Treize ans après le lancement du premier X100, Fujifilm continue de perfectionner une recette devenue iconique : un objectif fixe 35 mm, un viseur hybride singulier et un design rétro au charme indéniable. Avec le X100VI, la marque japonaise ne se contente pas d’améliorer les performances techniques — capteur X-Trans CMOS 5 HR de 40,2 MP, stabilisation mécanique sur 5 axes, vidéo 6,2 K — elle sublime aussi l’expérience utilisateur grâce à ces innovations. Ce compact expert, aussi agréable à manipuler qu’à regarder, offre une colorimétrie flatteuse et un plaisir de prise en main rare, tout en se positionnant comme une alternative équilibrée face à des concurrents comme le Ricoh GR IIIx ou le Leica Q3.
Fujifilm X100VISpécifications techniques
Modèle | Fujifilm X100VI |
---|---|
Type d’appareil | Compact |
Format du capteur | APS-C |
Résolution capteur | 40,2 Mpx |
Stabilisateur d’image | Mécanique |
Définition enregistrement vidéo | 6.2K |
AF-S | 13 FPS |
Écran orientable | Oui |
Poids | 471 g |
Fiche produit |
Ce test a été réalisé avec un appareil prêté par le fabricant.
Fujifilm X100VIUn millésime majeur
Lancée en 2011, la série Fujifilm X100 s’est construite autour d’une formule devenue emblématique : un objectif fixe de 23 mm (équivalent 35 mm en plein format), un viseur multifonctions et une philosophie qui combine lignes rétros et technologies de pointe. Au fil des générations, chaque itération a apporté son lot d’évolutions, notamment au niveau du capteur, dont la définition n’a cessé de croître. L’année 2020 a marqué un tournant avec l’introduction du X100V, équipé d’une nouvelle optique : un 23 mm f/2 redessiné, qui offre une netteté améliorée et une meilleure correction des aberrations, notamment à pleine ouverture.
Mais c’est bien en 2024 que la série connaît sa révolution la plus significative avec le X100VI. Si l’optique reste inchangée, l’appareil franchit un cap majeur avec un bond spectaculaire de la définition (+54 % avec 40,2 MP), l’intégration d’une stabilisation mécanique du capteur (IBIS) — une première dans la série — et un système autofocus amélioré. Ces avancées sont rendues possibles par l’intégration du X-Processor 5, initialement développé pour l’appareil haut de gamme X-H2S. Cette puce propulse le X100VI vers de nouveaux sommets en matière de performances, notamment la possibilité de filmer en 6,2K.
Le retour en force des compacts experts
L’année 2024 a marqué un tournant significatif dans l’industrie photographique avec un regain d’intérêt pour les petits appareils photo à grand capteur. Dans la lignée des Sony A7C II et A7C R lancés fin 2023, qui avaient rendu le format 24×36 plus accessible dans un boîtier compact, de nombreux constructeurs ont suivi cette voie. Le Panasonic Lumix S5 II a ainsi donné naissance au Panasonic S9, plus compact, tandis que Fujifilm a renouvelé sa formule à succès avec le X100VI et le X-M5, compact minimaliste à capteur APS-C. Même Leica s’est inscrit dans ce mouvement avec son D-Lux 8 à capteur micro 4/3 et surtout le Q3 43, compact plein format aux ambitions premium. Cette multiplication des références, qui pourrait se poursuivre en 2025, traduit une demande croissante pour des appareils alliant haute qualité d’image et encombrement réduit, un équilibre que le X100VI vise précisément.
Proposé aux alentours de 1800 € — et souvent davantage en occasion tant Fuji alimente le marché au compte-gouttes et la demande est forte — ce boîtier au design intemporel se positionne astucieusement entre le minuscule Ricoh GR IIIx et le très exclusif Leica Q3. Si le GR IIIx mise sur la compacité absolue et une optique d’une netteté chirurgicale, le Q3 fait valoir son capteur plein format et sa prestigieuse optique Summilux.
