C’est la crise chez Intel : l’américain envisage une restructuration radicale

La chute d'un titan

 
Intel, le mastodonte des semi-conducteurs, se trouve aujourd’hui dans la situation la plus précaire de son histoire.

Il fut un temps où le nom d’Intel était synonyme de domination dans l’industrie des semi-conducteurs. Aujourd’hui, le géant américain traverse la période la plus tumultueuse de ses 56 ans d’histoire.

Un colosse aux pieds d’argile

La chute a été rapide. Après avoir caracolé en tête de tous les classements, les résultats financiers sont dans le rouge, et Intel est contraint d’envisager des mesures drastiques pour sauver les meubles. C’est la situation dans laquelle se trouve Pat Gelsinger, le grand patron d’Intel.

Les chiffres font froid dans le dos : une perte nette de 1,61 milliard de dollars au dernier trimestre, une chute de 60 % de la valeur de l’action depuis le début de l’année et la perspective de nouvelles pertes pour l’année à venir. Comment en est-on arrivé là ?

La réponse est à chercher dans une série de mauvais choix stratégiques et dans l’évolution rapide du marché. Pendant qu’Intel misait tout sur ses processeurs pour PC et serveurs, des concurrents comme TSMC et AMD ont pris une longueur d’avance dans la course à la miniaturisation et à l’efficacité énergétique. Résultat : Intel s’est retrouvé avec des usines surdimensionnées et des produits moins performants que ceux de la concurrence.

Le plan Gelsinger : trop peu, trop tard ?

Lorsque Pat Gelsinger est revenu aux commandes d’Intel en 2021, après plus d’une décennie d’absence, il avait un plan ambitieux : restaurer la suprématie technologique d’Intel en investissant massivement dans de nouvelles usines et en lançant une activité de fonderie pour concurrencer TSMC.

Sur le papier, l’idée semblait séduisante. Dans les faits, elle s’est heurtée à une dure réalité : le marché des PC, principal débouché d’Intel, s’est effondré après le boom lié à la pandémie. Et les nouveaux investissements n’ont pas encore porté leurs fruits.

Intel se retrouve aujourd’hui dans une situation paradoxale : des capacités de production surdimensionnées et des produits qui peinent à séduire les clients. Rappelons qu’Apple ne travaille plus avec Intel, depuis son passage à l’Apple Silicon. Et Intel a désormais un concurrent de taille dans le monde du PC, Qualcomm qui a lancé ses Snapdragon X Plus.

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Face à cette situation, Intel envisage désormais des mesures radicales. Selon des sources proches du dossier, l’entreprise travaille avec des banques d’investissement comme Morgan Stanley et Goldman Sachs pour étudier différentes options. Parmi elles, la plus spectaculaire serait une séparation des activités de conception et de fabrication (fonderie).

L’heure des choix difficiles

Cette option, si elle était retenue, marquerait un tournant historique pour Intel. Depuis sa création, l’entreprise a toujours mis en avant son modèle intégré, où conception et fabrication sont étroitement liées. C’est ce modèle qui lui a permis de dominer l’industrie pendant des décennies.

Mais les temps changent, et ce qui était autrefois une force pourrait aujourd’hui être un boulet. La séparation des activités permettrait à la branche fonderie de chercher des clients extérieurs, tandis que la partie conception pourrait se concentrer sur l’innovation sans le poids des investissements massifs dans les usines.

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Cependant, une telle décision ne se prend pas à la légère. Intel risque de perdre son avantage concurrentiel historique, et il n’est pas garanti que la division fonderie puisse rapidement attirer suffisamment de clients pour être rentable.

D’autres options sont sur la table, comme le report de certains projets d’expansion ou la recherche de partenaires financiers pour partager le poids des investissements. Intel a déjà conclu des accords en ce sens avec Brookfield Infrastructure Partners et Apollo Global Management.

Quoi qu’il en soit, le temps presse. Avec le départ récent de Lip-Bu Tan, l’un des rares administrateurs ayant une connaissance approfondie du secteur, la pression s’accentue sur Pat Gelsinger pour prendre des décisions rapides et efficaces.

L’avenir d’Intel, et peut-être même celui de l’industrie américaine des semi-conducteurs, se jouera dans les prochains mois. Une chose est sûre : le géant aux pieds d’argile ne peut plus se permettre de trébucher.

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