Si vous lisez souvent les articles consacrés aux smartphones haut de gamme, un nom doit vous revenir aux oreilles régulièrement : Snapdragon par-ci, Snapdragon par là, il n’y a donc qu’eux qui fabriquent des puces adaptées ? Avec la fin d’Exynos sur les smartphones Samsung haut de gamme, il n’y a guère plus qu’Apple qui fait de la résistance avec ses puces conçues en interne comme les dernières A16 Bionic dans ses iPhone.
Pourtant, un autre acteur génère de plus en plus de bruit : MediaTek. Depuis la sortie de son Dimensity 9000, qui dépassait en puissance son concurrent, le Snapdragon 8 Gen 1 et qui était le premier à intégrer du WiFi 6E, l’image de la marque s’est bien amélioré.
Les mois passant, la rédaction de Frandroid avait hâte de voir un peu de concurrence s’installer, de tester divers smartphones haut de gamme dotés d’un MediaTek Dimensity. Mais les modèles se comptaient comme peau de chagrin. Nous avons eu un Realme GT Neo 3 avec un Dimensity 8100 et plus récemment, l’Oppo Find N2 Flip ou le Vivo X90 Pro. Pourquoi pas plus ? C’est toute la question.
MediaTek, le numéro 1 invisible en Europe
Ces trois smartphones haut de gamme, « ce sont des steps importants » (sic, étapes en anglais), souffle Pascal Lemasson, Vice-président associé des ventes pour l’Europe de MediaTek, que nous avons rencontré au MWC 2023. Costume gris, souriant, il jette d’une voix basse et posée : « Les smartphones sont importants pour nous en Europe. »
Cela fait plusieurs années que l’homme d’affaires répond à des interviews sur le sujet de la rivalité avec Qualcomm. Durant tout notre entretien, il ne prononcera d’ailleurs jamais le nom de son compétiteur ni de ses produits. Assez rapidement, il tient à rappeler que malgré la perception que nous pouvons en avoir en Europe, MediaTek est numéro 1 dans le monde sur les ventes de puces pour smartphones. En Europe, il souligne « une bonne progression » et une ambition claire d’atteindre la première marche du podium. Il rappelle la croissance insolente du groupe, dont le chiffre d’affaires de 18 milliards de dollars en 2022 est deux fois plus élevé qu’il y a trois ans.
« Un temps de latence »
Alors comment expliquer que nous ne les voyons pas plus en haut de gamme ? Est-ce dû à la réputation de MediaTek, dont on pouvait craindre les mauvaises performances sur nos smartphones à une époque pas si lointaine ? « Il y a comme un temps de latence », admet Pascal Lemasson. « Entre le moment où on conçoit, puis avant que ça se retrouve chez le consommateur, cela met du temps. Mais ces problèmes que vous évoquez sont derrière nous. Nous avons aujourd’hui des produits que nous avons développés qui sont au niveau, voire au-delà de la concurrence. » Plus le temps passe, plus « la marque est bien reçue » assure-t-il. « Les gens comprennent les performances et la valeur en général quand on arrive à comparer. »
Il reste néanmoins du chemin à faire. Deux objectifs se dessinent : convaincre les opérateurs et travailler sur l’image de la marque. Pour les opérateurs, la rhétorique est simple : « Ils sont bien souvent prescripteurs. Il faut s’assurer que tout ce qui est certification dans le modem, le Wi-Fi, les performances de la caméra et de la vidéo, que tout cela soit bien compris et intégrés par les opérateurs, afin qu’ils puissent conseiller un flagship MediaTek dans le futur. »
Bien sûr, rien n’ira sans un niveau de qualité irréprochable. La marque en a bien conscience, et Julien Toth, en charge de la vente et du développement de la marque en Europe, nous le confirme. Lui s’échine à mettre en avant auprès des opérateurs « une meilleure autonomie ou une meilleure efficacité énergétique qui permet aussi d’éviter les problèmes thermiques ».
« Les cartes sont rebattues tous les trois mois »
L’autre sujet, beaucoup plus vaste et compliqué, c’est donc le marketing. Là-dessus, pas de recette miracle sinon la patience. « Nous sommes dans un secteur où chaque trimestre, les cartes sont rebattues. La perception des gens, elle, elle est plutôt basée sur la situation d’il y a deux ou trois ans. On ne doit pas faire assez pour faire comprendre que nous avons évolué », concède l’exécutif. Ceci étant, selon leurs propres études, perception, au Royaume-Uni, en Italie, en Espagne ainsi qu’en France, MediaTek serait « au même niveau de perception que la compétition », comprendre par là aussi connu et perçu aussi positivement.
Le marketing ne fera pas tout. « L’image de marque, c’est un facteur. Mais le facteur numéro 1, c’est la qualité », assène le vice-président. « Nos produits sont la résultante d’investissement qui ont été faits il y a quelques années, de manière que Mediatek soit parmi les premiers sur la 5G, dans les premiers sur le modem, sur le processeur, le Wi-Fi 7, l’IA… » Les ambitions sont donc sans limites. Avouons-le, un peu de compétition dans un secteur avec si peu d’acteurs ne ferait pas de mal.
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