Xbox Series X | S : la machine idéale pour le rétrogaming ? On a testé Rétroarch et les émulateurs

 
Depuis le lancement de la Xbox Series X et S, des petits malins transforment les consoles en machine de rétrogaming. Nous avons voulu tester tout cela, et prendre notre dose de nostalgie.

Grâce à certaines particularités des consoles de Microsoft, il est possible de transformer les consoles en véritables machines à émulateurs. De quoi permettre de répliquer le fonctionnement d’une PlayStation 1, d’une Gamecube ou d’une Megadrive.

C’est légal, un émulateur ?

Commençons par faire un point sur la légalité des émulateurs. Vous serez peut-être surpris de lire ici un dossier parlé d’émulation pour quelque chose qui s’apparente généralement à du piratage. Commençons donc par rappeler qu’il est parfaitement légal d’utiliser la grande majorité des émulateurs. Il s’agit de logiciels qui imitent le fonctionnement d’une machine, ici des consoles de jeux, par rétro-ingénierie sans exploiter la propriété intellectuelle des constructeurs.

Les émulateurs n’intègrent donc aucun élément qui faisait partie du code source des machines et n’enfreignent pas les brevets protégeant le design de ces consoles. De même, les émulateurs ne contournent aucun élément de sécurité en soi.

En revanche, pour fonctionner, certains émulateurs peuvent demander un bios ou firmware d’origine de la console. Les développeurs ne fournissent volontairement pas ces éléments puisqu’ici, on rentrerait dans le domaine du piratage. Il est possible de copier soi-même le bios d’une console que l’on possède, mais nous ne rentrerons pas dans les détails. Concernant les jeux vidéo, ou ROM, c’est encore plus clair : le partage et le téléchargement sont purement illégaux, et ce, même si vous possédez une version légale du jeu en question, achetée dans le commerce.

Ce dossier se concentrera uniquement sur l’installation et la configuration d’émulateurs sur la Xbox.

Pourquoi une Xbox Series ? Pourquoi pas une PS5 ?

Transformer une console en machine à émulation est très séduisant sur le papier. En effet, les consoles de jeux sont vendues à petit prix en comparaison des composants intégrés. Ce sont des machines pensées pour du jeu vidéo, et avec un design qui permet généralement de les intégrer facilement dans le salon, avec une interface pensée pour la manette. Tous les ingrédients semblent donc réunis pour qu’une console de jeu soit parfaite pour héberger des émulateurs.

Microsoft propose un écosystème où il est simple de programmer des applications Windows et Xbox

Dans les faits, malgré les excellentes ventes de la PS5, la scène de l’émulation s’est rapidement tournée vers les Xbox pour des raisons assez simples. Les consoles de Microsoft tournent sous un dérivé de Windows ce qui simplifie énormément les efforts de développement pour des émulateurs souvent déjà disponibles sur Windows et utilisant l’API DirectX.

Il est même possible de développer des applications UWP et les publier à la fois sur Windows et Xbox. Par ailleurs la Xbox Series S est encore plus séduisante que ses cousines : pour 300 euros, on a une machine très performante et compacte qui pourrait bien remplacer une Nvidia Shield ou une Apple TV dans ce genre de scénario entre émulation de jeux et usage multimédia.

Enfin, Microsoft propose depuis plusieurs années de transformer n’importe quelle console en machine de développement, ce qui permet de s’affranchir des règles de publication du Microsoft Store. Évidemment, les émulateurs ne sont pas autorisés sur la boutique de Microsoft, mais c’est grâce au mode développeur que l’on peut contourner ce handicap. Tout cela est impossible du côté de Sony.

Installation : facile, mais assez complexe pour rester confidentiel

Je me suis donc lancé dans l’aventure et j’ai transformé la Xbox Series X de Frandroid en machine à émuler d’anciennes consoles. En tout et pour tout, l’opération m’a pris moins d’une heure pour configurer complètement la machine. Les opérations sont relativement simples et je n’ai pas repéré d’étapes qui pourraient vraiment mettre en danger la console, mais cela reste assez complexe pour que l’usage reste confidentiel. Voyons cela.

Devenir développeur

Tout d’abord, il faut devenir développeur de jeux sur Xbox et passer la console en mode Dev. Pour cela, il suffit de télécharger l’application Xbox Dev Mode sur le Microsoft Store de la console.

L’application va rapidement demander de s’inscrire au programme développeur de Microsoft, ce qui coûte 14 euros pour les particuliers et permet aussi bien de développer des applications pour Xbox que pour Windows. Pour une entreprise, le tarif est de 75 euros.

Une fois la console inscrite et l’application configurée, elle va redémarrer en mode développeur.

Installer Retroarch

Nous avons déjà passé les étapes les plus laborieuses de cette configuration. Avec la console en mode développeur, il est très simple d’installer un émulateur.

L’interface « Mode Developpeur » d’une Xbox

Le plus populaire d’entre eux est Retroarch, déjà disponible sur beaucoup de plateformes et qui propose une version sur mesure pour les Xbox. Nous reviendrons plus tard sur les caractéristiques de Retroarch. Il ne s’agit pas tant d’un émulateur que d’un logiciel qui réunit plusieurs émulateurs.

