Depuis un an, on a décidé de mettre les bouchées doubles sur les montres connectées sur Frandroid. Non content de tester des modèles classiques avec tout plein d’applications, comme on en trouve sur les Apple Watch ou sur Wear OS, on s’est également lancé dans les tests de montres connectées de sport.
Le souci, c’est que pour tester ces montres, encore faut-il pouvoir s’assurer que les données sont fiables. Vous retrouvez donc, depuis un an, des mesures de fréquence cardiaque ou de fiabilité du GPS. Des mesures qui prennent du temps, mais surtout de l’effort.
Pour tester des montres de sport, encore faut-il faire du sport. Dans mon cas, j’ai commencé à courir épisodiquement il y a une dizaine d’années, généralement pendant la période estivale, de mai à octobre. Le froid et le changement d’heure arrivant — je suis un coureur du soir — je passais souvent les mois de novembre à avril au chaud chez moi. Problème : l’année suivante, au moment de reprendre la course à pied, je repartais de zéro et tous les efforts de l’année passée n’avaient servi à rien.
Cette année, au mois d’octobre, j’ai donc pris une décision : continuer de courir tout l’hiver durant. Pour me motiver, je me suis inscrit au semi-marathon de Paris. Et pour le préparer au mieux, lorsque je n’ai pas de montre connectée à tester sous la main, j’ai jeté mon dévolu sur un modèle que j’ai testé en août 2022 et dont les fonctions, la précision des données et le design m’avaient particulièrement séduit : la Garmin Forerunner 255.
Grâce à elle, j’ai battu mon record au semi-marathon, au 5 km, au 10 km et au 15 km.
Les fonctions, le design et l’autonomie
Cela fait désormais dix ans que je teste régulièrement des montres connectées. Pourtant, je dois bien admettre que, jusqu’à présent, je m’en servais essentiellement pour afficher mes notifications directement au poignet. L’écran des montres connectées est trop petit pour interagir régulièrement avec des applications et hormis le contrôle de la musique ou la navigation, rares sont les applications pertinentes — à mon sens en tout cas — à être proposées sur montres connectées.
Sur la Garmin Forerunner 255, on a droit à une interface particulièrement épurée. C’est bien simple, la montre ne m’a servi la plupart du temps qu’à consulter l’heure. En dehors des entraînements sportifs, je m’en servais simplement comme une toquante au poignet grâce à son écran MIP always-on.
L’autre usage que j’ai eu sur la plupart des montres connectées, c’était la consultation de notifications au poignet — raison pour laquelle la seule autre montre que j’ai jamais achetée était une Withings Sport HR avec son petit écran. Sur la Forerunner 255, on peut choisir quelles applications peuvent vous envoyer des notifications faisant vibrer la montre. Pratique pour lire les messages reçus sur WhatsApp, Messenger ou par SMS — et les consulter — ou pour voir un appel en cours si mon smartphone n’est pas à côté de moi.
En dehors de ça, la Forerunner 255 se contente du minimum. Surtout qu’il ne s’agit pas ici du modèle « Music » et que je ne peux donc pas l’utiliser pour stocker des fichiers musicaux. On a droit à une interface sommaire sous forme de frise permettant seulement d’afficher des données de santé ou de performance sportive. Et ça me suffit.
Un autre aspect qui m’a plu sur la montre de Garmin est que, contrairement aux modèles de Fitbit, à l’Apple Watch 8 ou même à la Forerunner 955, elle utilise un système d’accroche standard, avec une broche à relâchement rapide de 22 mm de largeur. Dès lors, j’ai rapidement acquis plusieurs bracelets — en cuir ou en tissus — pour changer du modèle en silicone élastique fourni de base avec la montre. Si celui-ci est bien adapté pour les séances sportives, où il faut que le cardiofréquencemètre soit au contact direct de la peau, il n’est pas des plus esthétiques dans une soirée habillée.
Enfin, concernant l’autonomie, la Forerunner 255 a été à la hauteur de mes attentes. J’ai pu la porter la nuit sans craindre qu’elle tombe à court de batterie avec, en moyenne, une recharge tous les 4 jours, avec environ 4 heures d’entraînement avec GPS par semaine. La recharge étant par ailleurs plutôt rapide, j’utilisais généralement une prise USB à mon PC pour cela alors que je vaguais à d’autres tâches. Surtout qu’il était d’autant plus pertinent pour moi de porter la montre la nuit pour m’assurer d’avoir des données fiables de fréquence cardiaque pour qu’elle puisse analyser de manière pertinente mon niveau de forme.
