Face aux difficultés de Twitter, Meta prépare son alternative décentralisée

Nom de code : P92

 
Après les révélations de deux médias américains, le géant du web Meta a confirmé ce vendredi 10 mars qu’il commence à développer un réseau social semblable à Twitter, mais décentralisé. Un projet qui s’inspirerait autant de ce dernier que d’Instagram… au point d’utiliser vos données pour le faire fonctionner.
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Meta prépare sa propre plateforme concurrente à Twitter, nommée P92. // Source : Unsplash Dima Solomin

Twitter n’est pas encore mort que Meta prépare déjà son concurrent. Vendredi 10 mars, les médias en ligne MoneyControl et Platformer ont révélé que la maison-mère de Facebook et Instagram a commencé le développement d’un troisième réseau social, décentralisé et basé le partage de messages courts. Nom de code : P92. Un projet confirmé quelques heures plus tard par la multinationale américaine.

Cette plateforme semble vouloir profiter de la fuite de centaines de milliers d’utilisateurs de Twitter depuis octobre 2022, à la suite du rachat du réseau social par le milliardaire Elon Musk. « Nous pensons qu’il existe une opportunité pour un espace séparé où les créateurs et les personnalités publiques peuvent donner des nouvelles concernant leurs intérêts au moment opportun », affirme un porte-parole de Meta auprès des deux médias.

Des fonctionnalités de Twitter dans le corps d’Instagram

P92 serait aux premiers stades de son développement, mais on ignore encore si la création de l’application a réellement commencé, prévient MoneyControl. Le média en ligne a pu avoir accès à un résumé du produit destiné à être utilisé en interne. Parmi les fonctionnalités évoquées pour P92, on retrouve le partage d’images, de vidéos ainsi que de liens cliquables affichant un aperçu de leur contenu.

Les utilisateurs devraient également pouvoir commenter les publications et envoyer des messages privés, bien que ces options puissent ne pas faire partie de la première version de l’application. En revanche, Meta n’est pas encore sûr de permettre de « retweeter » des publications comme sur la plateforme à l’oiseau bleu.

Des badges de vérification seraient bien prévus, mais comme le précise le média Engadget, ils risquent de ne pas être gratuits : en février dernier, Meta avait suivi l’annonce des badges payants de Twitter en annonçant son propre abonnement à 12 dollars par mois pour être vérifié sur Facebook ou Instagram.

Vos données Instagram pourraient nourrir la bête

Autre détail de P92 : l’application du réseau social adopterait le style d’Instagram. Vous pourriez d’ailleurs utiliser votre compte Instagram pour vous y connecter. Si vous choisissez cette option, cela ajouterait les informations de votre profil à celui de P92.

En revanche, si le remplissage de données depuis votre compte serait par la suite « minime, voire nul », affirme MoneyControl, l’équipe dédiée au projet souhaite malgré tout utiliser « les données de tous les utilisateurs d’Instagram, quelle que soit leur participation à P92 et aussi librement que possible à des fins d’analyse, d’amélioration du produit et de classement ».

Le même système décentralisé que Mastodon

La vraie différence avec les autres services de Meta se trouve dans la technologie utilisée pour faire tourner P92. Comme Mastodon, un autre réseau social concurrent de Twitter, cette nouvelle plateforme serait décentralisée. Concrètement, les utilisateurs pourront héberger une partie de ce réseau social sur leur propre serveur et y fixer leurs propres règles de modération.

Cette plateforme intègrerait d’ailleurs le protocole ActivityPub utilisé par Mastodon. Comme ce dernier, P92 permettrait également aux utilisateurs de voir le contenu des membres d’autres serveurs afin de ne pas perdre l’effet agora de Twitter. Mais selon MoneyControl, on ne sait pas encore s’ils pourront suivre des comptes hébergés sur un serveur différent du leur.

Décentralisé pour mieux régner

Finalement, Meta semble ne pas vouloir prendre trop de risques pour son concurrent à Twitter. Seul le choix d’un modèle décentralisé s’éloigne un peu de la recette de l’oiseau bleu, mais même ce point parait plus pratique que risqué pour Meta.

D’abord, la multinationale évite de faire face aux mêmes critiques soulevées après le rachat de Twitter par Musk concernant le contrôle arbitraire d’un seul acteur sur un outil devenu partie intégrante du débat démocratique occidental. De même, le modèle décentralisé évite à Meta de devoir prendre ses responsabilités dans la modération de contenus — un aspect sur lequel l’entreprise est très critiquée sur ses autres réseaux sociaux.

Meta tentera donc de prendre sa place parmi les multiples prétendants au titre de prochain Twitter, mais la multinationale pourra miser sur les 1,2 milliard d’utilisateurs d’Instagram pour populariser P92. Une étape que n’a jamais vraiment atteint Mastodon et les autres aspirants.


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