« Un endroit moins énervé » : pourquoi Threads ne veut pas attirer la politique

 
Le patron de Threads prend la parole sur le jeune réseau social et ses objectifs vis à vis de Twitter. La plateforme ne veut pas remplacer son concurrent quand il s’agit de la politique et des faits divers.

Difficile de rater le lancement canon du réseau social Threads cette semaine. Il est déjà possible de télécharger et d’installer l’application, même en Europe. Le réseau social lancé par Meta et basé sur Instagram a déjà convaincu plus de 70 millions d’utilisateurs en seulement 48 heures, ce qui en fait sans doute le meilleur lancement de l’histoire pour une nouvelle application.

Threads est donc un bon candidat pour réussir à remplacer Twitter, secoué depuis le rachat par Elon Musk en fin d’année 2022. Adam Mosseri, le responsable d’Instagram et de Threads pour Meta, a pris la parole sur son nouveau réseau social pour clarifier certains points.

« Notre but n’est pas de remplacer Twitter »

Il est évident que Threads a été lancé comme un concurrent et une alternative potentiels de Twitter dont il reprend les fonctions les plus importantes. Pour autant, d’après Adam Mosseri, Threads n’est pas là pour remplacer Twitter, mais pour créer un lieu de discussion aux communautés présentes sur Instagram qui n’avaient pas adopté Twitter.

L’objectif n’est pas de remplacer Twitter. L’objectif est de créer une place publique pour les communautés sur Instagram qui n’ont jamais vraiment adopté Twitter et pour les communautés sur Twitter (et d’autres plateformes) qui sont intéressées par un lieu de conversation moins colérique, mais pas tout Twitter. La politique et l’actualité seront inévitablement présentes sur Threads — elles l’ont déjà été sur Instagram dans une certaine mesure — mais nous n’allons pas faire quoi que ce soit pour encourager ces verticales.

En novembre 2022, on expliquait pourquoi Twitter était justement très important, que l’on utilise ou non le réseau social, car il a une place très particulière dans le monde politique. C’est là que se font les déclarations les plus importantes qui peuvent être reprises ensuite sur les médias traditionnels. L’avenir de Twitter et sa modération sont donc de véritables enjeux de démocratie.

Du Fédivers, mais pas de faits divers

Interrogé sur ce choix stratégique de la part de Threads, Adam Mosseri explicite le point de vue de la firme.

La politique et les actualités sensibles sont importantes, je ne veux pas insinuer le contraire. Mais je pense que, du point de vue d’une plateforme, l’engagement ou les revenus supplémentaires qu’ils peuvent générer ne valent pas du tout la surveillance, la négativité (soyons honnêtes) ou les risques d’intégrité qui les accompagnent. Il y a bien assez de communautés extraordinaires — sport, musique, mode, beauté, divertissement, etc. — pour créer une plateforme dynamique sans avoir besoin de s’intéresser à la politique ou à l’actualité.

Avec cette déclaration, Meta refuse de façon nette le rôle d’intérêt public qu’a pu revêtir Twitter à certains moments. Pour tout ce que le réseau social d’Elon Musk a de toxique, c’est aussi le lieu où des lanceurs d’alerte ou des journalistes ont pu dévoiler des informations cruciales pour le grand public.

Par ailleurs, on a du mal à voir comment Threads pourrait réellement bloquer le traitement de la politique sur sa plateforme alors que cette dernière fait aussi partie intégrante des loisirs cités. Difficile d’imaginer être le réseau social de la musique ou du sport en excluant tout propos politique.

C’est un choix questionnable pour ce qui est de ce rôle crucial, mais il faut bien lire que Threads ne souhaite pas interdire cet usage. Simplement, la firme ne veut ni l’encourager ni investir dans ce secteur. Par ailleurs, on peut, en effet, admettre que Twitter est devenu très connu pour sa toxicité liée, notamment, mais pas exclusivement, à la véhémence des débats politiques sur la plateforme.

Meta voudrait donc que Threads rejoigne le Fédivers, mais n’encouragera pas les utilisateurs à parler de faits divers. Compte tenu de l’actualité en France, la prise de position de Threads est particulièrement intéressante.


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