Le programme d’entraînement Garmin Coach
Déjà pendant mon test initial de la Forerunner 255, j’avais été séduit par une fonction proposée par Garmin et son application Garmin Connect : Garmin Coach. Celle-ci vous permet de créer des programmes d’entraînement sur mesure en fonction de l’objectif que vous souhaitez atteindre, du nombre d’entraînements que vous pouvez faire par semaine ou de vos performances passées.
Pour mon entraînement au semi-marathon, j’ai donc commencé un entraînement en choisissant le programme de Jeff Galloway et en visant un temps de 1 heure et 50 minutes, soit une allure de 5 minutes et 12 secondes par kilomètre.
Le gros avantage de cette fonction est d’avoir des entraînements programmés directement dans la montre au moment d’aller courir après le travail. Pas besoin de la synchroniser, de paramétrer les séances ou de générer quoi que ce soit. En sélectionnant « entraînement » sur la Garmin, elle sélectionnait automatiquement la séance du jour, qu’il s’agisse de 12 kilomètres à faible allure ou d’une séance de fractionné plus complexe avec 12 x 800 mètres à 4 minutes et 45 secondes par kilomètre.
Surtout, après chaque séance, une petite jauge visible dans l’application Garmin Connect — ou sur le site Web — indiquait la « chance de succès » pour parvenir à mon objectif en fonction de mon assiduité et du niveau de mes séances — par exemple, bien rester entre une allure de 4:55 et 5:20 par kilomètre lorsque le programme d’entraînement le demandait.
J’ai cependant connu quelques ratés avec l’entraînement proposé par Jeff Galloway, notamment sur les sorties longues. Autant je peux comprendre que certains entraînements exigent de courir la distance de 21 kilomètres, autant il est plus difficile à comprendre l’intérêt d’une course de 32 kilomètres pour s’exercer à un simple semi-marathon. Autant dire que j’ai mis plusieurs jours à récupérer de cette séance et que mon genou a pris cher.
Avec le recul, si cette fonction de Garmin Coach est bien pratique pour les débutants, je pense préparer mes prochaines courses avec un programme différent, plus adapté à mes capacités actuelles et dont je pourrai voir l’ensemble des séances d’un coup d’œil, sans avoir à patienter quelques jours pour connaître les entraînements de la semaine suivante.
Le quantified self… ou l’addiction aux données
Si j’ai finalement assez peu consulté ma Forerunner 255 en dehors de mes exercices, cela ne signifie pas que je ne l’utilisais pas, au contraire. En fait, tout l’intérêt de porter une montre connectée de sport est de vous permettre de découvrir différents indicateurs de performances et, surtout, de voir comment ils évoluent avec le temps.
Rapidement, j’ai pris le réflexe, après tous mes entraînements, de me rendre dans l’application Garmin Connect pour voir comment s’était déroulé ma sortie. D’abord en consultant la charge d’entraînement précise pour voir si j’étais bien dans la jauge recommandée pour améliorer ses performances sans risquer les surentraînements. Ensuite, en vérifiant que j’étais bien en « maintien » ou en statut d’entraînement « productif » pour améliorer mes performances.
Pour aller plus loin
SpO2, ECG, VFC, fréquence cardiaque : comment les montres connectées prennent soin de votre cœur
Le matin, la montre me souhaite une bonne journée en faisant le bilan de ma nuit de sommeil — toujours désastreuse, avec trop peu de sommeil profond — en m’indiquant le programme de la journée ou en me donnant quelques autres informations. C’est également à ce moment-là que je vérifiais ma fréquence cardiaque au repos. Plus celle-ci va diminuer, plus cela signifie que vos entraînements ont permis d’améliorer vos capacités cardiorespiratoires… et plus vous devenez endurant. C’est là tout l’enjeu.
En fonction de ces différentes données et de vos capacités durant des séances d’entraînement intenses, la montre de Garmin peut également évaluer la VO2Max. Peu à peu, cette donnée est devenue un chiffre clé pour moi. Partant d’une estimation de 41 ml/kg/min, il me tenait à cœur de la faire monter le plus rapidement possible, là aussi pour gagner en endurance. Après quatre mois où elle est restée à 43 ml/kg/min, l’entraînement semble avoir enfin porté ses fruits en février et mars où elle a fini par enfin augmenter vers 44, 45 puis enfin 46 ml/kg/min.
Mine de rien, le quantified self devient peu à peu un petit jeu et on finit par se laisser prendre à voir ces petits chiffres monter.
Il y en a un en revanche que je voulais voir diminuer peu à peu, c’est le « prédicteur de course » proposé par Garmin. En fonction de vos entraînements, Garmin Connect va en effet estimer le temps et l’allure que vous serez en capacité de tenir pour une course de 5, 10, 21,1 ou 42,2 km. Dans mon cas, même si je visais 1h50 pour mon premier semi-marathon, je partais de loin avec une prédiction, au début de mon entraînement, de 2h09.
