Huawei : la France ne cède pas à la paranoïa de l’espionnage… pour le moment

 
Huawei subit les foudres et peurs grandissantes du gouvernement américain et de certains de ses alliés. En France, le climat n’est pas à la paranoïa, mais prudence est de mise.

Tout a commencé par… Donald Trump. Le président des États-Unis a bloqué l’expansion de la marque chinoise Huawei dans son pays, argumentant un problème pour la sécurité nationale alors que les entreprises chinoises sont désormais tenues de répondre aux moindres demandes du gouvernement.

D’autres marques, comme ZTE, l’ont subi, mais le numéro 2 mondial des smartphones (en date) est probablement celui dont le cas fait plus grande presse. Sont venus ensuite les doutes d’autres pays alliés, comme l’Allemagne, sur les intentions de l’équipementier réseau. Et enfin, une grande cabale a été montée par le gouvernement américain pour bloquer Huawei au-delà du territoire américain.

Qu’en est-il pour la France ? Le journal Les Echos a pu prendre la température auprès des personnes concernées du gouvernement. On peut y apprendre que le climat est beaucoup plus calme.

Pas de suspicion pour cause de dépendance

Un conseiller ministériel à Bercy déclare qu’il « n’y a pas assez de raisons suffisantes pour justifier une interdiction totale. Si Huawei installe une antenne-relais à Nantes, ce n’est pas pareil qu’une antenne en face de l’Élysée… Nous avons une analyse fine de la situation ».

Voilà une déclaration pleine de nuance en fort contraste avec la peur instaurée par le gouvernement américain. Il semble que le gouvernement français fasse preuve de pragmatisme, pour une raison très simple ceci étant : les acteurs français sont très dépendants de Huawei pour le déploiement de leur réseau.

Bouygues comme SFR, entre autres, font appel à la marque chinoise pour le déploiement de leur réseau 5G, ce qui explique ce questionnement à tête reposée : « La capacité des équipementiers n’est pas illimitée… Si Huawei était bloqué, Nokia ne pourra pas tout faire » déclare un opérateur.

Rien n’est encore joué

La crainte d’un retard technologique est donc plus forte que celle d’un éventuel espionnage sur ce terrain. Le constructeur lui-même se veut comme toujours rassurant, et déclare par le biais de Zhang Minggang (numéro 2 de Huawei en France) :

« Nous sommes extrêmement vigilants et depuis très longtemps, bien avant la 5G. Il y a des garde-fous partout sur nos équipements. Une fois qu’ils sont installés chez le client, nous n’y avons plus accès, sauf quand l’opérateur nous demande d’en faire la maintenance ».

Rien n’est pourtant joué. Une source proche du gouvernement reconnaît pour Les Echos que le sujet « se tend » en ce moment, indiquant qu’il était tout à fait possible que la situation évolue au fil des semaines. Après tout, la crainte de l’espionnage pourrait très vite être brandie par des opposants au pouvoir, poussant le débat — encore discret en France — sur les devants de la scène politique.


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