Voici comment Huawei compte devenir une référence des montres de sport

On a visité le nouveau laboratoire santé de Huawei à Helsinki

 
Nous avons pu explorer le troisième et dernier centre de recherche de santé de Huawei, en Finlande. Au programme : tour des équipements, démonstration par des athlètes finlandais… et surtout nos questions sur les objectifs d’un tel centre.
Source : Maxime Grosjean pour Frandroid

Fin octobre 2023, Huawei inaugurait son troisième laboratoire de santé à Helsinki. Les deux premiers se situent en Chine, ce qui en fait donc le premier européen, et même le premier en occident.

Cet espace se concentre sur la santé connectée et plus précisément les technologies portables — comprenez les montres et les bracelets connectés. L’idée est de travailler sur les algorithmes de ces produits pour améliorer le suivi de la santé et des activités sportives. C’est pourquoi la marque était fière de nous montrer les différents équipements utilisés pour tester leur matériel et avancer dans le domaine des wearables.

Si la visite a été effectuée assez rapidement, j’ai pu poser quelques questions aux ingénieurs sur place, puis par correspondance, dans le but de mieux cerner les objectifs de Huawei.

Des équipements de pointe aux montres grand public

Ce laboratoire est en réalité l’expansion de deux petits laboratoires antérieurs. En plus de s’être agrandi, il s’est surtout doté de matériel de pointe. Voici les machines que nous avons pu découvrir sur place :

  • un large tapis roulant multisport : fauteuil de course, vélo et ski de fond ;
  • un tapis roulant avec une plaque de force ;
  • un simulateur de ski ;
  • une piscine à contre-courant ;
  • un espace de gym ouvert, moins impressionnant vous en conviendrez.
Source : Maxime Grosjean pour Frandroid

L’ex-chercheur responsable de l’équipe sports et santé du laboratoire, Petri Wiklund, nous explique d’ailleurs que tous ces outils « permettent une analyse biomécanique et physiologique détaillée dans une variété de sports ». « Au service du progrès technologique », « incubateur industriel », « encourager les technologies et méthodologies émergentes dans le domaine du sport et de la santé » : autant d’éléments de langage utilisés pour nous décrire le laboratoire Huawei d’Helsinki. Mais dans les faits, à quoi sert-il ?

Petri Wiklund précise que l’une des principales initiatives se concentre sur le développement de protocoles d’essai normalisés pour les algorithmes de sport et de santé. Il ajoute que ces protocoles portent pour l’instant sur la mesure précise du nombre de pas, de la dépense énergétique et de l’absorption d’oxygène. Ces métriques semblent basiques, mais nous avons également pu échanger autour de la Huawei Watch D, cette montre capable de mesurer la pression sanguine. Nous vous la présentions dans cet article.

Pour aller plus loin
SpO2, ECG, VFC, fréquence cardiaque : comment les montres connectées prennent soin de votre cœur

On a aussi pu découvrir quelques autres métriques plus poussées sur les présentations Huawei au laboratoire d’Helsinki : tension artérielle sans brassard, tension artérielle ambulatoire, mais aussi nocturne. Fait intéressant, nous avons remarqué la présence d’un tensiomètre Withings, utilisé par l’équipe Huawei pour expliquer la miniaturisation de la Watch D.

D’autres présentations mentionnent la sensibilisation à la respiration pendant le sommeil, le contrôle respiratoire et autre dépistage de l’arythmie.

Source : Maxime Grosjean pour Frandroid

Il est donc question de développement d’algorithmes, de collecte et d’analyse de données pour améliorer les wearables. Nous nous sommes justement demandé si le laboratoire intervenait dans les premières étapes du développement produit. Sans plus rentrer dans les détails que ça, le chercheur nous apprend que le laboratoire est impliqué dans l’ensemble du cycle de développement des produits : « premières idées, collecte de données, modélisation, développement des algorithmes, tests et validation ».