L’émulateur Retroarch propose une version Xbox

L’installation se fait depuis l’interface web de la console accessible depuis son adresse IP locale grâce à l’option « Remote Access » proposée sur l’interface de la console. En quelques clics, on peut facilement installer une application au format .appx sur la console, depuis son PC.

L’interface web de la Xbox en mode développeur

C’est également depuis la section « File Explorer » de l’interface web que nous pouvons configurer un accès à distance aux fichiers internes de la console. Il va permettre de transférer les fichiers dont les émulateurs ont besoin pour fonctionner pleinement, ou de transférer sur la console des jeux ou logiciels à lancer sur les émulateurs.

Les derniers réglages à effectuer consistent à transformer Retroarch d’application en jeu : cela permet de tirer toute la puissance de la console et d’utiliser toutes les capacités de Direct3D proposées aux développeurs. On peut aussi attribuer plus d’espaces du SSD au mode développeur, ce qui permet d’ajouter plus de places pour les jeux et homebrews (les logiciels « maison » développés pour une console) pour les émulateurs.

Test sur Xbox Series X : ça marche vraiment

Comme on l’a dit, c’est un abus de langage de décrire Retroarch comme un émulateur. Il s’agit en réalité d’un logiciel qui propose différents émulateurs, des « cores » dans le jargon de l’application. Autour de ces différents « cores », Retroarch propose des fonctionnalités communes : gestion de la manette, des sauvegardes rapides (save state) ou encore de la bibliothèque de jeux.

PlayStation, Megadrive, Super Nintendo : ça fonctionne bien

À chaque console son émulateur : bsnes pour la Super Nintendo, Dolphin pour la Gamecube, Genesis Plus GX pour la Megadrive ou encore DuckStation pour la PlayStation de Sony. On ne va pas le cacher, cela donne une sensation étrange d’entendre le son de démarrage de la première PlayStation sur une Xbox, manette Xbox en main.

Pour les jeux de l’ère 16 bits, ou d’une manière générale les jeux en 2D, aucun problème pour la Xbox Series X. Ce n’est pas surprenant, même une simple Nvidia Shield ou un Raspberry Pi peuvent réaliser le même travail. Il faut simplement s’habituer au format d’affichage en 4:3 qui était la norme au moment où ces consoles étaient sur le marché.

L’avantage des Xbox se révèle sur l’émulation de machines plus performantes comme la Gamecube ou la PlayStation 2. Par défaut, nos tests montraient des performances tout à fait correctes, mais cela dépend évidemment du jeu ou du homebrew que l’on souhaite faire exécuter à l’émulateur. Par ailleurs, ce dernier propose souvent de nombreux réglages notamment pour les options graphiques qui peuvent permettre d’améliorer les performances. Le traitement par défaut se rapproche toutefois assez bien du rendu originel proposé par la console.

Les options graphiques peuvent permettre par exemple d’activer artificiellement une option écran large permettant de profiter du 16:9. Les paramètres sont accessibles pendant une partie et il est assez simple de tester les différentes options.

Encore quelques plantages

Malgré ces retours très positifs, il faut quand même préciser que tout n’est pas parfait. On a eu le droit à plusieurs plantages complet de la machine, provoquant un redémarrage du système. Heureusement, ce n’est jamais arrivé en jeu, mais pendant des étapes de configuration de Retroarch, notamment en scannant des dossiers. Il est clair que l’on traite ici avec un logiciel en cours de développement, et que la version Xbox représente certainement une niche assez confidentielle pour les développeurs de Retroarch.

Revenir en mode normal est très simple

Pour lancer Retroarch, il faut obligatoirement passer par la console en mode développeur. En revanche, il suffit de quelques actions pour passer d’un mode à l’autre. Depuis le mode développeur, il suffit de choisir l’option permettant de « leave dev mode » pour que la console redémarre dans son état classique.

Un passage dans l’application « devkit » permet de repasser à tout moment en mode développeur. Le plus long est finalement d’attendre le redémarrage de la console. Le seul inconvénient est que l’espace réservé par le mode développeur n’est, de fait, pas accessible par le mode normal. Cela laisse donc moins de place pour l’installation de jeux Xbox.

Un potentiel impressionnant

L’idée de pouvoir faire d’une Xbox Series X ou d’une Series S une console rétrocompatible avec la plupart des anciennes consoles de jeux est vraiment très séduisante. On a une machine très puissante vendue à prix très raisonnable, qui grâce à l’ouverture de son mode développeur permet d’émuler d’ancienne machine. Transformer la Xbox en console à tout faire est très enthousiasmant et la procédure n’est pas si complexe, même si elle ne sera pas accessible à toutes et tous. On profite en plus des avantages d’une console moderne : silencieuse, manette sans fil et vitesse de démarrage rapide.

Clairement, on est tout de même dans l’expérimentation : il faut payer un compte développeur, basculer la console entre les deux modes et réserver un espace de stockage pour Retroarch. Au-delà de l’effet démo, tout le monde ne souhaitera pas faire subir ça à sa console, d’autant qu’il reste encore des problèmes de stabilité à régler.


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