Fairphone fait le pari d’une technologie plus juste, d’un monde où l’innovation ne se fait pas au détriment de notre planète et de ses habitants. Avec ses smartphones hautement réparables, à l’instar du Fairphone 4, l’entreprise néerlandaise a tenté de concevoir un téléphone équitable, conjuguant respect de l’homme et de l’environnement. L’entreprise s’engage d’ailleurs à reverser 0,5 € par casque vendu (sur 249 €) à l’amélioration du salaire des travailleurs de ses chaînes de production.
Souhaitant diversifier son offre, Fairphone avait lancé en 2021 sa première génération d’écouteurs intra-auriculaires, les Fairphone True Wireless, avec une réparabilité en retrait de ses smartphones, celle-ci se limitant au remplacement du boîtier de charge et des embouts intra-auriculaires. Avec le FairBuds XL, Fairphone revoit ses ambitions écoresponsables à la hausse et annonce que 8 éléments du casque peuvent être remplacés. Un casque vertueux, en somme, conçu pour accompagner le plus longtemps possible son utilisateur.
Fiche technique
Modèle | Fairphone Fairbuds XL |
---|---|
Format | Casque sans fil |
Batterie amovible | Oui |
Microphone | Oui |
Réduction de bruit active | Oui |
Autonomie annoncée | 30 heures |
Type de connecteur | USB Type-C |
Poids | 315 g |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé avec un casque fourni par le constructeur.
Design
Le casque Fairbuds XL arbore des lignes classiques, presque vintage, tant la réparabilité a obligé le fabricant à revenir à des techniques d’usinage dépassées. Les coques généralement mono-volume sur les casques concurrents, sont ici composées de deux parties articulées, ce qui donne au Fairbuds XL une allure pataude et lui confère pas mal d’inertie lorsqu’on tourne la tête. Ce phénomène est d’ailleurs aggravé par une répartition des masses médiocre et un poids élevé (315 grammes). Chaque coque est frappée du logo de la marque et celle de droite abrite connecteur USB et les deux boutons de contrôle (dont un petit joystick en aluminium).
Les éléments remplaçables par le fabricant sont : la batterie, le câble audio entre les deux transducteurs (un câble USB-C), les coussinets et leurs mousses à mémoire de forme, l’arceau, sa base en mousse et sa gaine en similicuir, ainsi que les haut-parleurs. En revanche, rien n’indique que le SoC Bluetooth-DAC-amplification ou les boutons de contrôle — appelés à être fortement sollicités — puissent être remplacés en cas de panne.
Plus dommageable sur un casque à 249 € est l’absence d’entrée ligne, qui permettrait d’écouter une source externe analogique, même si le port USB-C peut être utilisé avec des sources numériques (on y revient) et qu’on peut y brancher un adaptateur jack 3,5 mm vers USB-C — non fourni. Le câble de charge n’est pas non plus fourni avec le casque. Le Fairbuds XL n’est pas non plus équipé de détecteur de port et continue donc à jouer même s’il n’est plus porté. Quant à la qualité perçue, elle est plutôt moyenne, aucun matériau n’offrant un contact particulièrement agréable.
Il en va de même pour le confort de port. Outre la répartition du poids fantaisiste, la pression exercée sur le crâne autour des oreilles n’est pas homogène et provoque de la gêne. Rien d’insupportable évidemment, mais un casque audio est voué à être utilisé des heures d’affilée et par conséquent se doit d’être un plaisir à porter. Ce n’est pas le cas.
Usage et application
Fairphone a fait l’impasse sur le contrôle tactile et le Fairbuds XL se dirige avec deux boutons seulement, dont une roue-joystick. Celle-ci permet de mettre sous et hors tension l’appareil en la pressant longuement. Une petite musique accompagne d’ailleurs l’allumage ou l’extinction du casque et précise si la connexion Bluetooth est réalisée (en anglais seulement). Le joystick laisse contrôler la lecture et le changement de piste, ainsi que les appels téléphoniques.
