écran pour qu’il se pose automatiquement en douceur.

Nacelle stabilisatrice et vidéo 2,7K

DJI présente le Mavic Mini comme une « caméra volante » et il est temps de parler de ses prestations en photo et vidéo. Pour commencer, l’appareil embarque une « nacelle » qui stabilise la caméra sur trois axes : lacet, tangage et roulis. Contrairement aux drones de course, qu’on pilote en vue à la première personne avec des lunettes FPV, une « flycam » comme le Mavic Mini vole à plat, ne s’inclinant que pour avancer. La nacelle compense efficacement les mouvements de l’aéronef, même les plus brusques, et maintient constamment la caméra à l’horizontale. On peut néanmoins l’incliner de 0 à 90° vers le bas à l’aide de la molette située sur l’épaule gauche de la radiocommande.

La nacelle du DJI Mavic Mini

Cette nacelle embarque un capteur CMOS de 12 mégapixels de 1/2,3 pouce avec un objectif 83 degrés équivalant à un 24 mm f/2,8, capable de filmer en 2,7K (2720 x 1530 pixels) à 25 ou 30 i/s ou en 1080p (1920 x 1080 pixels) à 25, 30, 50 ou 60 i/s, en H.264 à 40 Mb/s. Un angle de champ plus large nous aurait paru plus cohérent pour ce drone miniature. Notamment, car il se prête assez bien à des vols en intérieur ou dans des espaces plus étroits, où on manque souvent de recul. Aussi, car on aurait aimé ne pas avoir à le faire voler aussi loin qu’un Mavic 2, deux fois plus gros, pour faire entrer un point d’intérêt dans le cadre (à commencer par un humain de plain-pied lors d’un « dronie »). Et enfin, car la définition 2,7K n’a pas vraiment d’intérêt en tant que tel, son principal intérêt étant de recadrer sans perte, donc de « zoomer » si nécessaire, en produisant une vidéo 1080p.

Une caméra moyenne, des images époustouflantes

Quoi qu’il en soit, la qualité d’image est celle d’un smartphone milieu de gamme. La caméra du Mavic Mini tombe dans un travers courant en accentuant excessivement la netteté. En revanche la balance des blancs automatique est fidèle et les couleurs paraissent naturelles. Le principal défaut est, comme souvent, la plage dynamique réduite : la caméra n’est pas capable de restituer correctement des scènes contrastées, auxquelles un drone est malheureusement fréquemment confronté. Ciel ou terre, il faudra choisir.

À ce propos, l’application DJI Fly du Mavic Mini propose un mode d’exposition manuel en photo (sensibilité de 100 à 3200 ISO, obturateur de 4 s à 1/8000 s, ouverture fixe de f/2,8), mais pas en vidéo. En vidéo, on peut seulement verrouiller et compenser l’exposition (de plus ou moins 3 EV).

Mais une « caméra volante » permet d’obtenir des points de vue totalement inédits, et le Mavic Mini peut facilement produire des photos et vidéos époustouflantes, même lorsqu’elles sont techniquement imparfaites, qui susciteront l’émerveillement de vos proches.

En plus des modes photo et vidéo, l’application DJI Fly propose quatre modes de vol préprogrammés, appelés QuickShots, avec lesquels il exécute des mouvements prédéfinis en enregistrant des fichiers vidéos indépendants. Le fichier vidéo commence lorsqu’on lance le QuickShot et s’arrête dès le mouvement terminé, sans la moindre marge ni avant ni après, ce qui est souvent frustrant.

Pour effectuer un QuickShot, on positionne manuellement le drone au point de départ, on sélectionne l’un des modes, explicitement nommés dronie, fusée, cercle et spirale, on pointe le sujet à cadrer, on choisit la distance et le sens, et on tape sur Go. Le drone lance l’enregistrement de la vidéo, lance le mouvement, stoppe l’enregistrement dès le mouvement terminé, et revient automatiquement au point de départ. Faute de capteurs d’obstacles, il faut rester vigilant, et se tenir prêt à reprendre le contrôle à tout moment (il suffit pour cela d’actionner les sticks de la radiocommande).

Les photos et les vidéos sont enregistrées en pleine qualité sur la carte microSD embarquée sur l’appareil. Mais en parallèle, l’application enregistre en temps réel le retour vidéo, un flux 720p fortement compressé, tout juste bon pour Instagram. En plus de ses fonctions de radiocommande, DJI Fly intègre en effet une fonction « Album », qui permet de consulter ces enregistrements, de rapatrier les originaux depuis le drone, de partager directement les uns ou les autres, ou de réaliser des montages simples, à l’aide de modèles ou d’outils de base.

Enfin, l’application intègre une fonction carte. Celle-ci permet de repérer des « Fly Spots », c’est-à-dire des lieux propices aux vols, mais DJI n’en référence qu’en Chine. Elle permet aussi d’afficher les « DJI GEO Zones », c’est-à-dire des zones de vigilance et des zones restreintes… définies par DJI. Mais ces zones ne correspondent pas à celles définies en France par la DGAC (Direction générale de l’aviation civile), les seules auxquelles on doit se fier pour savoir si on a le droit de voler, et si oui jusqu’à quelle altitude (de 30 à 150 mètres). Rappelons que d’autres règles s’appliquent, notamment ne pas survoler des personnes, et nous vous invitons à apprendre la notice officielle.

Les fonctions de carte des applications DJI sont donc malheureusement inutiles en France, où on pourra se tourner vers l’application Drone Spot, tant pour les autorisations que pour les lieux remarquables.

Prix et disponibilité

Le Mavic Mini est disponible chez la majorité des vendeurs agréés. Il est vendu 400 euros avec la télécommande et une batterie, ou 500 euros dans une version « Fly More » comprenant la télécommande, trois batteries, une station de recharge, une sacoche de transport et les protège-hélices qui ne logent pas dans cette dernière.

À titre de comparaison, le Mavic Air se vend respectivement 850 et 1050 eurosle Mavic 2 Zoom de 1250 euros à 1750 euros et le Mavic 2 Pro de 1500 euros à 2000 euros.


Certains liens de cet article sont affiliés. On vous explique tout ici.

Note finale du test
7 /10
À 400 ou même à 500 euros en version Fly More, le DJI Mavic Mini présente un très bon rapport qualité/prix. Compact et bon marché, il rend l’imagerie aérienne encore plus accessible que le Spark, tant sur le plan financier que sur celui de la facilité d’utilisation.

Certes, la qualité d’image est imparfaite, et les fonctions de sa caméra sont bridées pour qu’il ne cannibalise pas les ventes des Mavic Air et Mavic 2. Mais il donne accès à des points de vue inédits et produit des images époustouflantes, et tant pis si la dynamique est réduite.

Nous n’avons que deux regrets concernant ce Mavic Mini, certes pas les moindres. On aimerait que l’application affiche la carte officielle des zones de vol autorisées en France. Et enfin, on trouve paradoxal qu’un drone pour débutants n’ait pas de capteurs d’obstacles, on aurait préféré une version un peu plus lourde, quitte à perdre un soupçon d’autonomie.

Points positifs
DJI Mavic Mini

  • Vraiment portable

  • Facile d’utilisation

  • Autonomie record

Points négatifs
DJI Mavic Mini

  • Pas de capteurs d’obstacles

  • Carte des zones de vol inutile

  • Prestations photo et vidéo perfectibles

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