La faillite de Fisker pourrait cacher des manœuvres financières douteuses : “scandaleux” se défend le principal intéressé

 

Alors que le constructeur de voitures électriques, Fisker, est officiellement en faillite et vient de déposer le bilan il y a quelques jours, le feuilleton n’est pas encore terminé. Et pour cause, de nombreuses entreprises se battent désormais pour récupérer ce qu’il est encore possible du constructeur américain, fondé en 2016.

C’est enfin le dénouement d’un feuilleton qui durait depuis un sacré bout de temps et qui semblait s’éterniser. Mais ça y est, c’est désormais officiel, la marque Fisker n’existe plus.

Une affaire qui se poursuit encore

Et pour cause, le dépôt de bilan a été officiellement acté le 17 juin dernier dans l’État du Delaware, tandis que l’entreprise fondée par Henrik Fisker tentait de sauver les meubles depuis plusieurs mois déjà. À vrai dire, cela était déjà mal parti, puisque la production de sa seule voiture, le Fisker Ocean, avait été définitivement arrêtée le 10 mai dernier. Mais ce n’est pas parce que la firme n’existe plus que l’affaire est désormais terminée. C’est même tout le contraire.

Car désormais, l’entreprise doit liquider tous ses actifs, puisqu’elle doit plus de 850 millions de dollars à deux groupes de détenteurs d’obligations comme l’indique le site Automotive News. De plus, la société, qui n’a jamais réussi à devenir rentable est accusée d’avoir procédé à une liquidation en amont, en dehors de la supervision du tribunal. Au mois de novembre, elle aurait revendu la dette à un fond unique (Heights Capital Management), hors de toute procédure judiciaire.

De quoi créer une situation injuste pour les autres créanciers, qui ne peuvent désormais plus récupérer de fonds, alors qu’ils auraient pu participer au partage des actifs en novembre si la faillite avait été déclarée plus tôt. Mais Heights Capital Management se défend de ces accusations qu’elle juge « scandaleuse« . Le but de l’opération était, selon le fond, de sauver l’entreprise de la faillite.

Désormais, la vente de la flotte restante de Fisker, qui compte actuellement 4 300 véhicules ne serait pas suffisante pour éponger les dettes. L’entreprise serait toutefois en discussion avec une entité qui pourrait être intéressée à l’idée d’acheter cette flotte.

Si l’entreprise affichait un chiffre d’affaires de 273 millions de dollars l’an dernier, les pertes étaient quant à elles affichées à 940 millions de dollars sur la même période. Désormais, le constructeur doit tenter par tous les moyens de gagner encore un peu d’argent pour rembourser ce qu’il doit. Et cela attire bien sûr de nombreuses sociétés, qui sont intéressées pour racheter les actifs de Fisker. Le site français Mobiwisy indique par exemple que Lucid s’est déjà positionné.

Le constructeur américain, qui commercialise déjà sa berline Air aurait déjà tenté de récupérer le nom Ocean, qui sera de toutes façons libéré après la liquidation de Fisker. Mais ce n’est pas tout, car si la marque n’a jamais rencontré le succès escompté, elle reste tout de même intéressante du point de vue des technologies et des brevets qu’elle a déposé. On pense par exemple au toit solaire SolarSky du SUV mais également au hayon rétractable de la Pear, qui n’aura jamais vu le jour.

Une longue descente aux enfers

Le constructeur n’aura en effet pas eu le temps de pouvoir se développer, puisqu’il n’a jamais réussi à gagner d’argent avec ses voitures. Dévoilé pour la première fois en 2020 et commercialisé en 2022, l’Ocean avait pourtant tout pour plaire sur le papier, avec notamment une autonomie supérieure à celle de sa rivale, la Tesla Model Y. Sauf qu’en pratique, les choses étaient en fait bien différentes, avec des prestations très décevantes, comme l’avait relevé un youtubeur américain. De notre côté, nous n’avions été que moyennement convaincus également durant notre essai.

Afin de survivre, le constructeur avait multiplié les baisses de tarifs et les remises en tout genre, alors que la guerre des prix fait en plus rage depuis l’an dernier. Sauf que la gestion financière de l’entreprise était également chaotique, avec plusieurs millions d’euros de chèques n’ayant jamais été encaissés à la suite d’achats de voitures par les clients. Certains ayant même été définitivement perdus, tandis que la situation de Fisker n’a cessé de s’aggraver au cours des dernières semaines.

Au mois de mai, nous apprenions par exemple que l’entreprise ne pouvait plus assurer le support client ainsi que la maintenance de ses véhicules. Sans parler des défaillances techniques de la voiture, qui auraient notamment pu coûter la vie à un automobiliste en France, qui a été contraint d’appeler les pompiers alors qu’il était coincé dans son véhicule. On comprend donc mieux pourquoi Fisker n’a jamais pu s’en sortir, malgré les tentatives de rachat par un autre constructeur, en l’occurrence Nissan.


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