En septembre dernier, Google annonçait ses premiers smartphones : les Pixel et Pixel XL. Au cours de cette présentation d’une bonne heure, le géant de Mountain View a asséné une phrase qui marquait un véritable tournant : “AI first”, alors que ces dernières années étaient soutenues par le courant du “mobile first” (prioritairement mobile). L’explication est simple : avec un marché mobile en cours de consolidation, Google se doit de trouver de nouveaux relais de croissance.
Accordons nos violons
Avant de s’attarder plus en détail sur ce sujet, accordons-nous sur le vocabulaire utilisé. L’intelligence artificielle, abrégée AI en anglais, est un programme informatique qui se comporte de manière intelligente. Qu’il s’agisse d’un code très complexe ou de simples instructions, la notion d’IA se veut être très large.
Le machine learning, que l’on traduit souvent par apprentissage automatique, est un sous-ensemble de l’intelligence artificielle. L’idée est qu’à partir d’un jeu de données, une machine sera capable d’apprendre par elle même. Ses champs d’application sont vastes : reconnaissance vocale, faciale, traduction…
Le deep learning est quant à lui un sous-ensemble du machine learning. Grâce à un réseau de neurones, l’objectif est ici de simuler la prise de décision humaine. La quantité de données nécessaire doit être massive, tant les paramètres et le nombre de faux positifs peuvent se révéler nombreux.
AI first
Google, tout comme ses concurrents, utilise l’intelligence artificielle dans une grande partie de ses produits. Vous utilisez Gmail ? L’antispam filtre pour vous les mails indésirables. Vous utilisez Inbox ? Les réponses rapides en tirent profit. Les résultats de la recherche en tiennent également compte, tout comme la reconnaissance vocale, Maps, Chrome, Drive, le clavier GBoard, Translate et des dizaines d’autres produits conçus par le géant de Mountain View.
La stratégie est simple : offrir des programmes toujours plus personnalisés, avec des performances inédites qu’il serait difficile de développer autrement. Google, qui reste pionnier en matière de recherche sur Internet, ne souhaite pas se laisser distancer et a compris que les utilisateurs cherchaient une approche plus assistée. Le moteur de recherche doit comprendre par lui même les besoins, dans leur contexte et tout particulièrement en mobilité.
Google Assistant
L’élément qui caractérise le mieux ce tournant du AI first est probablement le Google Assistant. On le retrouve sur différents produits aujourd’hui : les smartphones, le Google Home et l’application Allo. Mais les ambitions du géant de Mountain View sont bien plus grandes. Grâce à un SDK publié il y a quelques semaines, Google souhaite que les objets connectés intègrent son Assistant pour qu’on puisse le retrouver n’importe où.
Derrière cette démarche, on perçoit nettement la fin de l’ère du mobile first. Dans quelques années, le nombre d’objets avec lequel on interagira au quotidien aura décuplé et les moyens de communication auront changé. C’est pour cela que Google insiste autant pour que l’Assistant débarque sur les voitures ou encore les télévisions.
Par ailleurs, croiser les informations entre elles sera un élément clé. L’Assistant se devra d’être ouvert au plus grand nombre, pour pouvoir y connecter ses ampoules, son thermostat, son véhicule… De cette manière, la voix pourrait supplanter les écrans tactiles d’aujourd’hui et offrir des interactions plus naturelles, simples et rapides. Quel que soit l’endroit où vous vous trouverez, vous pourrez interagir avec Google. On en arrivera alors à un point où les machines apprendront des hommes, mais la réciproque sera encore plus vraie.
Aujourd’hui Google ne sait répondre qu’à vos questions, mais son objectif à terme est de devenir votre assistant personnel. Réserver un vol, examiner l’état du trafic… autant d’éléments qui viendront vous aider au quotidien. Dans cette configuration, le paradigme change complètement : ce n’est plus l’utilisateur qui cherche des informations, mais l’interface qui anticipe ses besoins. Pour cela, cette intelligence doit apprendre les comportements humains et les imiter à la perfection pour percevoir les subtilités, doutes et imperfections.
Mais tout cela a un coût… Comme Apple l’a fait avec son iPhone, Google souhaite implicitement enfermer les utilisateurs dans son univers pour devenir tout puissant. Ayant raté le virage des réseaux sociaux, il est crucial de se montrer à la pointe dans ce domaine, sans quoi la firme pourrait perdre de sa puissance d’ici peu. Amazon a déjà avancé ses pions et Microsoft & Apple ne devraient pas tarder à riposter avec respectivement Cortana et Siri.
