Quand Huawei avance sa tour, les États-Unis déplacent leur fou pour refermer leur piège. Le géant chinois tente quelques manœuvres, mais son roi reste en bien mauvaise posture. Comment va se terminer cette partie d’échecs qui se jouent en coulisses ?
Car il s’agit bien d’une partie d’échecs entre Huawei et les États-Unis. L’enjeu : l’efficacité de l’embargo que les seconds infligent au premier. Depuis 2019, le groupe chinois n’a ainsi plus le droit de travailler avec l’immense majorité des entreprises américaines, ce qui la prive notamment d’embarquer les services Google et le Play Store sur ses smartphones. Impossible aussi pour la marque d’accéder à certaines technologies puisque sa chaîne d’approvisionnement est lourdement entravée.
Huawei avance discrètement ses pions
Une situation bien complexe dont Huawei cherche subrepticement à s’échapper. C’est en effet ce qu’affirment des sources proches du dossier citées par Bloomberg. Ainsi, l’entreprise a commencé à supporter financièrement une startup basée à Shenzhen. Or, selon l’agence de presse américaine, cette jeune firme a commandé du matériel de fabrication de puces auprès de fournisseurs, notamment étrangers, pour les exploiter dans une usine de semiconducteurs.
La startup en question se nomme officiellement Pengxinwei IC Manufacturing Co, mais se fait appeler par un acronyme : PXW. À sa tête se trouve un ancien cadre de Huawei qui fait construire des installations près du siège de son ancienne entreprise également localisé à Shenzhen. Bloomberg affirme que des documents publics et des photos satellites permettent de confirmer ces allégations.
Les sources de l’agence de presse prédisent que Huawei achètera la majorité, voire la totalité, de la production de PXW. Les premières commandes devraient être passées au premier trimestre 2023. Autrement dit, PXW permettrait à Huawei d’esquiver l’embargo américain, du moins en partie, pour à nouveau pouvoir se fournir comme il l’entend en matériel. Cette manœuvre s’inscrit d’ailleurs dans la continuité des astuces envisagées par le groupe chinois depuis l’année dernière. Huawei avait juste besoin de placer ingénieusement ses pions sur l’échiquier.
Les États-Unis prêts à contre-attaquer
Le plan aurait pu être rondement mené, mais il y a déjà un hic. Malgré les efforts de discrétion de Huawei et de PXW, la startup est déjà dans le collimateur du Bureau de l’industrie et de la sécurité (BIS) qui dépend du département du Commerce. L’organisme explique à Bloomberg avoir déjà eu vent des « allégations de relations avec Huawei ».
Le BIS est constamment à l’affût des tentatives de contournement des contrôles à l’exportation, y compris celles liées aux parties figurant sur la liste des entités comme Huawei, et utilise des informations open source, exclusives et classifiées pour étayer et ensuite, le cas échéant, appliquer nos outils administratifs ou d’applications du droit pénal ainsi que nos outils réglementaires pour traiter les violations.
Ainsi, les États-Unis veillent au grain pour ne pas perdre la partie. Cependant, à l’heure actuelle, on ne sait pas encore si la stratégie de Huawei autour de PXW enfreint vraiment l’embargo américain. La startup n’affiche pas officiellement son intention de fournir Huawei, car elle tomberait sous le coup de sanctions de Washington. Elle pourrait toutefois garder une certaine latitude pour acheter des équipements auprès de fournisseurs non américains, à condition que ces derniers n’utilisent pas des technologies étasuniennes.
De son côté, PXW a affirmé vouloir enclencher ses lignes de production à partir de 2025, mais ne cite aucun client pour le moment. Dans un premier temps, la startup commencerait par travailler sur des puces de 28 nm. Elle aurait plusieurs générations de retard sur les technologies de pointe en la matière. Pour rappel, le procédé de fabrication en 28 nm a été introduit sur le marché aux alentours de 2011.
Ajoutons que cette solution trouvée par Huawei, même si elle atteignait son objectif, ne permettrait pas de régler le problème principal du groupe chinois, l’absence de services Google, mais juste certaines problématiques d’approvisionnement.
La partie s’envenime
Pour rappel, Huawei est accusé par les États-Unis de mener des opérations d’espionnage au service de la Chine par le biais de ses infrastructures télécom. L’entreprise se retrouve donc au centre des tensions importantes entre Washington et Pékin. D’ailleurs, récemment, les États-Unis ont joué un nouveau tour en appliquant un embargo plus généralisé.
Récemment le Mate 50 Pro a fait ses débuts en Europe, mais ne peut profiter ni des services Google ni du réseau 5G. Huawei continue donc d’être en grande difficulté, sans pour autant dire son dernier mot. Les États-Unis ne peuvent pas encore se féliciter d’un échec et mat.
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