Huawei de connivence avec les renseignements chinois ? Berlin aurait des preuves

Et si Donald Trump avait raison ?

 
Alors que la probité de Huawei est remise en cause depuis des mois par les autorités américaines, le quotidien économique allemand Handelsblatt rapporte que Berlin aurait des preuves de la connivence du géant des télécoms avec les services de renseignements chinois.
Crédit : Alejandro Luengo / Unsplash

Faut-il faire confiance à Huawei, premier fournisseur mondial d’équipements télécoms, dans l’élaboration à l’échelle européenne du réseau 5G ? La question est posée depuis des mois et fait l’objet de vifs débats alors que l’administration Trump — convaincue d’une collaboration étroite de Huawei avec les autorités chinoises à des fins de renseignement — fait pression sur ses alliés pour qu’ils rejettent le géant des télécoms au profit des équipements du coréen Samsung ou des Scandinaves Nokia et Ericsson.

C’est dans ce contexte tendu que le quotidien économique allemand Handelsblatt rapportait hier que Berlin est en possession de preuves établissant un lien direct entre Huawei avec les services de renseignements chinois. Des documents potentiellement explosifs pour Huawei, qui réfutait encore récemment les accusations américaines, arguant — et à raison jusqu’à présent — qu’aucune preuve concrète n’avait été fournie par les États-Unis.

Les politiques allemands partagés sur le cas Huawei

Selon Handelsblatt, le gouvernement fédéral allemand en saurait beaucoup plus sur les rapports entretenus entre Huawei et les services de renseignement chinois qu’il ne le communique publiquement. « En fin d’année 2019, des renseignements nous ont été transmis par les États-Unis, selon lesquels Huawei a coopéré de manière avérée avec les autorités de sécurité chinoises », détaille ainsi un document classifié détenu par le ministère allemand des Affaires étrangères, que le quotidien Dusseldorfois a pu consulter.

Dans leurs conclusions, les autorités allemandes estiment que les preuves fournies sont probantes et ajoutent que « la fiabilité des entreprises chinoises n’est pas assurée au regard des exigences de sécurité liées à la mise en place des réseaux 5G ». Ce document serait notamment à l’origine de la position adoptée par Heiko Maas, le ministre allemand des Affaires étrangères (parti social-démocrate, SPD), qui assure que les technologies chinoises pourraient « servir de passerelle » à des espions ou à d’éventuels cyberattaquants.

Angela Merkel, Peter Altmaier, ministre de l’Économie (tous deux rattachés au parti Union chrétienne-démocrate, CDU) et Horst Seehofer (Union chrétienne sociale, CSU) résistent néanmoins à se positionner sur des restrictions trop strictes à l’égard de Huawei, de peur de représailles diplomatiques et/ou économiques de la part de la Chine, explique Handelsblatt.

Ici une fraction du document confidentiel consulté par Handelsblatt, actuellement détenu par le ministère fédéral allemand des Affaires étrangères / Crédit : Handelsblatt

Rappelons qu’à l’échelle européenne, c’est la circonspection qui prédomine. Si la Grande-Bretagne indiquait cette semaine, par l’intermédiaire d’une prise de position de son Premier ministre, Boris Johnson, choisir Huawei pour une partie de ses équipements 5G, mention est faite que ce dernier ne sera sollicité que de manière parcellaire et pour des réseaux ne présentant pas de risque pour la sécurité nationale. Sur ce même dossier, l’Italie semble pour sa part vouloir se rallier à la simple loi du marché… quitte à faire fi des accusations qui pèsent sur le géant chinois. Il faut dire que ne pas opter pour Huawei implique pour les opérateurs nationaux d’importants retards de développement pour leurs réseaux 5G, mais aussi un surcoût colossal estimé à des milliards d’euros.

Comme le note Le Figaro, la Commission européenne doit se prononcer ce mercredi sur le cas Huawei, tout du moins en partie. L’institution doit notamment publier « un ensemble de directives afin de définir une position commune sur le sujet », indique le quotidien français.


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