Un genou à terre, acculé, mais pas résigné. Certes, Huawei est de moins en moins une marque de smartphones en dehors de la Chine et semble aujourd’hui avoir mis l’accent sur les PC portables ou les montres connectées. Malgré cela, la marque n’a pas tout à fait abdiqué et compte encore signer quelques coups d’éclat à l’instar du Huawei Mate Xs 2 que nous avons déjà pu prendre en main. Ce smartphone pliable a été dévoilé en mai 2022. Sa particularité est d’avoir une pliure tournée vers l’extérieur. Il n’adopte donc pas du tout le même format qu’un Samsung Galaxy Z Fold 3 ou même qu’un Huawei Mate X2 qui se referment sur eux-mêmes à la manière d’un livre. Nous avons passé environ cinq jours avec ce téléphone, l’occasion de partager quelques sujets de réflexion.
Le Huawei Mate Xs 2 contre le cerveau humain
D’emblée, une première réflexion se dégage : le Huawei Mate Xs 2 a quelque chose de perturbant. Je l’ai fait circuler auprès de différents collègues au sein des pôles de la rédaction de Frandroid (éditorial, vidéo, bons plans et guides d’achat). Si toutes ces personnes sont versées dans la Tech, elles n’ont pas toutes eu la chance de manipuler un smartphone pliable par le passé. Or, peu importe le niveau d’expérience, deux gênes ont été fréquemment évoquées :
- Bien qu’essentiel, le bouton de sécurité permettant d’enclencher le dépliage de l’écran est un frein à l’intuitivité ;
- on a tendance à avoir une peur instinctive de briser l’écran en le dépliant.
En effet, il faut savoir qu’un petit bouton cliquable se trouve à l’arrière du téléphone. N’essayez surtout pas de déplier l’écran sans appuyer sur cette touche, vous risqueriez d’abîmer le mécanisme. Or, ce geste n’est pas le premier qui vient à l’esprit du quidam. Ma petite expérience avec mes collègues tend à me conforter dans l’idée qu’un smartphone pliable se refermant vers l’intérieur est plus intuitif à l’usage que le format adopté par le Mate Xs 2. Eh oui, le geste pour ouvrir un Galaxy Z Fold 3 ou un Mate X2 (sans le petit s) s’approche de celui que l’on ferait pour un bouquin. En d’autres termes, cela vient plus naturellement.
À l’inverse, déplier le Mate Xs 2 ressemble presque à une entorse aux lois de la physique. D’où la peur instinctive évoquée plus haut : plusieurs de mes collègues ont eu la frousse d’aller jusqu’au bout du dépliage, persuadés qu’ils allaient casser l’écran. C’est avec réticence qu’ils s’exécutaient. Peut-être que malgré des siècles d’évolution, nos modestes cerveaux d’homo sapiens sapiens inhibent encore ce genre de mouvement par crainte d’abîmer un outil fragile. Pourtant, pendant notre découverte du produit, nous n’avons pas rencontré le moindre problème de ce genre.
Néanmoins, on peut toujours se demander si l’écran pliable — moins robuste, de fait, qu’une dalle classique — saura résister aux affres du temps alors qu’il est toujours tourné vers l’extérieur. Cela le rend a priori vulnérable aux risques d’égratignures sur une table ou dans le fond de la poche.
Autre question de durabilité qui subsiste : quid du bouton physique permettant de déployer le Mate Xs 2 ? Cette touche fait bouger un petit loquet. À force, ce mécanisme ne risque-t-il pas de se gripper ? Autant de turpitudes prouvant qu’être un bijou technologique ultra-innovant ne suffit pas à convaincre instantanément le public.
Un travail soigné
Attardons-nous aussi sur le super travail réalisé par Huawei pour proposer des finitions de haute qualité sur ce smartphone. Je pense notamment à la charnière qui paraît bien plus robuste que sur le Huawei Mate X de 2019, premier smartphone avec pliure externe proposé par le géant chinois. Celui-ci faisait vraiment peur en émettant un craquement dès que l’on passait du format tablette à téléphone ou inversement. Ce n’est absolument plus le cas sur le Mate Xs 2 et c’est un très bon point.
D’autant plus que le smartphone est plutôt agréable en main quand il est replié. Certes, il souffre toujours d’un certain embonpoint propre aux smartphones pliables (peu importe le format) et affiche tout de même 257 grammes sur la balance, mais les bordures bien arrondies offrent un beau confort. Les plus tatillonnes et tatillons d’entre vous grinceront sans doute des dents en remarquant que le bord droit est plus large qu’à gauche. Normal, puisque c’est de ce côté que l’écran se prolonge et se replie sur lui-même.
