Une semaine avec le HTC Vive, aux frontières du réel

 
En fin de semaine dernière, HTC nous a fait parvenir une grosse boîte comprenant le HTC Vive, ses émetteurs, et ses deux contrôleurs. Pourtant déjà aperçue à de multiples reprises sur tous les salons high-tech, la version finale du casque nous a enfin permis de tester pendant de longues heures ce produit novateur, première véritable plateforme de jeu en réalité virtuelle. Nous vous proposerons dans un premier temps un dossier sur le retour d’expérience et dans un second temps un test plus classique du matériel fourni par HTC.
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Notre test en vidéo

Une expérience hors du temps et de l’espace

Vous rappelez-vous lorsque James Cameron peignait Pandora et racontait l’histoire de Jack Scully, un homme côtoyant le peuple Na’vi grâce à une machine transférant son esprit dans un nouveau corps ? Vous rappelez-vous la découverte de la matrice et la réanimation de Neo, relié au monde virtuel par des machines, dans l’univers de Matrix imaginé par les Wachowski ? Eh bien, je ne sais pas vraiment duquel nous sommes le plus proches, mais l’expérience proposée par le HTC Vive est tout simplement incroyable.

« L’expérience proposée par le HTC Vive est tout simplement incroyable »

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On avait déjà eu l’occasion de tester le Samsung Gear VR, ou encore des Cardboards, que ce soit pour regarder des petits films pornographiques, ou vivre de quelconques expériences contemplatives, mais rien de comparable à ce que propose le HTC Vive. Avec ce produit, on entre réellement dans une nouvelle ère du divertissement.

J’étais d’ailleurs un des rares de la rédaction à n’avoir encore jamais testé le casque sur les salons. À chaque fois, une queue interminable me séparait de quelques secondes à agiter mes mains dans le vide devant une foule de curieux, et j’attendais une occasion plus discrète de m’y mettre. Une première expérience que je n’oublierai pas de sitôt.

Dans la rédaction, et dans toute la société Humanoid, je suis certainement un des moins « nerd » puisque je ne joue pratiquement jamais aux jeux vidéo. J’ai même découvert Portal il y a seulement quelques mois. Mais une fois le Vive vissé sur ma tête, je me transforme instantanément en geek.

Des expériences variées

C’est assez difficile de décrire ce que l’on voit lorsqu’on utilise un casque de réalité virtuelle, mais c’est forcément l’expérience la plus immersive que vous ayez eue. Impossible de le comparer aux effets de 3D des films modernes, aux jeux vidéo les plus narratifs (comme Beyond Two Souls par exemple), ou à des expériences vidéoludiques où le mouvement est déjà introduit (Wii ou Kinect). Voici les expériences les plus marquantes que nous ayons eues avec le HTC Vive.

The Lab

Valve a fait les choses bien et introduit la VR avec The Lab, un terrain de jeu vous permettant de découvrir différentes utilisations du matériel. The Lab vous propose de naviguer dans un laboratoire et de vous plonger à travers différentes sphères disposées dans la pièce. Une vous transporte dans un décor islandais où vous vous amuserez à lancer des bâtons à un chien-robot qu’il n’est malheureusement pas possible de maltraiter comme celui de Boston Dynamics, tandis qu’une autre vous permet de naviguer dans une représentation du système solaire.
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Plongé dans l’univers étoilé de Solar System, et comme coincé dans le Tesseract d’Interstellar, Valve offre la possibilité d’interagir avec les planètes, de les lancer, de les déplacer. Ne manque que l’ambiance musicale d’un film de science-fiction, et le véritable mouvement du corps. On à l’impression d’être à seulement quelques longueurs de pouvoir vivre une expérience visuelle digne de 2001 L’Odyssée de l’Espace (ce qui viendra, à n’en pas douter), et on a aussi un peu l’impression que les développeurs nous laissent jouer à Dieu quelques minutes. C’est hypnotique et majestueux.
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Évidemment, l’intérêt de ce type de casque réside en grande partie dans l’utilisation des mains. Et pour initier les consommateurs, The Lab propose de se prendre pour Legolas en défendant un château, avec pour seule arme un arc, contre des assaillants. Dans Longbow, l’inclinaison de l’arc, la puissance de la flèche décochée, et l’anticipation des trajectoires comptent, et on se surprend à ressortir transpirant de l’expérience après quelques dizaines de minutes à répéter la scène en boucle.
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Même chose pour Slingshot, où le but est de tout détruire dans l’entrepôt d’Aperture en utilisant le lance-pierre Core Calibration. En faisant beaucoup de dégâts, vous remplirez une jauge et gagnerez des balles supplémentaires. Les effets d’explosion sont sublimes, et l’immersion est totale. Il faut vous avancer pour saisir la catapulte et reculer pour la tendre. Une véritable occupation de l’espace de jeu.

