Logitech rêverait de vous faire payer les pilotes de votre souris par abonnement

 
La présidente de Logitech évoque les projets du géant suisse des périphériques PC et notamment l’idée d’une souris « éternelle » avec abonnement.
Logitech G Pro X Superlight 2
Source : Edouard Patout pour Frandroid

Logitech est l’un des leaders historiques des périphériques PC : souris, clavier, micro, casques et webcams, le constructeur suisse est reconnu pour ses innovations et la qualité de ses produits depuis maintenant plus de 40 ans. La marque se porte relativement bien, reprenant le chemin de la croissance après une année 2023 en demi-teinte et le départ brutal de son CEO Bracken Darrell, remplacé par Hanneke Faber le 1er décembre dernier.

Interrogée par le média The Verge, la nouvelle présidente du groupe a évoqué la vision de la marque et notamment un concept jusque-là associé aux produits de luxe : la souris éternelle. Une vision radicalement différente du modèle économique de Logitech qui pose tout un tas de questions.

Une souris éternelle par abonnement, un avenir pas si lointain

Au cours de l’interview, qui aborde des sujets aussi variés que l’IA et l’empreinte carbone d’une marque comme Logitech, Hanneke Faber mentionne un tout nouveau type de produit qui fait l’objet de sérieuses réflexions au sein du centre d’innovation du constructeur en Irlande.

On parle ici de la « souris éternelle », que la présidente compare ici avec une montre que beaucoup garderont toute leur vie :

C’est une belle montre, pas une montre super chère, mais je n’ai pas l’intention de la jeter un jour. Alors pourquoi jetterais-je ma souris ou mon clavier s’il s’agit d’une souris d’une qualité fantastique, bien conçue et supportée par un logiciel.

Concrètement, il s’agirait (dans l’esprit de Logitech) d’une souris « un peu plus lourde » avec « des logiciels et des services performants que vous mettriez constamment à jour ». Mais même à 200 euros, un tarif légèrement au-dessus des meilleures souris gamers du marché, comment la marque s’y retrouverait financièrement si les utilisateurs ne remplacent jamais leur souris ?

Logitech Options+, la dernière version de son logiciel pour les périphériques PC // Source : Logitech

Sans surprise, « le modèle économique est évidemment le défi à relever » alors que la présidente imagine un monde ou posséder une souris est un service. On pense au marché des imprimantes, qui deviennent des périphériques constamment connectés au cloud et mis à jour en continu. Le président de HP avait même évoqué en janvier dernier l’idée d’un abonnement payant pour utiliser ses imprimantes.

Ici, l’idée n’est pas écartée par Hanneke Faber, pour qui payer un abonnement afin de recevoir des mises à jour logicielles pour sa souris éternelle permet « de ne plus jamais s’en soucier ». Mais qu’en est-il de la durabilité du produit ?

Une vision déconnectée de la réalité ?

Les switchs d’une souris et d’un clavier sont calibrés pour plusieurs dizaines de millions de clics, mais peuvent encore être sujets à des soucis de double clicking ou même d’autonomie en baisse au fil des années. Une plus grande réparabilité des produits serait de mise avec la mise à disposition de pièces détachées pour tous les modèles de souris.

On pense au modèle des Fairphone ou du Framework Laptop, qui serait une idée infiniment plus séduisante, permettant aux utilisateurs une personnalisation plus poussée de leur souris. Mais là encore, la durabilité reste une question et un tel produit ne pourrait promettre de rester « éternel ».

Mais quelles mises à jour logicielles pourraient bien justifier le prix d’un abonnement ? Cette vision semble complètement déconnectée des usages actuels, mais reste une idée en cours de réflexion chez Logitech. C’est une tendance qui s’observe depuis de nombreuses années dans tous les marchés, y compris dans la grande distribution, secteur de prédilection de Hanneke Faber avant son arrivée chez le constructeur.

Ici, on comprend alors que Logitech veut importer sa stratégie à destination des entreprises, notamment dans le secteur de la visioconférence, pour des produits grand public. Mais on doute très fortement que la pilule passe si jamais ce projet venait à se concrétiser.


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