Peut-on encore véritablement parler d’ordinateur portable de nos jours ? La question est plus légitime à poser qu’on ne pourrait le penser, et pour cause : quels sont les produits encore portables, ou encore ordinateurs, sur ce segment ? La Surface de Windows a prouvé que l’on pouvait se séparer du clavier sans heurt. Les PC gamers sont plutôt transportables que portables, à l’image d’un iMac que l’on peut plus facilement glisser dans une valise. Même l’arrivée des Steam Deck et autres Asus ROG Ally est venue perturber cette définition traditionnelle, au point de créer une catégorie qu’on n’ose appeler ni PC portable, ni console portable.
C’est dans ce contexte que le Lenovo Yoga Book 9i apparaît. Un ordinateur portable qui se sépare totalement de son clavier intégré pour le déporter vers un accessoire aimanté, laissant la place vacante à un second écran. De quoi proposer un setup dédié à l’hyper productivité mobile, mais qui n’est pas sans concessions.
Fiche technique
Modèle | Lenovo Yoga Book 9i |
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Dimensions | 203,9 mm x 15,95 mm |
Technologie d’affichage | OLED |
Écran tactile | Oui |
Processeur (CPU) | Core i7-U15 |
Puce graphique (GPU) | Intel Iris X |
Mémoire vive (RAM) | 16 Go |
Mémoire interne | 0 Go, 1000 Go |
Version du Bluetooth | 5.2 |
Système d’exploitation (OS) | Microsoft Windows 11 |
Poids | 1380 grammes |
Profondeur | 299,1 mm |
Prix | 3 123 € |
Fiche produit |
L’exemplaire testé ici nous a été prêté par Lenovo pour la durée du test.
Design
Cet éloignement du PC portable traditionnel, on le retrouve dès le produit fermé. En effet, ce dernier vient aimanter son clavier sans fil, connecté en Bluetooth, ainsi que son stylet fourni sur la coque supérieure de l’appareil. Dès lors, le tout fermé annonce la couleur : avant même d’ouvrir le Yoga Book 9i, il faut le séparer de ses accessoires, qu’on reviendra placer ou utiliser à loisir. Il n’est pas obligatoire de les transporter ainsi, bien sûr, mais on sent que ne pas les avoir à portée équivaut à se condamner à n’apprécier que 50% de la véritable expérience proposée ici. Alors on pose le tout sur le côté, et on regarde la machine.
Et là encore… Est-ce vraiment un ordinateur portable ? Avec ses bords très arrondis, que ce soit sur les contours de l’écran ou la base du châssis, et le placement de ses boutons sur la tranche, dont celui d’alimentation placé bien haut… Nous sommes tentés de parler d’une tablette. La face avant le rappelle en tout cas, particulièrement à cause de l’orientation des identificateurs habituels de la marque, qui sont tous deux à la verticale.
Mais en renversant la machine, le choc est de retrouver… un ordinateur portable. Quatre pieds en caoutchouc sur une coque arrondie à l’avant, et deux rainures pour laisser passer la chaleur. Un terrain connu pour un appareil qui navigue entre deux eaux.
C’est à l’ouverture, dont l’aimant est d’ailleurs un brin trop puissant pour être facilement repoussé à une main, que le choc se fait. Nous sommes face à deux larges écrans brillants et tactiles, deux tablettes véritablement réunies par le biais d’une longue et large charnière qui intègre les haut-parleurs.
Cependant, la partie traditionnellement réservée à l’écran est différente de l’autre : elle trahit par sa finesse le fait qu’elle n’accueille pas de composants vitaux pour l’ordinateur, et une légère partie déportée servant à ouvrir facilement le Yoga Book 9i, certes, mais surtout à intégrer les capteurs servant à la webcam et à la reconnaissance faciale.
Le Lenovo Yoga Book 9i est, moins qu’un ordinateur portable, un PC à deux écrans placés verticalement l’un sur l’autre, et dont les composants sont intégrés en dessous de l’écran du bas. Ce dernier peut être utilisé comme tel, ou servir de clavier tactile et de pavé tactile, ou accueillir de manière aimantée le clavier sans fil physique fourni, que l’on peut même utiliser à distance comme un accessoire classique. Tout est fait pour vous permettre de créer le mode d’utilisation qui vous convient, y compris la présence d’une base pliable dans la boîte de l’appareil.