Fujifilm X100VI | Ricoh GR IIIx | Leica Q3 43 | |
Capteur | APS-C X-Trans CMOS 5 HR 40.2 MP | APS-C CMOS 24 MP | Plein format CMOS 60.3 MP |
Objectif | Eq. 35 mm f/2 (23 mm) | Eq. 40 mm f/2.8 (26 mm) | 43 mm f/2 |
Filtre intégré | Filtre ND intégré | Filtre ND (ou diffusion pour version HDF) | Aucun |
Stabilisation | Capteur sur 5 axes (6 stops) | Capteur sur 3 axes (4 stops) | Capteur 5 axes (5,5 stops) |
Écran | Tactile 3 pouces inclinable | Tactile 3 pouces fixe | Tactile 3 pouces inclinable |
Viseur | Hybride optique/électronique | Aucun | Viseur électronique |
Vidéo | 6.2K à 30 fps, 4K à 60 fps | Full HD 1080p à 60 fps | 8K à 30 fps, 4K à 60 fps |
Poids | 521 g | 257 g | 743 g |
Prix | 1799 € | 1099 € | 6750 € |
Face aux hybrides compacts avec objectif 35 mm f/2 interchangeable, comme un Sony A7C II ou un Fujifilm X-T5, le X100VI fait valoir son plus petit gabarit, son intégration parfaite entre boîtier et optique, et même son prix. C’est bien simple, aucun appareil photo compact à focale fixe et grand capteur n’offre autant de fonctionnalités que le Fujifilm X100VI.
Fujifilm X100VIL’élégance avant tout
Au premier contact, le X100VI surprend par son poids de 521 grammes, qui peut sembler élevé pour un appareil de cette taille. Cette impression initiale disparaît pourtant rapidement : son objectif court et sa poignée avant assurent un équilibre parfait en main. Les points d’appui, soigneusement répartis, offrent une prise en main naturelle et sécurisante, faisant de ce poids un véritable atout en usage quotidien.
Fujifilm n’a fait aucun compromis sur la qualité de fabrication ; les matériaux nobles dominent, de l’alliage de magnésium brossé qui habille le capot et la base, au simili-cuir grainé qui recouvre le corps. Le boîtier résiste aux intempéries… à condition d’équiper l’objectif du kit de protection optionnel (bague AR-X100 et filtre PRF-49). Cet adaptateur permet d’ailleurs d’installer les filtres de son choix (49 mm). Le X100VI est élégant et robuste, sa finition impeccable et indiscutablement premium.
Des commandes héritées de l’argentique
L’ergonomie du X100VI suit une logique intuitive : la majorité des commandes se trouvent sur la partie droite du boîtier, ce qui permet un contrôle naturel des fonctions essentielles avec le pouce et l’index.
Sur la partie supérieure de l’appareil se trouve une molette polyvalente : elle contrôle la vitesse d’obturation en utilisation classique, et permet d’ajuster la sensibilité ISO lorsqu’on la soulève. Cette molette fonctionne en duo avec la bague d’ouverture crantée de l’objectif, pour un contrôle précis de l’exposition.
Pour aller plus loin
Modes P, A, S, M : tout comprendre aux modes de prise de vue des appareils photos
Si cette approche diffère des modes PASM traditionnels, elle devient vite intuitive : le mode priorité vitesse s’active avec la bague d’ouverture sur « A », tandis que la priorité ouverture s’obtient avec la molette de vitesse sur « A ». Pour un mode entièrement automatique, il suffit donc de positionner les deux sur « A ».
Le déclencheur, doté d’un filetage pour accessoires, est cerclé d’une bague de mise sous tension. On trouve aussi une molette de correction d’exposition et un bouton personnalisable.
Organisation des commandes principales
Deux bagues crantées offrent des options de contrôle supplémentaires : une à l’avant pour l’index, une à l’arrière pour le pouce. Ces deux bagues cliquables peuvent être personnalisées selon les besoins. La face arrière s’organise autour d’un joystick de navigation et d’un bouton Q pour l’accès rapide aux réglages. Les touches essentielles de lecture et de retour, ainsi que deux boutons de fonctions préréglés pour le mode de prise de vue et le verrouillage d’exposition, complètent cette disposition. Seul le sélecteur de mode autofocus se démarque par sa position sur le flanc gauche du boîtier.
Le dessous de l’appareil abrite le compartiment batterie/carte SD et le pas de vis pour trépied. La connectique est logée sur le flanc droit et comprend une sortie micro HDMI, un port USB-C (charge/transfert/webcam) et une entrée pour microphone mini-jack 2,5 mm.
Le X100VI est facile à prendre en main, sauf lorsqu’il faut accéder au bouton Q, un peu trop excentré pour une utilisation à une main.