Nous notons cependant l’absence de laboratoire à proprement parler dans les locaux, du moins les parties que l’on nous a montrées. Nous interrogeons alors notre interlocuteur sur le rôle du centre sur l’intégration d’un élément indispensable pour toute montre connectée : le capteur optique. En d’autres termes, est-ce que le laboratoire Huawei d’Helsinki teste les nouveaux capteurs avant leur ajout dans les prochains modèles de montres ?

Les différents modèles de montres Huawei étaient exposés à l’entrée du centre // Source : Maxime Grosjean pour Frandroid

On apprend que non, les équipes du laboratoire ne sont pas impliquées dans les premiers essais de nouveaux capteurs, mais qu’elles jouent un rôle important une fois les nouveaux capteurs intégrés. Leur objectif est simple : tester les appareils pour juger la précision des capteurs et alimenter leurs algorithmes avec les données récupérées. Les résultats sont logiquement partagés au siège, qui peaufine le produit avant le lancement sur le marché.

Les athlètes de niveau olympique

Certains d’entre vous se demandent sûrement comment sont testées les montres ?

Huawei travaille, entre autres, avec des athlètes finnois de niveau olympique. C’est là tout l’effet waouh de notre découverte du laboratoire : une démonstration de course à pied, vélo, fauteuil de course, ski de fond et de ski.

Source : Maxime Grosjean pour Frandroid

Si on regrette la vitesse maximale de seulement 25 km/h atteinte à vélo par le triathlète sur le large tapis roulant, on retient la présence de masque pour mesurer la consommation d’oxygène.

On apprend sans surprise que ces sports ont été choisis pour leur popularité en occident et en orient : « la course à pied et le cyclisme sont universellement populaires depuis un certain temps, ce qui en fait des sujets de choix pour notre recherche et notre analyse, compte tenu de leur attrait et de leur applicabilité à l’échelle mondiale ». La natation fait quant à elle partie du lot suite à « l’intérêt croissant pour le triathlon ».

Les démonstrations avec les athlètes nous ont interrogés sur les applications possibles des résultats : n’est-il pas plus pertinent de mener des essais sur des amateurs, voire des personnes sédentaires ? Dans les faits, Huawei nous indique : « recueillir un large éventail de données » sur des utilisateurs de tous niveaux pour s’assurer que les produits soient efficaces pour tout le monde.

J’ai bien essayé de profiter du moment et du matériel pour déterminer ma VO2 max, mais les chercheurs ont sans surprise décliné ma demande, faute de temps.

Des partenariats avec des universités européennes

Huawei n’a pas choisi la Finlande que pour ses athlètes, mais également pour la présence d’universités réputées, avec lesquelles la marque chinoise collabore aujourd’hui.

Les objectifs cités sont simples : renforcer la crédibilité de Huawei dans ce domaine et faire progresser l’industrie dans son ensemble.

Huawei nous indique par exemple travailler sur l’établissement de protocoles d’essai normalisés (pour les technologies portables dans le domaine du sport et de la santé) avec un consortium de six grandes universités européennes. La marque nous redirige même vers quatre publications scientifiques déjà parues. Notons par ailleurs la mention de « recherche fondamentale » dans les précisions apportées par Huawei.

Aussi, évitons les non-dits : l’implantation de Huawei en Europe et sur le marché des montres et des bracelets connectés n’a rien de surprenant. La stratégie semble en effet intelligente quand on connaît les déboires de la marque en occident, frappée par l’embargo américain puis européen et les conséquences qui en découlent. Le géant chinois veut continuer de montrer ses muscles en Europe sur un autre marché, en pleine expansion qui plus est : celui du sport et de la santé.

Les résultats semblent payer à en croire les notes attribuées par Frandroid aux montres connectées Huawei. On y souligne souvent une excellente précision des capteurs optiques. Comme quoi, la R&D finit par payer…


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