Cette dernière vous permettre de poser efficacement la configuration avec ses deux écrans ouverts à l’horizontale devant vous, ou même à la verticale, et d’y aimanter le clavier au-devant. Et outre ce mode PC classique ou mode deux écrans portables, vous retrouvez les habituels mode tablette en repliant la configuration sur elle-même, ou mode tente des transformables.
Un produit à la gymnastique pleine de potentiel donc, et qui a été parfaitement bien conçu. La configuration reste malgré tout légère à 1,38 kg et le produit conçu en aluminium superbement bien fini. On sent que nous ne sommes pas sur une version bêta de ce design, mais qu’il a été réfléchi sur de nombreux prototypes. Cependant, nous sommes aussi face à un produit qui, par nature, vous demandera de trimballer avec vous une flopée d’accessoires, ce qui va quelque peu à l’encontre du principe d’un ordinateur portable. Tout ceci est bien étrange.
Clavier et pavé tactile
Commençons par l’évidence : sans utiliser aucun accessoire. En appuyant à 8 doigts sur l’écran du bas, toute la zone devient celle d’un ordinateur portable classique, avec ses touches et son pavé tactile. Un clavier fonctionnellement bien fourni, mais dont les vibrations à l’intensité réglable et le son au toucher ne seront jamais capables d’offrir le retour haptique nécessaire pour certains utilisateurs. Reste que tout cela est plus confortable qu’il n’y paraît, pour des sessions courtes d’écriture.
Il faut évidemment apposer le clavier physique à la configuration pour retrouver ses marques. Mais voilà : si l’accessoire lui-même est très bien conçu, avec des touches d’une qualité moyenne qui ne choqueront absolument pas les habitués des ordinateurs portables, la frustration vient de la conception même du produit. Ce clavier se maintient en place grâce à des aimants, mais une frappe plus forte que la moyenne a tôt fait de provoquer de très légers mouvements du périphérique sur le verre de l’écran qui nuisent au confort de la solution. En prime, le clavier est naturellement beaucoup plus haut que d’habitude, et de ce fait, l’ergonomie n’est pas aussi optimale que sur un produit traditionnel.
Ajoutez à cela le fait que le clavier doit être rechargé séparément du Yoga Book 9i, comme n’importe quel autre accessoire. Il aurait été bienvenu de la part de Lenovo de prévoir qu’a minima, lorsque posé sur le haut du châssis de l’ordinateur, le clavier se connecte à des pins lui permettant de se recharger.
Mais là où le Yoga Book 9i a encore des efforts à faire, c’est sur la zone qui remplace le pavé tactile. En soi, l’idée est très bonne : une surface en verre aussi excellente fait un bon pavé tactile. Lenovo prévoit même 2 modes d’utilisation : un qui utilise l’intégralité de la surface, à éviter pour les faux positifs provoqués par les paumes de la main, et un qui limite la zone à une zone rectangulaire plus traditionnelle. Pour les deux, deux zones de clics sont toujours disponibles, et c’est là sa plus grande faiblesse. À l’usage, en absence de délimitation physique du pavé tactile, on ne cesse de glisser dessus et couper son mouvement. Un problème qui pourra vite être réglé par le constructeur en proposant d’ajouter ou enlever ces clics à loisir, mais qui est grinçant actuellement à l’usage.
Tout ça pour dire que la transformabilité du Yoga Book 9i ne se fait pas sans quelques sacrifices sur le confort d’utilisation. Et si les solutions de Lenovo sont plutôt bonnes, peut-être même les meilleures que nous ayons vues sur ce type d’appareils, il n’empêche qu’elles n’arrivent pas à être à la hauteur du produit qu’elles essaient de remplacer. L’ergonomie est ici le plus grand facteur de tensions.
Connectique
C’est aussi du côté de la connectique que l’on observe cet ADN à mi-chemin entre l’ordinateur et la tablette. La Yoga Book 9i propose un simple port USB-C Thunderbolt 4 et deux autres ports du même acabit de l’autre côté. C’est tout.
Il est bon de retrouver le Thunderbolt, mais il faudra en prime s’équiper de multiples dongles dans une utilisation professionnelle. Décidément, transporter le Yoga Book ne se fait jamais vraiment tout seul.
