En repli sur la Chine, Huawei développerait des GPUs voués aux serveurs chinois

Vers une première carte graphique deux fois plus puissante que la Nvidia Tesla V100s ?

 
Occupé surtout par Nvidia et AMD, le marché des cartes graphiques pour serveurs pourrait voir débarquer un nouvel acteur… et non, il ne s’agit pas d’Intel. Si les bleus arriveront bien sur ce segment en 2021 avec leurs puces Xe, Huawei serait aussi en train de développer ses premières cartes graphiques. Leur cœur de cible ? les serveurs chinois.
Huawei travaillerait actuellement à la création de cartes graphiques de son cru, destinées aux serveurs.

Pour Huawei, le salut pourrait être dans la diversification des sources de revenus. Alors que la firme voit ses activités être fortement perturbées par les sanctions américaines, on apprend qu’elle chercherait à s’implanter sur le marché des cartes graphiques pour serveurs, en développant des GPUs dédiés à la demande chinoise.

À l’instar de l’Ascend 910 (une puce pensée pour l’IA et dévoilée par le groupe en fin d’année dernière), les premières cartes graphiques pour serveurs de Huawei pourraient être deux fois plus performantes que l’actuelle offre de Nvidia, dont le haut de gamme est orné d’une certaine Tesla V100s. Cette dernière déploie pour rappel jusqu’à 130 TeraFLOPS de puissance de calcul pour 32 Go/s de bande passante, et dispose de 16 ou 32 Go de mémoire vidéo HBM2 à 900 Go/s. Sa consommation atteint pour sa part les 250 watts.

Huawei recrute d’anciens ingénieurs de Nvidia et AMD pour un nouveau site en Corée du Sud

Si l’on se base sur les spécifications annoncées par Huawei pour son Ascend 910, les premières cartes graphiques pour serveurs du groupe pourraient disposer d’au moins 256 Teraflops de puissance de calcul FP16, 512 TOPS en INT8, et le tout pour un TDP de 310 watts, note WCCFTech. Des spécifications aguicheuses que Huawei doit en partie à la gravure en 7nm+ proposée par TSMC et utilisée pour cette puce. Avec sa Tesla V100s, Nvidia se contente pour sa part toujours d’un procédé en 12 nm. Le premier GPU pour serveur de Huawei profiterait par ailleurs de l’accélérateur Atlas 300 (PCIe 4.0) pour maximiser ses performances.

Huawei compte aussi capitaliser sur cette avance en recrutant. D’après les sources du média coréen The Elec, la firme serait sur le point d’ouvrir un site en Corée du Sud, dédié à sa division Cloud and AI Business Group, qui regroupe désormais les segments télécoms, entreprise et consommateur du géant chinois. Ce site serait accueillerait « une formidable liste de talents », dont d’anciens ingénieurs de Nvidia et AMD.

Un contexte politique favorable

S’il mérite encore de se concrétiser formellement, le projet de Huawei interviendrait dans un contexte politique très favorable. En réponse aux pressions américaines, le gouvernement chinois souhaite en effet remplacer l’intégralité du matériel étranger employé dans ses services. Un remplacement qui se ferait au profit de hardware chinois. Dans ces conditions, Huawei pourrait profiter d’aides des autorités pour mettre son projet à exécution. La firme disposerait alors de moyens importants pour concurrencer Nvidia et AMD, même si — au moins dans un premier temps — son entrée sur le marché du serveur se limiterait aux data-centers chinois.

Reste enfin la question de TSMC, qui subit également des pressions de la part des autorités américaines pour cesser ses activités avec Huawei. En cas de désertion de TSMC, Huawei pourrait se tourner vers Samsung pour graver ses premiers GPUs… ou alors vers le géant chinois SMIC, qui a récemment annoncé la mise en place prochaine de son procédé de gravure N+1, qui se rapproche sur bien des points d’un protocole 7nm.


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