Huawei critiqué en Chine : explications sur les deux affaires qui tombent au mauvais moment

 
Huawei qui subit un blocage de la part des Etats-Unis depuis mai dernier vit actuellement un scandale en Chine à cause de deux affaires.

Le groupe Huawei n’avait pas besoin de ça dans le contexte actuel. En effet, deux affaires font grand bruit en Chine et concernant le groupe Huawei. De nombreux internautes chinois appellent au boycott de l’entreprise. En cause, deux affaires, une en Chine, l’autre au Canada.

L’affaire Li Hongyuan

La première affaire concerne Li Hongyuan. Cet ex-employé de Huawei a été condamné à passer 251 jours en prison, accusé d’extorsion et de partage de documents secrets par Huawei. Il a été libéré en août dernier « faute de preuves suffisantes ».

Selon les médias chinois, Li Hongyuan, diplômé de l’une des prestigieuses universités de Pékin, a passé 12 ans à travailler dans différents départements du Huawei. Mais en janvier de l’année dernière, il aurait été contraint de quitter l’entreprise après avoir appris que son directeur de département gonflait les chiffres de vente.

Avant de démissionner, Li Hongyuan a réussi à négocier une indemnité de départ de 44 000 euros, qui lui a été transférée en mars 2018 à partir du compte bancaire personnel d’un employé de Huawei. Huawei a prétendu que Li Hongyuan avait demandé de l’argent à son ancien directeur contre son silence, menaçant de rapporter la tricherie à un directeur de Huawei s’il n’était pas payé. La police aurait ensuite enlevé Li Hongyuan au milieu de la nuit du 16 décembre 2018 et l’aurait détenu 251 jours.

Cependant, en août dernier, Li Hongyuan a été libéré sans inculpation après que sa femme fournisse un enregistrement audio de deux heures de la négociation de son indemnité de départ avec le service des ressources humaines de Huawei.

Il y a quelques jours, les tribunaux ont accordé un peu plus de 100 000 yuans (soit environ 13 000 euros) de dommage et intérêt à Li Hongyuan. L’affaire a suscité la colère des internautes, de nombreux Chinois appellent au boycott des produits Huawei au pire moment pour la firme chinoise. La controverse sur l’affaire Li Hongyuan s’est intensifiée ces derniers jours, lorsque Huawei a publié une déclaration justifiant sa décision de dénoncer Li Hongyuan à la police tout en expliquant que si les droits de son ex-employé ont été violés, Huawei ne verrait aucun problème à être poursuivi devant les tribunaux.

La déclaration n’a guère apaisé l’opinion publique. Huawei a été comparé à un éléphant qui essaye d’écraser une fourmi, tout en expliquant que la fourmi peut essayer de l’écraser si elle veut se venger.

L’affaire Meng Wanzhou

La seconde affaire concerne Meng Wanzhou, directrice des finances de Huawei et fille de son fondateur Ren Zhengfei. Il y a quelques jours, elle célébrait sa première année en résidence surveillée dans sa maison de Vancouver au Canada. Elle a été arrêtée en 2018. En cause, des infractions supposées à l’embargo de Washington sur les exportations vers l’Iran — argument prisé quand il s’agit de justifier des actions exceptionnelles vers l’étranger. Depuis, elle attend dans une de ses grandes demeures une éventuelle extradition vers les États-Unis.

Meng Wanzhou peut sortir de sa demeure lorsqu’elle porte son bracelet électronique à la cheville

Dimanche dernier, le 1er décembre, Meng Wanzhou a écrit une lettre ouverte pour souligner l’anniversaire de son arrestation au Canada. En publiant la lettre sur le site Web de Huawei, Meng Wanzhou a remercié ses partisans pour « leur soutien » pendant les « difficultés » qu’elle traverse en attendant son procès à Vancouver.

Depuis sa demeure canadienne, elle explique avoir trouvé le temps de se mettre à la peinture à l’huile et même de « lire un livre de la première à la dernière page ».

Le contraste entre ces deux affaires

Le contraste entre les vacances forcées de Meng Wanzhou et la détention illégale de Li Hongyuan était trop frappant pour les internautes chinois ne réagissent pas.

Dans la section des commentaires sous la lettre ouverte de Meng Wanzhou sur la plateforme de médias sociaux chinoise Weibo, les utilisateurs ont laissé des références énigmatiques au cas de Li Hongyuan, affichant des chiffres comme 251 (le nombre de jours qu’il a passé en détention), 985 (une référence à un programme universitaire via lequel Li Hongyuan a été engagé) et 996 (qui renvoie à la culture chinoise du travail épuisant de 9h à 21h, six jours par semaine).

Les internautes chinois utilisent souvent des chiffres pour se référer à des sujets sensibles, car les chiffres sont plus difficiles à censurer, mais la discussion en ligne sur le cas de Li Hongyuan a tout de même été censurée. De nombreux commentaires négatifs concernant Meng Wanzhou et sa lettre auraient été supprimés.

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