Le 10 mai prochain aura lieu la Google I/O, la grande conférence annuelle de Google, moment de démonstration pour le géant du web. Si l’on s’attend à voir la présentation d’Android 14, du Pixel 7a et du Pixel Fold, ou encore de la Pixel Tablet, la tendance devrait être tournée vers l’intelligence artificielle. Depuis l’avènement de ChatGPT, c’est le secteur des nouvelles technologies le plus en vogue et la concurrence commence à faire peur à Google et à son moteur de recherche. Selon le New York Times, l’entreprise s’apprêterait à lancer une nouvelle manière d’utiliser son moteur de recherche, à la manière de ChatGPT.
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Magi : le petit nom de l’agent conversationnel de Google
Le journal américain écrit que « Google s’empresse de construire un tout nouveau moteur de recherche » ayant recours à l’IA, s’appuyant sur des documents internes qu’il a pu examiner. L’ensemble de ces nouvelles fonctionnalités sont regroupées sous le nom de code « Magi ». Le projet s’appuierait évidemment sur Bard, le chatbot présenté par Google en février dernier, pour contrer OpenAI et Microsoft.
Chez Google, de nombreux ingénieurs et cadres travailleraient dans des « salles de sprint » pour peaufiner les derniers détails et surtout réaliser des tests de ce moteur de recherche. Ce seraient plus de 160 personnes qui travailleraient à temps plein sur Magi. La semaine dernière, certains employés auraient été invités à tester cet outil pour juger de sa capacité à tenir des conversations.
Tout cela, Google le reconnaît à demi-mot, comme a pu le déclarer la porte-parole de la société Laura Levin, indiquant que « tous les brainstormings et toutes les idées de produits ne débouchent pas sur un lancement, mais comme nous l’avons déjà dit, nous sommes enthousiastes à l’idée d’apporter à la recherche de nouvelles fonctionnalités alimentées par l’IA, et nous partagerons bientôt plus de détails. » Le PDG de l’entreprise Sundar Pichai assumait il y a quelques jours vouloir ajouter des fonctionnalités d’IA à Google, mais relativisait en émettant certaines réserves, disant ne pas vouloir aller trop vite.
Pour le journaliste Nico Grant, cette prochaine version « offrirait aux utilisateurs une expérience beaucoup plus personnalisée que le service actuel de l’entreprise, en essayant d’anticiper les besoins des utilisateurs. » Le journal va même plus loin : pour lui, « la modernisation de son moteur de recherche est devenue une obsession pour Google ». Il apprendrait à connaître ce que les utilisateurs veulent, en proposant « des listes d’options présélectionnées d’objets à acheter, d’information à rechercher ». Ce serait un réel agent conversationnel, comme le fait ChatGPT ou Bing Chat.
Les (nombreuses) petites idées de Google pour son moteur de recherche par IA
Il fonctionnerait en synergie avec Google Earth et on pourrait rechercher de la musique en discutant avec lui. Dans les idées de produits développés en interne, on apprend que Google réfléchit à un outil baptisé GIFI, qui permettrait de générer des images dans les résultats de Google Images. De son côté, Tivoli Tutor permettrait d’apprendre une langue. Quant à Searchalong, ce serait un chatbot qui pourrait s’ouvrir lorsqu’on navigue sur Internet, via Chrome. On pourrait lui demander « des activités à proximité d’une location Airbnb, par exemple, et l’IA analyserait la page et le reste de l’Internet pour trouver une réponse. »
Autre usage imaginé par Google, et qui commence à faire son bout de chemin dans les IA génératrices de texte : la programmation informatique. Selon le journaliste du New York Times, les fonctionnalités développées comprendraient la réponse à des questions de programmation et Magi pourrait même écrire des morceaux de code.
Pour le moment, aucune date de sortie n’est avancée par le journal, mais il parle d’une mise à disposition du public le mois prochain, avec l’ajout de futures fonctionnalités à l’automne, selon un document qu’il a pu consulter. Les premiers utilisateurs seraient limités à un million, pour passer progressivement à 30 millions d’ici fin 2023. Magi serait déployé uniquement aux États-Unis à ses débuts. Pour l’instant, de premiers tests publics de Bard sont en cours.
La concurrence sur le marché de l’IA ferait peur à Google
Deux semaines après le lancement de Bing Chat, un groupe de travail au sein de la division recherche de Google a été créé pour travailler sur des produits d’IA, selon deux personnes « ayant connaissance de ces efforts », précise le New York Times. Mais les menaces pour Google autour de l’IA tendraient à s’intensifier. Le journal a également révélé que Samsung pourrait abandonner Google au profit de Bing en tant que moteur de recherche par défaut sur ses smartphones.
Google supposerait que ce serait lié à Bing Chat, bien que pour le moment, il est impossible d’établir un lien de causalité. Cela aurait tout de même « choqué les employés de Google » selon Nico Grant. À propos de cette concurrence, Microsoft tiendra lui aussi au mois de mai une conférence, elle aussi en partie dédiée à l’IA. De plus, d’autres moteurs de recherche avec de l’IA commencent à arriver, comme You.
Google commence à reconnaître lui-même cette « course à l’IA » qui s’engage. Pour Jim Lecinski, ancien vice-président des ventes et des services de Google, avait déclaré que « si nous sommes le premier moteur de recherche et qu’il s’agit d’un nouvel attribut, d’une nouvelle fonction, d’une nouvelle caractéristique des moteurs de recherche, nous voulons nous assurer que nous sommes également dans la course ». Pour lui, Google a été poussé à agir et doit maintenant prouver son expertise et montrer qu’il est aussi « puissant, compétent et contemporain » que ses concurrents.
Ce qui fait peur à Google, c’est aussi son argent, ou plutôt sa perte. Actuellement, la très grande majorité des revenus d’Alphabet provient de la publicité sur son moteur de recherche. Des publicités affichées dans les résultats de recherche lorsqu’on utilise Google. Le problème, c’est que si tous ses utilisateurs ne passent plus que par Magi, Google ne pourra plus générer de revenus.
Pour faire face à cela, il semblerait que « Magi maintiendrait les publicités dans les résultats de recherche. Les requêtes de recherche susceptibles de déboucher sur une transaction financière […] continueraient de comporter des publicités dans leurs pages de résultats. » Cela y compris sur les questions relatives à du code informatique. Chez Microsoft, on a déjà commencé à intégrer des publicités dans les réponses de Bing.
Google est gigantesque, Google est difficilement muable
Les risques que prendrait Google à lancer un nouveau moteur de recherche sont grands. Tout d’abord, parce que Google est une entreprise immensément cotée en bourse. En février dernier, lors de la présentation de Google Bard, l’IA avait commis une erreur dans ses réponses. Les actionnaires ont sanctionné l’entreprise, qui a perdu pas moins de 100 milliards de dollars, soit 9 % de sa capitalisation boursière.
Alors même que la réputation de Google n’est pas la meilleure (alors que c’est le moteur de recherche le plus utilisé et de très loin), la société veut éviter à tout prix les polémiques à propos de son agent conversationnel, s’il sort un jour. Parce que Google est prégnant dans le monde entier, chaque changement fait sur le moteur de recherche peut avoir des conséquences importantes.
Un phénomène que l’on peut toutefois relativiser. Le mois dernier, Google a annoncé un ensemble de fonctions d’IA génératives pour Workspace, sa suite bureautique payante, qui comprend Gmail, Google Docs, etc. Elles permettent entre autres de réécrire du texte, en résumer ou rédiger des mails.
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