Le second bouton plus classique permet de force l’appairage Bluetooth ou de rompre la connexion par une pression longue, ou bien par des pressions successives d’activer le mode de réduction de bruit active ou le mode ambiant (transparence). Les deux boutons tombent naturellement sous le pouce droit et sont faciles à manipuler. En revanche, le glissement de la main sur le plastique de la coque engendre des bruits parasites un peu trop marqués, et lorsque l’ANC ou le mode ambiant sont actifs, des bruits très gênants lorsqu’on touche les mousses des microphones.
Fairphone propose d’utiliser l’app Fairsound avec son casque, mais son intérêt acoustique est très limité, car elle se limite à proposer des profils d’égalisation (qui ne fonctionnent pas dans la version bêta mise à notre disposition) sans laisser à l’utilisateur la possibilité d’ajuster le son à son goût.
En revanche, l’ensemble des pièces qui composent le casque sont répertoriées dans l’app Fairsound et il est possible de commander soi-même la pièce devant être remplacée. Comme le casque est plutôt simple à démonter, on peut effectuer la réparation soi-même et éviter d’émettre du CO2 en renvoyant le casque au SAV du constructeur. Au moment d’écrire ces lignes, le prix des pièces détachées n’était pas consultable.
Lecture audio par câble USB
Si le FairBuds XL ne dispose pas d’entrée ligne mini-jack, il dispose d’un port USB-C de recharge pour transmettre le son par câble, depuis un ordinateur ou d’un smartphone Android. Sur le papier, cette option de connexion est séduisante, la transmission du son par USB étant par nature très qualitative (pas de compression). Malheureusement, Fairphone a très mal implémenté cette fonction : l’entrée USB semble ne dispose d’aucun filtrage des bruits parasites d’alimentation du port USB de la source et l’on entend ainsi des bruits parasites avec un ordinateur ou un smartphone.
En outre, l’amplification fonctionne à plein régime, laissant entendre un souffle gênant et obligeant à régler le volume au minimum (et même dans ce cas, c’est trop fort). Pour ne rien arranger, la signature sonore en mode USB est affreusement déséquilibrée et projette les hautes fréquences. Il ne faut pas une minute pour éprouver de la fatigue auditive — et une intense déception.
Bluetooth multipoint et aptX-HD
La liaison Bluetooth tient la route, sans coupure avec mes smartphones de test jusqu’à 10 mètres de distance et au travers d’une cloison mince. Bon point, la connexion multipoint est possible avec deux appareils Bluetooth. Côté codecs Bluetooth audio, le casque Fairbuds XL supporte le SBC, l’AAC et l’aptX HD. Rappelons ici que le codec n’influence que très marginalement la qualité du son, due véritablement aux transducteurs du casque.
Quant à la latence, nous l’avons mesurée à 178 ms avec le codec SBC et à 174 ms avec l’aptX HD depuis un Google Pixel 6 Pro. Dans les deux cas, le décalage entre image et son est perceptible lorsqu’on joue, le son arrivant en retard. Aucun problème en revanche lors du visionnage de films ou série, les apps de lecture compensant totalement la latence.
Réduction de bruit active
Le Fairbuds XL dispose d’un système d’ANC, pour réduire les bruits parasites environnants, ainsi que d’un mode transparence qui diffuse les sons autour de l’auditeur et les mélange à la musique éventuellement écoutée. Le système de réduction de bruit active fait un travail honorable pour les sons graves, tout du moins dans des conditions de bruit moyennes.
Chez soi, on ne perçoit plus le ronronnement du trafic si l’on a ouvert sa fenêtre. Mais, dans la rue, les sons les plus sourds et les plus puissants perturbent tout de même l’écoute. Si vous cherchez un casque capable de vous isoler du tumulte des transports en commun, il faudra toutefois préférer les meilleurs casques de Bose ou Sony. Le mode transparence permet de suivre une conversation en gardant le casque sur les oreilles, mais le volume de mixage n’est pas très élevé et par ailleurs non ajustable.
