C’est évidemment sur Facebook qu’elle a posté la nouvelle. « Aujourd’hui, je vous annonce qu’après 14 ans, je vais quitter Meta », a écrit Sheryl Sandberg dans un long message. La directrice des opérations a décidé de quitter le géant des réseaux sociaux, propriétaire de Facebook, Instagram, WhatsApp et Messenger, à l’automne. À près de 53 ans, elle veut se tourner vers une nouvelle aventure.
« L’honneur et le privilège d’une vie », c’est ainsi qu’elle a notamment défini ces années passées au côté de Mark Zuckerberg qui l’avait débauchée de Google pour en faire son bras droit en 2008. Dans son post, elle revient notamment sur leur rencontre et comment il a réussi à la convaincre de rejoindre « The Facebook ».
« Une superstar »
Mark Zuckberger a répondu au message de Sheryl Sandberg en évoquant « la fin d’une époque » et « une superstar » qui lui a « appris à diriger une entreprise », avant de se lancer à son tour dans un long éloge sur le réseau social pour rendre hommage à son amie.
Passée par le groupe de consulting McKinsey & Cie, économiste à la Banque mondiale, chef de service au Département du Trésor américain sous Bill Clinton avant de devenir vice-présidente des ventes et opérations en ligne chez Google, Sheryl Sandberg est une personnalité respectée et importante de la Silicon Valley. Considérée comme l’une des femmes les plus influente et puissante de la tech, elle a consacré les 14 dernières années à donner de l’amplitude à Facebook, puis Meta, restructurant la partie publicitaire pour en faire un ogre du secteur, comme elle l’avait développée chez Google.
Puissante, performante, mais dans l’œil du cyclone
Sheryl Sandberg a surtout permis à l’entreprise de se doter d’une véritable identité économique, le point qui pêchait pour Zuckerberg avant son arrivée et la partie qu’il était loin d’affectionner, préférant l’opérationnel et le développement technique. Elle gère aussi la communication et les affaires publiques pour promouvoir l’image de Facebook. Le duo ainsi formé trouvera rapidement ses marques, aussi bien au travail que dans leur relation personnelle, alors que Sheryl Sandberg perd accidentellement en 2015 son premier mari, Dave Goldberg, patron de SurveyMonkey, et que Zuckerberg et sa femme enchaînent les difficultés à fonder une famille. « Merci pour tout ce que tu as fait pour moi et ma famille, pour notre entreprise, et pour des millions de personnes à travers le monde », lui écrit-il.
Mais elle s’est également retrouvée parfois au cœur de la tempête, contrainte de gérer notamment le scandale Cambridge Analytica en 2018 et le détournement de données de millions d’utilisateurs au bénéfice de la campagne de Donald Trump. Elle a également dû tenter de désamorcer l’affaire des Facebook Papers, des documents internes révélant des failles de gestion et de modération des différents réseaux sociaux de l’entreprise, dont Instagram, par Frances Haugen, une lanceuse d’alerte. Mais aussi faire face aux différentes attaques subies par Facebook quant à son incapacité à stopper les messages de haine, les fake news et autres situations qui auraient eu des impacts sur des élections. L’arrivée de Nick Clegg, ancien vice-premier ministre britannique, lui aura été d’un grand secours pour se décharger des affaires globales et gérer les multiples plaintes dont Meta fut la cible.
« Le débat autour des réseaux sociaux a tellement changé depuis leurs débuts qu’il en est devenu méconnaissable. Dire que cela n’a pas toujours été facile est un euphémisme », reconnaît la COO dans son post.
Un départ qui déplaît à la Bourse
Zuckerberg a également annoncé que le rôle de Sheryl Sandberg ne serait pas repris dans la structure existante. « Je ne pense pas que ce soit possible, car c’est une superstar qui a redéfini le rôle de directrice des opérations d’une manière unique », explique-t-il. Cependant, Javi Olivan devrait reprendre ses attributions, selon les dires du patron de Facebook, « dans un rôle (qui) sera différent de celui de Sheryl. Ce sera celui d’un directeur des opérations plus traditionnel dans lequel Javi se concentrera de manière plus interne et opérationnelle. » Il aura surtout pour mission de gérer la publicité de manière plus transverse et intégrée entre les différentes activités du groupe.
La future ex-numéro 2 du groupe n’avance aucune raison à son choix ni une destination future. Elle se consacrera probablement à son association Lean In qui veut lutter contre les stéréotypes et inciter les femmes à ne pas avoir peur de prendre des postes importants. Mais Sheryl Sandberg ne disparaît pas totalement de l’organigramme de Meta. Elle reste membre du conseil d’administration de l’entreprise. L’annonce de sa démission a néanmoins surpris la Bourse et l’action Meta a perdu 2,5 % mercredi soir.
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