Webcam et audio
Côté webcam, nous retrouvons un capteur Full HD plutôt efficace, dans la lignée de ce que proposent les autres constructeurs. Comprenez que ce n’est pas fameux, mais hey, c’est plutôt pas mal en comparaison des autres. De la visioconférence, et que de la visioconférence.
La barre de son certifiée Bowers & Wilkins est elle un peu plus au-dessus du lot que ça, avec un son clair qui retranscrit assez agréablement les aigus et les moyens, malgré sa taille limitée. Ce sont évidemment les basses qui sont en retraits, mais en considérant le produit, la qualité est sûrement au maximum de ce qu’il était possible de faire.
Écran
Contrairement à beaucoup d’autres, Lenovo a fait le choix d’intégrer les deux mêmes écrans en bas et en haut de l’appareil. Un bon choix puisqu’il s’agit ici de deux dalles OLED de 13,3 pouces supportant une définition maximale de 2880 x 1800 pixels, soit un ratio 16:10. Ces écrans sont évidemment tactiles, tous deux jusqu’à 10 points, et supportent un taux de rafraîchissement maximal de 60 Hz.
Sous notre sonde et avec le logiciel DisplayCal, nous retrouvons des caractéristiques similaires sur les deux dalles, que nous avons testées indépendamment. Aussi, pour faciliter la lecture, nous les traiterons comme une. Nous retrouvons déjà une couverture de 174% de l’espace sRGB pour 123,8% de l’espace DCI-P3, comme présenté par le constructeur. La luminosité maximale mesurée au centre est à 365 cd/m², un peu faible pour des écrans tactiles réfléchissant autant la lumière, sans être inconfortable pour autant ; mieux vaudra utiliser le Yoga Book 9i en intérieur. La température moyenne des couleurs est relevée à 6029K, un peu trop chaude donc, pour un Delta E00 moyen mesuré à 2,81.
Ce n’est donc pas la meilleure calibration jamais vue sur un ordinateur portable à ce jour, mais en considérant que le constructeur doit naturellement calibrer deux écrans par appareil, on est tout de même sur de belles choses. La seule véritable déception ne provient pas du taux de rafraîchissement de 60 Hz, compréhensible pour une telle innovation, mais plutôt de la luminosité maximale qui empêche l’ordinateur de trouver ses aises en extérieur, qu’importent les conditions météorologiques.
Logiciel
Passons sur les poncifs. Oui, McAfee est encore là. Oui, la suite logicielle Lenovo a tendance à être éclatée sur plusieurs logiciels, et mériteraient une petite refonte pour la rendre plus facile d’accès, plus simple à utiliser pour l’utilisateur lambda. Mais ici, ce sont évidemment les fonctionnalités liées à ce produit si étrange qu’est le Yoga Book 9i qui sont les plus intéressantes.
Revenons un temps sur le clavier physique, justement. Si le premier mode suppose de l’aimanter en haut de l’écran pour retrouver une configuration similaire à un PC portable standard, il est également possible de l’aimanter sur la zone du bas et laisser la partie écran vacante à l’affichage de widgets décidés par Microsoft. Il est dommage de ne pas simplement redimensionner l’écran à cette zone, et permettre à quiconque d’en faire quoi que ce soit, à l’image des Zenbook Duo.
Cependant, Lenovo a bien réfléchi à sa suite. Passer une fenêtre d’un écran à un autre est un jeu d’enfant, qu’il s’agisse de la faire glisser, lui faire prendre la taille d’une zone prédéfinie, ou de simplement cliquer sur l’icône de l’application active dans la barre des tâches de l’écran cible pour qu’elle s’y glisse en deux temps, trois mouvements. Il en va de même pour régler indépendamment la luminosité de chaque écran, voire même régler la transparence du clavier numérique invoqué à l’appui de 8 doigts sur l’écran : il est concevable de continuer à travailler sur un document tout en tapant. Un autre appel, à trois doigts cette fois-ci, permet aussi d’invoquer un pavé tactile à la fenêtre redimensionnable, ce qui permet de ne pas constamment être dépendant du tactile souvent frustrant de Windows 11.