Audio
Fairphone s’est attaché les services de Sonarworks, présenté comme le leader mondial du calibrage du son. Une bonne raison d’espérer un son de qualité au travers des transducteurs dynamiques de 40 mm qui équipent le casque Fairbuds XL. Malheureusement, ces haut-parleurs souffrent d’une importante distorsion dans les fréquences moyennes et hautes, avec à la clé des suintements très perceptibles et même une franche agressivité à mesure qu’on pousse le volume. En outre, le design du casque éloigne manifestement trop les traducteurs du conduit auditif et le son semble distant.
Une courbe de réponse trop torturée
Sous une apparente normalité du grave au cœur du registre médium (20 Hz à 1 kHz), la réponse en fréquence du casque Fairphone Fairbuds XL est pénible à écouter, tant elle vire aux montagnes russes dans le haut du spectre.
Si le creux observé vers 3 kHz peut sembler une bonne chose, car nos oreilles y sont hyper-sensibles, il s’avère en pratique bien trop marqué, vis-à-vis des fréquences précédentes (-10 dB, soit 3 fois moins d’intensité) et suivantes (jusqu’à -20 dB, soit six fois moins d’intensité). Enfin, les transducteurs s’écroulent au-delà de 13 kHz et éliminent ainsi les sons audibles les plus fins et avec eux bien des nuances. Difficile de croire que des experts en calibration sonore se sont penchés sur le berceau du Fairbuds XL.
Signature sonore
J’ai testé le casque Fairphone Fairbuds XL avec différents smartphones, à partir d’Apple Music et de titres lossless et Dolby Atmos.
La signature sonore du casque est franchement déséquilibrée et met en avant le haut du spectre avec beaucoup d’excès et d’irrégularité. Ça distord allègrement dans le médium et l’aigu, avec des sifflantes plein les voix, des accents métalliques sur les percussions… Au milieu de ce champ de bataille, seul le grave s’en sort à peu près convenablement, mais c’est insuffisant pour procurer le moindre plaisir. Soyons clairs : quand bien même Fairphone proposerait un égaliseur à 10 clés dans son app, les défauts constatés ne pourraient corrigés, tant ils tiennent à la structure des transducteurs eux-mêmes. Bref, ne tablez pas sur une mise à jour de firmware pour changer la citrouille en carrosse.
Comportement dynamique et scène sonore
Le tableau s’abîme un peu plus encore au moment d’évoquer les qualités dynamiques des transducteurs. Il y a de l’énergie, certes, mais elle est déployée sans discernement et dessert tous les titres écoutés. Dans ces conditions, les dimensions de la scène sonore sont étriquées. L’excès de hautes fréquences ramène trop d’informations au centre et nuit donc à la latéralisation. La profondeur dans l’axe central est inexistante. Dur, dur.
Micro
La qualité de captation de la voix de l’utilisateur est bonne et les bruits parasites sont assez bien réduits, même si le filtrage est assez agressif. On peut valablement compter sur le Fairphone Fairbuds XL pour passer des appels. Le casque transmet également correctement la voix de l’auditeur lorsque l’assistant vocal du smartphone est sollicité. Mission accomplie de ce point de vue.
Autonomie
Fairphone annonce une autonomie de 30 heures grâce à la batterie de 800 mAh embarquée. J’ai mesuré 27h20 à 50 % du volume de mon iPhone, réduction de bruit active. L’autonomie est donc excellente et on peut imaginer la prolonger encore en écoutant bien moins fort. De plus, la batterie pouvant être facilement remplacée, le casque n’est pas condamné à voir son autonomie réduite à cause d’une batterie trop usée.
Prix et date de sortie
Le Fairphone Fairbuds XL est disponible en coloris noir ou vert, au prix de 249 €. Un tarif qui semble excessif au regard de prestations acoustiques très insuffisantes.
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