
D’abord introduits chez les professionnels pour analyser les performances avec des équipements aux tarifs exorbitants, les capteurs de puissance se sont progressivement démocratisés, au point que certains constructeurs de vélos les proposent désormais de série. Toutefois, il s’agit souvent de capteurs intégrés aux pédaliers, qui restent sur le vélo lors de la revente.
Pour une solution plus flexible, l’idéal est d’opter pour une paire de pédales équipées d’un capteur de puissance, permettant de les conserver en cas de changement de vélo. Leader dans les équipements connectés pour le cyclisme, Garmin propose les Rally RK200, une paire de pédales capteur de puissance que j’ai pu tester durant ma préparation hivernale.
Mais avant propos, qu’est-ce qu’un capteur de puissance peut apporter à votre pratique du cyclisme ? Si vous êtes un randonneur, rien, c’est un produit destiné aux compétiteurs. C’est le meilleur moyen de mesurer l’effort et l’entraînement. Quand la fréquence cardiaque peut ne pas monter en raison de la fatigue ou du froid, la puissance ne triche pas. Le chiffre exprimé en watts est la combinaison de la contrainte appliquée sur le capteur (le couple) – la pédale dans notre cas – et de la vitesse de rotation.
Deux chiffres de puissance sont importants : le FTP (Functional Threshold Power), qui correspond à votre puissance théorique tenue sur une heure et permet de déterminer vos zones de puissance, et le CP5, qui détermine votre PMA (Puissance Maximale Aérobique). À partir de là, vos séances d’entraînement peuvent devenir plus précises en vous donnant exactement les intensités à tenir.
Design : de simples pédales
Si j’utilise le terme « simple pédale » pour décrire ces Garmin Rally, c’est parce que leur design rappelle celui des premières pédales automatiques Look. En effet, la surface d’appui se situe au centre, au niveau de l’axe, tandis que l’avant de la pédale est ajouré.
Dans le cyclisme de compétition, Look est la référence en France, tandis que Shimano domine d’autres marchés. La firme nivernaise nous a habitués à des pédales au design plein et aérodynamique, avec une lame en carbone recouvrant intégralement le dessous de la pédale. Ce n’est pas le cas des Garmin Rally, qui adoptent un style plus basique. Un choix qui peut surprendre compte tenu de leur positionnement haut de gamme.
Côté esthétique, elles arborent un noir mat sobre et neutre. L’inscription « Garmin » est discrètement apposée sur la partie basse du corps de la pédale. Un détail intéressant : le logo est orienté dans le bon sens lorsque la pédale est au repos, fixation dirigée vers le bas.
À l’arrière, on retrouve bien sûr le système de ressort permettant la fixation de la chaussure, ainsi que le réglage de tension via une clé six pans.
Enfin, sur l’intérieur de l’axe, une LED clignote en vert ou en rouge pour indiquer l’état de fonctionnement de l’appareil.
Les différentes versions
Le modèle de test fourni par Garmin est le RK200, que j’ai choisi pour sa compatibilité avec les cales Look Keo, que j’utilise habituellement sur mes pédales Look Keo Blade. Ceux qui préfèrent les cales Shimano peuvent opter pour les RS200. Vous l’aurez compris, « RK » désigne la compatibilité avec les cales Look Keo, tandis que « RS » correspond aux cales Shimano. Le chiffre indique quant à lui le nombre de pédales équipées d’un capteur : 100 lorsque seule la pédale gauche mesure la puissance, et 200 pour un capteur sur chaque pédale.
Enfin, si vous êtes un cycliste plus aventurier, les XC sont faites pour vous. Cette version adaptée au gravel ou au VTT est compatible avec les cales VTT Shimano SPD, là encore elles sont disponibles en simple capteur XC100 ou en double mesure XC200.
Cales | Capteur de puissance | |
---|---|---|
Garmin Rally RS100 | Shimano SPD-SL | Simple |
Garmin Rally RS200 | Shimano SPD-SL | Double |
Garmin Rally RK100 | Shimano SPD | Simple |
Garmin Rally RK200 | Shimano SPD | Double |
Garmin Rally RK100 | Look Keo | Simple |
Garmin Rally RK100 | Look Keo | Double |
Installation : assez facile
Lors de la première installation, j’ai été surpris par la nécessité d’utiliser une clé plate de 15 pour monter les pédales. Il est impossible d’utiliser une clé Allen sur le côté intérieur de l’axe pour les serrer. Je conseille donc de faire attention à son pédalier afin de ne pas le marquer lors du montage.

Sur mon pédalier Shimano Dura-Ace 9250, l’installation ne pose aucun problème. En revanche, sur certains pédaliers SRAM avec des manivelles fines et proches de la chaîne, l’axe peut dépasser légèrement de la pédale et venir toucher la chaîne. Pour éviter ce phénomène, Garmin fournit une bague métallique à placer entre la pédale et la manivelle du pédalier SRAM.
En une dizaine de minutes, les Garmin Rally sont installées aussi facilement que des pédales classiques. Quant au démontage, il ne posera aucun souci, à condition de ne pas avoir serré excessivement – mais cela vaut pour toutes les pédales.
Connectivité complète grâce à l’ANT+
J’ai connecté les pédales Garmin Rally au compteur GPS Garmin Edge 540 Solar. Grâce au protocole de connexion ANT+, l’association ne prend que quelques minutes, à condition que les piles soient en bon état. J’ai d’ailleurs perdu une bonne demi-heure à tenter de les appareiller avant de vérifier l’état des piles.
Une fois des piles neuves installées, le compteur les a détectées en quelques secondes. Ensuite, Garmin demande de les étalonner afin d’obtenir une mesure de puissance aussi précise que possible, une opération qu’il est conseillé de refaire régulièrement. L’étalonnage est simple : il suffit de lancer l’action depuis l’icône dédiée sur le compteur et de retirer les pieds des pédales pendant quelques secondes. Une fois la notification d’étalonnage terminée, il est possible de « chausser » et de partir rouler.
L’application Garmin Connect permet d’avoir des informations sur ses pédales Rally, notamment l’état de la batterie. Malheureusement, l’application ne permet pas de visualiser l’autonomie restante, que ce soit en pourcentage de la pile ou en nombre d’heures.

