C’est une décision qui promet de faire du bruit. Après 9 longs mois de procès, la justice étasunienne a statué que Google abusait bel et bien de sa position dominante sur le marché et profitait de sa trésorerie sans fonds pour plus ou moins empêcher un quelconque concurrent de venir lui grappiller des parts de marché, nous apprend Bloomberg.
Dans le viseur du département de la justice, les nombreux accords que Google a noués avec Apple, Samsung, Mozilla et d’autres pour faire de son moteur de recherche l’option par défaut sur la plupart des navigateurs web et des téléphones Android. « Les accords de distribution de Google verrouillent une partie substantielle du marché de la recherche et réduisent les possibilités de concurrence », synthétise Amit Mehta, le juge en charge de l’affaire dans un très long réquisitoire de 286 pages.
Des remèdes potentiellement sévères
En exerçant une domination sur le marché, Google est donc globalement en mesure de fixer les prix qu’il veut pour les publicités textuelles dans les résultats de recherche. C’est un coup de semonce sans pareille pour Google. Non seulement c’est le premier GAFAM à être épinglé d’une telle manière par la justice américaine, mais les solutions qui se profilent à l’horizon pourraient changer fondamentalement la façon dont la firme est structurée.
Pour le moment, la justice américaine a simplement statué sur la culpabilité de Google. Les solutions proposées pour casser ce monopole seront dévoilées d’ici à un mois. Plusieurs pistes se dessinent cependant déjà. Si la justice adopte une approche maximaliste, Google pourrait être forcé de scinder son activité de recherche du reste du business. Une nouvelle entreprise, techniquement indépendante, récupérerait donc le moteur Google tandis qu’Alphabet continuerait de gérer le reste de son empire, y compris Android et Chrome.
Pour aller plus loin
« Google est partout » : pourquoi la Commission européenne menace de démanteler Google
Une autre solution pourrait être de forcer Google à partager ses résultats de recherche pour qu’ils soient facilement exploitables via d’autres moteurs de recherche. Sinon, la justice étasunienne pourrait aussi s’inspirer de ce qu’a fait l’Union européenne et défaire les accords par Google pour laisser le choix aux internautes de choisir le moteur de recherche de son choix sur Android, Chrome et toutes les autres plateformes servant à surfer sur le web.
Google fait appel
Avant même de savoir à quelle sauce elle va être mangée, l’entreprise a annoncé faire appel de la décision, en citant au passage les extraits du jugement qui l’arrange le plus. « Nous remercions le tribunal de reconnaître que Google est “le meilleur moteur de recherche du secteur […] tout particulièrement sur mobile et que l’entreprise n’a cessé d’innover dans la recherche.” » La firme regrette malgré tout que la justice empêche Google d’être « aisément accessible » malgré ces qualités sus-citées.
Le procès en appel pourrait retarder l’application des sanctions pour encore de longs mois, voire de longues années. Google n’est donc pas près de changer tout de suite. En revanche, c’est une victoire symbolique importante pour la justice américaine qui prouve qu’elle est capable de s’attaquer sans rougir aux entreprises les plus importantes de l’économie d’aujourd’hui. « Aucune entreprise, quelle que soit sa taille ou son influence, n’est au-dessus de la loi. Le ministère de la Justice continuera d’appliquer vigoureusement les lois antitrust », a déclaré le procureur.
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