C’est loin d’être la première fois que Google (qui appartient au groupe Alphabet) fait face à une plainte déposée pour pratiques anticoncurrentielles, même auprès de l’Union européenne. Cette fois-ci, l’entité qui dépose plainte est Jobindex, un portail de recherche d’emploi danois, contre Google for Jobs, le service de recherche d’emploi de Google. Ce dernier aurait favorisé son service par rapport à d’autres dans ses résultats de recherche, au détriment de la concurrence.
Qu’est-ce que Google for Jobs ?
Ce service proposé par Google est en fait un agrégateur d’offres d’emploi lancé en mai 2017. Plus qu’un nouvel onglet du moteur de recherche, Google le voit comme un outil d’intelligence artificielle permettant de trouver la bonne offre. Il reprend les annonces postées sur LinkedIn, Monster, Facebook, Glassdoor, etc. L’onglet propose des filtres de recherche selon le secteur d’activité, la date de publication, la tranche de salaire, etc. À noter que cet outil renvoie par la suite aux sites sur lesquels sont publiées les annonces.
Reuters, qui a annoncé la nouvelle, précise que Google for Jobs a été lancé en 2018 et que, l’année suivante, 23 concurrents ont émis des critiques contre l’outil. Ils affirmaient avoir perdu des parts de marché à la suite du lancement, « après que le géant de la recherche en ligne a prétendument utilisé son pouvoir de marché pour pousser son nouveau service ». Les critiques concernant des pratiques discutables remontent à quelques années déjà.
Ce que Jobindex reproche à Google
Ce 27 juin, on apprenait à Bruxelles une plainte déposée par Jobindex contre Google pour des pratiques anticoncurrentielles. Reuters écrit que Jobindex « a déclaré que Google avait faussé à son profit, par des moyens anticoncurrentiels, ce qui était un marché danois hautement concurrentiel ». Kaare Danielse, son PDG et fondateur, a déclaré que Jobindex était jusque-là la plus grande base de données d’offres d’emploi au Danemark au moment où Google for Jobs a fait son entrée sur le marché danois.
Il a ajouté que « dans le court laps de temps qui a suivi l’introduction de Google for Jobs au Danemark, Jobindex a perdu 20 % du trafic de recherche au profit du service inférieur de Google ». Il poursuit : « en plaçant son propre service de qualité inférieure en tête des pages de résultats, Google cache en réalité aux demandeurs d’emploi certaines des offres d’emploi les plus pertinentes. Les recruteurs, à leur tour, ne peuvent plus atteindre tous les demandeurs d’emploi, à moins qu’ils n’utilisent le service d’emploi de Google ». Kaare Danielse explique qu’en plus d’étouffer la concurrence entre ces services, cela porterait « directement atteinte aux marchés du travail, qui sont au cœur de toute économie ».
Le principal problème posé par Google for Jobs selon Jobindex, c’est que l’outil est affiché en premier dans les résultats de recherche de Google. Cela le favorise et relègue les autres agrégateurs et plates-formes d’offres en dessous. Les internautes sont alors encouragés à utiliser Google for Jobs et non ses concurrents.
En plus de tout ça, Jobindex accuse Google d’avoir copié sans son autorisation certaines offres d’emploi. Le site invoque aussi la question des risques liés à la protection des données des candidats et des entreprises clientes.
Jobindex demande à la Commission européenne de mettre fin à ce qu’il considère être des pratiques anticoncurrentielles, d’infliger une amende à Google et d’imposer des paiements périodiques pour garantir le respect des règles.
Quelles conséquences pour cette plainte contre Google ?
Google affirme « s’associer à des fournisseurs d’emplois pour diriger les internautes vers des sites web proposant des offres d’emploi qui les concernent ». Un porte-parole du géant déclare que « tout fournisseur d’emplois, petit ou grand, est en mesure de participer et les entreprises constatent une augmentation du trafic et des correspondances d’emplois grâce à cette fonctionnalité ». En disant cela, Google réfute complètement la position de Jobindex.
Reuters note que cela pourrait susciter l’intérêt des autres plates-formes d’annonces d’emploi. C’est ce qui s’était passé avec les comparateurs de prix, qui avaient réussi à faire sanctionner Google d’une lourde amende, avec une plainte déposée par Foundem dans un premier temps. Le géant avait été condamné à payer une amende de 2,42 milliards d’euros pour avoir favorisé son comparateur de prix. Une histoire judiciaire qui continue avec PriceRunner, comparateur de prix suédois qui poursuit Google et qui réclame environ 2,1 milliards d’euros.
Comme le fait remarquer l’agence de presse, Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, « avait déclaré qu’elle se penchait sur la question (de Google for Jobs), mais elle n’a encore pris aucune mesure ». Il faut dire que les sanctions prononcées par la Commission peuvent être contredites par la Cour de Justice. C’est ce qui s’est passé quelques jours auparavant pour Qualcomm, qui échappe à une amende de près d’un milliard d’euros. Se précipiter pourrait saper l’autorité de la Commission dans les affaires d’antitrust.
La Commission a pour le moment déclaré qu’elle « évaluerait la plainte conformément aux procédures standards ». En quelques années, elle a sanctionné Google de plus de 8 milliards d’euros pour ses pratiques anticoncurrentielles.
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