Bien que je les aie utilisées avec un compteur GPS Garmin, elles sont également compatibles avec d’autres appareils comme Wahoo, Bryton ou Polar. En revanche, elles ne peuvent pas être utilisées uniquement avec un smartphone : il est impératif de les connecter à un compteur GPS de vélo ou à une montre disposant au minimum d’un mode vélo. La connexion Bluetooth avec le smartphone sert principalement à l’envoi des mises à jour logicielles via l’application Garmin Connect.
Fiabilité des données
Les capteurs de puissance, c’est un peu comme les bancs de puissance pour les voitures : certains sont plus précis que d’autres, certains plus généreux. Toutefois, s’il peut exister un écart entre différents capteurs, il reste rarement abyssal.
La Garmin Rally est annoncée avec une précision de mesure à 1 %. Pour mes 288 watts de FTP, la marge d’erreur est donc négligeable : ce ne sont pas 2,88 watts de plus ou de moins qui feront de moi le vainqueur d’une course amateur un dimanche au fin fond de l’Ardèche.
En revanche, j’ai constaté des écarts plus marqués avec les données affichées sur Zwift lorsque j’utilisais le home trainer Garmin Tacx Neo 3M, avec environ 5 % de différence sur une minute ciblée. Nos confrères de Vojo Magazine ont relevé un écart de 1,5 à 2 % par rapport au pédalier Sram Quarq avec les pédales Garmin Rally XC200 (version VTT du capteur de puissance Garmin) et jusqu’à 6 % avec un capteur de puissance dans le pédalier Power2Max. Mais alors, qui croire ? Les Rally, le Tacx Neo 3M ou le pédalier ? Difficile de répondre, mais on peut supposer que la mesure des pédales est la plus fidèle, car la contrainte est exercée directement par le cycliste.

Autre avantage des RK200 et RS200 : la dynamique de pédalage apportée par la présence de deux capteurs. Elles sont en effet capables de mesurer la répartition de la puissance entre les deux jambes, permettant ainsi d’identifier un éventuel déséquilibre et de le corriger avec des exercices spécifiques pour atteindre un rapport optimal de 50/50. Autre donnée intéressante pour l’entraînement : elles mesurent également le temps passé assis ou en danseuse durant la sortie.
Autonomie : trop faible
Garmin annonce une autonomie pouvant atteindre 120 heures de pédalage avec des piles LR44/SR44 (x4) ou CR1/3N (x2). Toutefois, lors de mon test, j’ai dû remplacer les piles deux fois en un peu plus d’un mois, soit environ 50 heures de vélo.
C’est regrettable, d’autant plus que le prix d’un jeu de piles avoisine les 20 € en raison de leur rareté. On aimerait donc éviter d’avoir à les changer trop souvent. Pourtant, en discutant avec d’autres cyclistes utilisant les mêmes pédales, certains m’ont indiqué qu’ils ne les remplaçaient qu’environ deux fois par an. Aurais-je eu deux fois des piles déjà en fin de vie ?

Quoi qu’il en soit, à ce niveau de prix, on aurait aimé une batterie rechargeable. Certains défendront les piles en arguant qu’elles évitent l’usure d’une batterie, mais une batterie a l’avantage de ne pas vous laisser sans données la veille d’une course, obligé de commander en urgence un nouveau jeu de piles.
Cette autonomie variable, dépendante de la qualité des piles, et la nécessité de les changer fréquemment constituent, selon moi, le principal point noir du produit. Mon vélo, acheté en septembre 2024, a parcouru 4 500 km sans que je n’aie eu à changer une seule fois les piles des manettes de dérailleur Dura-Ace. Sur mon ancien vélo équipé d’un capteur Quarq dans le pédalier Sram, j’ai dépassé les 5 000 km avant d’avoir à remplacer la pile. L’autonomie des Garmin Rally apparaît donc trop limitée.
Concernant les piles, je dois vous dire que j’ai perdu en roulant un support de pile. J’ai certainement mal vissé le support, ou pas assez, mais c’est regrettable que rien ne retient le logement de la pile pour éviter ce genre de situation et de devoir passer un coup de fil au SAV Garmin.
Prix et disponibilté
Garmin propose les Rally RS200 ou RK200 au prix de 899,99 euros. Bien que les capteurs de puissance se démocratisent, ils restent des produits haut de gamme, et celui-ci ne fait pas exception.
Si vous optez pour les RS100 ou RK100, qui ne proposent pas la double mesure ni l’analyse de la dynamique de pédalage, le prix descend à 499 euros, ce qui devient déjà plus abordable. Elles restent cependant légèrement plus chères que les Assioma Favero Uno, le capteur de puissance le plus répandu sur le marché, dont le tarif débute à 459 euros. En revanche, Assioma facture 659 euros pour une paire de pédales avec double capteur.
La principale concurrence des Garmin RS200 et RK200 vient d’un fabricant français : Look. Les Look Keo Power, vendues 999 euros dans leur version double capteur, fonctionnent sur batterie, adoptent un design plus racé et sont fabriquées en France. Elles affichent également un poids plus contenu, avec 260 grammes la paire contre 326 grammes pour les Garmin.
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