Autre vrai point embêtant amené par cette solution d’un écran pliable vers l’intérieur, la partie de l’écran qui se retrouve à l’arrière attrape les traces de doigts aussi rapidement qu’un pot de miel attire Winnie l’ourson. Heureusement Huawei a tout de même songé à une solution. Le problème n’existe plus vraiment en utilisant la coque spéciale du Mate Xs 2. Cet accessoire profite d’un design particulier permettant de détacher relativement facilement l’une des bordures pour laisser l’écran du smartphone se déplier. La solution n’est pas parfaite, mais on peut saluer l’ingéniosité de Huawei.
En mode tablette (ou déplié), le téléphone se montre en revanche bien peaufiné. Dans ce format, le Mate Xs 2 devient très fin (5,4 mm) et réussit de surcroît à grandement atténuer sa pliure sur la dalle. Celle-ci est non seulement moins visible que sur le Galaxy Z Fold 3 par exemple, mais se montre aussi moins perturbante sous le doigt. Au lieu de sentir une ligne creusée en passant nos phalangettes dessus, on a affaire à une discrète bosse. Sensation à laquelle on s’accommode vraiment très vite.
On a donc un design à la fois très réussi sur certains points (la finesse, la robustesse, la prouesse), mais avec quelques faiblesses induites par l’idée en elle-même.
Un smartphone condamné d’avance ?
Soulignons aussi que le chemin du Mate Xs 2 est semé d’embûches. En 2022, faut-il encore rappeler les soucis rencontrés par Huawei depuis l’embargo infligé par les États-Unis ? À cause des sanctions de Washington — motivées par des soupçons d’espionnage pour le compte de la Chine –, le géant de Shenzhen rencontre beaucoup de difficultés sur ses lignes d’approvisionnement. Pire : ses smartphones ne peuvent plus embarquer les services Google. Pourtant, en Occident, l’immense majorité des utilisateurs perçoivent le Play Store ou des applications comme YouTube, Gmail et Maps comme des pans indissociables d’Android.
Ainsi, malgré tous les efforts autour des Huawei Mobile Services (HMS), le grand public devra encore consentir à faire plusieurs concessions sur l’interface EMUI du constructeur chinois. Difficile d’entretenir l’espoir.
Au-delà de ces soucis, j’aurais bien aimé découvrir une option permettant d’utiliser la partie de l’écran qui se retrouve à l’arrière du smartphone lorsqu’on replie celui-ci. Pour afficher des notifications ou certaines informations importantes par exemple. Nous avons demandé à Huawei si une telle fonction existait et nous attendons une réponse.
Comme sur plusieurs autres smartphones pliables, vous pouvez cependant utiliser la partie verso de l’écran pour afficher un retour vidéo quand vous utilisez l’appareil photo. Pratique pour les selfies (afin de profiter du meilleur capteur photo) ou pour que la personne que vous prenez en portrait puisse voir à quoi elle ressemble.
Sur la photo d’ailleurs, il est agréable de voir que Huawei n’a pas voulu sacrifier son savoir-faire en la matière. Alors qu’il est souvent compliqué d’intégrer du matériel photo de haute volée sur un smartphone pliable, le Mate Xs 2 profite d’un capteur de 50 mégapixels qui n’a pas déçu sur nos quelques jours d’utilisation avec des couleurs riches et une gestion aux petits oignons de la dynamique. Idem sur le mode portrait.
À cela s’ajoute un ultra grand-angle de 13 Mpx et un téléobjectif x3,5 de 8 Mpx. Une solution complète et digne d’un appareil premium. Une nouvelle occasion de se rendre compte du travail impressionnant de Huawei sur ce Mate Xs 2. Oui… mais à quoi bon ?
Au-delà de l’effet waouh
Le Huawei Mate Xs 2 est donc un smartphone à l’effet waouh garanti. Écran avec une pliure tournée vers l’extérieur, appareil fin lorsque déployé au format tablette, charnière solide, pli grandement atténué sur la dalle et expérience photo non compromise. On a clairement affaire à un bijou technologique et si on s’arrêtait là, on pourrait croire qu’il s’agit du téléphone pliable parfait.
Or, ce serait oublier trop vite l’absence des services Google — et donc de l’expérience Android habituelle en Europe –, l’utilisation assez peu intuitive du produit et les craintes sur la robustesse sur le long terme de l’écran et du bouton physique qui permet de le déplier.
Huawei a clairement cherché à faire mieux que les autres et y parvient très bien sur certains points. Paradoxalement, la marque échoue sur d’autres points. Comme quoi, faire mieux, ce n’est pas forcément faire bien. Et avec un prix officiel annoncé à 1999 euros — pour une sortie très bientôt normalement, il est difficile de ne pas le lui reprocher.
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