Job Simulator

Dans le genre « petit jeu bête pour découvrir la VR », Job Simulator est plutôt drôle. On est en 2050, les robots ont remplacé les humains à leur poste de travail, et vous devez… travailler. On peut par exemple incarner un salarié de bureau et réaliser les tâches proposées par notre patron : faire des photocopies, accéder à des mails, faire un café, ou que sais-je encore.

Quand on incarne le cuisinier, c’est encore plus marrant. On a très vite tendance à vouloir recréer les vidéos de Speed Cooking ou des Recettes Pompettes en faisant un peu n’importe quoi, en mélangeant des ingrédients improbables dans des sandwichs cramés puis refroidis à coups d’extincteur, et tout simplement de tout casser dans la cuisine. Parce que vous verrez, vous passerez votre temps à lancer ce qui vous passe sous la main une fois que vous aurez saisi le premier œuf et l’aurez cassé à côté de la poêle.

Mais à dire vrai, vous n’allez jouer que quelques heures à ce jeu proposé à 36,99 euros sur Steam. Voilà un défi auquel devront aussi répondre les développeurs : proposer des jeux à la durée de vie correcte, alors même que les univers ne se prêtent pas forcément à de forts déplacements.

Tilt Brush

Quand Apple présentait les fonctionnalités de dessin de son iPad Pro et de son stylet, il se targuait de révolutionner le dessin sur support multimédia. Eh bien, Google vient de reléguer Apple au Moyen-Âge avec Tilt Brush, une application qui n’a eu de cesse d’impressionner ceux qui l’ont testée à la rédaction, et même nos lecteurs venus essayer le casque. Il s’agit ici de dessin en 3D, où la toile est en même temps votre environnement. Vous pouvez peindre autour de vous, en sélection différents lieux (espace, neige…). Les possibilités sont vraiment infinies.

La Peri

A priori, La Peri n’est pas le jeu que vous souhaitez absolument tester lorsque vous installez votre Vive pour la première fois. Et pourtant, on se doit de vous conseiller de le faire, car cette expérience narrative est belle, poétique, et met en pratique la plupart des éléments qui font la force de la réalité virtuelle. Visuellement, La Peri est de toute beauté, avec son décor d’opéra fantôme, et les développeurs nous font tourner la tête en cherchant du regard les protagonistes. Il s’agit de créatures dansantes sur lesquelles on récupère des sortes de cristaux rouges. Et ce sont de vrais danseurs qui ont enregistré les mouvements de ces personnages. Magnifique.

La Peri permet aussi de s’initier au déplacement vertical puisque le décor s’effondre, ce qui provoque même de drôle de sensations d’instabilité sur nos frêles jambes. Les mouvements des danseurs sont très rapides, mais on n’est par contre par perturbé par un déplacement rapide de la tête.

Hover Junker

En matière de sensations de déséquilibre, le premier essai d’Hover Junker peut être un peu perturbant. Ce jeu mélange des sessions de shoot à des sessions de déplacements horizontaux sur un vaisseau. Et c’est la première fois que j’ai véritablement ressenti comme un « vertige », mon cerveau s’étant convaincu que j’étais sur une plateforme instable en mouvement. Autrement, et même si le jeu semble salué par pas mal de critiques, il n’est pas vraiment impressionnant ni même addictif.

Elite Dangerous

Mais l’expérience la plus dingue, c’est avec Elite Dangerous qu’on l’a véritablement eue. Le jeu nous met aux commandes d’un vaisseau spatial, un chasseur, et les combats sont hyper intenses. C’est la guerre des étoiles, mais on y participe cette fois. Confortablement installé dans un siège, avec les mains sur le joystick et sur la manette des gaz, on navigue à travers l’espace, prenant des virages plus ou moins serrés, mais on n’est pas sujet à des vertiges.

En revanche, le jeu donne véritablement la nausée. Tournez subitement en poussant la manette des gaz, et votre petit cœur (et votre estomac) va se soulever, vous faisant prononcer quelques insultes au passage. Alors pendant un dogfight qui dure quelques bonnes minutes, il n’est pas rare qu’on serre les dents. Avec un tel bluff pour notre cerveau, il est impossible de jouer à Elite Dangerous plus de quelques dizaines de minutes. C’est frustrant certes, mais on se dit qu’il est difficile de faire plus réaliste. C’est comme si nous prenions des G en pleine face.

Des avis unanimes

Qu’on fasse tester le casque à n’importe qui, l’effet « waouh » est toujours au rendez-vous. Pendant la semaine de test, nos camarades de Numerama ont fait venir des lecteurs afin qu’ils essaient le matériel et l’expérience proposée par HTC. À la question « Comment était-ce ? », on n’a récolté que des synonymes d' »impressionnant » ou de « génial ».

