« Une avancée extraordinaire » : pourquoi Mercedes met en garde contre la recharge des voitures électriques chinoises en 5 minutes

 
Récemment, BYD a présenté deux voitures capables de récupérer 400 km d’autonomie en 5 minutes, ainsi qu’une borne capable de délivrer 1 360 kW de puissance. Forcément, ces annonces font grand bruit, et certains ne voient pas forcément d’un bon œil cette avancée trop rapide.

Avec les BYD Han L et Tang L, le constructeur chinois a présenté une nouvelle plateforme 1 000 volts capable d’accepter une charge allant jusqu’à 1 000 kW, permettant de récupérer 400 km d’autonomie CLTC en seulement 5 minutes. Qu’on se le dise, c’est une avancée majeure pour les voitures électriques et leur adoption face au thermique.

Toutefois, le PDG de Mercedes-Benz High-Power Charging, Andrew Cornelia, ne semble pas de cet avis et l’a fait savoir à nos confrères d’InsideEVs.

Rapide oui, mais est-ce vraiment nécessaire ?

Andrew Cornelia a accordé une interview lors du podcast InsideEVs Plugged-In. Le directeur de la division recharge de Mercedes a partagé son point de vue sur la charge ultra-rapide de BYD et des constructeurs chinois tels que Zeekr et Huawei, qui ont également lancé des bornes dépassant 1 000 kW. Pour lui, il s’agit ici « d’une avancée extraordinaire » avant d’ajouter que « le reste de l’industrie va suivre« .

Crédit : Zeekr

Son raisonnement est clair : « Aller plus vite n’est pas toujours synonyme d’aller mieux. » Il a ensuite complété en déclarant : « Faut-il recharger en cinq minutes ? La réponse est probablement non, car le temps moyen pour faire le plein est d’environ 10 à 12 minutes. » Un temps que Mercedes vise pour la recharge de ses voitures, estimant que recharger son véhicule est aussi l’occasion de faire une pause.

5 minutes, c’est peut-être trop rapide

D’après mon expérience et celle d’autres automobilistes, s’arrêter pour faire le plein, qu’il s’agisse d’électricité ou d’essence lors d’un long trajet, est souvent l’occasion de prendre un café ou de satisfaire un besoin naturel. Et dans ce cas, cinq minutes ne suffisent pas. C’est pourquoi, aux États-Unis, Mercedes veille à installer ses chargeurs dans des zones offrant des services aux alentours. Le constructeur à l’étoile a notamment conclu des accords avec des enseignes comme Starbucks et Buc-ee’s.

Andrew Cornelia a d’ailleurs poussé sa réflexion plus loin. Il voit dans les voitures électriques une opportunité de recharger à différents moments, par exemple lorsqu’on sort au cinéma ou qu’on gare son véhicule chez soi, dans un garage. Dans ces situations, une recharge en cinq minutes n’a aucun intérêt.

Toutefois, Andrew Cornelia ne s’oppose pas aux charges ultra-rapides annoncées par les constructeurs chinois : « C’est important. Il est essentiel de promouvoir le message selon lequel la recharge peut, hypothétiquement et dans certains cas d’utilisation, fournir de l’énergie à cette puissance et à cette vitesse. » Mais comme il le rappelle, ce n’est pas l’usage prédominant.

Ces chargeurs de 1 000 kW et plus auront cependant un véritable intérêt pour les poids lourds. C’est d’ailleurs le principal argument du chargeur 1 500 kW de Huawei. Avec des consommations électriques bien plus élevées et des batteries pouvant atteindre 1 000 kWh, le temps de charge devient un élément clé pour rendre l’exploitation des camions électriques plus rentable pour les entreprises.


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