Comme de nombreux constructeurs, Ford a aussi voulu croire à la conduite 100 % autonome. À tel point que la firme américaine a massivement investi dans Argo AI, une entreprise spécialisée dans l’intelligence artificielle créée en 2016. Le constructeur s’était alors associé à Volkswagen pour fonder cette co-entreprise, afin de travailler sur la conduite autonome de niveau 4. Mais depuis, les plans des deux marques ont changé.
Un changement de stratégie
Comme l’annonce Ford dans un communiqué, la firme ne souhaite pas poursuivre l’aventure avec Argo AI alors qu’elle investissait dans la jeune entreprise depuis 2017. Jim Farley, patron du constructeur automobile déclare en effet que « nous sommes optimistes quant au futur du niveau 4, mais nous sommes encore loin de voir des véhicules entièrement autonomes, produits en grands volumes et rentables« .
Ford annonce donc qu’elle préfère pour l’heure investir dans les aides à la conduite avancées, qui correspondent alors à une autonomie de niveau 2 ou 3, aussi appelée conduite semi-autonome. Pour rappel, le niveau 2 combine une aide au maintien dans la voie ainsi qu’un régulateur de vitesse adaptatif, et nécessite que le conducteur garde les mains sur le volant, ou plutôt reste responsable de son véhicule. Ce qui n’est pas obligatoire avec le niveau 3, autorisé en Europe depuis le début de l’été dans certaines conditions.
Pour l’heure, seules les Mercedes EQS et Classe S en sont dotées. Comme l’explique The Verge, Ford a toutes les raisons de croire au succès de ses systèmes L2 et L3, alors que 83 000 de ses clients utilisent le système BlueCruise, similaire à l’Autopilot de Tesla. La firme prévoit même que 30 millions de voitures utilisant ce dispositif soient en circulation d’ici à 2030.
Mais si elle croit dur comme fer à ces technologies, c’est aussi pour des raisons financières, car la conduite autonome de niveau 2 ou 3, qui existe déjà, rapporte plus d’argent qu’une technologie hypothétique qui ne sera lancée que dans plusieurs années. La marque s’inspire probablement de Tesla, dont 160 000 clients dans le monde auraient déjà pris l’option pour la conduite entièrement autonome, allant jusqu’à 7 500 euros en France et 15 000 dollars outre-Atlantique. Et ce même si celle-ci est pour l’heure encore uniquement disponible en bêta-test aux États-Unis.
Au détriment de la sécurité ?
Mais cela pourrait-il se faire au détriment de la sécurité ? Selon The Verge, la réponse est oui. En effet, les niveaux 2 et 3 seraient plus dangereux que le niveau 4, en raison du fait qu’ils nécessitent encore l’attention du conducteur.
Comme l’explique l’experte en robotique Missy Cummings dans un article de 2020 détaillant les risques de l’Autopilot Tesla de niveau 2 « lorsque la charge de travail d’un opérateur est faible alors qu’il supervise un système autonome, il peut éprouver un ennui accru qui se traduit par une vigilance et une vigilance réduites« . Cela signifie que lorsque la seule tâche du conducteur est de surveiller que la voiture agit bien comme elle le doit, celui-ci risque d’être moins concentré, ce qui peut alors augmenter le risque d’accident.
À tel point que certaines entreprises comme Waymo et Cruise ont décidé de sauter l’étape du niveau 3 pour travailler directement sur le niveau 4. Certaines études ont également prouvé que lorsqu’une personne a été déconnectée de la conduite pendant un certain temps, elle peut avoir du mal à reprendre son rôle de conducteur et peut mettre du temps à réagir.
Reste également le problème de la responsabilité en cas d’accident, la voiture n’étant pas encore totalement autonome. C’est justement le souci auquel doit notamment faire face Tesla, alors que la firme est sous le coup d’une procédure pénale à la suite de divers accidents ayant eu lieu alors que l’Autopilot était activé.
Pour aller plus loin
Conduite autonome : Ford se rapproche de l’Autopilot de Tesla avec cette nouvelle fonctionnalité
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