Pour Huawei, les États-Unis peuvent bien garder leur bannissement à vie

Les États-Unis ? 'connais pas

 
Huawei ne semble plus le moins du monde inquiété par le bannissement américain. Au contraire : en interview, plusieurs responsables de la marque annoncent ne pas avoir besoin des États-Unis pour grandir.

C’est le feuilleton de plusieurs mois désormais : les États-Unis ont banni le constructeur chinois Huawei. En l’intégrant dans l’Entity List, le gouvernement Trump a fait en sorte d’interdire aux entreprises américaines la moindre interaction avec l’entité chinoise.

Conséquence directe de cela ? L’impossibilité d’utiliser Android pour ses smartphones, et Windows 10 pour ses ordinateurs portables. Si la situation est encore stagnante, et que des solutions ont maintes fois été tentées sans succès, l’entreprise semble s’être résignée et vouloir afficher désormais sa force.

Pas de confrontation, pas besoin

Dans une interview accordée au Wall Street Journal, relayée par Gizmochina, le fondateur de Huawei Ren Zhengfei a déclaré : « Nous pouvons très bien survivre sans les États-Unis. Les accords commerciaux entre la Chine et les États-Unis ne sont pas quelque chose qui nous concerne ». Et pour cause : « nous n’avons virtuellement aucune affaire aux États-Unis ».

Ces déclarations ne sont pour autant pas à lire comme des menaces de guerre. Le fondateur tempère en effet en déclarant qu’il n’y a « pas eu de confrontation avec les États-Unis » et que Donald Trump pourrait leur rendre visite aujourd’hui ou après la fin de son mandat comme il le souhaite.

Si Huawei a bien tenté de commencer à vendre ses smartphones sur le sol américain avant refus du gouvernement, il n’a en effet pas eu besoin de cela pour grimper à la troisième place des vendeurs internationaux. On comprend donc un peu plus la position de Ren Zhengfei sur ces déclarations.

Les États-Unis s’effacent du portfolio Huawei

Ceci étant, ce n’est pas le nœud du problème. L’activité d’équipementier réseau, bien que moins connue du grand public, est la plus touchée par le bannissement américain. Sur ce terrain, c’est l’actuel PDG de Huawei qui déclare : « Nous ne nous attendons pas à ce que les États-Unis retirent Huawei de l’Entity List. Ils peuvent bien nous y garder à vie puisque nous irons très bien sans eux ».

Source d’une telle confiance ? Huawei revoit progressivement son portfolio d’appareil 5G afin d’éliminer toutes technologies américaines, créant 5 000 nouvelles stations par mois. Certaines sont tout de même présentes, comme les puces ARM, mais sont créées dans des usines délocalisées et ne sont donc pas soumises au bannissement. Elles représentent « 70 à 80% » du niveau auquel elles étaient auparavant désormais.

Une balle dans le pied

S’il était admis que Huawei devrait encaisser ce bannissement sur ses affaires… celles-ci se portent très bien pour le moment. Ses derniers résultats montrent que ses ventes continuent d’augmenter et que son bénéfice croît toujours, bien qu’un brin ralenti. Du côté des États-Unis, la question d’un assouplissement est enfin à l’ordre du jour alors que des autorisations spéciales ne devraient plus tarder à être validées par le gouvernement.

Et si les États-Unis s’étaient tiré une balle dans le pied ? Un acteur économique de la trempe de Huawei n’est pas à prendre à la légère. Et si celui-ci continue de grandir et s’épanouir en l’absence du marché américain tout en effaçant progressivement ses acteurs de son portfolio… Les États-Unis ont tout à y perdre. Voilà qui pourrait donc bien changer la donne sur les mois à venir.

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