Et la publicité ?
L’essentiel des revenus de Google provient aujourd’hui de la publicité. On ne trouve aucune publicité sur les versions des Assistant. A cette question, Google botte en touche pour le moment en répondant qui s’agit d’une question annexe. Selon ses dires, sa priorité est d’offrir dans un premier temps la meilleure expérience possible aux utilisateurs.
La monétisation deviendra toutefois un sujet crucial, puisque l’Assistant viendra cannibaliser les recherches effectuées sur les versions web et mobiles qui rapportent des sommes astronomiques aujourd’hui.
Par ailleurs, Google nous a indiqué tout mettre en oeuvre pour éviter que le drame Burger King ne se reproduise. Ce hack a certes fait sourire les ingénieurs de Google, mais a démontré l’une des faiblesses d’un système encore trop jeune.
Ce comportement devrait par ailleurs être gommé suite à la reconnaissance vocale améliorée. En effet, les différentes versions de l’Assistant sont désormais capables d’identifier quel est l’interlocuteur. De cette manière, l’Assistant devient un nouveau membre du foyer.
Les applications
Les applications sont également importantes pour l’Assistant, puisqu’il s’agit d’une nouvelle interface. Google aura beau accroître le nombre de services qu’il supporte, il ne pourra jamais développer seul un écosystème aussi riche que celui du Google Play. Google met ainsi à disposition une API afin de créer des applications tierces qui répondent à la voix.
Google a également remis à l’ensemble des participants de la Google I/O un Google Home, afin que le catalogue d’applications puisse connaître un essor rapide. Enfin un concours est mis en place afin d’inciter les éditeurs à concevoir des expériences.
Le machine learning sur vos téléphones
L’intelligence artificielle selon Google se matérialise également en dehors de l’Assistant. TensorFlow est l’outil d’apprentissage automatique que Google utilise sur ses produits. Depuis fin 2015, son code source est disponible pour tous et représente aujourd’hui l’un, si ce n’est le meilleur outil du genre sur le marché.
A l’occasion de la Google I/O, Google a indiqué mettre à disposition une version optimisée pour les smartphones de sa bibliothèque. Les applications mobiles nécessitent des exécutables réduits, notamment pour les marchés émergents, et cette déclinaison répond exactement à cette problématique.
Dans les mois et années à venir, les applications de reconnaissance vocale, visuelle, réalité augmentée… devraient connaître un véritable bond en avant suite à la mise à disposition de Tensorflow Lite.
En parallèle, Google a annoncé qu’une API serait mise à disposition afin que les meilleures performances puissent être obtenues des CPUs et GPUs mobiles pour le machine learning. Derrière cela, on peut deviner que l’on trouvera dans nos téléphones des puces dédiées à cette tâche dans les mois et années à venir. ARM vient justement d’annoncer de nouvelles microarchitectures adaptées aux intelligences artificielles.
Les ambitions de Google sont claires pour son futur. Le géant ne souhaite pas se laisser distancer et compte bien sur la plateforme Android pour persévérer dans sa lancée. L’intelligence artificielle sera omniprésente, autant auprès du Google Assistant que des applications du grand public. Un futur qui peut faire fantasmer, comme évoquer une profonde peur.
Pour aller plus loin
Faut-il avoir peur de l’intelligence artificielle ?
Rendez-vous un mercredi sur deux sur Twitch, de 17h à 19h, pour suivre en direct l’émission SURVOLTÉS produite par Frandroid. Voiture électrique, vélo électrique, avis d’expert, jeux ou bien témoignages, il y en a pour tous les goûts !
Ou est le rapport avec la paranoïa? Et non je ne trouve pas ça triste, en quoi allumer des lampes une par une rend quelqu'un heureux? Et justement plutôt que de perdre son temps à refaire les mêmes actions répétitive tous les soirs, ça permet de consacrer plus de temps aux enfants. Le coût, n'est pas très élevé, en tout cas dans mon cas.
et ben la vie dans ton chateau automatisé doit etre bien triste . fauteuil et pop corn, au dela du cout . manque plus que le robot pour apporter ta glace a l'entracte plex et souhaitez bonne nuit aux enfants avec les capteurs ad hoc. c'est pas un peu parano tous ca ?
