Pendant que Tesla promet chaque année depuis plusieurs années le lancement imminent de la conduite entièrement autonome, d’autres fabricants procèdent par itérations successives. C’est le cas notamment de Ford, qui a récemment lancé BlueCruise en Grande-Bretagne.
Conduite semi-autonome de niveau 2+ : c’est quoi
BlueCruise est ce qu’on appelle un système de conduite autonome de niveau 2+. Ce n’est pas un niveau officiel de l’échelle de la SAE, mais c’est un niveau d’autonomie officieux qui fait consensus entre constructeurs et même ladite SAE. Ce niveau « 2 plus » caractérise une conduite semi-autonome gérant l’allure et le centrage dans la voie, comme il en existe depuis des années (à l’image de l’Autopilot de Tesla, par exemple), mais fonctionnant désormais sans les mains. Ce qui change tout !
À la différence du niveau 3, avec le niveau 2+ on considère toujours que c’est le conducteur qui « conduit » et qui demeure pleinement responsable. Il ne doit donc pas seulement se tenir prêt à reprendre le contrôle lorsque la voiture le demande, il doit rester vigilant à la route comme s’il conduisait. Et surtout, il reste responsable en cas d’accident, contrairement au niveau 3.
Mercedes commercialise déjà son Drive Pilot en Allemagne, mais ce système de conduite autonome de niveau 3 ne fonctionne que jusqu’à 60 km/h sur autoroute, c’est-à-dire lorsque le trafic est dense ou en cas d’embouteillage.
Ford BlueCruise est quant à lui le premier système de conduite autonome de niveau 2+ commercialisé en Europe, et à ce titre le premier permettant de « conduire sans les mains » jusqu’aux limitations de vitesse. Disponible selon Ford sur 193 000 véhicules Ford et Lincoln aux États-Unis et au Canada depuis 2 ans, il est disponible en Grande-Bretagne (Angleterre, Écosse et Pays de Galles) depuis le mois d’avril 2023. Ford nous a donc invité à l’essayer brièvement dans la banlieue de Londres.
Conduite mains libres
Nous avons pris le volant d’un Mustang Mach-E de 2023 au départ du bureau londonien de Ford, à Stratford, et circulé un peu moins d’une heure sur l’autoroute M11. Malgré la conduite à gauche et le volant à droite, nous retrouvons vite nos marques dans la voiture avec laquelle nous avons réalisé notre périple de 4000 km l’été précédent.
En gagnant l’autoroute, nous enclenchons et retrouvons dans un premier temps la conduite autonome de niveau 2 convaincante et rassurante que nous connaissons déjà. C’est-à-dire que la voiture accélère et ralentit, et tourne d’elle-même pour suivre la route et rester au milieu de sa voie. À ce stade, le combiné d’instrumentation affiche des parenthèses bleues autour de la représentation de notre voiture, avec un pictogramme symbolisant des mains sur un volant.
Puis, nous empruntons la bretelle d’accès à la M11, et après quelques centaines de mètres, un volant bleu « Hands-free » (« mains-libres ») s’affiche sur le combiné d’instrumentation et la voiture bascule automatiquement en mode BlueCruise. On peut dès lors lâcher le volant et « conduire » sans les pieds ni les mains.
You hold it wrong
Ce qui a permis à Ford d’obtenir en Grande-Bretagne une « exemption » au fameux règlement 79 de la Commission économique pour l’Europe des Nations Unies (UNECE Regulation 79), c’est un dispositif, installé entre le volant et le combiné d’instruments, qui surveille « simplement » que le conducteur regarde la route. Ce qui permet d’enlever ses mains du volants, en toute légalité.
Dans un premier temps, on tient instinctivement le volant et on se force à poser ses mains sur les accoudoirs ou sur ses jambes. Rien n’empêche toutefois de tenir le volant. D’ailleurs, BlueCruise ne change fondamentalement rien au fonctionnement et au comportement de la conduite autonome de la voiture, qui repose sur la même batterie de caméras et de radars aux quatre coins de la voiture.