Dans l’absolu donc, le constructeur a très bien pensé sa formule logicielle pour s’adapter à ce nouveau format. Rien n’a vraiment été ni difficile à prendre en main ni impossible à configurer avec aise. Le constructeur a développé encore une nouvelle application dédiée pour faire découvrir à ses utilisateurs les capacités et options liées au Yoga Book 9i, mais celle-ci est très bien faite. La seule véritable source de frustration ? Les options manquantes. Outre le fait de pouvoir désactiver les touches de clics, il faut aussi voir que l’ordinateur ne donne pas la possibilité de désactiver l’un de ses écrans en mode tente, qui est donc condamné à suçoter de la batterie pour rien, sauf si l’utilisateur le désactive de lui-même… au risque de s’y perdre pour le réactiver.
Tout cela pour dire qu’il reste quelques optimisations à faire, mais c’est le lot de produits innovants de la sorte. Il y a fort à parier que les développeurs de Lenovo sont à l’affût des moindres retours, et sont toujours en train d’affiner leur proposition.
Performances
Revenons à plus traditionnel puisque le Lenovo Yoga Book 9i est propulsé par l’Intel Core i9-1355U, le SoC bien connu des ultrabooks de 2023 à 10 cœurs — 2 performances et 8 efficients — pouvant turbo jusqu’à 5 GHz. Il est couplé à 16 Go de RAM LPDDR5X en dual channel, et un stockage M.2-2280 de 1 To en PCIe 4.0. Une configuration plus que commune donc pour les PC ultra portables qui visent la fluidité et l’autonomie, mais pas les performances.
Benchmarks et chauffe
Cependant… nous n’atteignons pas nécessairement les chiffres escomptés. À 7709 points en multi-core pour 1830 points en single-core sous Cinebench R23, et un score global de 5603 points sur PCMark 10, le Yoga Book 9i nous prouve qu’il doit faire quelques sacrifices sur ses performances pour tenir ce format innovant. La configuration n’atteint en effet pas les 9000 points que l’on peut attendre en multi-core, preuve d’une gestion thermique agressive décidée par le constructeur. Ce n’est cependant pas étonnant ou choquant : de nombreuses tablettes du marché, dont les Surface, sont elles aussi forcées de faire preuve de retenues sur les tâches intensives longues, et le Core i9 saura un peu plus s’exprimer sur les accès brefs de performances. Mais qu’on se le dise : pour la production audio/vidéo, cette machine ne fera pas nécessairement des heureux.
Tout cela permet cependant aux ventilateurs du Lenovo Yoga Book 9i d’être à peine audible, même lorsque celui-ci est poussé à fond, pour une température extérieure maximale relevée à seulement 46,3°C. Lenovo a clairement fait le choix du confort ici, ce qui se comprend en considérant comme le Yoga Book 9i est destiné à être pris en main.
Autonomie
Le Lenovo Yoga Book 9i intègre une large batterie de 85 Wh, qui se recharge par le biais de son bloc d’alimentation en USB-C de 65W supportant la norme Power Delivery. Une recharge rapide permettant de récupérer 80% de batterie en 30 minutes de charge est intégrée.
En considérant son design à deux écrans, soit deux des éléments les plus énergivores de n’importe quelle configuration, nous ne nous attendions pas à des miracles sur l’autonomie du Yoga Book 9i. Et pourtant, c’est une excellente surprise : à 50% de luminosité et dans un usage bureautique, l’appareil est capable de tenir entre 7 et 8 heures avant de rendre l’âme. S’il ne s’agit pas d’un chiffre impressionnant en 2023 où de nombreux produits font dans les 12 à 14 heures, il faut aussi se rappeler que 7/8 heures d’autonomie était la norme pour les ultrabooks d’il y a quelques années… et que ces derniers n’avaient pas à alimenter deux écrans en même temps.
Cette intégration de deux écrans veut aussi dire que l’autonomie de l’appareil va significativement baisser si la luminosité des deux écrans est largement augmentée. Mais là encore, Lenovo propose de gérer séparément les deux, ce qui permettra aux utilisateurs de s’adapter à leurs besoins. La seule chose manquante pour véritablement optimiser cette autonomie est une gestion plus fine de l’extinction de l’un ou l’autre écran selon l’usage. On espère que Lenovo se penchera sur la question.
Prix et disponibilité
Le Lenovo Yoga Book 9i est vendu à partir de 2699 euros en France, complet avec tous ses accessoires. Notre configuration de test, qui inclue 1 To de stockage, est elle vendue 100 euros plus cher.
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