Peu à peu, entraînement après entraînement, course après course, je voyais cette durée se réduire… mais pas assez vite à mon goût. Fin novembre, j’atteignais la prédiction de 2h06. Fin décembre de 2h04. Fin janvier de 2h00. Fin février de 1h58. Le matin du 5 mars, le prédicteur m’affichait alors un temps de 1h57. Je n’avais alors plus qu’un objectif en tête : non pas atteindre les 1h50 que je m’étais fixé, mais simplement faire mentir ce satané prédicteur de course en finissant le semi-marathon en moins de 1h57.
Et j’y suis parvenu.
Le jour de la course
Si vous avez été attentifs jusque-là, vous aurez compris que, durant mes six mois d’entraînement avec la Forerunner 255, j’ai couru à plusieurs reprises une distance supérieure à celle des 21,1 kilomètres du semi-marathon. Trois fois pour être précis. Si l’on met de côté l’entraînement infernal, en pleine nuit de janvier, de 32 kilomètres, j’ai couru une fois 26,5 km en trois heures et une fois 22 kilomètres en deux heures trente.
Surtout, je savais déjà que j’avais les capacités d’atteindre les deux heures pour le semi-marathon. Sur l’entraînement de 22 km, j’avais en fait atteint la distance du semi-marathon en 2h15. Et si j’ai été aussi lentement, c’est parce que j’ai dû marcher en grande partie au bout de 16 km à cause d’une douleur au genou. Sans cette douleur, j’étais parti sur des bases de semi-marathon en 2h04.
Autant dire que j’étais donc confiant le matin du semi-marathon de Paris. Je m’étais fixé trois objectifs : boucler la course en moins de 1h50, la boucler en moins de 1h55 ou la finir en moins de deux heures. Dans tous les cas, il se serait agi de mon record personnel sur la distance.
Surtout, quelques jours avant la course, j’ai réussi à embrigader un collègue pour m’accompagner et me servir de lièvre — un coureur qui va se fixer à une allure et qui se charge de vous donner le rythme. Ce cher Maxime est habitué des courses à pied et a déjà participé à plusieurs trails, comme il le relate dans ses tests de la Suunto 9 Peak Pro ou de la Garmin Epix Gen 2. Bref, pour lui, ces 21,1 km étaient une balade de santé.
À l’aide de la fonction PacePro proposée par la Forerunner 255 il a également pu me donner l’allure à avoir à chaque étape du parcours, histoire de ne pas partir trop vite, d’accélérer doucement et de s’ajuster au relief et aux faux plats le long du parcours.
Dès les trois premiers kilomètres, je me suis senti en forme et, à partir de là, j’ai enchaîné les records. Je n’avais jamais couru plus de 2 kilomètres à l’allure que je m’étais fixée pour cette course. Forcément, j’ai donc battu mes records de vitesse pour 2 miles, pour 5 km, pour 10 km, pour 15 km, pour 10 miles, pour 20 km et, évidemment, pour le semi-marathon.
Si j’ai souffert et ralenti à partir du 15e kilomètre, j’ai tout de même fini la course en 1 heure, 52 minutes et 58 secondes selon le chronomètre officiel de l’organisation.
Un résultat ma foi particulièrement proche de celui donné par la Garmin Forerunner 255. J’ai été ravi de voir que je ne m’écartais pas trop de la corde et que la montre vibrait pour marquer chaque kilomètre mesuré par le GPS effectivement au moment où on croisait les panneaux indicatifs. Pour la montre, c’est en fait en 1 heure, 52 minutes et 29 secondes que j’ai atteint les 21,1 kilomètres. La distance totale qu’elle a quant à elle mesurée était de 21,16 km. Une différence négligeable et que l’on peut attribuer sans problème à des choix de virage, aux quelques tunnels ou aux écarts que j’ai dû faire pour passer devant un autre coureur.
En revanche, un autre point m’a titillé. Comme après chaque entraînement, j’ai vérifié le prédicteur de course. Après tout, je venais de battre sa prédiction à plate couture. Rien n’y a fait : Garmin m’a certes indiqué un gain en performances, mais marginal. D’après l’application, je pouvais désormais courir un semi-marathon en… 1 heure, 56 minutes et 12 secondes. Dites, parfois il faut savoir reconnaître ses erreurs…
Maintenant que le semi-marathon de Paris est passé, je vais pouvoir continuer à courir. Certes, pour tester d’autres montres connectées — Garmin a déjà annoncé la Forerunner 265 succédant à la Forerunner 255 — mais également par plaisir. Et pour me pousser à me dépasser, je compte bel et bien tenter d’autres courses et d’autres distances. En commençant par les 10 kilomètres de Paris, dès le mois de juin.
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