Huawei sur le point de se relever pour enquiquiner les États-Unis ? Il est trop pour le dire, mais l’entreprise chinoise multiplie les signes trahissant une volonté de revenir en force afin de contourner le sévère embargo américain qui lui est infligé depuis plus de quatre ans. Les choses semblaient aller au plus mal encore récemment, mais il parait de plus en plus évident que le groupe prépare une riposte.
La descente aux enfers de Huawei
L’embargo en question est appliqué en 2019 lorsque les services de renseignements américains accusent le géant chinois d’utiliser ses infrastructures télécoms — notamment 5G — afin de mener des opérations d’espionnage pour le compte de Pékin. Depuis, les entreprises américaines ne peuvent plus travailler avec Huawei sans obtenir une licence spéciale. Impossible aussi, techniquement, pour n’importe quelle firme dans le monde, de fournir au fabricant chinois des composants ayant nécessité des technologies américaines pour être conçus.
Résultat : les smartphones de Huawei perdent rapidement le droit d’utiliser les services Google et le Play Store, et l’approvisionnement a été des plus complexes, particulièrement pour les puces 5G. Ainsi, Huawei admettait en 2022 qu’il passait en mode « survie » tandis que le groupe réduisait grandement la voilure hors de Chine, notamment en Europe.
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Les choses allaient donc de mal en pis pour Huawei. Oui, mais voilà, 2023 pourrait être le début d’une contre-offensive d’envergure.
Mate 60 Pro : le smartphone qui change la donne ?
Au début de l’année, le fondateur de l’entreprise se vantait d’avoir réussi à remplacer « 13 000 composants » dans ses lignes d’approvisionnement pour atténuer les effets de l’embargo américain. Pendant l’été, Bloomberg affirme carrément que Huawei se constitue un réseau secret d’usines pour contourner les sanctions des États-Unis.
Vient ensuite l’officialisation du Huawei Mate 60 Pro. Un modèle très haut de gamme lancé en Chine avec une puce Kirin 9000S gravée en 7 nm et fabriquée par SMIC (Semiconductor International Manufacturing Corp). Celle-ci attire tous les regards puisqu’elle signe le grand retour de la compatibilité 5G des smartphones de la marque. Une victoire symbolique pour Huawei qui affiche ainsi une impressionnante résilience face aux lourdes restrictions que lui impose l’embargo américain.
La riposte de Huawei ne s’arrête pas là. D’après le média chinois IT Times, relayé par l’agence de presse Reuters, Huawei devrait enchaîner avec un smartphone milieu de gamme également compatible 5G. Pressenti pour intégrer la gamme Nova, le nouveau produit devrait voir le jour en Chine en octobre ou en novembre.
Autre signe du contournement de l’embargo qu’est en train d’opérer (de réussir ?) Huawei : sa filiale HiSilicon, spécialisée dans la fabrication de puces, aurait expédié de nouvelles puces prévues pour les caméras de surveillance, selon des sources de Reuters. L’une d’entre elles rappelle que ces composants-là sont plus simples à fabriquer que les SoC de smartphones, tout en expliquant qu’un retour d’HiSilicon bouleverserait le marché.
Les États-Unis ne lâchent rien non plus
En face, les États-Unis surveillent de près ce nouveau souffle de Huawei. Le Mate 60 Pro attire déjà de nombreuses suspicions outre-Atlantique et la Maison-Blanche a indiqué qu’elle allait se renseigner de plus près pour en apprendre davantage sur le « caractère et la composition » du téléphone. Le fameux SoC Kirin 9000S s’est déjà attiré des commentaires plus acerbes de la part de Mike Gallagher, président de la commission de la Chambre des représentants sur la Chine. Il estime que cette puce « n’aurait probablement pas pu être produite sans technologie américaine ».
Autrement dit, les autorités américaines ne sont pas près de lâcher la grappe à Huawei, bien qu’elles admettent « n’avoir aucune preuve qu’ils [Huawei ; ndlr] puissent fabriquer des puces de sept nanomètres à grande échelle ».
La puce Kirin 9000S en 7 nm est pourtant bel et bien intégrée dans le Huawei Mate 60 Pro comme le montre un démontage en vidéo du smartphone.
Rappelons que l’embargo américain contre Huawei est à analyser dans son contexte, plus global, d’intense rivalité géopolitique entre les États-Unis et la Chine. En s’attaquant à Huawei, Washington veut aussi affaiblir Pékin.
La Chine a d’ailleurs à son tour renforcé le bannissement des iPhone d’Apple auprès de ses fonctionnaires tout en soutenant les efforts de son champion Huawei pour surmonter les sanctions étasuniennes. Cette affaire semble loin d’être terminée.
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