Julien, de Numerama, a même fait venir ses petits cousins, et je me suis demandé si de jeunes esprits ne seraient pas plus en difficulté avec l’immersion dans un monde virtuel. Je n’ai pas de grandes connaissances en la matière, mais je me suis dit qu’un esprit ayant pris conscience du monde extérieur il y a finalement « peu » de temps serait peut-être moins à l’aise avec la découverte d’un nouveau monde.

Et j’aurais mieux fait de ne pas me poser de questions. La capacité d’adaptation des plus jeunes leur permet d’appréhender aussi vite, voire plus, que les autres ces environnements virtuels. Et pour eux aussi, il n’y a que du waouh à retenir de l’expérience.

 

Contenu et regrets

Malheureusement, avec ce HTC Vive, on voit se profiler une nouvelle guerre des consoles. Il n’est plus question de PlayStation contre Xbox, mais de HTC Vive contre Oculus Rift contre PlayStation VR contre… Bref, la réalité virtuelle sera le prochain terrain de bataille des marques et des développeurs, et il faudra consulter les exclusivités liées à tel ou tel produit avant d’envisager l’achat de quoi que ce soit.

Sur le HTC Vive, on regrette l’absence d’un titre comme Adr1ft, qui titre nous mettrait dans la peau d’un astronaute en perdition, un peu à la manière de l’aventure du film Gravity. Un titre qui semble épique, et que l’on se faisait une joie de tester. Il faudra malheureusement attendre l’arrivée d’un Oculus Rift pour pouvoir s’y essayer.

Plus globalement, on regrette le manque de titres, chose qui poussera sûrement de nombreux curieux à attendre un bon moment avant de s’engager à dépenser une grosse somme, en considérant en plus que les premières versions de produits ne sont pas toujours appréciées des consommateurs.

Si on devait isoler une « killer app » pour ce Vive, on nommerait certainement The Lab, la première qui nous vient à l’esprit. Dans l’idée, elle nous rappelle assez Wii Sport, permettant surtout de découvrir les usages de l’appareil. À la différence que Wii Sport est jouable à plusieurs, ce qui a évidemment facilité son succès.

 

Que faut-il pour jouer au HTC Vive ?

Nous reviendrons sur le matériel nécessaire, l’installation, et les problèmes rencontrés avec le HTC Vive dans un test plus axé sur la partie matérielle. Sachez seulement que le HTC Vive respire la qualité, mais qu’il faut une grosse configuration pour pouvoir faire tourner sans problèmes les jeux proposés. Ce qui alourdit évidemment la facture.

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Mais il faut aussi et surtout de la place. Avec le système de capteurs, et puisque certains jeux nécessitent (dans l’idéal) une aire de jeu de trois mètres par quatre, il va devenir difficile pour un jeune parisien de trouver la place nécessaire dans sa chambre d’étudiant. D’autant qu’une fois que les émetteurs sont installés, il vaut mieux éviter de les déplacer pour éviter certains bugs ou des besoins de reconfiguration (nous reviendrons également dessus).

 

Un pied dans la science-fiction

À ceux qui se demandent si la réalité virtuelle est lassante, je répondrais volontiers que oui. Pourquoi ? Parce qu’il n’existe pas encore assez de contenu pour s’assurer des dizaines et des dizaines d’heures d’amusement. Mais puisqu’il s’agit d’un vrai beau produit, et qu’on évite des désagréments vus sur les casques à bas coût (vertiges, nausée, latence, mauvaise qualité d’image), il n’y a pas de bonne raison pour ne pas passer une ou plusieurs heures d’affilée sur le Vive. Ce sont finalement les contenus à venir qui feront la durée d’utilisation de l’objet, et c’est aussi un pari risqué quand il faut débourser une telle somme pour s’approprier le Vive et la configuration d’ordinateur qui va avec.

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Ivan, homme-machine

Mais si l’univers proposé par le HTC Vive, et ces nouveaux produits de réalité virtuelle de manière générale, est bluffant, il est difficile de s’empêcher de ressentir de la crainte. Cette VR, c’est un peu comme consommer des psychotropes, qui font croire à votre cerveau que des éléments imaginaires sont bel et bien réels. À la différence qu’ici, le niveau de conscience est assez élevé pour faire la différence entre ce qui est vrai et ce qui ne l’est pas. Mais pour des personnes fragiles, la sensation d’isolement pourrait être néfaste.

« La suite appartient pour l’heure aux écrivains de science-fiction »

On est tellement coupé de la réalité que j’ai finalement du mal à l’appeler encore « réalité virtuelle ». Il n’y a rien de réel, ce n’est que du virtuel. Il n’y a plus de contexte, que du contextualisé. Il n’y a plus de hasard, tout est guidé. Jusqu’au jour où l’image aura encore évolué, où tous les sens seront mis à contribution, où le mouvement sera entièrement apprivoisé, et où le monde sera ouvert. La suite appartient pour l’heure aux écrivains de science-fiction.

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