Fujifilm X100VIUn viseur hybride unique en son genre
Le X100VI se distingue par son viseur hybride qui combine optique et électronique. Le viseur optique, inspiré des compacts argentiques, offre un champ de vision plus large que l’objectif et permet de surveiller l’environnement autour du cadre, délimité par des lignes lumineuses. Placé à gauche du boîtier, il présente une légère obstruction de l’objectif dans l’angle inférieur droit. Un carré central indique la mise au point, et les informations clés (flash, ISO, mode, simulation de film) apparaissent en périphérie pour une lecture claire.
Un levier situé à l’avant du boîtier permet de basculer vers le mode électronique. L’écran OLED de 3,69 millions de pixels s’active alors instantanément. Mais le X100VI va plus loin avec un troisième mode astucieux qui fusionne les atouts des deux systèmes : il ajoute à la visée optique une fenêtre électronique en bas à droite. En mise au point manuelle, ce mini-écran affiche un focus peaking, qui souligne les zones nettes d’une couleur vive.
Un écran tactile inclinable et une interface éprouvée
Le X100VI conserve la base ergonomique de son prédécesseur. L’écran LCD de 3 pouces dispose d’un système d’articulation qui permet seulement un basculement vertical ; l’écran peut être incliné vers le haut (environ 90 degrés) ou vers le bas (environ 45 degrés). Ce mécanisme facilite les prises de vue en plongée ou en contre-plongée, même s’il n’offre pas la polyvalence d’un écran entièrement articulé.
La définition est identique au modèle précédent (1,6 MP) avec les mêmes fonctionnalités : toucher pour définir le point AF, balayage pour la navigation dans les photos, ou encore pincement pour le zoom en lecture. L’interface utilisateur du X100V, avec son menu Q personnalisable et ses menus à onglets colorés, est reprise. Attention, l’ergonomie des menus est très éloignée de celle d’un smartphone et il faudra être patient pour appréhender l’ensemble des fonctions disponibles.
Une app de contrôle un peu lente
Fuji propose une application de contrôle pour ses appareils hybrides (Xapp), qui permet de piloter l’appareil par Bluetooth et Wi-Fi, pour prendre des photos ou des vidéos à distance, ainsi que pour télécharger les images.
Un jumelage permanent entre smartphone et appareil photo est possible, pour tagger automatiquement les photos prises avec les coordonnées GPS du smartphone. Seul regret, le transfert des images vers le smartphone est relativement lent. On gagne énormément de temps à brancher le X100VI à un ordinateur ou une tablette via son port USB-C, voire à copier les fichiers de la carte SD avec un adapteur externe.
Fujifilm X100VIUne formule optique éprouvée
Le Fujifilm X100 VI hérite du bloc optique Fujinon 23 mm II f/2 apparu sur le X100V. Cette optique d’équivalence 35 mm utilise 8 éléments répartis en 6 groupes, dont 2 lentilles asphériques pour réduire les aberrations géométriques et améliorer la netteté de l’image.
Pour aller plus loin
Objectifs photo : tout comprendre aux différentes optiques pour votre appareil photo
L’objectif reste fixe en usage classique, ce qui permet à l’appareil de conserver un gabarit compact avec une longueur de 23 mm depuis le boîtier. En mise au point rapprochée, il s’étend légèrement, atteignant une longueur maximale de 25 mm, soit un déploiement de seulement 2 mm. Dans ce cas précis, le mécanisme d’autofocus est un peu bruyant, alors qu’il est presque inaudible pour les photos de sujets éloignés.
La distance de mise au point minimale est très basse, avec seulement 10 cm, ce qui permet de réaliser des gros plans intéressants.
La formule optique a fait ses preuve, avec peu d’aberrations chromatiques à pleine ouverture, des reflets parasites face au soleil sous contrôle et des bulles de bokeh relativement harmonieuses.
L’appareil est équipé d’un filtre ND intégré à l’objectif. Cette fonction s’avère précieuse dans deux situations distinctes. En photo, elle compense la limite de vitesse de l’obturateur mécanique fixée à 1/4000s. Sans ce filtre, les conditions de forte luminosité obligeraient à basculer vers l’obturateur électronique, qui monte jusqu’à 1/180 000s, mais peut induire des déformations des sujets en mouvements rapides. En vidéo, le filtre ND permet d’obtenir un rendu naturel du mouvement en maintenant une vitesse d’obturation adaptée — généralement le double de la fréquence d’images (par exemple 1/50s pour un enregistrement en 25 images par seconde).