On retrouve également les mêmes limites, notamment la voiture ne dépasse pas automatiquement, comme elle sait le faire aux USA, mais la réglementation européenne vient d’évoluer à ce sujet. Il y a donc fort à parier que la Ford Mustang en mode BlueCruise pourra dépasser d’elle-même les autres véhicules en Europe dans le futur. En revanche le système lève le principal défaut des systèmes de conduite autonome de niveau 2.
Comme nous le déplorons dans la quasi-totalité de nos essais longues distances, la plupart des pilotes automatiques existants demandent souvent aux conducteurs de tenir le volant qu’ils tiennent déjà. En effet, ils sont suffisamment efficaces pour qu’on pose ses mains passivement sur le volant, sans devoir modifier la trajectoire de la voiture. Certains systèmes détectent les mains par l’opposition qu’ils exercent sur la direction, les meilleurs détectent le contact de la main, mais l’exigent à certains endroits précis du volant.
Le niveau 2+ renforce au passage la sécurité, puisqu’on ne peut pas le tromper avec un contrepoids sur le volant (pour faire sembler de tenir ce denier) et puisqu’on ne peut plus se laisser distraire par le paysage, l’écran du système multimédia de la voiture ou son téléphone tout en tenant le volant. BlueCruise nous rappelle à l’ordre, sur le combiné puis le cas échéant avec un signal sonore, après une dizaine de secondes passées à chercher notre consommation sur l’info-divertissement ou à photographier le combiné d’instrumentation.
Le dispositif de surveillance du regard de Ford repose sur des capteurs infrarouges vraisemblablement similaires à ceux d’Apple Face ID. Il fonctionne avec des lunettes solaires et on ne peut pas le tromper avec une simple photo. Ford revendique ainsi 0 accident après 64 millions de miles (102 millions de kilomètres) parcourus les mains libres ces deux dernières années en Amérique du Nord.
Prix et disponibilité
En somme, BlueCruise est la cerise sur le gâteau du système de conduite autonome de niveau 2 de Ford qui était déjà parmi les meilleurs du marché. Nous avons hâte qu’il soit disponible en France et dans les autres pays d’Europe où l’on conduit du « bon côté ».
Contrairement au système de niveau 2 qu’on peut activer n’importe où tant que la voie est clairement délimitée, BlueCruise n’est et ne sera disponible que dans des « zones bleues » prédéfinies, des autoroutes ou des voies rapides délimitées par des séparateurs fixes. Soit 2 300 miles (3 700 km) en Grande-Bretagne et 22 000 km prévisibles en France.
En Grande-Bretagne, BlueCruise n’est disponible que sur les Mustang Mach-E de 2023, mais il le sera prochainement sur tous les Mach-E équipés du capteur de regard, soit les modèles équipés du Tech Pack ou du Tech Pack+.
Malheureusement, BlueCruise n’est pas gratuit. Après 90 jours d’essai, il est facturé 17,99 livres sterling par mois (environ 21 euros). L’abonnement est sans engagement, on peut souscrire seulement les mois de vacances.
Concernant la France, selon nos informations, plusieurs constructeurs devraient rencontrer les autorités cet automne concernant la conduite autonome niveau 2+. On peut donc espérer une autorisation début 2024, sauf si l’État décide d’attendre que les constructeurs français puissent le proposer. Aucun n’a encore communiqué à ce sujet à notre connaissance.
Mercedes est en embuscade sur le niveau 3 : il vient en effet de lancer en Europe le changement de file automatique, qui est l’une des conditions pour passer son système de conduite autonome de niveau 3 Drive Pilot de 60 à 130 km/h. De son côté, BMW va proposer le changement de file semi-automatique sur la BMW i5, grâce au regard.
Pour la première fois depuis le lancement de l’Autopilot il y a une dizaine d’années sur la Tesla Model S, l’innovation bat de nouveau son plein sur le front de la conduite autonome !
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