Une voiture électrique ET hydrogène : l’idée farfelue d’Honda arrive bientôt sur vos routes

 
Après Hyundai et Toyota, Honda s’intéresse aussi de près à l’hydrogène et prévoit de lancer un CR-V fonctionnant avec une pile à combustible dès 2024. Mais l’intérêt reste un peu difficile à saisir, avec une voiture à hydrogène hybride, car rechargeable électriquement. Une fausse bonne idée ?

Encore vu comme ultra-futuriste quelques années plus tôt et relativement méconnu du commun des mortels, l’hydrogène a conquis Toyota et Hyundai, qui commercialisent respectivement depuis 2015 et 2018 les Mirai et Nexo. Mais ils sont actuellement les seuls sur ce marché encore peu concurrentiel.

Néanmoins, cette motorisation semble faire son retour en force, alors que deux modèles à hydrogène étaient présentés au Mondial de Paris, à savoir la Hopium Machina et le NamX HUV. Mais voilà qu’un autre acteur veut également se lancer sur ce marché.

Honda dans la course

En effet, dans un communiqué, Honda annonce sa volonté de rivaliser avec ses deux concurrents asiatiques. Pour cela, pas question de créer un modèle inédit, puisque la marque japonaise veut tout simplement lancer une nouvelle version de son CR-V existant déjà et dont la 6ème génération a été dévoilée en juillet dernier.

Cette nouvelle déclinaison sera alors lancée en 2024 et sera produite au sein du Performance Manufacturing Center de la firme, situé dans l’Ohio, aux États-Unis. Il s’agit de l’ancien site d’assemblage de la Honda NSX, dont la carrière est aujourd’hui terminée. Pour l’heure, le constructeur ne donne pas de détails sur la fiche technique de cette variante équipée d’une pile à combustible, mais elle précise qu’il s’agira d’un véhicule hybride rechargeable.

Concrètement, et comme le détaille le site Motor Authority, la voiture fonctionnera comme un modèle plug-in hybrid (PHEV) classique, mais le moteur thermique sera remplacé par un système fonctionnant à l’hydrogène, tout simplement. Pour rappel, la 6ème génération du CR-V se décline uniquement en hybride standard, tandis qu’une verison rechargeable serait également évoquée.

Ce serait alors une première pour la marque japonaise, qui possède toutefois une certaine expérience avec l’hydrogène. Dès 2002, celle-ci lançait la FCX Clarity, une berline dotée d’une pile à combustible et le tout premier modèle de production équipé de cette motorisation. Dans son communiqué, Honda rappelle également avoir créé en 2017 une co-entreprise avec General Motors, portant sur le dévelopement de systèmes hydrogènes à bas coûts.

Une idée pas si pertinente

Dans son annonce, Honda souligne que le lancement de ce CR-V FCEV contribuera à son objectif de ne plus vendre que des véhicules 100 % électriques à travers le monde d’ici à 2040. À vrai dire, la firme n’est pas la seule à croire à cette motorisation, jugée comme vertueuse et offrant de nombreux avantages par rapport aux modèles électriques classiques. À commencer par la recharge, qui prendrait moins de cinq minutes, contre plusieurs dizaines pour ces derniers.

Sans parler de l’autonomie également très intéressante. En début d’année, Volkswagen a même déposé un brevet pour une pile à combustible qui pourrait permettre de parcourir jusqu’à 2 000 kilomètres d’une seule traite. Même BWM veut s’y mettre, alors que la marque a annoncé en août dernier l’arrivée en 2025 d’un SUV à hydrogène, qui ferait suite au prototype iX5 dévoilé en 2021.

Sauf que cette motorisation, aussi prometteuse soit-elle sur le papier, n’est pas aussi idéale que l’on peut le croire. En effet, elle possède même de nombreux défauts, à commencer par sont très faible rendement, de 10 à 30 % seulement, contre 60 à 80 % pour une voiture électrique. Concrètement, le véhicule consomme beaucoup d’énergie, mais très peu est réellement utilisée pour avancer, le reste étant perdu dans les différentes étapes, de l’électrolyse à la pile à combustible.

Par ailleurs, et en plus de nécessiter des stations de recharge spécifiques, cette alternative ne serait pas si vertueuse que cela. Car la production d’hydrogène nécessite beaucoup d’électricité, or seulement 5 % de la production est faite à partir d’énergie bas-carbone, le fameux hydrogène vert. Enfin, les scientifiques alertent également sur les risques de fuites lors du transport ou de l’utilisation, qui seraient très nocives pour la planète. Bref, si cette énergie a un avenir dans certains domaines, son utilisation dans l’automobile n’est que très peu pertinente…

Pourquoi une voiture à hydrogène hybride ?

Quant au fait de proposer une voiture hydrogène hybride rechargeable, c’est une solution très étonnante. Les voitures à hydrogène classiques intègrent une petite batterie lithium-ion tampon, qui permet de stocker l’énergie produite par la pile à combustible avant de l’envoyer vers le ou les moteurs électriques. Le fait de proposer au conducteur de recharger la voiture électriquement lui-même pour « circuler en ville » nécessite une batterie d’une taille supérieure au pack de 1,5 kWh que l’on trouve dans les voitures à hydrogène habituellement.

Ce qui réduit donc le poids de l’argument selon lequel la voiture à hydrogène serait plus propre que la voiture électrique, du fait de l’absence de batterie de grandes capacités, qui nécessite l’extraction d’une grande quantité de matériaux.

Pour aller plus loin
Une voiture à hydrogène dotée de 2000 km d’autonomie : la fausse bonne idée de Volkswagen


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