L’optique offre une excellente ergonomie avec sa bague de mise au point crantée dotée de deux poignées antidérapantes pour une manipulation aisée. Sa course lente permet un réglage précis, particulièrement en utilisant le focus peaking.
Un rendu naturel plutôt que clinique
L’objectif Fujinon 23 mm du X100VI propose une approche singulière. Si son piqué peut sembler moins impressionnant que celui de certains concurrents comme le Ricoh GR IIIx, il se distingue par d’autres qualités. Fujifilm a privilégié un rendu plus naturel, avec des micro-contrastes maîtrisés et une colorimétrie cohérente. Cette caractéristique s’avère particulièrement flatteuse en portrait, où les détails de la peau sont rendus avec délicatesse, et en paysage, où l’objectif maintient un équilibre harmonieux entre les différents plans de l’image. C’est donc moins dans la performance technique pure — voire chirurgicale — que dans sa capacité à produire des images équilibrées et naturelles que cette optique trouve sa légitimité.
Les performances du Fujinon 23 mm évoluent selon l’ouverture utilisée. À f/2, le piqué est modéré au centre et plus doux dans les coins. L’objectif atteint son meilleur niveau à partir de f/2,8, avec une netteté homogène qui s’améliore encore aux ouvertures intermédiaires. Le vignettage, naturellement présent sur ce type d’optique, est efficacement corrigé par le traitement interne du X100VI. Cette correction est également bien prise en charge lors du développement des fichiers RAW par les logiciels courants comme Lightroom ou Capture One.
Des possibilités de recadrage intéressantes
Grâce à la résolution très élevée du capteur, les possibilités de recadrage s’avèrent intéressantes.
Longueur focale (mm) | Résolution |
---|---|
35 mm | 40 MP |
40 mm (recadrage) | 31 MP |
50 mm (recadrage) | 20 MP |
70 mm (recadrage) | 10 MP |
Avec 40 MP, on peut recadrer sereinement afin de simuler des focales plus longues, jusqu’à 50 mm avec un haut niveau de détails, et même 70 mm avec une résolution réduite.
Pour une publication sur les réseaux sociaux, on peut même pousser le recadrage jusqu’à une équivalence focale de 100 mm, comme sur l’image ci-dessus.
Fujifilm X100VIUn capteur X-Trans de nouvelle génération
L’atout majeur du X100VI réside dans son capteur APS-C X-Trans 5 HR de 40,2 mégapixels (un record). Fujifilm se distingue par l’utilisation d’une matrice X-Trans à motif 6×6 photosites, en remplacement de la traditionnelle matrice de Bayer à motif 2×2 utilisée par la concurrence.
Pour aller plus loin
Tout comprendre des capteurs de vos appareils photo et smartphones
Cette architecture spécifique distribue irrégulièrement les photosites verts, rouges et bleus, supprime le besoin d’un filtre passe-bas optique et contribue à une meilleure netteté. La technologie BSI (Back-Side Illuminated) améliore la captation de lumière en déplaçant les circuits derrière les photosites, ce qui maximise leur surface utile et réduit le bruit, notamment en basse lumière.Â
Ce capteur, que nous avons déjà évalué dans notre test du X-T50, se distingue effectivement par son rendu colorimétrique particulièrement riche et naturel. Il produit par ailleurs des images étonnamment peu bruitées, au regard de la densité de ses photosites. Jusqu’à ISO 800, le bruit est à peine perceptible. Il devient plus perceptible à ISO 1600 et acceptable jusqu’à ISO 6400. La présence d’une stabilisation mécanique est sur ce point précieuse, puisqu’elle permet d’opter pour de faibles vitesses d’obturation tout en maintenant le capteur à des valeurs ISO basses.
Pour cela, il faudra tout de même sortir du mode Auto, qui fixe la vitesse d’obturation basse à 1/35 s et ne pas hésiter à descendre jusqu’à 1/10 s, voire davantage. Réussir une photo nette à main levée (d’un sujet fixe) avec une obturation de 1/2 s est du domaine du possible. Il faut s’appliquer, mais cela fonctionne.