C'est marrant cette façon de tourner les choses que l'on ne comprend pas ou ne souhaite pas utiliser en ridicule. Pour lancer sa machine à laver ou fermer 2 volets c'est effectivement inutile. Par contre à un moment il faut effectivement fermer les volets, et c'est rare d'avoir une maison/un appartement avec uniquement 2 volets, sinon effectivement il vaut mieux déménager. Quand le moments est venu, plutôt que de faire le même parcourt tous les jours pour fermer les volets sur 2 étages, c'est plus simple d'avoir une automation qui le fait. Et effectivement mes ampoules sont connecté, et non, je ne change pas leur couleur, mais leur température et luminosité. Plutôt que de faire le tour du salon pour allé allumer un halogène, une lampe à coté de la TV puis retourner éteindre l'éclairage principale, l'automation permet d'allumer les lampes voulu avec un simple clic (ou une commande vocale). Quand un film démarre (sur Plex), la lumière se tamise un peu et se remet à sont état original une fois le film fini. Après si cela t'apporte un confort spécial d'appuyer sur un 12 interrupteurs pour fermer chaque volet et éteindre chaque lampe une par une, tous les soirs, chacun son trip.
tu as des ampoules et tu les allumes depuis ton canapé pour changer leur couleur ? ca m'interesse. et ne me parle pas de la difference entre un primate et un homo sapiens pour laver son linge. lancer sa machine a laver a distance par smartphone et fermer ses 2 volets depuis son bureau a 15h me semble bien triste et inutile.
La télémétrie est une chose mais l'IA en est une autre. Ce que je veux dire c'est que tes données perso peuvent être vendues ou utilisée sous leur forme brutes, également couplé avec du machine learning effectivement. Mais cela pourrait tout aussi bien se faire de manière anonyme (aux yeux de Google ou autre). Le vrai problème, du coup, c'est plutôt la confidentialité de manière générale. Par contre je suis d'accord avec toi, si rien ne change ça représente un danger :)
J'ai vu les commentaires sur la crainte de livrer ses données à une IA qu'elle recouperait ... Le moteur de recherche de Google et facebook sont déjà des IA à qui on livre déjà nos données.
C'est vrai, c'était tellement mieux quand on laver notre linge à la main, quel décadence depuis que l'on laisse ces machines horrible le faire pour nous! Appuyer sur 3 interrupteurs et devoir utilisé 2 télécommandes avant de regarder un film c'est une expérience tellement formatrice et nous reconnectant avec la réalité. Cela serait dommage que cela se fasse d'une seul commande.
La domotique patiné du au manque de coordination. Avoir 12 app pour contrôler les différents objets connecté n'était pas viable. Avec Google Home, Amazon Echo, Home-Assistant, OpenHab, ... c'est entrain de changer et la domotique prend son envol en ce moment. Sur tous les salons pro ou il y a quelques années on ne parlait que de LED, c'est maintenant devenu une norme et tous développent des objets connecté.
Si ça se limitait à ça, ça ne me déragerait pas plus que cela, mais tu sais parfaitement que ça ne s'arrête pas à ça puisque ça intègre également toutes les informations personnelles que tu livres à l'I.A consciemment ou inconsciemment...
Du fait de sa capacité à faire des recoupements avec des données privées que l'on ne pensait pas être disponibles. J'ai moi-même fait des recherches sur ma propre personne et j'ai trouvé sans le vouloir des informations de ma vie privée d'une époque où l'internet n'était même pas encore disponible à qui que ce soit et que la micro-informatique n'existait également pas. Ce qui est également terrifiant c'est de voir que certaines personnes, entreprises et même des associations relâchent dans la nature des informations personnelles te concernant et sans ton consentement. Et je ne serai donc pas surpris qu'un jour (si ce n'est déjà fait) qu'un algorithme soit capable de faire le rapprochement entre ma véritable identité et mes différents pseudos...
Pourquoi terrifiante?
Big data fist tu veux dire.... ça fera mal !
bah pour te donner la meteo ou le prix d'un parapluie si le temps se gate ? soyons objectif. rien ne prete a penser qu'il y ait un vrai besoin. et la domotique patine depuis 15 ans
autant je crois en l'IA pour la science, les technologies , autant je ne crois en rien du tout pour allumer 3 lampes depuis mon super mobile ou mon ami amazon posé dans le salon a qui je dit bonjour. l'alienation du peuple est en marche. ne changez rien , nos assistants de demain le feront pour vous. quel décadence.
Big Data First
Cette histoire d'A.I est à la fois enthousiasmant et terriblement terrifiant !!!
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