Huawei P30 Pro : que faut-il changer pour en faire un smartphone 0 % USA ?

 
Suite aux dernières annonces américaines, Huawei est en mauvaise posture. Le groupe chinois ne peut plus travailler avec une entreprise américaine. Imaginons alors un Huawei P30 Pro fabriqué sans aucun composant américain ?

Le Huawei P30 Pro est la tête d’affiche du groupe chinois, mais qu’a-t-il d’américain ? Suite au décret du gouvernement des États-Unis, Google, Qualcomm, Intel… ont mis fin à leurs collaborations avec Huawei. Le constructeur chinois a un délai de trois mois pour se préparer au blackout américain. Nous avons étudié les différents composants du Huawei P30 Pro, avec l’aide d’iFixit, pour mieux appréhender les changements à attendre sur les smartphones de la marque.

Ce qui est américain

Il y a bien plus de composants conçus par des entreprises américaines que l’on pourrait le croire. Le stockage en mémoire flash, par exemple, est conçu par Micron : une entreprise américaine, maison-mère de Lexar et Crucial, dont le siège social est dans l’État de l’Idaho. En guise de remplacement, Huawei pourrait se fournir chez le Japonais Toshiba ou le Coréen Samsung. D’ailleurs, le Mate 20 Pro a du stockage de chez Toshiba, comme le Samsung Galaxy S10e. Huawei a également commencé à concevoir de la mémoire en annonçant son propre format Nano Memory.

On retrouve également un module front-end pour les réseaux WCDMA/LTE de chez Skyworks basé du Massachusetts. Ce groupe fournit des composants à de très nombreuses entreprises, comme des antennes dédiées aux télécommunications. Qorvo fournit également des composants pour les télécommunications, une entreprise américaine située en Caroline du Nord. Pour ces éléments, Huawei saura sans doute trouver un partenaire en Chine où les fournisseurs ne manquent pas.

Crédits image : iFixit

Corning, fabricant du Gorilla Glass, fournit le verre pour le P30 Pro et est un fournisseur régulier de Huawei pour ses smartphones, ainsi que pour les ordinateurs portables Matebook. Il y a néanmoins des alternatives possibles : AGC Asahi Glass, un concurrent japonais qui produit le verre Dragontrail. Il y a sans doute d’autres composants américains dans le P30 Pro, mais aussi des composants indirectement américains. La sanction des États-Unis touche également des firmes européennes, comme Infineon qui fournit normalement à Huawei des microcontrôleurs et des circuits intégrés utilisés pour la gestion de la batterie. Cependant, comme l’entreprise allemande utilise des technologies américaines sur ses composants, elle est soumise à cette même restriction juridique.

Huawei n’est pas pour rien le premier fabricant d’équipements de télécommunication et deuxième fabricant de smartphones dans le monde. Parmi ses divisions, on retrouve HiSilicon qui conçoit et fabrique ses propres SoC Mobile (Kirin). Ce sont néanmoins des SoC ARM. Et cela nécessite donc un partenariat avec ARM, une entreprise britannique (qui appartient au Japonais SoftBank) très proche des États-Unis. Et comme Infineon, ARM a mis fin a ses relations avec l’entreprise chinoise. Huawei va donc devoir trouver une solution très rapidement pour continuer d’être l’un des seuls constructeurs à produire ses propres SoC, comme Apple et Samsung (et à moindre mesure LG et Xiaomi).

N’oublions pas Android. Même si Huawei peut toujours accéder à AOSP, le groupe chinois collabore depuis des années avec Google dans le développement d’Android. Le Mate 20 Pro, par exemple, faisait partie des appareils compatibles avec la beta d’Android 10 Q — mais ce n’est plus le cas désormais. Huawei peut donc théoriquement se passer de la firme de Mountain View pour utiliser Android, mais il a forcément besoin de ce partenariat pour accéder aux services Google (YouTube, Google Maps, Gmail, Play Store, etc.).

Enfin, les smartphones Huawei pré-embarquent des applications américaines, comme Facebook et Netflix. Huawei ne pourra plus conclure des partenariats avec des éditeurs américains.

Ce qui n’est pas américain

Du côté des écrans, Huawei travaille avec Samsung et LG, il y a également des fournisseurs chinois et japonais. Même constat pour les appareils photo : Huawei collabore avec l’Allemand Leica et le japonais Sony. La mémoire RAM est conçue et fournie par l’entreprise sud-coréenne SK Hynix. Le capteur d’empreintes digitales est quant à lui fourni par le Chinois Goodix, qui équipe également les smartphones OnePlus.

Crédits image : iFixit

Il ne fait donc pas de doute que Huawei sera durement touché par les sanctions américaines, néanmoins le groupe chinois peut se passer des composants fournis par les entreprises américaines. Un des points inquiétants que soulève cet article : est-ce qu’un groupe européen, japonais, taïwanais, coréen pourra faire l’objectif d’un blocage car il travaille avec un fournisseur américain ? L’affaire est compliquée.


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