Les clichés pris en mode auto sont bien exposés et la dynamique du capteur permet — si l’on a pris soin de photographier également en format raw — d’extraire des zones sombres et claires de nombreux détails. Cela peut se faire directement dans le X100VI, qui dispose d’un module de développement, ou bien avec un logiciel tiers (Lightroom par exemple).
Format d’image | Taille max. moyenne |
JPEG Fine /Normal | 25 Mo / 10 Mo |
HEIF Fine / Normal | 12 Mo / 7 Mo |
RAW / compressé sans perte / avec perte | 85 Mo / 35-45 Mo / 28 Mo |
Les simulations de films, l’atout Fuji
Les simulations de films Fujifilm constituent l’une des signatures du X100VI. Issues de l’expertise de la marque dans la fabrication de pellicules argentiques, ces simulations reproduisent les caractéristiques de différents films photographiques. L’appareil en propose 20 au total, avec une large palette de rendus : des couleurs naturelles aux contrastes plus marqués, en passant par différentes options monochromes. En voici quelques unes.
Ces profils colorimétriques, applicables aux photos comme aux vidéos, peuvent être personnalisés via des réglages fins de tons, de netteté ou d’effet de grain. L’appareil propose également un bracketing de simulations, capturant jusqu’à trois versions différentes d’une même scène. De plus, les simulations peuvent être appliquées aux fichiers raw après la prise de vue, soit directement dans l’appareil, soit via les logiciels Lightroom ou Capture One.
Cette flexibilité permet d’obtenir des images au caractère affirmé, que ce soit directement en sortie de boîtier ou lors du post-traitement.
Fujifilm X100VIAutofocus : progrès et limites
Le X100VI utilise un système autofocus hybride combinant détection de phase et de contraste, avec une couverture de 425 points sélectionnables. Les modes point unique, zone ou suivi large s’adaptent à différentes situations. L’appareil détecte efficacement les sujets (visages, yeux, animaux, oiseaux, véhicules) et fonctionne même dans des conditions de très faible luminosité, comme au crépuscule ou en intérieur sombre — bien qu’il puisse parfois patiner dans ces conditions extrêmes. La détection et le suivi des visages se montrent plus fiables que sur le X100V, avec moins de décrochages. Toutefois, le suivi des sujets en mouvement — notamment lorsqu’ils se rapprochent de l’utilisateur — reste perfectible.
Fuji a mis un peu d’IA dans son autofocus, pour mieux effectuer le point sur les visages (notamment les yeux) ou détecter un animal ou un véhicule par exemple. Dommage qu’il faille au préalable indiquer à l’appareil quel type de sujet on souhaite suivre. Par comparaison, bien des smartphones haut de gamme effectuent cette détection automatiquement.
Rafales et réactivité
Le passage au capteur X-Trans 5 de 40 MP a entraîné une légère baisse des cadences de prise de vue, qui devrait être sans incidence pour la plupart des utilisateurs, exception faite de ceux qui utiliseraient le X100VI pour la photo sportive ou animalière. Reste que l’obturation peut grimper à 13 ips en mode électronique, ce qui devrait couvrir bien des cas de figures.
Mode de cadences | X100 VI | X100 V |
Obturateur mécanique | 11 fps / 38 JPEG | 11 fps / 38 JPEG |
Obturateur électronique | 13 fps / 80 JPEG | 20 fps / 32 JPEG |
Obturateur électronique (avec crop/recadrage) | 20 fps (1.29x crop) / 117 JPEG | 30 fps (1.25x crop) / 29 JPEG |
Pour le reste des opérations, le Fujifilm X100 VI est très réactif et l’on n’observe pas de ralentissement préjudiciable. Sa mise sous tension est quasi-instantanée et le premier cliché est vite pris.
L’autonomie est confortable et culmine à 450 photos selon Fuji, à condition d’utiliser le viseur optique et l’écran de contrôle avec modération. Pendant les deux semaines de ce test, je ne suis jamais venu à bout de la batterie de l’appareil lors d’une session photo. Par ailleurs, il est possible d’utiliser l’appareil pendant sa recharge avec une batterie externe. Bref, sauf à filmer sans cesse en 4K, l’autonomie avec une seule batterie ne devrait pas être un problème pour la plupart des utilisateurs.
