Lancer une nouvelle marque automobile dans un marché déjà saturé et ultra-compétitif, c’est un peu comme essayer de se frayer un chemin dans une salle de concert bondée. Et quand cette marque se concentre sur les voitures électriques, les défis se multiplient.
Fisker, avec son SUV Ocean, s’est lancé dans cette aventure, armé d’ambitions élevées et de beaucoup de promesses. Pourtant, les retours, notamment de Marques Brownlee, mieux connu sous le nom de MKBHD, révèlent un tout autre morceau de la partition.
« C’est probablement le pire logiciel dans n’importe quelle voiture que j’ai jamais testé. » Voilà comment MKBHD décrit son expérience avec l’Ocean. Les mots sont durs, mais reflètent une réalité frustrante pour les utilisateurs : « Le système d’assistance à la conduite est à la fois le pire et le plus dangereux que j’ai jamais utilisé. ».
Quand il ajoute, « Il y a eu tellement de bugs… c’était incroyablement frustrant », on comprend que le chemin vers le succès sera long et semé d’embûches pour Fisker.
Ces critiques touchent à un point sensible pour tout nouveau venu sur le marché automobile : la qualité perçue et la confiance des utilisateurs. Fisker, malgré un design séduisant et des caractéristiques prometteuses, peine à convaincre à cause de bugs logiciels et de problèmes de fiabilité. Ce n’est pas juste un hic technique, c’est une question de sécurité et de satisfaction client.
Pour aller plus loin
Essai Fisker Ocean : plus d’autonomie ou moins chère qu’une Tesla, mais des défauts rédhibitoires
Nous avions d’ailleurs eu de nombreux problèmes lors de notre essai du Fisker Ocean, comme vous pouvez le lire dans notre test complet, mais aussi dans notre vidéo sur le sujet.
Les témoignages faisant état de bugs et de dysfonctionnements dans le Fisker Ocean révèlent une réalité où le passage de la conception à la réalisation semble avoir négligé des étapes clés, indispensable à la garantie d’une expérience utilisateur fiable et sécurisée. D’ailleurs, les difficultés rencontrées par Fisker ne se cantonnent pas aux aspects techniques ou à l’expérience utilisateur. La situation financière de l’entreprise soulève des questions quant à sa viabilité à long terme.
Un risque financier important
Les ventes de Fisker, un baromètre essentiel pour évaluer sa position sur le marché, reflètent les défis auxquels l’entreprise est confrontée.
L’entreprise a produit plus de 10 000 de ses SUV électriques Ocean l’année dernière, un chiffre qui, bien qu’impressionnant pour un nouveau constructeur, reste loin de l’objectif initial de production. De ce total, seulement environ 4 700 véhicules ont été effectivement livrés aux clients. En France, selon AAA Data, il y a eu seulement 91 immatriculations de Fisker Ocean en 2023.
Cette différence entre la production et les livraisons souligne non seulement des problèmes logistiques et de production mais aussi une possible réticence du marché.
D’ailleurs, la bourse ne fait pas de cadeau à Fisker. Un coup d’œil sur leur parcours financier révèle un nouveau moment de tension : un avis de non-conformité de la Bourse de New York (NYSE), après que le cours de l’action de Fisker a chuté en dessous du seuil critique de 1 dollar en moyenne sur 30 jours consécutifs.
Cette situation n’est pas seulement un signal d’alarme pour les dirigeants de Fisker ; elle résonne également comme une alerte pour les investisseurs potentiels et actuels, ce qui souligne les risques associés à l’investissement dans une entreprise qui lutte pour concrétiser ses promesses.
Ces obstacles ne se limitent pas à l’aspect financier, mais touchent également la confiance des consommateurs et des investisseurs dans la capacité de l’entreprise à surmonter ses difficultés actuelles et à réaliser ses ambitions futures.
Fisker, malgré les vents contraires, semble garder le cap avec des projets comme le crossover urbain électrique Pear, la voiture de sport Ronin et le pick-up Alaska. La question est de savoir si Fisker pourra surmonter ses défis actuels, améliorer sa fiabilité et convaincre les sceptiques.
Beaucoup n’y survivent pas
Fisker n’est pas seul dans cette galère. En Chine, par exemple, le marché des véhicules électriques est en pleine ébullition, avec une concurrence féroce et une pléthore de nouvelles marques tentant de se faire une place.
Beaucoup n’y survivent pas, fermant leurs portes sous la pression des coûts, des défis techniques et de la difficulté à gagner la confiance des consommateurs. On parlait de HiPhi pas plus tard que cette semaine.
On pense par exemple à Aiways, qui avait dû revoir sa stratégie afin de survivre à la suite de gros soucis financiers. D’autres ont même tout bonnement fait faillite, comme Byton ou la firme méconnue WM Motor, filiale automobile du géant chinois de l’immobilier Evergrande. Aux États-Unis, on évoque aussi la potentielle faillite de Lucid et Rivian.
Cette situation souligne un point crucial : entrer dans le secteur automobile, surtout dans le segment des électriques, demande plus qu’une bonne idée, une grosse fiche technique ou un design innovant. Il faut une exécution sans faille, une solide base financière et une capacité à rebondir.
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