Fujifilm X100VIDes ambitions vidéo renforcées
Les capacités vidéo du X100VI franchissent un cap significatif avec l’arrivée de la 6,2K (6240 x 3150 pixels) limitée à 30 images par seconde, et surtout de la stabilisation mécanique (IBIS), qui transforme l’expérience de tournage à main levée sans imposer de recadrage, contrairement au X100V qui ne disposait que d’une stabilisation numérique avec recadrage imposé. L’appareil propose une gamme complète de définitions : 6,2K, 4K (DCI ou UHD) jusqu’à 60 images par seconde, et Full HD avec possibilité de ralentis jusqu’à 240 images par seconde.
Pour aller plus loin
H.265, 4:2:2, 10 bits, UHD ou 60p : tout comprendre aux formats et à la compression vidéo
En 4K, il est possible de filmer sans recadrage à 29.97p, 25p, 24p ou 23.98p lorsque la stabilisation numérique est désactivée. Le passage en 50/60p impose un recadrage de 1.14x, tandis que l’activation de la stabilisation numérique entraîne un recadrage de 1.1x, quelle que soit la fréquence d’images.
Les options d’enregistrement sont particulièrement flexibles, avec le choix entre les codecs H.265 et H.264, et des débits allant jusqu’à 200 Mbits/s.
L’enregistrement se fait par défaut en Rec.709 avec la possibilité d’appliquer directement les simulations de films Fujifilm. Pour plus de flexibilité en post-production, un mode F-Log en 4:2:2 10 bits est disponible, avec une plus grande latitude dans le travail des couleurs et des contrastes lors de l’étalonnage.
Le mode haute vitesse permet des ralentis impressionnants en Full HD, avec des fréquences atteignant 240 images par seconde et différents facteurs de ralenti (2x, 4x, 5x, 8x, 10x selon la fréquence choisie). La sortie HDMI offre un signal 4:2:2 10 bits dans toutes les définitions, pour un enregistrement externe de haute qualité.
L’autonomie en vidéo varie selon la définition : environ 45 minutes d’enregistrement effectif en 6.2K/30p ou 4K/60p, et jusqu’à 55 minutes en Full HD avec ralenti à 120p. En utilisation continue, ces durées peuvent atteindre respectivement 70 et 85 minutes. Elles sont toutefois théoriques et peuvent être réduites en cas de température ambiante élevée, l’appareil pouvant s’arrêter prématurément pour éviter la surchauffe.
Si le X100VI ne révolutionne pas la vidéo hybride, il devient un outil plus polyvalent pour les créateurs de contenu, notamment grâce à sa double stabilisation (IBIS + stabilisation numérique) qui offre plus de flexibilité dans le choix entre qualité d’image et stabilité optimale.
Côté audio, le X100VI dispose de microphones intégrés et propose un contrôle manuel des niveaux d’enregistrement. Son entrée micro mini-jack 2,5 mm permet d’utiliser un microphone filaire externe.
Fujifilm X100VIUn prix justifié face à la concurrence
Le Fujifilm X100 VI est disponible en coloris gris ou noir et proposé au prix de 1799 euros. Son principal concurrent est sans nul doute le X100V. Certes, il n’est plus commercialisé, mais la pénurie de X100VI pousse à s’intéresser au précédent modèle, plus facilement disponible d’occasion. Cependant, le X100VI cumule les avantages sur son devancier : capteur plus défini (> 50 %), stabilisation mécanique pour des clichés nets en basse lumière, processeur deux fois plus puissant (meilleur autofocus, vidéo 6,2 K…).
Le Ricoh GRIIIx est l’alternative évidente au Fujifilm X100VI, avec des photos plus piquées mais une résolution de 24 MP « seulement », qui limite les possibilités de recadrage et de zoom ; la colorimétrie de ses images est aussi plus conventionnelle. Le Ricoh pèse deux fois moins lourd, tient réellement dans une poche, mais tout cela au prix de concessions majeures (absence de viseur, écran LCD fixe, faible autonomie). Le GR IIIx est également très limité en vidéo (1080p seulement et sans mode Log).
Quant au Leica Q3 43, avec son optique prestigieuse et son capteur plein format de 61 MP, il nécessite un effort financier auquel tout le monde ne pourra consentir. Ses 6750 euros font d’ailleurs relativiser les 1799 euros du Fujifilm X100VI.
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